Sur les terres brûlées canadiennes, les animaux ont disparu

Ce 22 juin 2023, avec l'aimable autorisation du gouvernement de la Nouvelle-Écosse au Canada, montre une biche et un faon marchant dans une forêt brûlée à Shelburne, au Canada. (AFP).
Ce 22 juin 2023, avec l'aimable autorisation du gouvernement de la Nouvelle-Écosse au Canada, montre une biche et un faon marchant dans une forêt brûlée à Shelburne, au Canada. (AFP).
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Publié le Mardi 03 octobre 2023

Sur les terres brûlées canadiennes, les animaux ont disparu

  • Les seules traces visibles dans cette forêt située à des centaines de kilomètres au nord de Montréal sont celles du feu qui l'a ravagée en juin
  • Pas de couvert forestier, quasiment rien à manger: peu de chance de voir des animaux revenir de si tôt

LEBEL-SUR-QUEVILLON: Au sol, aucun excrément, aucune empreinte; dans les branches, pas de nid: les mégafeux qui ont frappé le Canada cet été ont porté un coup rude à la faune, déjà menacée par le dérèglement climatique et les activités humaines.

Au milieu du bois, dans l'ouest du Québec, Paul Wabanonik cherche des pistes fraîches d'orignal, aussi appelé élan. Il se trouve sur les terres ancestrales de son peuple, où il a chassé toute sa vie en famille.

"Normalement, sur le chemin qu'on emprunte, on devrait voir des traces partout", explique à l'AFP ce chasseur du peuple anichinabé. Mais "là, c'est le désert".

Les seules traces visibles dans cette forêt située à des centaines de kilomètres au nord de Montréal sont celles du feu qui l'a ravagée en juin. Le paysage normalement coloré de nuances de rouge à l'automne, laisse maintenant place à des arbres noircis ou calcinés et à seulement quelques jeunes pousses vertes.

Pas de couvert forestier, quasiment rien à manger: peu de chance de voir des animaux revenir de si tôt, conclut l'homme à la large carrure qui a l'habitude d'initier les plus jeunes de sa communauté à la chasse traditionnelle.

Le nombre précis d'animaux morts dans ces incendies n'est pas connu, "mais ce sont des centaines de milliers" qui ont péri, avance Annie Langlois, biologiste pour la fédération canadienne de la faune, qui parle de "drame".

Castors, coyotes, mouffettes, carcajous (ou glouton d'Amérique du Nord), renard roux, ours... la forêt boréale canadienne abrite 85 espèces de mammifères, 130 de poissons et 300 d'oiseaux, dont beaucoup d'oiseaux migrateurs.

Mais elle a été durement frappée par la saison des feux historiques qui a touché cet été le Canada, où 18 millions d'hectares de terres sont partis en fumée, l'équivalent du tiers de la France métropolitaine.

Fuite au nord

Annie Langlois note que certaines espèces peuvent vite être prises au piège, car elles n'ont pas la capacité de voler ou courir assez vite et sur de longues distances face à des brasiers "très intenses" et progressant rapidement.

Et dans certaines zones, le feu a frappé très tôt dans la saison, ne laissant aucune chance aux petits, à peine nés, de s'en sortir.

Les conséquences sont aussi très lourdes pour la faune aquatique. Car en plus de la cendre qui atterrit dans les lacs et rivières, l'érosion du sol causée par la perte de végétation altère la qualité de l'eau.

En outre, les particules de fumée de feu de forêt contiennent une plus grande proportion de polluants à base de carbone sous diverses formes chimiques, qui viennent se déposer parfois à des centaines de kilomètres.

Et elles ont "des effets aigus ou chroniques sur la santé de la faune", explique Matthew Mitchell de l'Université de Colombie-Britannique.

"Les jeunes animaux sont souvent plus sensibles aux effets de la fumée, tout comme les humains", ajoute-t-il, et "même les animaux marins comme les baleines et les dauphins sont affectés lorsqu'ils émergent pour respirer".

Au Canada, près de 700 espèces sont déjà considérées comme menacées, en grande partie à cause de la destruction de leur habitat.

Et à long terme, les feux constituent une pression supplémentaire sur ces milieux, déjà mis à mal par les coupes forestières. C'est le cas pour le caribou, emblème canadien qui vit dans les vieilles forêts .

"Si l'orignal risque de bien s'en sortir, le caribou va moins bien s'en tirer, étant donné qu'il est déjà dans une situation précaire", s'inquiète Gabriel Pigeon, professeur en écologie de la faune à l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.

Les incendies pourraient aussi accentuer un phénomène en cours: avec le réchauffement, certaines espèces fuient vers le nord.

Ainsi, le lynx que suit Gabriel Pigeon grâce à des colliers émetteurs s'est réfugié à 300 kilomètres de son territoire à cause des feux alors que son "domaine vital est généralement de 25 kilomètres carrés".

