De la Syrie au Soudan, le HCR appelle à une meilleure prise en charge des réfugiés

Raouf Mazou est haut-commissaire adjoint pour les opérations au HCR (Photo fournie).
Raouf Mazou est haut-commissaire adjoint pour les opérations au HCR (Photo fournie).
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Publié le Vendredi 22 septembre 2023

De la Syrie au Soudan, le HCR appelle à une meilleure prise en charge des réfugiés

  • Le Haut-Commissaire adjoint aux opérations du HCR a fait ces commentaires en marge de la session de l'Assemblée générale de l’ONU
  • Raouf Mazou a déclaré que les réfugiés qui ne dépendent pas de l'aide humanitaire sont davantage en mesure de retourner dans leur lieu d'origine

NEW YORK: D'année en année, la crise mondiale des réfugiés s'aggrave. Le nombre de personnes contraintes de fuir leur domicile a franchi la barre des 110 millions en mai de cette année, et il ne semble pas y avoir de fin en vue à ce phénomène.

De la Méditerranée à la mer d'Andaman, en passant par la Manche et la frontière entre les États-Unis et le Mexique, des milliers de réfugiés et de migrants meurent chaque année en tentant des traversées maritimes et des trajets terrestres dangereux.

Il y a deux semaines, plus de 120 petits bateaux sont arrivés à Lampedusa en l'espace d'environ vingt-quatre heures. Le nombre de personnes dans le seul centre d'accueil local a alors surpassé celui de la population entière de l'île méditerranéenne.

Selon le ministère italien de l'Intérieur, plus de 127 000 migrants ont atteint le pays par la mer depuis le début de l'année, soit près du double qu’à la même période de l'année dernière.

Si les conflits et la violence sont traditionnellement les principaux facteurs de déplacement, le changement climatique et l'instabilité économique sont également à blâmer, a déclaré Raouf Mazou, haut-commissaire adjoint pour les opérations au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, à Arab News, en marge de la 78e session de l'Assemblée générale des Nations unies.

Des enfants syriens se rassemblent dans un camp de réfugiés à Saadnayel, dans la vallée de la Bekaa, à l'est du Liban (Photo, AFP).

«Nous constatons une accélération de la croissance de ce nombre au cours des dix dernières années. Le nombre de personnes déplacées, de réfugiés déplacés à l'intérieur de leur propre pays, n'a cessé d'augmenter», a-t-il indiqué.

Citant l'exemple de cinq années de pluies insuffisantes en Somalie, qui ont entraîné une sécheresse, puis des affrontements pour l'accès à l'eau et, enfin, des vagues de déplacement, Mazou a signalé: «Dans le passé, nous avions tendance à considérer les déplacements simplement comme un groupe de personnes qui se battaient et traversaient la frontière. Aujourd'hui, nous nous demandons de plus en plus pourquoi? Pourquoi se battent-ils et quelles en sont les raisons? Et ce que nous constatons, ce sont les sécheresses.»

Alors que le nombre de réfugiés et de personnes déplacées ne cesse d'augmenter dans le monde, la rhétorique anti-migrants fait de même. Plusieurs dirigeants et responsables européens, du Hongrois Viktor Orban à la Française Marie Le Pen en passant par l'ancien Premier ministre britannique David Cameron et l'ancien Premier ministre polonais Jaroslaw Kaczynski, ont fait des déclarations virulentes à l'encontre des migrants.

Malgré les politiques migratoires plus strictes de l'Europe et les investissements dans les technologies de surveillance, les réseaux de passeurs de la mer Méditerranée ont démontré qu'ils pouvaient s'adapter rapidement à la situation. «Tous les indicateurs en Tunisie et dans l'ensemble de la région montraient que l'augmentation des arrivées allait se poursuivre», a récemment déclaré à l'agence de presse Associated Press, Tasnim Abdel Rahim, chercheuse tunisienne à la Global Initiative Against Transnational Organized Crime.

