En France, la production du canon Caesar passée en «économie de guerre»

Un canon Caesar est exposé à Arromanches dans le cadre du 79e anniversaire du débarquement de Normandie de la Seconde Guerre mondiale, à Arromanches, en Normandie, le 6 juin 2023. (AFP)
Un canon Caesar est exposé à Arromanches dans le cadre du 79e anniversaire du débarquement de Normandie de la Seconde Guerre mondiale, à Arromanches, en Normandie, le 6 juin 2023. (AFP)
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Publié le Mardi 17 octobre 2023

En France, la production du canon Caesar passée en «économie de guerre»

  • «Notre capacité de faire l'économie de guerre n'était pas qu'un slogan», se félicite Sébastien Lecornu
  • La production du Caesar est passée de 30 à 15 mois et la cadence de deux par mois à six mensuels

ROANNE: Alignés dans un hall de production de l'usine Nexter de Roanne dans le sud-est de la France, six canons Caesar flambant neufs ont été produits en un temps record pour remplacer ceux cédés à l'Ukraine, illustration affichée par le ministre des Armées du passage à une "économie de guerre".

La commande passée par la France remonte à juillet 2022. Quinze mois plus tard, les camions porteurs du redoutable canon de 155 mm capable de tirer six obus à 40 kilomètres en moins d'une minute commencent à sortir des lignes de production.

L'intégralité des 30 Caesar qui doivent remplacer ceux cédés par la France ou vendus à Kiev depuis l'invasion du pays par la Russie — six autres ont été commandés par l'Ukraine fin septembre — arriveront dans les forces françaises "avant la fin de l'année", selon le chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Pierre Schill.

Pour cela, Nexter, société du groupe franco-allemand KNDS, s'est mis en ordre de bataille pour répondre à la nécessité de produire davantage et plus vite, exigée par le président Emmanuel Macron afin de pouvoir faire face à la dégradation de la situation internationale et à la guerre en Ukraine.

"Nous avons été obligés de nous réinventer, de bousculer nos modes de réflexion, nos modes d'action, d'innover, de faire preuve d'audace", relate Nicolas Chamussy, directeur général de Nexter, à l'occasion d'une visite du ministre des Armées Sébastien Lecornu.

"Notre capacité de faire l'économie de guerre n'était pas qu'un slogan", se félicite à ses côtés Sébastien Lecornu, rappelant que "la guerre en Ukraine était venu bousculer le modèle".

La production du Caesar est passée de 30 à 15 mois et la cadence de deux par mois à six mensuels, avec la possibilité d'en produire huit mensuels "en fonction des commandes".

L'entreprise avait acheté par anticipation pour 300 millions d'euros de matières premières afin d'éviter ainsi d'éventuelles ruptures d'approvisionnement et lancé la production de plus d'une dizaine de Caesar sur fonds propres, sans attendre les commandes.

Méthodes inspirées de l'automobile

Dans son usine historique de Roanne, cœur de la production de véhicules blindés en France, Nexter a investi 62 millions d'euros depuis 2018. Les effectifs sont passés de 830 à 1 485 salariés pour produire la nouvelle génération de blindés français du programme Scorpion (300 Jaguar, 1 818 Griffon et 2 038 Serval à livrer d'ici 2 035).

La production a été repensée sur le modèle de l'industrie automobile: plutôt qu'être assemblé en un poste unique, le blindé passe d'une station à une autre, avec des tâches bien précises à chaque étape. De 300 véhicules par an, la production doit passer à 450 en 2025.

Cette montée en puissance profite aussi au Caesar. Sur sa ligne de production dédiée, un système est en cours d'assemblage sur chacune des quatre stations: pose du réservoir hydraulique sur le châssis produit par Arquus, pose de l'affût du canon, puis intégration du tube de 8 mètres long et de la caisse de munitions avant l'étape finale des essais statiques.

De l'autre côté de l'allée, une autre chaîne en parallèle s'occupe de l'assemblage de l'affût du canon.

Mis en avant en Ukraine, le canon automoteur se vend bien: plus de 350 exemplaires à neuf pays, parmi lesquels la République tchèque et l'Indonésie. Et cela n'est peut-être pas fini.

"Je suis en train de discuter avec d'autres pays qui nous posent la question du prix, mais aussi du délai de livraison", confie Sébastien Lecornu.

Pour les munitions du Caesar également, Nexter s'efforce de passer à l'économie de guerre: la production annuelle de 60 000 obus doit augmenter de 50% l'an prochain et doubler en 2025.

Cela a permis à la France "de tripler le rythme de livraison de munitions à l'Ukraine, passant de 1 000 obus de 155 mm par mois au début de l'année à 3 000 début 2024", a confié Sébastien Lecornu dans un entretien aux journaux du groupe Ebra.


