Avant les négociations tarifaires, les médecins libéraux ferment leurs portes

Le président de la Fédération française des médecins (FMF), Jean-Paul Hamon, tient une pancarte indiquant "en grève" alors qu'il pose lors d'une séance photo à Paris le 11 octobre 2023. (Photo de JOEL SAGET / AFP)
Le président de la Fédération française des médecins (FMF), Jean-Paul Hamon, tient une pancarte indiquant "en grève" alors qu'il pose lors d'une séance photo à Paris le 11 octobre 2023. (Photo de JOEL SAGET / AFP)
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Publié le Vendredi 13 octobre 2023

Avant les négociations tarifaires, les médecins libéraux ferment leurs portes

  • L'objectif est de «reporter» les patients vers l'hôpital public pour «montrer l'importance de la médecine libérale», quitte à provoquer «une crise sanitaire», a expliqué le président du syndicat de chirurgiens Le Bloc
  • Toutes les organisations représentant les médecins libéraux  font le «constat» d'une profession «à bout de nerfs», qui se sent évincée des politiques de santé publique

PARIS: "Pression maximum" sur l'exécutif: les médecins libéraux tirent le rideau vendredi à l'appel de tous leurs syndicats représentatifs, pour une grève "reconductible" avant de nouvelles négociations tarifaires et l'examen au Sénat d'une loi qui les exaspère.

En ce "vendredi noir", généralistes et spécialistes libéraux sont appelés à fermer les cabinets, annuler les consultations et déprogrammer toutes les opérations prévues, hors urgences vitales.

L'objectif est de "reporter" les patients vers l'hôpital public pour "montrer l'importance de la médecine libérale", quitte à provoquer "une crise sanitaire", a expliqué mardi Philippe Cuq, président du syndicat de chirurgiens Le Bloc et porte-parole d'une toute nouvelle "intersyndicale" qui réunit 12 organisations de professionnels ou futurs médecins.

"On fait ça la boule au ventre, mais on ne peut plus laisser se dégrader notre secteur", a tranché le chirurgien.

Forte d'une unité "jamais vue" selon ses représentants, l'intersyndicale promet une mobilisation d'ampleur, "bien au-delà" des 10% de praticiens syndiqués en France. Cette fois les six syndicats représentatifs (Avenir Spé-Le Bloc, CSMF, MG France, FMF, SML, et UFML-S) ont décidé de faire front.

"Les médecins ont besoin d'être entendus, encouragés et soutenus", a déclaré vendredi matin l'Ordre des médecins.

Certains médecins libéraux exerçant dans des cliniques privés seront toutefois réquisitionnés par les préfectures pour continuer à assurer notamment les soins d'urgence.

«De vrais moyens»

Dès vendredi matin, le préfet d'Ille-et-Vilaine a ainsi pris un arrêté de réquisition de médecins anesthésistes, chirurgiens, gynécologues et pédiatres exerçant à l'hôpital privé de Saint-Grégoire, en banlieue de Rennes. L'arrêté court jusqu'à mardi matin.

Les médecins réquisitionnés "n'ont pas le choix et sont obligés de travailler", a déclaré à l'AFP le Dr Loïc Kerdiles, anesthésiste réanimateur et co-président d'Avenir Spé Le Bloc. Toutefois, "nous étudions la possibilité d'un recours", a-t-il indiqué.

Toutes les organisations représentant les médecins libéraux  font le "constat" d'une profession "à bout de nerfs", qui se sent évincée des politiques de santé publique.

Ils critiquent des "choix politiques qui dissuadent les jeunes de s'installer" et font reculer la pratique libérale au profit du salariat. Selon l'Ordre des médecins, l'effectif à statut exclusivement libéral a baissé de 11,8% depuis 2010, alors que l'effectif des médecins salariés a augmenté de 13,4%.

Première "revendication phare": la reprise des négociations tarifaires avec l'Assurance maladie, avec "de vrais moyens" pour redonner du souffle au métier.

Le 1er novembre, entrera en vigueur une revalorisation de 1,50 euros de la consultation de base (soit 26,50 euros pour le généraliste), mais tout le monde, gouvernement compris, la reconnait insuffisante.

«Dans le désert»

Une nouvelle négociation doit s'ouvrir dans les prochaines semaines mais l'exécutif ne veut pas lâcher plus sans obtenir des médecins de nouveaux engagements servant ses objectifs, comme aider les Français à trouver un médecin ou limiter la hausse de la consommation des médicaments.

"Ce n'est pas pour augmenter ce qu'on gagne, c'est pour pouvoir embaucher", notamment des assistants médicaux ou infirmiers, pour réduire le travail administratif et se concentrer sur les tâches proprement médicales, a expliqué à l'AFP le Dr Patrick Gasser, président d'Avenir Spé-Le Bloc (médecins spécialistes).

L'intersyndicale fustige aussi la proposition de loi Valletoux, sur "l'accès aux soins par l'engagement territorial des professionnels", qui sera examinée fin octobre au Sénat.

Les spécialistes en particulier redoutent que ce texte ne permettent de les contraindre à faire des gardes, voire d'être contraints d'aller les assurer à l'hôpital public.

Le budget de l'Assurance maladie prévu pour 2024 est enfin jugé "largement insuffisant" face à la crise que traverse le système de santé, entre vieillissement de la population et pénurie exponentielle de médecins.

"Depuis 20 ans, rien n'est fait. Aujourd'hui le démantèlement de la médecine libérale s'accélère", déplore auprès de l'AFP le président d'honneur de la Fédération des médecins de France, Jean-Paul Hamon.

Pour "alerter les patients sur la désertification", il consultera toute la journée de vendredi "gratuitement et sous une tente" près de la mairie d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine).


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.