Plusieurs villes de France defient l'interdiction des manifestations pro-palestiniennes

Des manifestants allument des fusées éclairantes alors qu'ils grimpent sur le Monument à la République lors d'une manifestation non autorisée de soutien aux Palestiniens à Paris, le 12 octobre 2023. (Photo Dimitar Dilkoff AFP)
Des manifestants allument des fusées éclairantes alors qu'ils grimpent sur le Monument à la République lors d'une manifestation non autorisée de soutien aux Palestiniens à Paris, le 12 octobre 2023. (Photo Dimitar Dilkoff AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 13 octobre 2023

Plusieurs villes de France defient l'interdiction des manifestations pro-palestiniennes

  • Le ministre de l'Intérieur a adressé cette consigne aux préfets par le biais d'un télégramme dans lequel il liste «les consignes strictes» qu'ils doivent appliquer en France
  • Il demande aux préfets d'apporter «leur concours entier» aux services pour «prononcer l'expulsion d'individus proches du mouvement terroriste Hamas ou d'organisations faisant l'apologie du terrorisme»

Paris : Gérald Darmanin a ordonné jeudi l'interdiction des "manifestations pro-palestiniennes, parce qu'elles sont susceptibles de générer des troubles à l'ordre public", ajoutant que "l'organisation de ces manifestations interdites (devait) donner lieu à des interpellations".

Le ministre de l'Intérieur a adressé cette consigne aux préfets par le biais d'un télégramme, que l'AFP a pu consulter, dans lequel il liste "les consignes strictes" qu'ils doivent appliquer en France, après l'attaque perpétrée par le mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.

"L'organisation (des) manifestations interdites doit donner lieu à des interpellations", écrit Gérald Darmanin. Le ministère a précisé à l'AFP que ces interpellations concerneraient "les organisateurs et les fauteurs de troubles".

Il demande aux préfets d'apporter "leur concours entier" aux services pour "prononcer l'expulsion d'individus proches du mouvement terroriste Hamas ou d'organisations faisant l'apologie du terrorisme".M. Darmanin réitère en outre dans ce télégramme sa demande que "les auteurs étrangers" de toute infraction antisémite ou d'apologie du terrorisme se voient "systématiquement retirer leur titre de séjour" et soient expulsés "sans délai" du territoire.Il insiste par ailleurs sur les consignes de sécurisation des lieux de culte et des écoles juives.

Manifestations pro-palestiniennes dans plusieurs villes, malgré leur interdiction

Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés jeudi en début de soirée place de la République à Paris en soutien aux Palestiniens, malgré l'interdiction de cette manifestation, confirmée par la justice administrative, a constaté un journaliste de l'AFP.

Dans le centre de Rennes, un rassemblement également interdit a réuni une cinquantaine de manifestants, selon une journaliste de l'AFP.

A Bordeaux, ils étaient une centaine à répondre à l'appel du Collectif girondin pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, ont constaté des journalistes de l'AFP. Contrairement à celui organisé la veille dans la même ville, ce rassemblement n'était pas interdit par la préfecture.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a ordonné l'interdiction systématique des «manifestations pro-palestiniennes, parce qu'elles sont susceptibles de générer des troubles à l'ordre public», après l'attaque perpétrée samedi par le mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, dans un télégramme adressé jeudi aux préfets.

Le ministère a indiqué à l'AFP que «les organisateurs» de ces manifestations et «les fauteurs de troubles» seraient interpellés.

A Paris, plusieurs centaines de personnes se sont massées place de la République en scandant «Palestine vaincra», ou encore «Israël assassin, Macron complice», munis de drapeaux palestiniens.

«Sionistes, sionistes, vous êtes des terroristes», entonnaient des manifestants.

Le monument à la République, au centre de la place, a été tagué d'un «Free Palestine» en lettres capitales.

Essuyant quelques projectiles, les forces de l'ordre ont fait usage d'un canon à eau et de gaz lacrymogènes pour disperser le rassemblement, peu avant 19h30.

Le préfet de police Laurent Nuñez avait interdit mardi ce rassemblement, prévoyant qu'il serait «le théâtre d'attitudes, de propos et de gestes, principalement à caractère anti-juif, incitant à la haine raciale et faisant l'apologie des attaques terroristes perpétrées ces derniers jours au Moyen-Orient».

