L'attente sans fin de milliers de Soudanais à la frontière de l'Egypte

Des Soudanais passent devant des camions à Shendi, à 190 kilomètres de Khartoum, le 21 septembre 2023. (Photo AFP)
Des Soudanais passent devant des camions à Shendi, à 190 kilomètres de Khartoum, le 21 septembre 2023. (Photo AFP)
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Publié le Vendredi 22 septembre 2023

L'attente sans fin de milliers de Soudanais à la frontière de l'Egypte

  • Parmi le million de réfugiés soudanais qui ont fui dans les pays voisins, 310.000 ont rejoint l'Egypte. Mais des milliers de Soudanais restent bloqués près de la frontière
  • Pour Human Rights Watch, les règles strictes de l'Egypte en terme de visas et la lenteur dans «leur délivrance», «violent les standards internationaux, en créant des délais irraisonnables mettant en danger les demandeurs d'asile»

WADI HALFA, Soudan : Dans la cour pleine de sable d'une école transformée en abri pour déplacés dans le nord du Soudan, deux enfants se passent nonchalamment une balle. Autour d'eux, des dizaines d'adultes attendent dans la torpeur, pris au piège entre la guerre et la frontière.

Il n'y a pas grand chose d'autre à faire dans la ville de Wadi Halfa, distante d'environ 20 km de la frontière égyptienne.

Là, selon des militants, s'entassent près de 25.000 déplacés, dans l'espoir de pouvoir rejoindre l'Egypte voisine et d'échapper à la guerre déclenchée le 15 avril entre l'armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Daglo.

Parmi le million de réfugiés soudanais qui ont fui dans les pays voisins, 310.000 ont rejoint l'Egypte. Mais des milliers de Soudanais restent bloqués près de la frontière.

Aref al-Zubeir, architecte, a fui à Wadi Halfa au premier mois du conflit. «J'ai perdu mon passeport, j'attends de m'en faire délivrer un nouveau depuis la mi-mai», dit-il à l'AFP dans son abri de fortune.

Dans ce qui était une salle de classe, cet homme de 36 ans dort sur un fin matelas posé à même le sol.

«J'ai envoyé ma famille au Caire, quand voyager était encore facile», précise-t-il. Au début de la guerre, seuls les hommes de moins de 50 ans avaient besoin de visas pour l'Egypte, les femmes, les enfants et les personnes âgées en étaient exemptés.

Mais l'Egypte a ensuite durci les conditions d'entrée pour diminuer l'afflux de réfugiés.

«Selon les données les plus récentes, 8.150 personnes résident dans 53 abris à Halfa», indique à l'AFP Oday Mohammed, coordinateur au sein de l'un des groupes organisant l'entraide entre les habitants: «Et plus de 15.000 sont logées chez des familles locales ou dans des appartements de location.»

- «Incroyablement difficile» -

Pour Human Rights Watch, les règles strictes de l'Egypte en terme de visas et la lenteur dans «leur délivrance», «violent les standards internationaux, en créant des délais irraisonnables mettant en danger les demandeurs d'asile».

Outre «leur problème principal, qui est l'obtention de visas et le renouvellement de leurs passeports», à Wadi Halfa, les déplacés manquent de tout, «nourriture, médicaments, logements, soins», affirme M. Mohammed.

Et les produits de base tardent à y être acheminés.

En août, l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a fait état de «longues files formées par des centaines de camions transportant de la nourriture et des produits d'hygiène» du côté égyptien de la frontière, qui tardent à entrer à Wadi Halfa et ailleurs au Soudan, en invoquant des problèmes administratifs entre autres.

Quand les familles ont fui Khartoum sous les bombes et les tirs croisés, elles n'avaient sur elles que de l'argent liquide qu'elles avaient gardé à la maison. Et qui a été vite dépensé.

Désormais, elles comptent sur l'entraide et les maigres aides humanitaires qui leur parviennent.

Même dans le calme à Wadi Halfa, à plus de 1.000 kilomètres de Khartoum, les combats qui ravagent la capitale restent dans tous les esprits.

Siham Saleh, journaliste de 45 ans, ne cesse de s'enquérir de la situation en scrutant les réseaux sociaux sur son téléphone.

«Partir a été un choix incroyablement difficile mais pour nous, journalistes, c'est devenu trop dangereux», affirme-t-elle à l'AFP.

- «Ciblés» -

Les deux généraux rivaux s'accusent mutuellement de cibler journalistes, médias et militants. Beaucoup de journalistes ont été forcés de fuir et ceux restés sur place travaillent dans le secret.

Comme Mme Saleh, ils sont plus de quatre millions de Soudanais à s'être déplacés dans des régions épargnées par les combats mais où les conditions de vie restent difficiles.

Le conflit a décimé des infrastructures déjà fragiles, entraîné la fermeture de 80% des hôpitaux du pays et poussé des millions de personnes «au bord de la famine», d'après l'ONU.

Depuis le 15 avril, le conflit a fait près de 7.500 morts, selon une estimation de l'ONG Armed Conflict Location & Event Data Project.

«Les gens risquent leur vie, ils peuvent être ciblés ou détenus à tout moment», affirme Mme Saleh: «C'est pour ça qu'on décide de partir, dans l'espoir d'être, peut-être, en sécurité.»


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.