Le monde doit «repenser en profondeur» l’ordre mondial, déclare le Saint-Siège à l’ONU

Le secrétaire d'État du Saint-Siège, l'archevêque Paul Richard Gallagher, s'adressant à la 78e  session de l'Assemblée générale des Nations unies, le 26 septembre 2023. (AP)
Le secrétaire d'État du Saint-Siège, l'archevêque Paul Richard Gallagher, s'adressant à la 78e session de l'Assemblée générale des Nations unies, le 26 septembre 2023. (AP)
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Publié le Mercredi 27 septembre 2023

Le monde doit «repenser en profondeur» l’ordre mondial, déclare le Saint-Siège à l’ONU

  • L'instance dirigeante de l'Église catholique exprime ses préoccupations face aux événements en Syrie, au Soudan et en Palestine
  • Pour l’archevêque Paul Gallagher, «l'accroissement des conflits est une preuve évidente de l'effondrement de la confiance entre les nations»

NEW YORK: Une «refonte en profondeur» du système multilatéral est nécessaire pour répondre aux défis croissants du monde, a déclaré mardi la principale instance dirigeante de l’Église catholique à l’Assemblée générale de l’ONU.

Le Saint-Siège était représenté par l’archevêque Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États, qui a déclaré: «Nous vivons un moment crucial pour l’humanité, où la paix semble céder la place à la guerre. Les conflits s’intensifient et la stabilité est de plus en plus menacée.»

Il a salué les efforts historiques de l'ONU pour réduire la pauvreté, aider les migrants et promouvoir le désarmement nucléaire, tout en prévenant: «Ces dernières années, nous avons assisté à un effondrement de la confiance entre les nations, comme en témoigne clairement l'augmentation du nombre et de la gravité des conflits et des guerres.»

Cela a entraîné une «augmentation inévitable et tout aussi significative du nombre de réunions tenues à différents niveaux, bien que n’étant pas toujours en proportion directe avec l’efficacité requise pour poursuivre les objectifs proposés», a-t-il assuré.

Et même si les délégations prodiguent «des flots de mots» lors des forums internationaux, «on ne trouve pas toujours… la même volonté d’écouter», a affirmé Paul Richard Gallagher.

Il a transmis un message du pape François dénonçant la «colonisation idéologique», qu’il a définie comme le fait que des pays plus riches et plus puissants «tentent d’imposer leur vision du monde aux pays les plus pauvres». L’État de droit «semble parfois être remplacé par la loi du plus fort», a ajouté Paul Richard Gallagher.

Il a appelé à un retour à l'écoute et au dialogue sur la scène internationale, afin d'éviter de nouveaux conflits et d'atténuer les souffrances de l'humanité.

«Tous les États doivent redécouvrir un esprit d’entraide avec l'intention de construire une solidarité mondiale qui s'exprime concrètement en aidant ceux qui souffrent. Dans le cadre de cet engagement commun, les dirigeants doivent mettre de côté leurs propres besoins, attentes et désirs de souveraineté ou de toute puissance, devant le regard des plus vulnérables», a poursuivi M. Gallagher. 

Il a également déclaré que le conflit en Ukraine «a joué un rôle déterminant pour ramener dans le débat la menace élevée d’une escalade nucléaire».

Il a décrit l’utilisation de l’énergie nucléaire dans la guerre comme un crime «non seulement contre la dignité des êtres humains, mais contre tout avenir possible pour notre maison commune».

Une autre grave préoccupation pour le Saint-Siège est la prolifération de l’intelligence artificielle (IA), a indiqué Paul Richard Gallagher. La «galaxie numérique en expansion dans laquelle nous vivons touche tous les aspects de nos vies et de notre communauté», a-t-il assuré.

En conséquence, il existe «un besoin urgent d’engager un débat éthique sur l’utilisation et l’intégration de l’IA dans la vie quotidienne à travers le monde», a estimé Paul Richard Gallagher.

Il a transmis le message suivant du pape François: «Nous devons être vigilants et œuvrer à ce que l’usage discriminatoire de ces outils ne prenne pas racine au détriment des plus vulnérables et des exclus. ll est inacceptable que la décision concernant la vie et l’avenir de quelqu’un soit confiée à un algorithme.»

L’inquiétude du Saint-Siège concernant l’IA s’étend à l’utilisation de systèmes d’armes autonomes dans les conflits, «seuls les humains» étant «véritablement capables de voir et de juger l’impact éthique de leurs actions».

L’instance dirigeante catholique a appelé à la création d’une organisation mondiale pour superviser l’utilisation de l’IA.

Les développements technologiques peuvent toutefois donner de l'espoir dans la lutte mondiale contre le changement climatique, a déclaré Paul Richard Gallagher, ajoutant que la communauté internationale «doit se concentrer sur un résultat positif» lors de la prochaine COP28 aux Émirats arabes unis.

