Isolé par les Occidentaux, Poutine attendu en Chine

 Le président russe Vladimir Poutine est attendu en Chine la semaine prochaine pour rencontrer son homologue Xi Jinping et resserrer les liens avec son partenaire stratégique. (AFP)
 Le président russe Vladimir Poutine est attendu en Chine la semaine prochaine pour rencontrer son homologue Xi Jinping et resserrer les liens avec son partenaire stratégique. (AFP)
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Publié le Samedi 14 octobre 2023

Isolé par les Occidentaux, Poutine attendu en Chine

  • La Chine a refusé de condamner l'invasion de l'Ukraine et cherche à se positionner comme une partie neutre dans le conflit, tout en offrant à Moscou une assistance diplomatique et financière vitale.
  • Les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint des niveaux record en 2022, à quelque 190 millions de dollars, selon les douanes chinoises

PEKIN: Le président russe Vladimir Poutine est attendu en Chine la semaine prochaine pour rencontrer son homologue Xi Jinping et resserrer les liens avec son partenaire stratégique, nouveau signe, selon des experts, de sa dépendance croissante envers Pékin.

La capitale chinoise accueille les 17 et 18 octobre des représentants de 130 pays, dont le dirigeant russe, à l'occasion du forum des Nouvelles routes de la soie qui marquera le 10e anniversaire du lancement de ce vaste projet d'infrastructures.

Ce programme, dont l'appellation officielle est "La Ceinture et la Route", vise à améliorer les liaisons commerciales entre l'Asie, l'Europe, l'Afrique et même au-delà par la construction de ports, de voies ferrées, d'aéroports ou de parcs industriels.

En dépit de son importance, tous les regards seront tournés sur Vladimir Poutine, dont la dépendance stratégique à l'égard du géant asiatique s'est accrue depuis le début de son offensive en Ukraine, qui a isolé la Russie à l'international.

Hormis un déplacement au Kirghizstan jeudi, le dirigeant russe a pris soin d'éviter les voyages à l'étranger depuis le début de la guerre en 2022 et le mandat d'arrêt lancé contre lui par la Cour pénale internationale pour la "déportation" d'enfants ukrainiens.

La Chine a refusé de condamner l'invasion de l'Ukraine et cherche à se positionner comme une partie neutre dans le conflit, tout en offrant à Moscou une assistance diplomatique et financière vitale.

«Possibilités illimitées»

Les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint des niveaux record en 2022, à quelque 190 millions de dollars, selon les douanes chinoises. Pour 2023, Pékin et Moscou se sont engagés à porter ce chiffre à 200 millions de dollars.

Lors d'une visite en mars du président chinois en Russie, M. Poutine s'est félicité des "possibilités et des perspectives vraiment illimitées" qu'offre la coopération russo-chinoise face au bloc occidental.

En mai, Xi Jinping a promis au Premier ministre russe Mikhaïl Michoustine en visite à Pékin son "ferme soutien" en matière d'"intérêts fondamentaux" et appelé à "renforcer" la coopération économique avec Moscou.

Selon des experts, M. Poutine se rend à Pékin avec l'objectif de concrétiser ces promesses et d'obtenir un soutien accru concernant sa guerre en Ukraine.

"Y compris une aide militaire létale", souligne Bjorn Alexander Duben, expert en relations sino-russes à l'université de Jilin en Chine.

Jusqu'à présent, Pékin a pris soin de ne pas fournir de tels armements à Moscou.

Moyen de pression 

Mais "la Chine ne veut pas d'une Russie très affaiblie et pourrait intensifier ses efforts si elle venait à se rendre compte que Moscou pourrait perdre", analyse Alicja Bachulska, du Conseil européen des relations étrangères.

"L'effondrement du régime de Poutine et le chaos qui en découlerait sont perçus comme une menace sécuritaire sérieuse", poursuit-elle. "Pékin pourrait être prêt à renforcer son soutien à la Russie pour éviter un tel scénario."

La rébellion avortée du groupe Wagner en juin a fait craindre à Pékin un affaiblissement de la stabilité de son partenaire stratégique.

La Chine avait alors immédiatement apporté son soutien à la Russie mais pourrait aujourd'hui utiliser cet épisode comme un moyen de pression sur M. Poutine, selon des analystes.

"Les Chinois sont très durs en affaires", estime l'analyste russe indépendant Konstantin Kalachev, selon qui il n'y aura pas "d'avancées" lors de cette visite sur le projet de gazoduc géant Force de Sibérie 2, dont Moscou veut accélérer la construction mais pour lequel Pékin a évité tout engagement formel à ce stade.

"La domination de la Chine dans les relations" russo-chinoises "s'est considérablement accrue", résume Bjorn Alexander Duben.

Au point que les rapports "se transforment progressivement en une relation de dépendance directe", estime-t-il.


