La crise sanitaire au Liban est «catastrophique», avertit le chef d'une commission parlementaire

Le président de la commission parlementaire libanaise de la santé, Bilal Abdallah, a déclaré jeudi que «les fonds alloués à l'achat de médicaments pour le cancer, d'autres maladies chroniques et la dialyse rénale sont presque épuisés». (AFP).
Le président de la commission parlementaire libanaise de la santé, Bilal Abdallah, a déclaré jeudi que «les fonds alloués à l'achat de médicaments pour le cancer, d'autres maladies chroniques et la dialyse rénale sont presque épuisés». (AFP).
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Publié le Vendredi 06 octobre 2023

La crise sanitaire au Liban est «catastrophique», avertit le chef d'une commission parlementaire

  • Le financement des médicaments destinés aux patients atteints de cancer et d'autres maladies chroniques s'épuise, a déclaré Bilal Abdallah
  • Les subventions de l'État sont réduites et le gouvernement est accusé de dépenser des millions sans révéler où est allé l'argent

 BEYROUTH: «Les fonds alloués à l'achat de médicaments pour le cancer, d'autres maladies chroniques et la dialyse rénale sont presque épuisés», a déclaré jeudi Bilal Abdallah, le chef de la commission parlementaire libanaise de la santé, qui a averti que la situation sanitaire du pays était «catastrophique».

Ses propos s'inscrivent dans un contexte d'inquiétude croissante concernant les taux de maladies chroniques non transmissibles dans un pays enlisé dans une crise financière de longue durée et dans la paralysie politique.

Le cancer ainsi que les maladies cardiaques et vasculaires figurent parmi les principales causes de décès au Liban, et Firas Abiad, le ministre intérimaire de la Santé, a précisé que l'absence de traitement précoce de ces affections se traduisait en fin de compte par une augmentation des coûts des soins de santé, ce qui, à son tour, accroissait les taux de mortalité chez les personnes qui n'avaient pas accès à des soins de santé.

M. Abdallah a averti que toutes les décisions gouvernementales actuellement prises au Liban «entrent dans la catégorie des solutions temporaires jusqu'à ce que la situation politique soit résolue et que l'économie se rétablisse».

En raison de la crise financière qui a débuté en 2019 et qui a fait perdre à la monnaie nationale plus de 90% de sa valeur, de nombreuses personnes ont sombré dans la pauvreté et luttent pour nourrir leur famille. Un certain nombre de subventions financées par l'État sur les denrées et services quotidiens ont déjà été supprimées et la dernière tentative des autorités libanaises d’économiser de l'argent prévoit de supprimer les subventions sur le pain d'ici à deux ou trois mois, a déclaré l'expert économique Louis Hobeika à Arab News.

Le Liban a obtenu un prêt de 150 millions de dollars (1 dollar = 0,95 euro) de la Banque mondiale pour subventionner le blé, mais cette aide prendra fin en février prochain. Selon M. Hobeika, le coût de la subvention publique actuelle pour le pain se situe entre 15 et 20 millions de dollars par mois et les subventions pour de nombreux produits et services de base sont réduites de mois en mois.

Parallèlement, depuis près d'un an, les politiciens ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur la nomination d'un nouveau président et le poste est resté vacant depuis que le mandat de Michel Aoun a pris fin, le 31 octobre 2022, sans que rien ne laisse présager une résolution prochaine de la question.

En l'absence d'accord entre les factions politiques sur un plan de réformes susceptibles de remédier à la crise financière et à l'effondrement de l'économie, le gouvernement intérimaire libanais, dirigé par Najib Mikati, continue de suivre des politiques apparemment aléatoires en matière de budget et de dépenses.

Ainsi, il a puisé dans les réserves financières du pays, qui s'amenuisent, utilisant notamment les fonds des déposants détenus à la Banque centrale du pays ainsi que les liquidités qui provenaient des prêts que le gouvernement a été en mesure d'obtenir.

Le député réformiste Mark Daou a déclaré que le gouvernement de M. Mikati avait dépensé des millions de dollars sans révéler ce qu'il était advenu de ces fonds, en violation du principe de transparence financière.

En 2020, le gouvernement a approuvé un amendement à un accord de prêt avec la Banque internationale pour la reconstruction et le développement d'une valeur de 120 millions de dollars afin d'aider à améliorer le système de soins de santé.

En 2021, le ministère des Finances a reçu 1,135 milliard de dollars du Fonds monétaire international (FMI) sous forme de droits de tirage spéciaux (DTS). Les DTS constituent une ligne de crédit que les pays membres du FMI peuvent encaisser. Ils sont conçus pour aider à soutenir les réserves nationales de liquidités et à renforcer l'économie mondiale.

M. Hobeika a déclaré que les députés auraient dû surveiller activement le processus de dépenses depuis 2021 et ne pas commencer à y penser deux ans plus tard.

«Il y a un manque de responsabilité au niveau de la supervision», a-t-il souligné. «Avant de qualifier les dépenses d'illégales, les parlementaires auraient dû vérifier la manière dont les fonds ont été dépensés.»

«S'il y avait eu un contrôle parlementaire, les dépenses auraient été freinées et l'argent aurait permis de soutenir le Liban pendant deux années supplémentaires.»

Les fonds restants pourraient être bientôt épuisés, a-t-il ajouté, et aucun revenu supplémentaire n'a été ajouté au Trésor libanais au cours des deux dernières années.

Entre-temps, les factures d'électricité ne sont plus subventionnées et elles ont augmenté de manière considérable, a rappelé M. Hobeika, et les autorités chargées de la gestion de l'eau ont doublé leurs redevances annuelles. Malgré cela, il y a des pénuries dans les deux cas.  M. Hobeika a expliqué que l'augmentation des frais et des taxes pourrait alimenter la frustration et la colère de la population, qui paie une plus grande partie du peu d'argent qu'elle possède en cette période de crise financière à des entreprises qui rationnent l'approvisionnement en électricité et en eau.

En réponse aux allégations de manque de transparence sur les dépenses du gouvernement, une source du ministère des Finances a indiqué: «Les fonds du DTS ont été dépensés pour des questions urgentes, notamment pour financer des médicaments contre le cancer, plusieurs autres maladies chroniques et des dialyses rénales, ainsi que pour acheter du blé, financer l'électricité et rembourser les dettes de l'État.»

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.