Saisi en urgence par plusieurs associations, le tribunal administratif de Paris a décidé jeudi après-midi de maintenir cette interdiction.

Quelques jours après l'offensive du Hamas sur Israël, le juge des référés a invoqué un contexte d'une «extrême violence» et des «risques avérés de l'exportation de cette violence (...) sur le sol national» au regard, notamment, du «regain d'actes antisémites» depuis cette attaque.

Les présidents de l'AFPS (Association France Palestine Solidarité), Bertrand Heilbronn, et de la FTCR (Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives), Mohammed Ben Saïd, ont indiqué à l'AFP qu'ils ne maintenaient pas l'appel à manifester jeudi soir.

Mais «nous n'allons pas lâcher», a ajouté M. Heilbronn. «Ces manifestations donnent un débouché politique à une colère qui veut s'exprimer, il est important que l'on puisse porter cette voix».

«Il est grand temps que la France se reprenne un peu et sorte de ce soutien inconditionnel à l'Etat d'Israël», a-t-il ajouté.

Pour sa part, la dirigeante de la CAPJPO-Europalestine, Olivia Zemor, a dit à l'AFP son intention de «laisser les gens» manifester «s'ils ont envie de le faire».

Mercredi soir, des rassemblements pro-palestiniens s'étaient tenus à Nantes, Nîmes et Bordeaux, malgré des interdictions préfectorales prises faute de déclaration préalable ainsi que pour des motifs de sécurité publique.

Malgré l’interdiction et l’annulation par les organisateurs de la manifestation pro-palestinienne à Toulouse, une centaine de personnes au maximum se sont rassemblées, avant d’être dispersées par des gendarmes mobiles à l’aide de gaz lacrymogènes.

Jeudi, le préfet de l'Hérault a interdit deux autres manifestations, prévues vendredi à Béziers et samedi à Montpellier.


JO-2024: début de la parade maritime pour l'arrivée de la flamme olympique à Marseille

Le trois-mâts français Belem du XIXe siècle navigue dans la baie de Marseille, en mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (Photo, AFP).
Le trois-mâts français Belem du XIXe siècle navigue dans la baie de Marseille, en mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (Photo, AFP).
Des spectateurs tenant une mascotte « Phryge » des Jeux olympiques de Paris 2024 dans les bateaux défilent alors que le bateau navigue près des côtes de Marseille, dans la mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Jeux (Photo, AFP).
Des spectateurs tenant une mascotte « Phryge » des Jeux olympiques de Paris 2024 dans les bateaux défilent alors que le bateau navigue près des côtes de Marseille, dans la mer Méditerranée, le 8 mai 2024, avant d'atterrir avec la flamme olympique, en prévision des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Jeux (Photo, AFP).
Short Url
  • Les embarcations ont fait sonner cornemuses, sirènes et klaxons pour célébrer l'arrivée de ce symbole olympique après 12 jours en mer
  • Le Belem est comme dans une bulle, protégé par des bateaux du dispositif de sécurité

MARSEILLE: La grande parade maritime accompagnant l'arrivée de la flamme olympique en France a débuté mercredi à 11h00, avec un millier de bateaux escortant le trois-mâts Belem en rade de Marseille, sous un soleil éclatant, ont constaté des journalistes de l'AFP en mer.

Les embarcations ont fait sonner cornemuses, sirènes et klaxons pour célébrer l'arrivée de ce symbole olympique après 12 jours en mer depuis la Grèce, à moins de trois mois des JO de Paris (26 juillet-11 août).

Sur La Belle Poule, deux-mâts historique de la Marine nationale qui suit directement le Belem, le son de la cornemuse a retenti sous les grandes voiles blanches, marquant le début de la parade qui durera jusqu'à 17h00, le long de la côte de la deuxième ville de France.

Accueil chaleureux 

Tout autour, en mer, de petits bateaux de plaisance, des canots, mais aussi de grands voiliers naviguent sur la Méditerranée, selon un journaliste de l'AFP.