Au procès de son braquage, Kim Kardashian «pardonne» malgré «le traumatisme»

C'est une lettre d'excuses qu'elle n'avait jamais lue, et qui la fait fondre en larmes. "Je vous pardonne", déclare Kim Kardashian au principal accusé au procès de son braquage parisien. Mais "ça ne change rien au traumatisme", précise la star américaine qui vient de raconter cette nuit où elle a cru mourir. (AFP)
C'est une lettre d'excuses qu'elle n'avait jamais lue, et qui la fait fondre en larmes. "Je vous pardonne", déclare Kim Kardashian au principal accusé au procès de son braquage parisien. Mais "ça ne change rien au traumatisme", précise la star américaine qui vient de raconter cette nuit où elle a cru mourir. (AFP)
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  • Cela fait deux heures qu'elle est à la barre de la cour d'assises de Paris, restée droite comme un i, mains croisées sur le pupitre dans sa longue robe fourreau noire à épaulettes et volants, chignon serré avec deux mèches encadrant son visage...
  • Le président David De Pas veut lui parler des 10 accusés qui l'entourent. Le principal d'entre eux, Aomar Aït Khedache, 69 ans, lui avait écrit une lettre quelques mois après le braquage parisien d'octobre 2016. L'avait-elle reçue ? "Non"

PARIS: C'est une lettre d'excuses qu'elle n'avait jamais lue, et qui la fait fondre en larmes. "Je vous pardonne", déclare Kim Kardashian au principal accusé au procès de son braquage parisien. Mais "ça ne change rien au traumatisme", précise la star américaine qui vient de raconter cette nuit où elle a cru mourir.

Cela fait deux heures qu'elle est à la barre de la cour d'assises de Paris, restée droite comme un i, mains croisées sur le pupitre dans sa longue robe fourreau noire à épaulettes et volants, chignon serré avec deux mèches encadrant son visage... et nombreux diamants brillant autour de son cou.

Le président David De Pas veut lui parler des 10 accusés qui l'entourent.

Le principal d'entre eux, Aomar Aït Khedache, 69 ans, lui avait écrit une lettre quelques mois après le braquage parisien d'octobre 2016. L'avait-elle reçue ? "Non". Le président la lit.

"Madame, c'est après vous avoir vue dans une émission", après "avoir constaté votre émotion et réalisé les dégâts psychologiques que je vous ai infligé que j'ai décidé de vous écrire", avait rédigé l'accusé, aujourd'hui sourd et muet et qui suit les débats sur un écran d'ordinateur.

"Pas dans le but d'obtenir de vous quelconque indulgence, j'assume ce que j'ai fait", mais pour "venir vers vous en tant qu'être humain pour vous dire combien je regrette mon geste", lit encore le président.

"Ca a tout changé" 

Kim Kardashian se met à pleurer à la barre, essuie ses larmes. "Naturellement c'est très émouvant", surtout que la reine des influenceuses veut "devenir avocate" et se bat aux Etats-Unis pour les droits des prisonniers, précise-t-elle. "Je crois à la deuxième chance", affirme la star via une interprète.

Puis elle se tourne, presque solennelle dans sa robe haute-couture, vers le vieux malfrat récidiviste au k-way sur le dos et crâne dégarni, qu'elle avait suivi du regard quand il était entré dans la salle d'audience précédé du cliquetis de sa canne.

"Je vous pardonne", lui dit-elle, avant de préciser qu'elle se "bat aussi pour les victimes", qu'elle veut "être entendue et comprise", et que "ça ne change rien au traumatisme".

Aomar Aït Khedache écrit sa réponse sur un bout de papier, que le président lit: "Ce pardon est un soleil. Je vous remercie. Voilà 10 ans que le remords et le regret m'usent au sens propre du mot".

L'accusé a reconnu avoir été l'un des hommes montés cagoulés dans la chambre d'hôtel cette nuit du 2 au 3 octobre 2016. Au début de son audition, la cour a demandé à Kim Kardashian d'en faire son récit.

"J'avais l'habitude de marcher dans les rues de Paris, même vers 3H00 du matin. Je me sentais toujours en sécurité dans cette ville, c'était un endroit magique", commence la star. Mais après cette Fashion week 2016, "ça a tout changé".

Elle laisse couler quelques larmes qu'elle essuie au mouchoir puis se reprend. Raconte comment ce soir-là, elle avait décidé de ne pas ressortir de son hôtel après minuit, et faisait ses bagages pour son vol de retour le lendemain.

"Certaine de mourir" 

"J'ai entendu des bruits de pas dans les escaliers, j'ai appelé ma mère, ma soeur, mais personne ne répondait". La porte de sa chambre s'ouvre, entrent deux hommes pistolet au poing qu'elle prend pour des policiers: ils en ont la tenue. Avec eux, le réceptionniste de l'hôtel, menotté.

"Un des hommes m'a dit avec un accent français +ring ring+, en me montrant son annulaire".