Bien que les craintes face aux vagues de réfugiés qui atteignent les côtes européennes soient en hausse, les commentaires de Mazou indiquent que la majorité d’entre eux sont pris en charge par des pays qui disposent de beaucoup moins de ressources.

«La plupart des 110 millions dont je parle sont des personnes déplacées à l'intérieur de leur pays», a-t-il précisé. «Quelque 75% des réfugiés se trouvent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Les gens ne fuient donc pas vers les pays dits plus riches.»

Selon les statistiques du HCR, les 46 pays les moins avancés représentent moins de 1,3% du PIB mondial et accueillent pourtant plus de 20% de l'ensemble des réfugiés.

Selon Mazou, l'afflux de personnes dans les pays à revenu faible ou intermédiaire est un problème à la fois pour les personnes qui fuient leur pays et pour les pays vers lesquels elles se dirigent.

«Parce qu'il s'agit de pays à revenu faible ou intermédiaire, ils ont déjà des problèmes et des défis à relever», a-t-il déclaré.

Selon Mazou, depuis l'éclatement du conflit entre les forces armées soudanaises et les forces paramilitaires de soutien rapide le 15 avril, plus d'un million de personnes ont fui le Soudan pour se réfugier dans les pays voisins, principalement le Tchad, le Sud-Soudan et l'Égypte.

EN CHIFFRES

  • 108,4 millions de personnes déplacées de force dans le monde.
  • 76% des réfugiés sont accueillis par des pays à revenu faible ou intermédiaire.

La plupart des pays voisins du Soudan souffrent déjà de leurs propres crises internes et nombre d'entre eux accueillent déjà des centaines de milliers de réfugiés.

«Nous pensons qu'environ 400 000 réfugiés sont arrivés au Tchad, s'ajoutant à environ 600 000 personnes. Nous approchons donc du million de réfugiés dans un pays très fragile. Ils arrivent également dans un endroit qui a connu des sécheresses à plusieurs reprises», a-t-il prévenu.

Le Sud-Soudan a lui aussi été confronté à un afflux de personnes en provenance du Soudan, dont beaucoup de Sud-Soudanais qui avaient été déplacés par les conflits dans leur propre pays. Selon Mazou, environ 50 000 personnes sont passées au Sud-Soudan depuis le début de l'actuel conflit soudanais. «Elles sont retournées dans un pays qui connaît d'énormes problèmes: problèmes de sécurité, problèmes politiques, problèmes de gouvernance et problèmes d'infrastructure.»

Pour l'instant, le Soudan reste l'un des pays ayant le plus besoin d'assistance. Mazou a indiqué que sur le milliard de dollars (1 dollar américain = 0,94 euro) de financement nécessaire pour répondre aux besoins des réfugiés soudanais et des personnes déplacées à l'intérieur du pays, le HCR a reçu un peu plus de 200 millions de dollars jusqu'à présent.

Des réfugiés syriens marchent sur le chemin du retour vers la ville syrienne de Jarabulus (Photo, AFP).

«Le problème de l'absence des ressources nécessaires est que nous ne sommes pas en mesure de veiller à ce que les soins de santé soient disponibles et accessibles à cette masse de personnes qui fuient leurs pays. Le soutien de la communauté internationale nous aiderait à faire en sorte que les soins de santé nécessaires soient fournis. Nous devons veiller à ce que l'eau soit disponible. Nous devons nous assurer que l'éducation est disponible», a-t-il déclaré.

Les équipes du HCR sont actives sur le terrain dans la région, mettant en place des centres d'accueil aux postes frontaliers afin d'enregistrer et d'identifier les personnes vulnérables et de fournir une aide de base telle que de la nourriture et de l'eau. Cela dit, l'approche traditionnelle du HCR n'est plus appropriée face aux conflits modernes, selon Mazou.