A bord du Belem, où a pu monter un photographe de l'AFP, les jeunes équipiers saluent depuis le pont, sourire aux lèvres, l'armada de plaisanciers et la foule dense présente sur une plage au loin, sous le viaduc de Corbières, dans le quartier populaire de l'Estaque qui a inspiré de grands peintres comme Cézanne ou Braque.

Le Belem est comme dans une bulle, protégé par des bateaux du dispositif de sécurité. Une quarantaine de bateaux des autorités françaises sont mobilisés pour veiller au bon déroulement de cette grande parade.


La Grande mosquée de Paris appelle le gouvernement à la vigilance sur la discrimination des musulmans

Recteur de la Grande Mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz (Photo, AFP).
Recteur de la Grande Mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz (Photo, AFP).
Short Url
  • Gabriel Attal avait promis une «fermeté exemplaire» face à l'antisémitisme et estimé que «l'islamisme est un péril grave pour notre République»
  • Pour la Grande mosquée, l'«appel à la vigilance» et la "condamnation" que le Premier ministre a exprimés «doivent s'appliquer de manière équitable à toutes les communautés»

PARIS: La Grande mosquée de Paris appelle le gouvernement à condamner "sans équivoque" les discriminations visant les musulmans, estimant que la fermeté martelée lundi par Gabriel Attal au dîner du Crif devait "s'appliquer de manière équitable à toutes les communautés".

"La Grande mosquée de Paris accueille favorablement" la déclaration du Premier ministre sur "les tensions intercommunautaires et la nécessité de ne pas laisser le cynisme politique diviser notre société", affirme dans un communiqué reçu mercredi le recteur de la mosquée Chems-eddine Hafiz.

"Nous partageons sa préoccupation quant à toute tentative d'instrumentalisation des identités religieuses à des fins partisanes", ajoute-t-il.

Pour la Grande mosquée, l'"appel à la vigilance" et la "condamnation" que le Premier ministre a exprimés "doivent s'appliquer de manière équitable à toutes les communautés".

Stigmatisés

Lundi soir au dîner du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), Gabriel Attal avait promis une "fermeté exemplaire" face à l'antisémitisme et estimé que "l'islamisme est un péril grave pour notre République et un des visages les plus dangereux, les plus destructeurs de l'antisémitisme".

Le recteur de la Grande mosquée, qui rappelle avoir participé lundi matin au lancement des "assises de lutte contre l'antisémitisme" initiées par le gouvernement, s'inquiète aussi de "l’extension dans l'espace public du faux et +antinomique+ concept d'antisémitisme musulman, qui stigmatise injustement les musulmans français".

"Nous appelons le Premier ministre et son gouvernement à montrer l'exemple en condamnant explicitement et sans équivoque toute forme de discrimination et de stigmatisation à l'encontre des musulmans français", ajoute-t-il.


Macron et Xi dans les Pyrénées pour une escapade «personnelle»

Le président chinois Xi Jinping est accueilli par le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte à son arrivée à l'aéroport de Tarbes (Photo, AFP).
Le président chinois Xi Jinping est accueilli par le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte à son arrivée à l'aéroport de Tarbes (Photo, AFP).
Short Url
  • L'étape pyrénéenne pourrait, dans l'esprit de la délégation française, favoriser «un échange franc et amical»
  • Ce coin de montagne est «directement lié à l'histoire très personnelle» d'Emmanuel Macron, explique son entourage

 

TARBES: Après les ors de l'Elysée, la neige des cimes: Emmanuel Macron et Xi Jinping sont arrivés mardi dans les Pyrénées au second jour de la visite d'Etat du président chinois, pour une escapade "personnelle" censée permettre un dialogue plus direct sur la guerre en Ukraine ou les désaccords commerciaux.

"Nos montagnes françaises", "j'espère, continueront de nous inspirer", a lancé lundi, lyrique, le président français en accueillant son homologue chinois à Paris pour la première fois depuis 2019. Il a dit s'attendre, dans les Hautes-Pyrénées, à des "discussions fructueuses et amicales".

L'avion du chef de l'Etat et celui du président chinois ont atterri à Tarbes en fin de matinée, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les deux dirigeants sont attendus au col du Tourmalet, mythique ascension du Tour de France, où la météo est encore hivernale même si la saison est finie à la station de ski de La Mongie.