Le traité sur la pollution plastique n'est pas mort, affirme la cheffe de l'environnement de l'ONU

Un homme marche sur un pont près de la vallée de Vjosa, récemment désignée comme site de l'UNESCO, à Tepelene, en Albanie. (Reuters)
Un homme marche sur un pont près de la vallée de Vjosa, récemment désignée comme site de l'UNESCO, à Tepelene, en Albanie. (Reuters)
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  • Malgré l’échec de deux cycles de négociations et la démission du président du comité, la cheffe du PNUE Inger Andersen reste optimiste : un traité mondial contre la pollution plastique est encore possible
  • Alors que la production de plastique pourrait tripler d’ici 2060, les négociations patinent entre pays favorables à une réduction de la production et ceux qui préfèrent miser sur la gestion des déchets

GENEVE: Un traité mondial historique sur la lutte contre la pollution plastique reste à portée de main, assure la cheffe de l'agence de l'ONU pour l'environnement, malgré l'échec cuisant de deux rounds de négociations successifs et la démission soudaine du président du comité des négociations cette semaine.

Dans un entretien exclusif accordé à l'AFP, la directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Inger Andersen, estime que les pays ne feront pas marche arrière, malgré leurs profondes divergences sur la lutte contre ce problème croissant, notamment dans les océans.

Un grand bloc de pays souhaite des mesures audacieuses, comme la réduction de la production de plastique, tandis qu'un groupe plus restreint de pays producteurs de pétrole souhaite se concentrer davantage sur la gestion des déchets.

Les négociations censées se terminer en 2024 en Corée du Sud se sont soldées par un échec, et les efforts repris à Genève en août ont également échoué.

Beaucoup de pays ont exprimé leur colère et leur frustration face à l'échec des discussions, mais ont affirmé souhaiter de nouvelles négociations, dans la foulée de six cycles déjà tenus en trois ans sous l'égide du PNUE.

"Le résultat était-il glorieux ? Non. Mais était-ce la fin ? Non", martèle Mme Andersen.

"Nous sommes repartis avec une plus grande lucidité. Et personne n'a quitté la table. Personne n'est reparti en disant: +C'est trop désespéré, on abandonne+. Personne. Et tout cela me donne du courage", assure l'économiste danoise.

Le problème de la pollution plastique est si omniprésent que des microplastiques ont été retrouvés sur les plus hauts sommets, dans les fosses océaniques les plus profondes et dispersés dans presque toutes les parties du corps humain.

Le sujet est d'autant plus urgent que la planète a produit plus de plastique depuis 2000 que durant les 50 années précédentes. Et la tendance s'accélère: si rien n'est fait, la production actuelle, de quelque 450 millions de tonnes par an, devrait tripler d'ici 2060, selon les prévisions de l'OCDE. Moins de 10% est recyclé.

- "Tout à fait faisable" -

À l'heure actuelle, aucun calendrier n'a été fixé pour la tenue de nouvelles négociations, et aucun pays n'a proposé officiellement de les accueillir. Mais Mme Andersen est "absolument" convaincue qu'un accord est à portée de main.

"C'est tout à fait faisable. Il faut juste persévérer", avance-t-elle. "Nous sommes si proches".

Selon elle, l'état d'esprit général est le suivant: "Nous sommes toujours en négociation. Nous ne nous éloignons pas. Nous avons nos lignes rouges, mais nous comprenons mieux celles des autres. Et nous voulons tous" un accord.

La Norvège et le Kenya ont organisé une réunion très suivie lors de l'Assemblée générale des Nations unies à New York le mois dernier, souligne Mme Andersen.

La COP30, qui se tiendra au Brésil en novembre, offrira une nouvelle occasion de sonder les esprits avant l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement à Nairobi en décembre.

Mais Luis Vayas Valdivieso, ambassadeur d'Équateur en Grande-Bretagne et président du comité des trois derniers des six cycles de négociations, a jeté l'éponge en annonçant cette semaine sa démission.

"Il a essayé d'écouter attentivement toutes les parties et de proposer des textes", rappelle la cheffe du PNUE, manifestant une "profonde gratitude (...) car il a travaillé d'arrache-pied et a tout donné".

- "Grave allégation" -

Le journal britannique The Guardian a rapporté mardi que des employés du PNUE avaient tenu une réunion secrète la veille à Genève, afin de convaincre des membres de la société civile de faire pression sur M. Vayas pour qu'il démissionne.

"Il s'agit d'une allégation extrêmement grave", a réagi Mme Andersen. "Je n'étais pas au courant et, de toute évidence, je n'avais demandé à personne de faire une telle chose".

Elle a précisé que ce dossier avait été transmis au Bureau des services de contrôle interne des Nations unies.

Quant à la question de savoir si un nouveau président pourrait insuffler un nouvel élan, elle a déclaré : "Comme toujours, lorsqu'il y a un changement, l'ambiance change légèrement", mais, souligne-t-elle "les enjeux resteront les mêmes".