Et si le retour des animaux est variable d'une espèce à l'autre, pour certains comme le caribou, il pourrait prendre de nombreuses années voire ne jamais se produire...


HRW exhorte le Royaume-Uni à abandonner son recours contre le mandat d'arrêt de la CPI visant Netanyahu

Rishi Sunak, ex-Premier ministre britannique, avait contesté cette année les mandats d'arrêt émis par la Cour contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant. (AP)
Rishi Sunak, ex-Premier ministre britannique, avait contesté cette année les mandats d'arrêt émis par la Cour contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant. (AP)
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  • La directrice britannique de l'organisation juge "absolument crucial" que le nouveau gouvernement "honore ses engagements"
  • La CPI cherche à arrêter le Premier ministre et le ministre de la Défense israéliens

LONDRES: Human Rights Watch (HRW) appelle le nouveau gouvernement britannique à renoncer au recours juridique du pays contre les mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) visant des dirigeants israéliens.

L'ancien Premier ministre Rishi Sunak avait contesté plus tôt cette année l'émission par la Cour de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant.

Selon The Guardian, Karim Khan, procureur en chef de la CPI, a déclaré qu'il existait des motifs crédibles pour tenir les deux dirigeants responsables de crimes contre l'humanité.

Yasmine Ahmed, directrice de HRW au Royaume-Uni, insiste sur l'importance "cruciale" pour le nouveau Premier ministre Keir Starmer de retirer le recours contre la CPI.

Il y a deux semaines, The Guardian annonçait que le nouveau gouvernement envisageait d'abandonner l'affaire. 

Des diplomates britanniques ont ensuite démenti ces rumeurs, affirmant que la décision était "toujours à l'étude".

Le gouvernement a jusqu'au 26 juillet pour décider de la poursuite ou non du recours, selon les règles de la CPI.

Ahmed a déclaré que le gouvernement travailliste devait adopter un "réalisme progressiste", concept proposé par le nouveau ministre des Affaires étrangères David Lammy.

Elle s'interroge: "Le gouvernement britannique sera-t-il assez mûr pour respecter ses propres déclarations sur le droit international et l'ordre mondial en retirant sa demande d'intervention dans l'affaire de la CPI? Nous verrons si les actes suivront les paroles."
"Le monde auquel ils font face est d'une complexité inouïe. Nous assistons à des crises d'une ampleur sans précédent depuis des décennies", ajoute-t-elle.

Ahmed salue la décision du Labour de reprendre le financement britannique de l'UNRWA, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens.

Cette décision laisse les États-Unis seuls à ne pas avoir repris le financement de l'UNRWA après le boycott controversé de l'agence plus tôt cette année.

"Nous ne pouvons pas promouvoir un ordre international fondé sur des règles si nous ne l'appliquons pas nous-mêmes", conclut Ahmed. "Nous devons donner au (gouvernement) l'opportunité d'être à la hauteur de sa rhétorique."


Gaza: Kamala Harris promet de ne pas «  rester silencieuse  » après sa rencontre avec Netanyahu

Loin des habitudes du président sortant Joe Biden, qui privilégie avec Israël les pressions en coulisses, la vice-présidente a déclaré, après avoir rencontré M. Netanyahu, qu'il était temps de mettre un terme à la guerre "dévastatrice". (AFP)
Loin des habitudes du président sortant Joe Biden, qui privilégie avec Israël les pressions en coulisses, la vice-présidente a déclaré, après avoir rencontré M. Netanyahu, qu'il était temps de mettre un terme à la guerre "dévastatrice". (AFP)
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  • "Ce qui s'est passé à Gaza au cours des neuf derniers mois est dévastateur"
  • L'ex-sénatrice, âgée de 59 ans et engagée dans la course à la Maison Blanche après le retrait de Joe Biden le week-end dernier, a expliqué avoir insisté auprès de M. Netanyahu sur la situation désastreuse lors de cette rencontre "franche"

WASHINGTON: Kamala Harris a donné jeudi le signal d'un possible changement majeur dans la politique américaine à l'égard de Gaza, promettant de ne pas rester "silencieuse" face aux souffrances des civils et insistant sur la nécessité de conclure un accord de paix sans tarder.

Loin des habitudes du président sortant Joe Biden, qui privilégie avec Israël les pressions en coulisses, la vice-présidente a déclaré, après avoir rencontré M. Netanyahu, qu'il était temps de mettre un terme à la guerre "dévastatrice".

"Ce qui s'est passé à Gaza au cours des neuf derniers mois est dévastateur", a-t-elle déclaré, évoquant les "enfants morts" et les "personnes désespérées et affamées fuyant pour se mettre à l'abri".

"Nous ne pouvons pas détourner le regard de ces tragédies. Nous ne pouvons pas nous permettre de devenir insensibles à la souffrance et je ne resterai pas silencieuse", a-t-elle ajouté devant la presse.