Abordant la question des droits humains, il a affirmé qu’il «ne faut jamais oublier que le véritable test décisif pour déterminer si les droits humains sont protégés est le degré de liberté de religion ou de conviction de la population dans un pays».

Paul Richard Gallagher a ajouté: «Ce qui est inquiétant, c’est que nous continuons de vivre dans un monde où des personnes sont persécutées simplement parce qu’elles pratiquent leur foi en public».

Il a également mis l’accent sur l’inquiétude du Saint-Siège face à l’utilisation subjective des termes «crime de haine» et «discours de haine», ajoutant qu’ils étaient utilisés pour empêcher les gens d’exprimer leurs croyances religieuses. «La liberté religieuse est l’une des exigences minimales absolues nécessaires pour vivre dans la dignité», a soutenu Paul Richard Gallagher.

Le Saint-Siège est également préoccupé par la situation humanitaire en Syrie, où la population est «accablée par douze ans de guerre, des tremblements de terre et une grande pauvreté», a-t-il ajouté. «L'Église encourage la reprise d'un processus politique de réconciliation en Syrie.»

Le Soudan préoccupe aussi grandement le Saint-Siège, a affirmé Paul Richard Gallagher, ajoutant que l’instance dirigeante «lance un appel sincère pour déposer les armes afin que le dialogue puisse prévaloir et que les souffrances de la population puissent être allégées».

Les violences fréquentes résultant des coups d’État en Afrique subsaharienne ont «perturbé le processus démocratique, provoqué des morts et des destructions, ainsi que des crises humanitaires et migratoires», a déclaré Paul Richard Gallagher.

«Derrière ces actes de terrorisme et de violence se cachent également des intérêts économiques internationaux qui encouragent la dynamique injuste du colonialisme», a-t-il ajouté.

Le Saint-Siège a exprimé sa «vive préoccupation» concernant les événements survenus à Jérusalem et son statut de ville sainte».

«Je renouvelle mon appel aux Israéliens et aux Palestiniens pour s’ouvrir à un dialogue sincère, mais également à l’ensemble de la communauté internationale», a souligné Paul Richard Gallagher.

Il a terminé son discours en exhortant le monde à s’éloigner de «la logique de la légitimité de la guerre», concluant: «Le champ de bataille est devenu pratiquement illimité et ses effets potentiellement catastrophiques. La paix est possible si elle est vraiment voulue, et si la paix est possible, elle est un devoir. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.


L'envoyé de Trump rencontre Netanyahu, Israël face à des critiques accrues

L'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. (GPO)
L'envoyé du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi. (GPO)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a discuté jeudi à Jérusalem avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la guerre à Gaza, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël
  • Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour dans le territoire palestinien assiégé par Israël

Jérusalem, Non défini: L'émissaire américain Steve Witkoff a discuté jeudi à Jérusalem avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu de la guerre à Gaza, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël.

Après 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, la bande de Gaza est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire distribuée par camions ou larguée depuis les airs.

Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour dans le territoire palestinien assiégé par Israël, selon la Défense civile locale qui a fait état de 38 Palestiniens tués jeudi.

Plusieurs dizaines de corps gisaient empilés à la morgue de l'hôpital al-Chifa dans le nord de Gaza, dans l'attente d'être collectés par leurs proches, a constaté un correspondant de l'AFP.

"Le moyen le plus rapide de mettre fin à la crise humanitaire à Gaza est que le Hamas CAPITULE ET LIBÈRE LES OTAGES !!!", a déclaré le président américain Donald Trump sur X.

Rien n'a filtré de la rencontre entre MM. Witkoff et Netanyahu mais en début de semaine, M. Trump a semblé se distancer de son allié israélien en évoquant une "vraie famine" à Gaza.

Avant l'arrivée jeudi de l'émissaire de M. Trump, des dizaines de mères et proches d'otages encore aux mains du Hamas ont manifesté devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem, exigeant un "accord global" qui garantirait la libération des 49 otages encore détenus à Gaza, dont 27 ont été déclarés morts par l'armée.

- "Position minoritaire" -

L'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive dévastatrice à Gaza qui a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza jugées fiables par l'ONU. La campagne aérienne et terrestre a dévasté le territoire et provoqué un désastre humanitaire.

Le chef de la diplomatie allemande Johann Wadephul a lui rencontré à Jérusalem son homologue israélien Gideon Saar, avant de rencontrer M. Netanyahu.

Avant de décoller pour Israël, M. Wadephul a estimé qu'Israël était "de plus en plus en position minoritaire", alors qu'un "nombre croissant de pays, y compris européens, sont prêts à reconnaître un Etat palestinien sans processus de négociation préalable".

Ces visites interviennent après la multiplication des alertes d'organisations internationales sur une famine à Gaza et l'échec de négociations indirectes, sous médiation américaine, qatarie et égyptienne, entre Israël et le Hamas en vue d'un cessez-le-feu.

