«Tous traumatisés»: un kibboutz déraciné par les tensions entre Israël et le Hezbollah

Le père de Naor Hassisim, victime de l'attaque du kibboutz Kfar Aza la semaine dernière par des membres du groupe militant palestinien Hamas, lui fait ses adieux lors de ses funérailles dans un cimetière, dans la ville d'Ashdod, dans le sud d'Israël, le 16 octobre 2023. (AFP)
Le père de Naor Hassisim, victime de l'attaque du kibboutz Kfar Aza la semaine dernière par des membres du groupe militant palestinien Hamas, lui fait ses adieux lors de ses funérailles dans un cimetière, dans la ville d'Ashdod, dans le sud d'Israël, le 16 octobre 2023. (AFP)
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Publié le Mardi 17 octobre 2023

«Tous traumatisés»: un kibboutz déraciné par les tensions entre Israël et le Hezbollah

  • Depuis l'offensive meurtrière lancée par le Hamas au matin du 7 octobre, l'armée israélienne bombarde sans relâche la bande de Gaza en représailles
  • Les violences de part et d'autre de la limite, appelée ligne bleue et tenue par l'ONU, ont coûté la vie à deux personnes du côté israélien et 11 du côté libanais, en 11 jours de guerre entre Israël et le Hamas

TIBÉRIADE, ISRAEL: Déracinée de son kibboutz situé à deux pas de la ligne bleue, qui sépare le Liban d'Israël, Lea Raivitz a trouvé un point de chute, à une cinquantaine de kilomètres plus au sud. Déboussolée, la sexagénaire a vu ses certitudes être "ébranlées" par les tensions entre Israël et le Hezbollah.

Depuis l'offensive meurtrière lancée par le Hamas au matin du 7 octobre, l'armée israélienne bombarde sans relâche la bande de Gaza en représailles. Cependant, elle se bat en même temps contre un autre ennemi juré à sa frontière nord: le Hezbollah soutenu par l'Iran.

Les violences de part et d'autre de la limite, appelée ligne bleue et tenue par l'ONU, ont coûté la vie à deux personnes du côté israélien et 11 du côté libanais, en 11 jours de guerre entre Israël et le Hamas.

Au total, plus de 1 400 personnes sont mortes en Israël, en majorité des civils, lors de l'attaque surprise du Hamas, dans la rue ou en plein festival de musique, selon l'armée israélienne.

Israël a riposté en pilonnant sans relâche la bande de Gaza, faisant 2 750 morts, en majorité des civils palestiniens, dont des centaines d'enfants, selon les autorités locales.

La région du nord n'était plus sûre pour Lea Raivitz et le kibboutz Bar'am, à deux pas de la limite avec le Liban. Le village a été évacué dès le deuxième jour du conflit.

"Cela a ébranlé toutes nos certitudes", témoigne auprès de l'AFP Mme Raivitz, 68 ans. Elle a trouvé refuge dans un hôtel de Tibériade, une cinquantaine de kilomètres au sud de son kibboutz, sur la rive ouest de la mer de Galilée.

Tout le monde, du nouveau-né aux vieillards de 90 ans, a dû partir. C'est seulement la deuxième évacuation du village depuis sa fondation en 1949.

"Tout a changé" après l'offensive du Hamas, continue Mme Raivitz, sonnée par le bilan humain d'une guerre qui a essaimé loin de là où elle a commencé.

Israël a renforcé sa présence militaire dans la zone à la suite d'escarmouches et d'échanges de tirs de roquettes, bien que Tel-Aviv concentre toujours son attention principalement sur Gaza.

Tanks, véhicules blindés transportant des militaires et voitures de réservistes sillonnent les collines proches de la ligne bleue.

Lundi, l'armée a annoncé la mise en place d'un plan pour évacuer ceux qui habitent près de la frontière, jusqu'à deux kilomètres, vers des logements financés par l'Etat.

«Si le bon moment est maintenant...»

Le récent regain de tensions à la frontière fait craindre une nouvelle guerre entre Israël et le Hezbollah après celle, dévastatrice, qui s'est achevée en 2006.

Le mouvement islamiste est le seul groupe à ne pas avoir déposé les armes à l'issue de la guerre civile libanaise (1975-1990).

Avec une armée israélienne qui se tient prête à envahir Gaza, la menace Hezbollah grandit.

Des résidents de longue date du kibboutz Bar'am disent que les tensions reviennent de manière cyclique et qu'ils avaient l'habitude de voir flotter des drapeaux du Hezbollah de l'autre côté de la limite.

Mais certains d'entre eux ont expliqué à l'AFP que leur sentiment de sécurité s'était envolé après l'offensive du Hamas.

"Nous sommes tous traumatisés, nous avons tous peur", confirme auprès de l'AFP Angela Yantian, 67 ans. "Je ne pensais pas qu'une telle chose pouvait arriver".

Israël n'a "pas intérêt à faire la guerre dans le Nord, nous ne voulons pas envenimer la situation", a déclaré dimanche le ministre de la Défense Yoav Gallant.

"Si le Hezbollah choisit le chemin de la guerre, il paiera un lourd tribut", a-t-il prévenu. Dans le cas contraire, "nous respecterons la situation et maintiendrons les choses telles qu'elles sont".

Des villageois de Bar'am pensent eux que les sacrifices israéliens et les combats à venir auront valu le coup si le résultat est une plus grande sécurité pour Israël.

"Toute organisation terroriste doit savoir que nous allons nous occuper d'eux quand ce sera le bon moment pour nous", lance Tsachi Shaked, 51 ans.

