En Israël, les habitants de Sdérot sous le choc après l'offensive du Hamas

Des secouristes et des forces de sécurité se rassemblent devant un poste de police israélien à Sderot après qu'il ait été endommagé lors des combats avec le Hamas (Photo, AFP).
Des secouristes et des forces de sécurité se rassemblent devant un poste de police israélien à Sderot après qu'il ait été endommagé lors des combats avec le Hamas (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 09 octobre 2023

En Israël, les habitants de Sdérot sous le choc après l'offensive du Hamas

  • Dimanche, les rues étaient encore maculées de sang et jonchées de douilles de balles, au lendemain de l'offensive surprise et inédite menée par le Hamas
  • Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a mis en garde contre une guerre «longue»

SDEROT: "A chaque seconde, nous pensions que nous allions mourir", lâche Ortal Dadya, une mère de famille israélienne de 39 ans, sortant d'une pièce sécurisée de sa résidence à Sdérot où elle s'était cachée lorsque les combattants du Hamas ont pris d'assaut la ville.

C'est "quelque chose que je n'ai jamais vu", confie-t-elle, en évoquant les violences qui ont éclaté dans sa ville proche de la bande de Gaza.

Dimanche, les rues étaient encore maculées de sang et jonchées de douilles de balles, au lendemain de l'offensive surprise et inédite menée par le mouvement islamiste au pouvoir dans l'enclave palestinienne depuis 2007.

L'odeur persistante du métal brûlé flottait encore autour du commissariat de police incendié. De la fumée s'élevait toujours des ruines du bâtiment.

Sdérot a été l'une des nombreuses cibles des combattants du Hamas, qui, profitant de l'effet de surprise, ont contourné l'imposante barrière de sécurité érigée par Israël autour de la bande de Gaza, visant tant des positions militaires que des civils en pleine rue.

L'offensive militaire a été menée en plein Shabbat, le repos hebdomadaire juif.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a mis en garde contre une guerre "longue", qui a déjà fait plus de 600 morts et 2.000 blessés côté israélien, selon un bilan officiel. Dans la bande de Gaza, 424 Palestiniens ont été tués et 2.300 blessés, selon les autorités locales.

Les habitants de Sdérot, eux, demeurent inquiets. "Je veux quitter Sdérot mais j'ai peur, mes enfants refusent de sortir", confie Mme Dadya à l'AFP, debout dans une cage d'escalier après avoir passé plus d'une journée terrée chez elle.

Les autorités israéliennes n'ont pas précisé combien de personnes avaient péri à Sdérot.

Les stigmates de la violence sont omniprésents dans cette ville du sud d'Israël, avec des essaims de mouches qui pullulent autour de vêtements imprégnés de sang et des fournitures médicales d'urgence éparpillées devant le commissariat.

Certains habitants israéliens regardent prudemment depuis les fenêtres de leurs appartements, et un homme s'efforce de déblayer les débris et les vitres brisées.

Daniel Machlouf, en visite dans la ville au moment de l'attaque, confie avoir perdu des amis lors de cette offensive.

«Kidnappée» en Israël: des dizaines de familles à la recherche de proches disparus

"Les hommes du Hamas l'ont kidnappée": comme Mor Strikovski, des dizaines d'Israéliens tentent de localiser leurs proches disparus après les infiltrations d'hommes armés du mouvement islamiste palestinien qui se sont soldées par des centaines de morts et des dizaines d'enlèvements dans le sud d'Israël.

A Lod, près de l'aéroport international Ben Gourion, la police et la défense civile israélienne ont ouvert le "centre de commandement pour les personnes disparues", pour tenter de canaliser les informations.

"J'avais besoin de faire quelque chose", soupire Mor Strikovski, 42 ans, devant le centre, visiblement angoissée. Elle est venue pour déclarer la disparition de sa mère de 63 ans, du kibboutz Beeri où des hommes armés du Hamas se sont infiltrés samedi, tuant plusieurs habitants et prenant en otage des dizaines d'autres avant l'intervention des forces spéciales israéliennes.

«Tout a échoué»
"Les roquettes ont commencé (à pleuvoir) et nous sommes restés assis, en attendant que ça se termine", relate le jeune homme de 24 ans. "Nous espérons juste que tout va se terminer maintenant", souffle-t-il.

Pendant qu'il parle, des explosions se font entendre en direction de Gaza, d'où s'élèvent d'épais panaches de fumée noire.

Bien que les habitants vivant près de la frontière se soient habitués aux sirènes d'alerte au fil des ans, les pertes israéliennes lors des guerres précédentes ont été nettement moins importantes que celles du côté palestinien.

Yaakov Shoshani, 70 ans, raconte s'être saisi d'un couteau de cuisine et d'un tournevis dès qu'il a eu vent de l'intrusion de combattants armés à Sdérot.

"Les systèmes ont tous échoué ici, qu'il s'agisse du renseignement, du renseignement militaire, civil, des systèmes de détection, de la barrière frontalière (avec Gaza), tout a échoué", déplore-t-il.

Les combattants palestiniens ne se sont pas contentés de viser les forces de sécurité présentes dans la ville, ils ont également ouvert le feu sur des civils.

Des voitures criblées de balles jonchent les rues de Sdérot, et de nombreux véhicules sont abandonnés après avoir percuté des poteaux ou des arbres. Un habitant montre un casque de moto blanc taché de sang et perforé de balles.

Les forces israéliennes ont renforcé leur présence dans la ville, avec des centaines de soldats patrouillant au milieu de rumeurs selon lesquelles des combattants pourraient encore se trouver dans la région.

Dimanche, des dizaines de chars d'assaut et d'autres véhicules militaires se dirigeaient vers la frontière de Gaza en empruntant les routes environnantes.

M. Shoshani, debout dans une rue de Sdérot, estime que les autorités doivent  être tenues pour responsables de la tragédie qui a frappé sa ville: "Des gens devraient être jugés pour le désordre qu'ils ont causé."


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".