Sénatoriales: continuité attendue, Sonia Backès battue en Nouvelle-Calédonie

Le président du Sénat français Gérard Larcher (à gauche) et la présidente de l'Assemblée nationale française Yael Braun-Pivet (à droite) écoutent le roi Charles de Grande-Bretagne (à gauche) s'adresser aux sénateurs et aux membres de l'Assemblée nationale au Sénat français le 21 septembre 2023. (Photo Daniel Leal AFP)
Le président du Sénat français Gérard Larcher (à gauche) et la présidente de l'Assemblée nationale française Yael Braun-Pivet (à droite) écoutent le roi Charles de Grande-Bretagne (à gauche) s'adresser aux sénateurs et aux membres de l'Assemblée nationale au Sénat français le 21 septembre 2023. (Photo Daniel Leal AFP)
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Publié le Dimanche 24 septembre 2023

Sénatoriales: continuité attendue, Sonia Backès battue en Nouvelle-Calédonie

  • Les bureaux de vote, installés pour la plupart en préfecture, ouvrent à 8h30 en métropole mais l'élection a déjà commencé pendant la nuit en Nouvelle-Calédonie, où deux postes sont en jeu
  • Les connaisseurs s'accordent sur un point: les forces en présence ne bougeront qu'à la marge, à l'aube de chauds débats parlementaires sur l'immigration et le budget

PARIS : Place au vote: 79.000 grands électeurs sont appelés aux urnes dimanche pour les élections sénatoriales, un scrutin indirect sans grand suspense pour renouveler de moitié un Sénat dominé par la droite et le centre, peu inquiétés par un camp présidentiel dispersé.

A moins de huit mois du prochain grand rendez-vous électoral des européennes, 170 des 348 sièges de sénateurs sont à pourvoir pour six ans dans une quarantaine de départements, des Landes au Pas-de-Calais en passant par Paris, l'Île-de-France ou Mayotte. Les 178 autres le seront en 2026.

Les bureaux de vote, installés pour la plupart en préfecture, ouvrent à 8h30 en métropole mais l'élection a déjà commencé pendant la nuit en Nouvelle-Calédonie, où deux postes sont en jeu.

Deux modes de scrutin cohabitent pour ces sénatoriales à la campagne discrète: dans les départements où sont élus un ou deux sénateurs, l'élection a lieu au scrutin majoritaire à deux tours (un tour le matin, l'autre l'après-midi); et dans les autres départements, elle a lieu au scrutin proportionnel de liste à un tour.

Au Palais du Luxembourg, siège de la «chambre des territoires», les formations politiques auront en revanche les yeux rivés sur les résultats une fois les bureaux de vote fermés (17h30), pour compter leurs effectifs.

La droite maintenue ? La majorité présidentielle en difficulté ? La gauche en légère progression ? Une incursion du Rassemblement national ? Chou blanc pour les Insoumis ? Les fins connaisseurs de la carte électorale y vont chacun de leurs pronostics.

Tous s'accordent sur un point: les forces en présence ne bougeront qu'à la marge, à l'aube de chauds débats parlementaires sur l'immigration et le budget.

«Il y aura peut-être quelques rééquilibrages, mais toujours beaucoup de stabilité», assure Hervé Marseille, le président de l'Union centriste, groupe allié des Républicains (LR) dans la majorité sénatoriale.

- Objectif 100 à gauche -

La droite avance d'ailleurs sans pression dans le sillage de son leader Gérard Larcher (74 ans), en lice pour un sixième mandat de sénateur dans les Yvelines avant une confirmation plus que probable à son poste de président du Sénat le 2 octobre.

«Par les temps politiques difficiles et instables que l'on connaît, la stabilité est déjà une grande victoire», relève Bruno Retailleau, le patron du groupe LR, actuellement crédité de 145 sénateurs sur 348 au total.

Dans un hémicycle encore attaché au traditionnel clivage gauche-droite, reflet des élections municipales, le Parti socialiste (PS) compte bien rester le deuxième groupe du Sénat (64 sénateurs actuellement).

«Symboliquement, c'est important», reconnaît le chef de file socialiste - et candidat dans le Nord - Patrick Kanner, satisfait d'avoir signé «un accord gagnant-gagnant» avec les communistes et les écologistes dans une quinzaine de départements. Avec une ambition sous-jacente: atteindre les 100 sénateurs de gauche dans l'hémicycle, contre 91 avant ce renouvellement. Parmi les nouveaux arrivants probables, l'ancien candidat à la présidentielle Yannick Jadot.

- Horizons en progression -

Cette alliance n'a pas plu à la France insoumise, écartée faute de disposer d'un maillage local suffisant pour garnir les rangs du Sénat. LFI a répliqué en candidatant sans grand espoir dans tout l'Hexagone, utilisant parfois le logo de la coalition Nupes au regret du PS et d'Europe Écologie-Les Verts (EELV).

Minoritaire et dispersée dans plusieurs groupes au Sénat, la majorité présidentielle risque aussi de payer les limites de son ancrage local. «Les dernières municipales nous ont enlevé tout espoir de gain substantiel», concède un sénateur Renaissance, désabusé.

Des résultats sur lesquels le président de la République ne devrait pas s'appesantir dans son interview à TF1 et France 2 dimanche soir.

Le parti Horizons d’Édouard Philippe semble de son côté plus fringant après ses victoires municipales à Reims ou à Angers, synonymes de sièges quasi-acquis.

«Nous continuons de tisser notre toile au Sénat», glisse Pierre-Yves Bournazel, le chef du pôle élections d'Horizons.

Enfin le Rassemblement national, absent au Sénat, espère créer la surprise dans le Nord, le Pas-de-Calais ou la Moselle.

Autant d'enjeux pour une chambre haute revenue ces derniers mois sur le devant de la scène médiatique avec des commissions d'enquête remarquées (Benalla, Fonds Marianne...), et qui vante le sérieux de ses débats face au tumulte de l'Assemblée.

La secrétaire d'Etat Sonia Backès battue en Nouvelle-Calédonie

La secrétaire d'Etat à la Citoyenneté Sonia Backès, candidate aux élections sénatoriales en Nouvelle-Calédonie, a été battue au second tour par l'indépendantiste Robert Xowie, a-t-on appris de source parlementaire dimanche.

Troisième au premier tour lors duquel le candidat dissident Les Républicains Georges Naturel a été élu, Sonia Backès (Renaissance) n'est pas parvenue à faire le plein de grands électeurs au second tour, s'inclinant face au candidat du Front de libération kanak (FLNKS), qui fait son entrée au Sénat.

C'est un premier revers pour le parti présidentiel dans ces élections sénatoriales, alors que Mme Backès était la seule représentante du gouvernement à candidater lors de ce scrutin.

La présidente de la province Sud de Nouvelle-Calédonie, qui briguait un premier mandat, essuie un sérieux échec avec cette arrivée des indépendantistes au Sénat, quelques jours après une réunion à l'Elysée entre loyalistes et indépendantistes avec l'espoir de trouver un accord sur le statut de l'archipel d'ici la fin de l'année en vue d'une révision constitutionnelle au début 2024.

Dans l'archipel, les deux sénateurs sortants Pierre Frogier et Gérard Poadja ont été battus.

Le Sénat se renouvelle de moitié dimanche avec un scrutin indirect dans une quarantaine de départements et territoires d'outre-mer.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.