L'ex-sénatrice, âgée de 59 ans et engagée dans la course à la Maison Blanche après le retrait de Joe Biden le week-end dernier, a expliqué avoir insisté auprès de M. Netanyahu sur la situation désastreuse lors de cette rencontre "franche".

Elle lui a demandé de conclure un accord de cessez-le-feu et de libération des otages avec le Hamas afin de mettre fin à la guerre déclenchée par l'attaque du mouvement palestinien contre Israël le 7 octobre.

"Comme je viens de le dire au Premier ministre Netanyahu, il est temps de conclure cet accord", a-t-elle déclaré.

Mme Harris a également appelé à la création d'un Etat palestinien, à laquelle s'oppose le Premier ministre israélien.

Un discours qui tranche avec l'image de grande cordialité affichée par Joe Biden et Benjamin Netanyahu plus tôt dans la journée, même si les deux hommes entretiennent des relations notoirement compliquées.

Le président américain a d'ailleurs lui aussi appelé Benjamin Netanyahu à "finaliser" l'accord de cessez-le-feu pour permettre de "ramener les otages chez eux" et de "mettre durablement un terme à la guerre", selon un compte-rendu de leur rencontre diffusé par la Maison Blanche.

Rencontre avec Trump

Pour la fin de son voyage outre-Atlantique, M. Netanyahu se rendra vendredi en Floride, à l'invitation de Donald Trump qu'il a longuement remercié dans son discours devant les élus à Washington.

Jeudi matin, l'ancien président républicain a exhorté Israël à "terminer" rapidement sa guerre à Gaza, avertissant que son image mondiale était en train de se ternir.

"Il faut en finir rapidement. Cela ne peut plus durer. C'est trop long", a-t-il déclaré à Fox News.

Pendant sa longue adresse devant le Congrès, les républicains ont fortement applaudi M. Netanyahu, alors que plus de 60 élus démocrates, dont l'ancienne "speaker" Nancy Pelosi, ont boycotté son discours.

Ils condamnent sa conduite de la guerre qui s'est traduite par des dizaines de milliers de morts palestiniens et une catastrophe humanitaire.

Devant la Maison Blanche, des manifestants se sont rassemblés jeudi pour protester contre la venue du dirigeant israélien. La veille, des milliers de personnes étaient descendues dans les rues de la capitale américaine.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de 1.197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Sur 251 personnes enlevées durant l'attaque, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l'armée.

En riposte, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 39.175 morts, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas, qui ne donne aucune indication sur le nombre de civils et de combattants morts.


Biden dit à Netanyahu qu'un cessez-le-feu est nécessaire «  rapidement  »

C'est en plein tumulte politique que le Premier ministre israélien a posé le pied aux Etats-Unis, seulement quatre jours après l'annonce fracassante du retrait de M. Biden, 81 ans, de la campagne pour l'élection présidentielle de novembre. (AFP).
C'est en plein tumulte politique que le Premier ministre israélien a posé le pied aux Etats-Unis, seulement quatre jours après l'annonce fracassante du retrait de M. Biden, 81 ans, de la campagne pour l'élection présidentielle de novembre. (AFP).
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  • Peu après leur rencontre, la Maison-Blanche a fait savoir que Joe Biden avait appelé jeudi le Premier ministre israélien  à "finaliser" l'accord en vue d'un cessez-le-feu à Gaza
  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit jeudi se réjouir de travailler avec le président américain Joe Biden "dans les mois qui viennent", pour la fin du mandat de ce dernier

WASHINGTON: Le président américain Joe Biden a prévu de dire jeudi au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qu'un cessez-le-feu à Gaza est nécessaire "rapidement", a indiqué un porte-parole de la Maison Blanche.

"Le président réaffirmera au Premier ministre Netanyahu qu'il pense que nous devons parvenir (à un accord) et que nous devons y parvenir rapidement", a expliqué John Kirby, porte-parole du Conseil américain de sécurité nationale, lors d'un point de presse. "Il est temps" a-t-il ajouté, au 10e mois de la guerre dans la bande de Gaza.

Peu après leur rencontre, la Maison-Blanche a fait savoir que Joe Biden avait appelé jeudi le Premier ministre israélien  à "finaliser" l'accord en vue d'un cessez-le-feu à Gaza.

"Le président Biden a exprimé la nécessité de combler les lacunes restantes, de finaliser l'accord dès que possible, de ramener les otages chez eux et de mettre durablement un terme à la guerre à Gaza", est-il  précisé dans le compte-rendu de leur rencontre.

Netanyahu affirme se réjouir de travailler avec Biden 

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit jeudi se réjouir de travailler avec le président américain Joe Biden "dans les mois qui viennent", pour la fin du mandat de ce dernier.

"Je tiens à vous remercier pour ces 50 années de service public et de soutien à l'Etat d'Israël et je me réjouis de discuter avec vous aujourd'hui et de travailler avec vous dans les mois qui viennent", a déclaré le dirigeant en arrivant à la Maison Blanche.