Accord au Congrès américain sur un plan de soutien à l'économie

Le leader de la majorité au Sénat américain, Mitch McConnell, marche pour ouvrir le Sénat sur la colline du Capitole le 20 décembre 2020 à Washington, DC. Les républicains et les démocrates du Sénat sont finalement parvenus à un accord sur le projet de loi sur la lutte contre les coronavirus et un vote est attendu plus tard dans la journée.  (Tasos Katopodis/Getty Images/AFP)
Le leader de la majorité au Sénat américain, Mitch McConnell, marche pour ouvrir le Sénat sur la colline du Capitole le 20 décembre 2020 à Washington, DC. Les républicains et les démocrates du Sénat sont finalement parvenus à un accord sur le projet de loi sur la lutte contre les coronavirus et un vote est attendu plus tard dans la journée. (Tasos Katopodis/Getty Images/AFP)
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Publié le Lundi 21 décembre 2020

Accord au Congrès américain sur un plan de soutien à l'économie

  • "Nous pouvons enfin dire ce que notre nation a besoin d'entendre depuis longtemps. Davantage d'aide (économique) est en route", a déclaré le chef républicain du Sénat, Mitch McConnell
  • Ce plan comprendra notamment un chèque de 600 dollars par adulte et par enfant pour les ménages les plus vulnérables, 25 milliards d'aide aux logements pour éviter les expulsions

WASHINGTON: Après des mois d'âpres négociations, démocrates et républicains ont annoncé dimanche être parvenus à un accord pour maintenir à flot la première économie mondiale durement affectée par la pandémie de Covid-19.

"Nous pouvons enfin dire ce que notre nation a besoin d'entendre depuis longtemps. Davantage d'aide (économique) est en route", a déclaré le chef républicain du Sénat, Mitch McConnell devant le Sénat, confirmant que le plan d'urgence s'élèvera "à près de 900 milliards de dollars". 

"Les quatre dirigeants au Sénat et à la Chambre (des Représentants) ont finalisé un accord", a-t-il ajouté.

Ce plan comprendra notamment un chèque de 600 dollars par adulte et par enfant pour les ménages les plus vulnérables, 25 milliards d'aide aux logements pour éviter les expulsions ainsi que près de 100 milliards pour aider établissements scolaires et crèches à rouvrir, ont détaillé la responsable démocrate à la Chambre Nancy Pelosi et le chef de la minorité démocrate au Sénat Chuck Schumer dans un communiqué conjoint.

De plus, les démocrates ont sécurisé une allocation chômage de 300 dollars par semaine contre 600 dollars au printemps.

Reste néanmoins à finaliser le texte de cet accord et à éviter les obstacles de dernière minute, a relevé Mitch McConnell.

"Nous considérons qu'il s'agit d'un premier pas et qu'il faudra faire davantage", a commenté Nancy Pelosi dimanche soir sur CNN.

Vote lundi

Le numéro 2 démocrate à la Chambre des représentants, Steny Hoyer, a précisé que le vote aurait lieu lundi devant les deux chambres.

Le Congrès a par ailleurs décidé de prolonger de 24 heures la loi de court terme permettant le financement des administrations fédérales, une mesure destinée à éviter un "shutdown" alors que le budget 2021 doit être voté.

"Alors que nos citoyens continuent de lutter contre le coronavirus pendant cette saison des fêtes, ils ne se battront pas seuls", a commenté M. McConnell, regrettant toutefois que cet accord n'ait pas été conclu "il y a des mois".

Les deux partis se rejettent depuis des mois la responsabilité du blocage des négociations de ce deuxième plan.

Le premier, d'un montant gigantesque de 2.200 milliards de dollars, avait été voté en urgence fin mars, en plein coeur de la pandémie de Covid-19.

Dimanche matin, le sénateur républicain Mitt Romney avait indiqué sur CNN qu'un accord devrait être conclu dimanche, les deux partis étant parvenus à lever le principal obstacle sur le rôle de la Banque centrale dans le soutien à l'économie.

L'accord maintiendra la capacité de la Réserve fédérale à mettre en place des programmes de prêts d'urgence sans l'approbation du Congrès, a détaillé le Wall Street Journal. 

En revanche, la puissante institution aura besoin de son approbation si elle voulait lancer des programmes similaires à ceux compris dans le plan d'urgence du printemps. 

Ces programmes de la loi baptisée "Cares Act" vont expirer à la fin de cette année.

Depuis l'été, démocrates et républicains étaient dans l'impasse, s'opposant sur le montant global du nouveau plan d'urgence: les premiers exigeaient un plan équivalent à celui du printemps quand les seconds voulaient le limiter à 1.000 milliards de dollars maximum.

Les démocrates réclamaient aussi des chèques d'au moins 1.200 dollars, soit le double de ce que comprend l'accord finalisé dimanche.

"Ce serait bien s'ils étaient (d'un montant) supérieur, mais ceux qui travaillent à l'élaboration de ce plan reconnaissent que la priorité est d'aider les petites entreprises" pour maintenir l'emploi, avait fait valoir dimanche matin le républicain Mitt Romney.

Aider les petites entreprises est "primordial", avait-il insisté.

Le nouveau plan va par ailleurs inclure des mesures pour la distribution équitable des vaccins contre le coronavirus.

Depuis des mois, les économistes exhortaient le Congrès à prendre des nouvelles mesures d'aide alors que la reprise économique a ralenti à l'automne. 

Pire, la résurgence de la pandémie a fait bondir les nouvelles inscriptions au chômage les deux dernières semaines.

Et depuis qu'il a été élu président, Joe Biden n'a eu de cesse, lui-même, d'appeler à un vote "sans délai".

Samedi soir, le président républicain Donald Trump l'a rejoint: "Pourquoi le Congrès ne donne-t-il pas à notre peuple un plan de relance? FAITES-LE et donnez-leur plus d'argent en paiements directs", a-t-il tweeté.

Selon la Fed, le taux de chômage s'élèvera à 6,7% cette année et à 5% l'an prochain, loin des 3,5% enregistrés en février.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.