Une centaine de personnes sont venues apporter leur soutien au dirigeant chinois et des dizaines de drapeaux rouges aux cinq étoiles jaunes coloraient les abords de la route menant au col, dans la commune de Sainte-Marie-de-Campan.

"C'est vraiment étrange de voir ça ici", sourit Jean-Michel Garem, un villageois retraité.

Emmanuel Macron et Xi Jinping, accompagnés de leurs épouses, déjeuneront dans le restaurant d'altitude d'Eric Abadie, éleveur et ami du président français. Une sorte de réponse à la cérémonie du thé qu'ils avaient partagée l'an dernier à Canton dans la résidence officielle où le père du président chinois avait vécu quand il était gouverneur de la province du Guangdong.

Un cadre qui contraste avec celui du palais présidentiel où, entre un accueil en grande pompe et un banquet fastueux, ils n'ont pas cherché à dissimuler les différends sur le commerce entre l'Europe et la Chine.

Emmanuel Macron a appelé à un "cadre de concurrence loyale", se félicitant à l'issue des discussions d'avoir préservé le cognac français de la menace de taxes douanières chinoises "provisoires".

Conviée pour afficher un front continental uni, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a prévenu que l'Union européenne prendrait "des décisions fermes" pour "protéger son économie", dénonçant l'afflux de véhicules électriques chinois massivement subventionnés.

"Le soi-disant +problème de la surcapacité de la Chine+ n'existe pas", leur a répondu sèchement Xi Jinping.

Sur l'Ukraine, il s'est voulu plus consensuel, réaffirmant sa volonté d'œuvrer à une solution politique.

Et il a apporté son soutien à une "trêve olympique" à l'occasion des Jeux de Paris cet été, poussée également par Emmanuel Macron. Selon une source diplomatique française, cette trêve pourrait servir, s'agissant de l'Ukraine, à enclencher un processus plus politique après plus de deux ans de conflit.

Mais Paris, qui insiste depuis un an pour que Pékin fasse pression sur la Russie pour contribuer à mettre fin à la guerre, se veut "lucide" sur les chances limitées d'une percée rapide. D'autant que le président chinois reste le principal allié de son homologue russe Vladimir Poutine, qu'il doit recevoir prochainement.

Séduction 

L'étape pyrénéenne pourrait, dans l'esprit de la délégation française, favoriser "un échange franc et amical" sur ces sujets épineux. L'idée est de casser l'imposant protocole qui accompagne le moindre déplacement du numéro un chinois.

Ce coin de montagne est "directement lié à l'histoire très personnelle" d'Emmanuel Macron, explique son entourage. Celui qui fête mardi les 7 ans de sa première élection, a passé de nombreuses vacances entre le bourg de Bagnères-de-Bigorre et La Mongie avec ses grands-parents auxquels il était très attaché.

"La diplomatie d'Emmanuel Macron a toujours misé, de manière peut-être excessive, sur le pouvoir de séduction", analyse Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales à Sciences Po. "Il y a toujours eu chez lui l'idée que ses relations personnelles pouvaient renverser les structures", ajoute-t-il.

Le cadre intimiste du Tourmalet participe de cette volonté.

"Mais c'est mal connaître Xi Jinping qui n'est pas vraiment un grand sentimental", prévient le chercheur.

Le candidat des socialistes aux élections européennes de juin Raphaël Glucksmann a dénoncé la "tonalité amicale" de cette visite officielle. "L'homme qui déporte les Ouïghours, qui réprime les Hongkongais et les Tibétains n'est pas notre ami", a-t-il déclaré sur RTL.

Son adversaire de droite François-Xavier Bellamy (Les Républicains) a également pointé sur LCI les "ingérences" de Pékin et sa "stratégie agressive pour mettre à terre notre économie". La tête de liste macroniste Valérie Hayer a néanmoins défendu la volonté du chef de l'Etat de parler à son homologue chinois, souhaitant sur France 2 "un dialogue direct et franc sur l'ensemble des sujets".

Le politiste Bertrand Badie acquiesce: avec la Chine de Xi Jinping, "il y a un vrai travail à faire" car personne, jusqu'ici, "n'a trouvé la clé des relations euro-chinoises".