«Pendant de nombreuses années, le soutien que nous apportions à ces pays consistait à installer des camps – des camps de réfugiés – puis à fournir un soutien et une assistance dans ces camps, en espérant que les gens n'y resteraient pas longtemps et qu'ils retourneraient dans leur lieu d'origine», a-t-il expliqué.

«Nous avons malheureusement constaté que ces personnes y résident pendant dix, quinze, vingt ans. Ce que nous essayons de promouvoir aujourd’hui– et nous voyons un accueil favorable de la part de plusieurs pays – c’est l’inclusion et l’intégration. En gros, il s’agit de dire “vous êtes réfugié, vous avez traversé les frontières de notre pays, mais vous serez soutenus en tant que membre de la communauté qui vous a accueilli. Vous serez autorisé à travailler et à contribuer à l’économie du pays dans lequel vous résidez, et vous retournerez dans votre pays plus tard.”»

Mazou a indiqué que plusieurs pays ont adopté cette approche en totalité ou en partie, citant les exemples des réfugiés syriens qui peuvent travailler en Jordanie, des réfugiés au Kenya qui peuvent trouver un emploi, et des ressortissants vénézuéliens en Colombie qui peuvent obtenir des documents leur permettant de travailler et de s'intégrer dans la société.

Selon Mazou, plus d'un million de personnes ont fui le Soudan à cause du conflit (Photo, AFP).

Les institutions financières internationales et régionales, notamment la Banque africaine de développement, la Banque asiatique de développement, la Banque interaméricaine de développement, la Banque mondiale et la Société financière internationale, ont toutes collaboré avec le HCR et les gouvernements nationaux afin de permettre aux réfugiés de devenir autosuffisants.

Alors que le HCR préconise une approche axée sur l'autonomie des réfugiés, les besoins de financement pour de tels projets sont énormes, d’après Mazou.

«Il faut des ressources de développement, des ressources à long terme, des ressources pluriannuelles, pour pouvoir mettre en place des situations où les réfugiés, même s'ils sont en exil, sont en mesure de vivre une vie normale jusqu'à ce qu'ils puissent retourner dans leur pays d'origine», a-t-il souligné.

«Ce que nous avons également constaté, c'est que lorsque les réfugiés ne dépendent pas de l'aide humanitaire lorsqu'ils sont en exil, ils sont dans une meilleure position pour retourner dans leur pays d'origine et de reconstruire leurs communautés.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


« La Syrie n’est pas condamnée » : les leçons d’un an de transition, selon Hakim Khaldi

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  • Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
  • Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide

PARIS: La Syrie post-Assad, carnets de bord, de Hakim Khaldi, humanitaire chez Médecins sans frontières, publié chez L’Harmattan, n’est pas seulement un récit de témoins, mais une immersion dans la réalité d’un pays brisé mais pas vaincu, où la chute d’un pouvoir omnipotent n’a pas suffi à étouffer l’exigence de dignité.
Ce qu’il raconte, c’est l’envers des discours diplomatiques, la géographie vécue d’une société projetée brutalement hors d’un demi-siècle d’autoritarisme dans un vide politique, économique et moral.

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel.

Dans ses carnets, comme dans ses réponses à Arab News en français, revient une même conviction : la chute d’un régime ne signifie pas la naissance immédiate d’un pays. La Syrie, aujourd’hui, est entre les deux, « en état de transformation ».

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel : « On ne savait pas si c’était la fin d’une époque ou le début d’une autre tragédie », confie-t-il.
Dans les villes « libérées », les scènes oscillent entre euphorie et sidération ; la population découvre, sans y croire encore, la possibilité de parler librement, de respirer autrement.

Il raconte ces familles qui, pendant quarante ans, n’avaient jamais osé prononcer le mot « moukhabarat » (services secrets en arabe), ne serait-ce qu’à voix basse chez elles.
Et brusquement, les voilà qui se mettent à raconter : les disparitions, les tortures, les humiliations, et la peur devenue routine.
Des parents ressortent des photos d’adolescents morts sous la torture, des certificats de décès maquillés, des lettres écrites depuis la prison mais jamais envoyées.

Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
Ce qui l’a le plus frappé, c’est « ce sentiment presque physique d’un poids qui tombe. C’est ce que j’ai le plus entendu », affirme-t-il.

Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide. En quelques jours, l’État s’est évaporé : plus de police, plus d’électricité, plus d’école, plus de justice.
Les anciens bourreaux disparaissent dans la nature, mais les réseaux de corruption se reconstituent, et les premières milices locales émergent, prêtes à occuper le terrain déserté par les institutions.

Pourtant, au fil de ses déplacements, Khaldi est frappé par la force de résilience et d’auto-organisation de la population : « Les Syriens n’ont jamais cessé d’exister comme société, même quand l’État les avait réduits au silence », assure-t-il.
Dans les villages, des comités improvisés se forment et organisent la distribution alimentaire, la remise en marche d’une station d’eau, la sécurité ou la scolarisation d’urgence.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides.

Cette responsabilité populaire est, pour Khaldi, l’un des rares points lumineux du paysage syrien, la preuve qu’une société peut exister en dehors de l’appareil répressif qui prétendait être l’État.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides, de milices rivales, de zones d’influence et d’ingérences étrangères. « Une mosaïque qui ne ressemble plus au pays d’avant », estime Khaldi.
Le territoire est éclaté entre forces locales, groupes armés (notamment les milices druzes à Soueida, au nord-est du pays), gouvernances provisoires ou structures étrangères. Les routes sont coupées, les administrations doublées ou contradictoires.

Avec des infrastructures détruites, une monnaie en chute libre et un secteur productif quasi paralysé, la survie quotidienne est devenue un exercice d’équilibriste.
Les Syriens ne nourrissent plus d’illusions sur l’arrivée immédiate d’un modèle démocratique idéal : il s’agit d’abord de survivre, de reconstruire, de retrouver un minimum de continuité.

Le traumatisme est profond, à cause des disparitions massives, de l’exil et des destructions psychologiques. Pourtant, affirme Khaldi, « jamais je n’ai entendu un Syrien regretter que la dictature soit tombée ».

De ses observations et des témoignages qu’il a collectés en arpentant le pays, Khaldi tire les priorités pour éviter que la Syrie ne devienne ni un conflit gelé ni un espace livré aux milices.
De son point de vue, la reconstruction politique ne peut se réduire à remplacer un gouvernement par un autre : il faut rebâtir les fondations, à savoir une justice indépendante, une police professionnelle et des administrations locales.

Des dizaines de groupes armés contrôlent aujourd’hui une partie du territoire, et une transition politique sérieuse est impensable sans un processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, soutenu par une autorité légitime et par un cadre international solide.
Au-delà des aides internationales, la Syrie a besoin d’un cadre empêchant la capture des fonds par les anciens réseaux de corruption ou les factions armées.
Elle doit donner la priorité à la relance de l’agriculture, au rétablissement de l’électricité, des réseaux routiers et des petites industries, les seules capables à court terme de soutenir la vie quotidienne.

Le pays porte une blessure immense : celle des prisons secrètes, des fosses communes, des disparitions et des exactions documentées. « Sans justice, il n’y aura pas de paix durable », affirme Khaldi.
Il ne s’agit ni de vengeance ni de tribunaux-spectacle, mais de vérité et de reconnaissance, conditions indispensables à une réconciliation nationale.

De cet entretien se dégage une idée forte : malgré la faim, la peur, les ruines, malgré la fragmentation politique et l’ingérence étrangère, les Syriens n’ont pas renoncé à eux-mêmes.
Ils ouvrent des écoles improvisées, réparent des routes avec des moyens dérisoires, organisent l’entraide, résistent au chaos. « La Syrie n’est plus la Syrie d’avant, mais elle n’est pas condamnée pour autant », affirme Khaldi.
Son témoignage rappelle qu’un pays ne meurt pas quand un régime tombe ; il meurt lorsque plus personne ne croit possible de le reconstruire. Et les Syriens, eux, y croient encore.