Des militaires américains vont «superviser » la mise en oeuvre de l'accord sur Gaza

Les drapeaux des États-Unis et d'Israël sont projetés sur les murs de la vieille ville de Jérusalem le 9 octobre 2025, pour célébrer l'accord conclu entre Israël et le Hamas sur la première phase du plan du président américain Donald Trump visant à mettre fin à la guerre à Gaza. (REUTERS)
Les drapeaux des États-Unis et d'Israël sont projetés sur les murs de la vieille ville de Jérusalem le 9 octobre 2025, pour célébrer l'accord conclu entre Israël et le Hamas sur la première phase du plan du président américain Donald Trump visant à mettre fin à la guerre à Gaza. (REUTERS)
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  • Le nouveau chef du Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom), l'amiral Brad Cooper, "aura au départ 200 hommes sur le terrain"
  • Un second haut responsable a précisé qu'il n'y aurait pas de militaires américains déployés "dans Gaza"

WASHINGTON: Deux cents militaires américains seront mobilisés pour "superviser" et "observer" la mise en oeuvre de l'accord sur Gaza, a fait savoir jeudi un haut responsable américain sous le couvert de l'anonymat.

Le nouveau chef du Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom), l'amiral Brad Cooper, "aura au départ 200 hommes sur le terrain", a dit cette source pendant un échange avec la presse, sans préciser de quel "terrain" il s'agissait.

Un second haut responsable a précisé qu'il n'y aurait pas de militaires américains déployés "dans Gaza".

Leur rôle sera de "superviser, observer, de s'assurer qu'il n'y a pas de violations, pas d'incursions", a expliqué le premier haut responsable.

"Ce sera surtout de la supervision", a-t-il ajouté.

"Dans cette équipe de 200 personnes seront intégrés probablement un groupe de membres de l'armée égyptienne qui vont aider, des membres de l'armée qatarie qui vont aider, également des Turcs et probablement des Emiratis", a-t-il encore dit.

Selon ce premier haut responsable, "l'idée est d'être collégial. Et les Israéliens seront évidemment en relation constante avec eux".

"Impliquer l'amiral Cooper a apporté beaucoup de confiance et de sécurité pour les pays arabes et de cette manière, il a été communiqué au Hamas que nous prenons un rôle très important, que le président américain prend une position très forte d'engagement derrière ses garanties", a-t-il aussi déclaré.

Le deuxième haut responsable a, lui, expliqué qu'après l'accord du gouvernement israélien s'ouvrait une fenêtre de "72 heures" pendant laquelle l'armée israélienne doit se retirer sur des positions convenues à l'avance et pendant laquelle doit s'effectuer un échange d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens.

Ensuite l'objectif sera, avec le soutien donc de l'armée américaine, de poser les bases d'une "force de stabilisation internationale", a-t-il dit.

"Il n'est pas prévu d'envoyer des militaires américains dans Gaza. Il s'agit vraiment seulement de créer un centre de contrôle commun et d'intégrer les autres forces de sécurité", a insisté cette même source.


Trump dit qu'il «essaiera» d'aller en Egypte pour la signature de l'accord sur Gaza

Le président américain Donald Trump a déclaré jeudi qu'il "essaierait" de se rendre en Egypte pour la signature de l'accord de cessez-le-feu et de libération des otages retenus par le Hamas dans la bande de Gaza. (AFP)
Le président américain Donald Trump a déclaré jeudi qu'il "essaierait" de se rendre en Egypte pour la signature de l'accord de cessez-le-feu et de libération des otages retenus par le Hamas dans la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Nous allons essayer de nous y rendre, et nous travaillons sur le timing, le timing exact. Nous allons aller en Egypte, où nous (...) allons avoir une signature officielle" de l'accord, a-t-il affirmé pendant un conseil des ministres à la Maison Blanche
  • Il a indiqué que les autorités israéliennes lui "avaient demandé de parler à la Knesset", le parlement israélien, et ajouté: "J'ai donné mon accord."

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a déclaré jeudi qu'il "essaierait" de se rendre en Egypte pour la signature de l'accord de cessez-le-feu et de libération des otages retenus par le Hamas dans la bande de Gaza.

"Nous allons essayer de nous y rendre, et nous travaillons sur le timing, le timing exact. Nous allons aller en Egypte, où nous (...) allons avoir une signature officielle" de l'accord, a-t-il affirmé pendant un conseil des ministres à la Maison Blanche.

Il a indiqué que les autorités israéliennes lui "avaient demandé de parler à la Knesset", le parlement israélien, et ajouté: "J'ai donné mon accord."

"C'est la première fois qu'un président le fait, ce qui rend la chose très intéressante", a-t-il affirmé.

Trois présidents américains ont en réalité déjà parlé devant une session plénière de la Knesset: Jimmy Carter en 1979, Bill Clinton en 1994 et George W. Bush en 2008.

Donald Trump a par ailleurs assuré qu'il y aurait "un désarmement" et un "retrait" de troupes dans une prochaine phase de l'accord sur Gaza, tout en déclarant que la priorité était le retour des derniers otages, qui devrait selon lui survenir "lundi ou mardi".

A ce sujet, le président américain a reconnu que les corps de certains otages seraient "un peu difficiles à trouver".