"Si le bon moment, c'est maintenant, alors nous allons devoir le faire maintenant".


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.


Biden s'efforce de remobiliser l'électorat afro-américain

Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
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  • Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington
  • La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020

WASHINGTON: A coup d'événements symboliques et d'interviews, Joe Biden, qui selon certains sondages serait en perte de vitesse auprès des Afro-Américains, s'efforce cette semaine de remobiliser cet électorat décisif.

Le président américain multiplie ainsi les hommages aux grandes luttes menées pour les droits civiques aux Etats-Unis.

Jeudi, le démocrate de 81 ans, qui va affronter son prédécesseur républicain Donald Trump pour un second mandat en novembre, a reçu les familles des plaignants d'un combat judiciaire emblématique contre la ségrégation scolaire, ayant débouché sur la décision "Brown vs Board of Education" de la Cour suprême.

Dans cet arrêt de 1954, la Cour a jugé que la séparation des élèves blancs et des élèves noirs dans les écoles violait la Constitution.

Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington.

Puis il rencontrera les représentants des "Divine Nine", des "fraternités" et "sororités" (associations typiques des universités américaines) fondées par des étudiants et des étudiantes noires.

Dimanche enfin, il doit s'exprimer lors de la remise des diplômes de l'université historiquement noire de Morehouse à Atlanta (sud-est), celle où étudia Martin Luther King, le grand meneur de la lutte pour les droits civiques dans les années 1960.

La Maison Blanche a d'ailleurs annoncé jeudi avoir investi au total 16 milliards de dollars dans la centaine d'universités historiquement noires du pays depuis l'élection de Joe Biden.

"Le président et moi-même restons déterminés à utiliser tous les moyens disponibles pour soutenir les universités historiquement noires", a commenté dans un communiqué la vice-présidente Kamala Harris, elle-même ancienne étudiante de l'un de ces établissements, la Howard University.

Gaza 

Reste à voir comment le démocrate, ferme soutien d'Israël, sera reçu à Morehouse, alors que certaines cérémonies de ce genre ont été perturbées récemment par des manifestants propalestiniens.

Concernant la guerre à Gaza, "il y a une inquiétude légitime", a dit le président américain, interrogé par une radio de la communauté afro-américaine à Atlanta (Géorgie, sud-est) à propos de ces mobilisations, en ajoutant: "Les gens ont le droit de manifester, de le faire pacifiquement."

Selon plusieurs sondages récents, Joe Biden, tout en restant nettement majoritaire auprès de cet électorat, perdrait du terrain auprès des électeurs noirs, en particulier les plus jeunes, dans certains Etats décisifs.

Parmi eux la Géorgie, ou encore le Wisconsin.

Ce n'est donc pas un hasard si Joe Biden a aussi accordé un entretien, également diffusé jeudi, à une radio afro-américaine de Milwaukee, dans cet Etat de la région des Grands Lacs.

Il y vante ses actions sociales et économiques en faveur des Afro-Américains et critique son opposant républicain.

"Il n'a littéralement rien fait (pour la communauté afro-américaine" et il veut empêcher son accès au vote", a dit Joe Biden.

Sur les ondes de la radio de Géorgie, il a déclaré: "Rappelez-vous qui est Trump. Il a accusé à tort les +Cinq de Central Park+", de jeunes Afro-Américains victimes d'une erreur judiciaire retentissante, "il a donné naissance aux théories du complot" autour de la nationalité de l'ancien président Barack Obama.

La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020. Il avait alors remporté 92% de leurs voix, contre 8% à son adversaire républicain, selon l'institut Pew Research.


Le micro d’une étudiante coupé alors qu’elle demande à Columbia de se mobiliser pour Gaza

Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
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  • Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause
  • On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé

LONDRES: Un microphone a brièvement été coupé cette semaine lors d’un discours prononcé au cours de la cérémonie de remise des diplômes de l’université Columbia aux États-Unis. L’oratrice avait critiqué la position de l’université à l’égard de Gaza.

Mardi, l’étudiante Saham David Ahmed Ali a prononcé un discours devant les diplômés de la Mailman School of Public Health. Elle a appelé à une action contre Israël, critiquant le «silence sur le campus de l’université Columbia».

Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause. Elle a ensuite pu continuer. On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé.

Saham David Ahmed Ali a déclaré que l’université devait révéler ses relations avec des entreprises «tirant profit du génocide palestinien» et qu’elle devait immédiatement s’en désengager.

Elle a également demandé à Columbia d’appeler à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, où les civils palestiniens sont actuellement confrontés à la famine, selon l’ONU, alors qu’Israël poursuit sa campagne militaire qui a fait plus de trente-cinq mille morts, des milliers d’autres blessés et des centaines de milliers de déplacés à la suite de l’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

L’université Columbia a été témoin d’importantes manifestations sur son campus depuis le 17 avril après que la présidente de l’université, Minouche Chafik, a témoigné devant le Congrès américain au sujet d’incidents présumés d’antisémitisme contre des étudiants juifs sur son campus.

Les manifestants ont ensuite occupé certaines parties du campus, notamment le Hamilton Hall de l’université. La police de New York a arrêté des centaines de personnes à la suite de ces manifestations, qui ont également déclenché des mouvements similaires dans d’autres grandes universités américaines, ainsi que des contre-manifestations d’étudiants brandissant des drapeaux israéliens et américains.

Columbia a également pris la mesure inhabituelle d’annuler sa cérémonie d’ouverture cette année à la suite des manifestations, organisant uniquement des cérémonies de remise des diplômes propres à l’université.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com