Liban: Israël annonce des frappes dans le sud, appelle à des évacuations

L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
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  • Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région"
  • Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région.

Cette annonce survient au lendemain d'une rencontre entre responsables civils libanais et israélien, lors d'une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, présentée comme de premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays toujours techniquement en état de guerre.

Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région", a annoncé le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne pour le public arabophone.

Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter.

Accusant le Hezbollah de se réarmer dans le sud du pays et de violer ainsi les termes de la trêve entrée en vigueur fin novembre 2024, l'armée israélienne a multiplié depuis plusieurs semaines les frappes aériennes dans le sud du Liban mais a marqué une pause dans ses attaques pendant la visite du pape Léon XIV cette semaine.

Israël a même frappé jusque dans la banlieue de Beyrouth le 23 novembre pour y éliminer le chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.

Le Liban dénonce ces attaques comme des violations patentes du cessez-le-feu.

Mais Israël, qui peut compter sur l'aval tacite des Etats-Unis pour ces frappes, affirme qu'il ne fait qu'appliquer la trêve en empêchant le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran, ennemie d'Israël, "de se reconstruire et de se réarmer".

Tout en déclarant que les discussions directes de mercredi avec le Liban s'étaient déroulées dans "une atmosphère positive", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rappelé mercredi soir que le désarmement du Hezbollah restait une exigence "incontournable" pour son pays.


Soudan: le chef des droits de l'homme de l'ONU appelle à cesser les combats «immédiatement»

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
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  • Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions
  • "Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire

GENEVE: Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher.

"Nous ne pouvons rester silencieux face à cette nouvelle catastrophe", a déclaré Volker Türk dans un communiqué. "Ces combats doivent cesser immédiatement et l’aide humanitaire vitale doit parvenir aux personnes menacées de famine".

Les combats se sont intensifiés cette semaine dans la région du Kordofan, dans le sud du Soudan riche en pétrole, l'armée cherchant à repousser les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) loin de l'axe routier vital reliant la capitale Khartoum au Darfour.

Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions sommaires".

Et il affirme avoir relevé "des cas de représailles, de détentions arbitraires, d'enlèvements, de violences sexuelles et de recrutements forcés, y compris d'enfants".

"Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire, en référence aux exactions commises par les FSR après la prise fin octobre de la dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait à leur contrôle.

"Nous ne devons pas permettre que le Kordofan devienne un autre El-Facher", a insisté M. Türk.

Dans son communiqué, le Haut-Commissariat rapporte que le 3 novembre dernier, un drone des FSR avait frappé une tente où des personnes en deuil étaient rassemblées à El Obeid, dans le Kordofan du Nord, tuant 45 personnes, principalement des femmes.

Il indique aussi que le 29 novembre, une frappe aérienne des Forces armées soudanaises (SAF) à Kauda, dans le Kordofan du Sud, aurait fait au moins 48 morts, pour la plupart des civils.

Selon l'organisation, "de violents combats se poursuivent depuis dans les trois États du Kordofan". "La situation humanitaire est catastrophique : la famine est confirmée à Kadugli et un risque de famine persiste à Dilling", ajoute le Haut-Commissariat, affirmant que "toutes les parties entravent l’accès et les opérations humanitaires".

"Nous ne pouvons (...) laisser d’autres Soudanais devenir victimes de terribles violations des droits de l’homme. Nous devons agir", a insisté M. Türk.

Depuis avril 2023, les combats ont fait des dizaines de milliers de morts, forcé le déplacement de 12 millions de personnes et plongé le pays dans la plus grande crise humanitaire au monde, selon l'ONU.