Un scandale à la bourse JPEX jette l'opprobre sur le secteur crypto de Hong Kong

De gauche à droite : Cheng Tak-ka, directeur de l'application de la loi à la Securities and Futures Commission ; Elizabeth Wong, directrice de l'octroi de licences et chef de l'unité fintech à la Securities and Futures Commission ; le surintendant principal de la police Kung Hing-fun ; le surintendant de la police Lee Mo-yin ; l'inspecteur en chef par intérim Mak Wai-kwong tiennent une conférence de presse à Hong Kong le 19 septembre 2023 concernant l'arrestation de huit personnes ayant des liens avec la plateforme de crypto-monnaie JPEX.  (Photo Holmes Chan  AFP)
De gauche à droite : Cheng Tak-ka, directeur de l'application de la loi à la Securities and Futures Commission ; Elizabeth Wong, directrice de l'octroi de licences et chef de l'unité fintech à la Securities and Futures Commission ; le surintendant principal de la police Kung Hing-fun ; le surintendant de la police Lee Mo-yin ; l'inspecteur en chef par intérim Mak Wai-kwong tiennent une conférence de presse à Hong Kong le 19 septembre 2023 concernant l'arrestation de huit personnes ayant des liens avec la plateforme de crypto-monnaie JPEX. (Photo Holmes Chan AFP)
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Publié le Vendredi 22 septembre 2023

Un scandale à la bourse JPEX jette l'opprobre sur le secteur crypto de Hong Kong

  • Le gendarme boursier local (SFC) a averti la semaine dernière que la plateforme prétendait à tort avoir une licence et présentait des caractéristiques suspectes, telles que des rendements mirobolants
  • Les enquêteurs se penchent sur les liens de JPEX avec des influenceurs et des boutiques de crypto-actifs, qu'ils soupçonnent de collusion pour gonfler la valeur des actifs et tromper les clients sur le statut légal de la bourse

HONG KONG, Chine : Jenny a découvert en mars les investissements dans les actifs numériques grâce à un magasin de cryptomonnaies à Hong Kong qui faisait la promotion de la bourse d'échanges crypto JPEX. Mais elle a vite déchanté.

En septembre, elle s'est retrouvée parmi les plus de 2.000 victimes «inexpérimentées» spoliées par la plateforme, selon la police.

«Beaucoup de mes camarades de classe et amis ont investi à fond» dans ces actifs, a indiqué à des journalistes Jenny - un nom d'emprunt - qui a perdu une somme à «six chiffres» en dollars de Hong Kong (100.000 dollars de Hong Kong équivalent à 12.000 euros). «Nous n'avions jamais pensé que ce serait une arnaque», a-t-elle affirmé.

Le scandale JPEX a débouché sur 11 arrestations dans la ville cette semaine pour «complot en vue de fraude», avec des pertes pour les victimes dépassant 165 millions d'euros.

La chute de JPEX vient entacher l'adoption par Hong Kong des actifs numériques, en révélant des lacunes juridiques trois mois seulement après l'entrée en vigueur d'une réglementation imposant aux bourses crypto d'obtenir une licence et de respecter les normes de protection des investisseurs.

Le gendarme boursier local (SFC) a averti la semaine dernière que la plateforme prétendait à tort avoir une licence et présentait des caractéristiques suspectes, telles que des rendements mirobolants.

La police a mené lundi des perquisitions dans 20 lieux, dont des entreprises et des domiciles privés, saisissant de l'argent liquide, du matériel informatique et des sacs à main de luxe.

Les enquêteurs se penchent sur les liens de JPEX avec des influenceurs et des boutiques de crypto-actifs, qu'ils soupçonnent de collusion pour gonfler la valeur des actifs et tromper les clients sur le statut légal de la bourse.

«Les victimes avaient souvent peur de rater une bonne occasion et croyaient impulsivement aux publicités», a déclaré l'inspecteur de police Kung Hing-fun, qualifiant l'ampleur de la fraude de «choquante».

JPEX – dont le siège est à Dubaï selon son site Internet – a qualifié ces mesures d'«injustes» et de «biaisées». La bourse n'a pas répondu aux multiples sollicitations de l'AFP.

- «Acteurs voyous» -

Le commerce des cryptomonnaies est interdit en Chine. Mais Hong Kong, qui dispose de sa propre réglementation financière, a reçu le feu vert de Pékin pour devenir une plaque tournante d'échanges d'actifs numériques.

Les régulateurs américains ont, eux, sévi sur le secteur après l'implosion de la bourse crypto FTX l'année dernière, qui a fait perdre des milliards de dollars aux investisseurs et déclenché une crise de confiance dans ces actifs.

Pour Kristi Swartz, avocate spécialiste des fintechs au cabinet DLA Piper, Hong Kong est confrontée à un exercice d'équilibre difficile car elle veut attirer des entreprises du secteur des crypto tout en installant des garde-fous pour protéger les investisseurs.

Le système de licences, adopté en juin, cible les bourses mais exclut les courtiers en crypto-actifs qui disposent de magasins physiques, une «lacune», selon l'avocate.

Les régulateurs ont «peut-être été un peu durs» avec JPEX, estime-t-elle, «mais je pense que c'est le bon message». «C'est un domaine où il y a beaucoup d'acteurs voyous.»

Certains courtiers s'allient à des influenceurs pour attirer les clients en promettant des gains rapides et organisent des sessions de formation où les clients potentiels, comme Jenny, sont soumis à de fortes pressions pour investir.

- «Signal d'alarme» -

Il est temps «de renforcer et d'étendre notre régime de licence et de supervision aux magasins de courtage de cryptomonnaies», au vu du marketing «agressif» de ces boutiques, a indiqué à l'AFP, Clara Chiu, ex-responsable des licences du SFC.

Le scandale «pourrait être un signal d'alarme» pour les autorités, estime Carlton Lai, responsable de la recherche sur la blockchain et les cryptomonnaies chez Daiwa Capital Markets.

Davantage de réglementation est nécessaire, notamment pour éviter le blanchiment d'argent, mais il sera difficile de réguler les influenceurs, note-t-il.

Malgré ses problèmes, JPEX a dévoilé mercredi un «plan de dividendes» qui permet à ses utilisateurs de voter, et d'investir, dans l'avenir de l'entreprise. «Même face à une telle oppression et à ce traitement injuste, notre plateforme continuera à fonctionner comme d'habitude», annonce-t-elle sur son site.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.