Elle comprend qu'il veut sa bague de fiançailles, un gros diamant évalué à 3,5 millions d'euros posé sur sa table de nuit. Ils le prennent, puis découvrent sa boîte à bijoux. "Le grand a dit 'ah, ah!' comme s'il était content". Montant total du butin - jamais retrouvé - emporté par les malfaiteurs: 9 millions d'euros.

"Ils m'ont jetée sur le lit, et le plus petit a commencé à attacher mes mains avec un Serflex (collier de serrage, NDLR) j'étais complètement hystérique, je répétais au réceptionniste +qu'est-ce qu'il va nous arriver ? Ils peuvent tout prendre mais faut que je puisse rentrer chez moi, j'ai des bébés SVP+", se souvient-elle, sa voix se cassant à nouveau.

"Vous avez pensé mourir, Madame ?", demande le président de la cour d'assises.

"Absolument, j'étais certaine que j'allais mourir".

Les malfrats avaient pris la fuite en voyant que le garde du corps, prévenu par la styliste cachée dans sa chambre, avait essayé de joindre Kim Kardashian.

Depuis, admet Kim Kardashian, sa vie n'est plus la même. Fini les partages en direct de ses moindres mouvements sur les réseaux sociaux, les gardes du corps sont plusieurs et présents tout le temps. "Je ne peux pas dormir la nuit si je ne suis pas certaine que mon personnel de sécurité n'est pas présent à la maison".

Sa déposition se poursuit.


Etat palestinien: «personne ne dictera sa position à la France» affirme Barrot

Etat palestinien: «personne ne dictera sa position à la France» affirme Barrot
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  • "Personne ne dictera sa position à la France" sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, a lancé mardi le chef de la diplomatie française, son homologue israélien ayant menacé les pays qui feraient ce choix
  • "La France le fera parce que la France croit à une solution politique durable pour la région, dans l'intérêt de la sécurité d'Israël comme dans l'intérêt de la sécurité des Palestiniens"

PARIS: "Personne ne dictera sa position à la France" sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, a lancé mardi le chef de la diplomatie française, son homologue israélien ayant menacé les pays qui feraient ce choix.

"La France le fera parce que la France croit à une solution politique durable pour la région, dans l'intérêt de la sécurité d'Israël comme dans l'intérêt de la sécurité des Palestiniens", a justifié le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à l'Assemblée nationale.

"Toute tentative (de reconnaissance) unilatérale (...) ne fera que nuire aux perspectives futures d'un processus bilatéral et nous poussera à prendre des mesures unilatérales en réponse", avait averti dimanche le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, à l'issue d'une rencontre avec son homologue allemand, Johann Wadephul, à Jérusalem.

Près de 150 pays reconnaissent l'Etat palestinien. En mai 2024, l'Irlande, la Norvège et l'Espagne ont franchi le pas, suivis par la Slovénie en juin.

Le président français Emmanuel Macron doit coprésider en juin avec l'Arabie saoudite une conférence internationale aux Nations unies pour relancer la solution à deux Etats, palestinien et israélien.

Il espère à cette occasion "déclencher une série de reconnaissances" d'un Etat palestinien, notamment par la France, mais aussi d'Israël par plusieurs pays du monde arabo-musulman.

"Notre objectif est de réunir le plus grand nombre possible de pays qui pourraient reconnaître l'Etat de Palestine et d'autres qui pourraient normaliser leurs relations avec Israël pour que cette décision qui appartient à la France rendent possible l'existence même d'un État de Palestine", a souligné Jean-Noël Barrot mardi.


Guillaume Ancel: Gaza, « un champ de la mort » avec une complaisance internationale

Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
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  • Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël
  • Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps

PARIS: L’opération « Chariots de Gédéon » validée il y a presque une semaine par le gouvernement israélien est bel et bien en marche dans Gaza.

L’objectif affiché de l’opération a été précisé par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou sur la plateforme X.

« Nous avons décidé d’intensifier l’opération à Gaza, selon la recommandation du chef d'État-major pour aller vers la défaite du Hamas » écrit-il.

Détruire le Hamas, n’est pas nouveau puisque cet objectif a été brandi par le premier ministre dès le lendemain du 7 octobre, et l'élément nouveau de cette opération est l’occupation pure et simple de l’enclave.

Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël.

Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps.

D’autre part, Israël maintient son blocus hermétique qui affame les habitants de la bande, alors que l’armée israélienne s’adonne au quotidien à des bombardements meurtriers.

Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, Guillaume Ancel répond à Arab News en français. Il confie avoir espéré « ne plus jamais voir, ou avoir à témoigner » sur pareilles horreurs.

Mais le voilà de nouveau face à la guerre de Gaza, qu’il décrit dans un article publié sur son blog comme étant « le champ de la mort », depuis l’attaque du 7 octobre.