Le gouvernement israélien a annoncé dimanche une pause limitée dans l'offensive afin de permettre l'acheminement de l'aide dans le petit territoire pauvre où s'entassent plus de deux millions de Palestiniens.

Mais ces aides sont jugées insuffisantes par les organisations internationales face aux besoins immenses de la population.

- "Pression déformée"

Le Portugal a indiqué jeudi envisager de reconnaître l'Etat de Palestine, après que plusieurs pays dont le Canada, la France et le Royaume-Uni ont annoncé leur intention de faire de même en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre.

Une telle reconnaissance reste néanmoins largement symbolique en raison du refus d'Israël de la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Dans ce contexte, Israël a dénoncé une "campagne de pression internationale déformée" venant "récompenser le Hamas et nuire aux efforts visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza".

Les Etats-Unis, qui ont dénoncé les annonces sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, ont imposé des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), accusant les deux organismes d'avoir pris des mesures pour "internationaliser leur conflit avec Israël" et de "continuer à soutenir le terrorisme".

Le gouvernement Netanyahu, qui veut chasser le Hamas de Gaza et a annoncé son intention de contrôler le territoire, semble peiner à trancher sur une solution politique d'après-guerre.

Dans ce contexte, la frange la plus radicale de sa coalition gouvernementale plaide pour un retour des colonies à Gaza, évacuées en 2005 avec le retrait unilatéral israélien du territoire après 38 ans d'occupation.

L'armée israélienne a par ailleurs annoncé le retrait du nord de Gaza de sa 98e Division, composée d'unités parachutistes et de commandos d'élite, qui a "se prépare désormais à de nouvelles missions".


Une experte de l’ONU : « La famine imposée à Gaza est une atteinte grave à la dignité humaine »

Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture d'une cuisine caritative dans la ville de Gaza, le 28 juillet 2025. (Reuters)
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  • Alice Jill Edwards dénonce une privation prolongée de nourriture entraînant malnutrition, défaillances d’organes et décès, notamment chez les nourrissons et femmes enceintes
  • « Des règles changeantes, une distribution militarisée et l’incertitude permanente sur l’accès aux besoins de base provoquent désespoir, stress et traumatismes », alerte-t-elle

NEW YORK: La rapporteuse spéciale de l’ONU sur la torture, Alice Jill Edwards, a exprimé mercredi sa vive inquiétude face à l’augmentation du nombre de décès liés à la famine parmi les Palestiniens de Gaza.

Elle a qualifié la famine infligée aux civils de « meurtrière, inhumaine et dégradante », appelant à une aide humanitaire rapide et sans entrave vers l’enclave dévastée.

« Priver des gens de nourriture, d’eau et de dignité constitue une violation grave et répétée dans ce conflit. Cela doit cesser », a-t-elle déclaré, citant des rapports « choquants » de civils tués en faisant la queue pour se nourrir, et des cas généralisés de faim et de malnutrition.

Elle a alerté sur un risque croissant de famine généralisée à Gaza, soulignant que toutes les parties au conflit ont des obligations juridiques, au regard du droit international, d’assurer un accès à l’eau et à la nourriture pour les civils sous leur contrôle, et de faciliter l’aide humanitaire.

« Ils ne doivent ni voler, ni détourner, ni bloquer délibérément l’acheminement de l’aide », a-t-elle averti.

Elle a décrit les « conséquences physiologiques catastrophiques » de la privation prolongée de calories : malnutrition, défaillance d’organes et décès, touchant particulièrement les groupes vulnérables comme les nourrissons et les femmes enceintes.

« L’impact psychologique d’un tel déni est d’une cruauté intrinsèque », a-t-elle poursuivi.

« Des règles constamment changeantes, des distributions militarisées, et une incertitude quotidienne sur l’accès aux besoins fondamentaux plongent les gens dans un désespoir et une détresse extrêmes. »

Elle a salué l’annonce par Israël de pauses humanitaires permettant au Programme alimentaire mondial d’opérer pendant trois mois, tout en soulignant que « davantage doit être fait » pour mettre fin aux hostilités et établir une paix durable fondée sur la solution à deux États.

« Personne ne devrait subir l’humiliation de devoir mendier pour se nourrir, surtout quand des stocks suffisants sont disponibles », a-t-elle déclaré.

Edwards a également renouvelé son appel à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, à la libération des Palestiniens détenus arbitrairement, et à la mise en place d’enquêtes indépendantes sur les allégations de torture, de mauvais traitements et d’éventuels crimes de guerre, de la part de toutes les parties.

Elle a indiqué avoir exprimé ses préoccupations à plusieurs reprises aux autorités concernées et continuer de réclamer une pleine reddition de comptes.

Les rapporteurs spéciaux font partie des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Ils sont indépendants, ne sont pas membres du personnel des Nations unies et travaillent bénévolement.