Pourquoi Al-Tuwaijri est le mieux placé pour prendre la tête de l’OMC

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Publié le Jeudi 30 juillet 2020

Pourquoi Al-Tuwaijri est le mieux placé pour prendre la tête de l’OMC

Pourquoi Al-Tuwaijri est le mieux placé pour prendre la tête de l’OMC
  • Le 8 juillet dernier, l’Arabie Saoudite présentait Mohammed Al-Tuwaijri comme son candidat officiel. Huit 8 candidats sont en lice, parmi lesquels des politiciens de renom, comme le britannique Liam Fox ou le nigérian Ngozi Okonjo-Iweala
  • L'OMC a grandement besoin d’un nouveau regard pour évaluer ce qui reste à faire. La nouvelle personne à la tête de l’organisation aura besoin d’expérience, de vision, de savoir-faire diplomatique et de grandes capacités de gestion

Lorsque le Directeur Général de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), Roberto Azevedo a annoncé en mai qu’il quittait ses fonctions un an à l’avance, la course à la succession pour l’un des postes internationaux les plus importants au monde était ouverte. Le 8 juillet dernier, l’Arabie Saoudite présentait Mohammed Al-Tuwaijri comme son candidat officiel. Huit 8 candidats sont en lice, parmi lesquels des politiciens de renom, comme le britannique Liam Fox ou le nigérian Ngozi Okonjo-Iweala.

Al-Tuwaijri est particulièrement qualifié pour le poste parce qu’il est le seul candidat qui allie pratique gouvernementale et expérience du secteur privé. Il occupe actuellement le poste de ministre et conseiller à la cour royale pour la stratégie économique internationale et locale. Il a été ministre de l’Economie et de la planification de 2016 jusqu’en mars dernier. Il a joué un rôle déterminant dans l’intégration des Objectifs de Développement Durable des Nations Unies (ODD) dans la vision 2030 dont il est d’ailleurs un ardent défenseur. Mohammad Al-Tuwaijri aime mettre l’accent sur la gestion et la mesure du rendement. Il était en charge des relations avec le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, de même que l’OMC lorsqu’il était ministre.

Ce qui différencie Al-Tuwaijri des autres candidats est sa longue et importante expérience dans le secteur privé.  Pilote de chasse, titulaire d’un MBA de la King Saud University, il a gravi les échelons dans le secteur bancaire international et occupait dernièrement le poste de vice-président et PDG de HSBC pour le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et la Turquie. Diriger la branche regionale d’une banque internationale est un signe d’excellence. Les institutions financières mondiales fonctionnent conformément au principe de méritocratie, n’offrant les postes de premiers plans qu’aux plus compétents.

 

Ce qui différencie Al-Tuwaijri des autres candidats est sa longue et importante expérience dans le secteur privé.

Cornelia Meyers

Ainsi se présente l’homme. Quant à l’organisation qu’il est pressenti de présider, l’OMC a été fondée le 1er janvier 1995, dans le cadre de l’accord de Marrakech qui a été signé par 123 pays, en remplacement de l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) de 1948. L’OMC contrôle les questions de commerce et fournit un cadre aux négociations commerciales. Sa troisième fonction est le mécanisme de résolution des conflits, dont l’importance ne peut être sous-estimée.

Le cycle de Doha de l’OMC, qui vise à une mondialisation plus inclusive des pays en développement demeure incomplet. Les questions relatives aux subventions agricoles et aux barrières commerciales non tarifaires ont prouvé être les principales pierres d’achoppement.

L’entrée de la Chine en 2001 fut un évènement marquant pour l’organisation. Elle a également été importante pour Pékin, du fait que l’appartenance à l’OMC a été un fondement important pour les années suivantes de développement économique. L’Arabie Saoudite a rejoint l’OMC en 2005.

Un système de commerce juste et performant est d’une importance capitale, non seulement pour l’économie mondiale, mais aussi pour une croissance équitable et durable, de même que pour atteindre les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD). C’est après tout le commerce qui a permis à des centaines de millions de personnes de sortir de la pauvreté au cours des dernières décennies.

Les nuages noirs du protectionnisme s’étaient accumulés longtemps avant le début de la guerre commerciale entre les USA et la Chine, mais ils ont certainement gagné en importance durant ces trois dernières années. Ce qui est particulièrement préoccupant est l’éventuelle impasse du mécanisme de résolution des conflits, si les juges partant à la retraite ne peuvent être remplacés.

On pourrait affirmer qu’une OMC opérationnelle est aujourd’hui plus importante que jamais. La pandémie du coronavirus (Covid-19) a propulsé l’économie mondiale dans sa crise la plus importante depuis la Seconde Guerre Mondiale, peut-être même depuis la Grande Dépression. Le commerce mondial a souffert de la fermeture des frontières, de la perturbation des chaînes d’approvisionnement et de la fermeture des usines. Selon l’OMC, le commerce mondial a reculé de 18 pour cent au cours du second trimestre de l’année, en raison de la pandémie.

L’organisation a besoin d’une gérance claire et d’une réinitialisation pour redynamiser le programme du commerce mondial. La déclaration de Al-Tuwaijri au conseil de l’OMC le 17 juillet dernier a défini une feuille de route claire et réalisable. Elle va au-delà du maintien du statu quo vers la création d’un système qui est à même de répondre aux exigences du 21ème siècle.

La technologie a changé la façon dont nous vivons, dont nous gagnons notre vie, et avec laquelle nous faisons du commerce. S’il en est ainsi, la pandémie a accéléré ces changements. Le Royaume et son ministère de l’Economie et de la Planification comprennent l’importance de la Quatrième Révolution Industrielle -la technologie informatique, la robotique, l’intelligence artificielle, etc. Quiconque a assisté à l’édition de l’année dernière de l’initiative Investissements for the  Futur ne peut avoir de doute à ce sujet. La combinaison d’une transformation épique de l’économie et les répercussions de la pandémie peut soit créer un chaos parfait ou se métamorphoser en une opportunité majeure. C’est la raison pour laquelle il est important d’avoir quelqu’un ayant une expérience tant dans la pratique gouvernementale que dans le secteur privé à la tête de l’OMC. Seule une personne ayant cette double expérience pourrait apporter les changements requis.

La guerre commerciale entre les USA et la Chine semble s’intensifier de jour en jour. Ce sont là constituent les deux plus grandes économies mondiales et aucune organisation internationale qui se concentre sur le commerce ne peut fonctionner si son directeur général ne peut s’adresser aux deux gouvernements. L’Arabie Saoudite a de bonnes relations aussi bien avec Washington qu’avec Pékin et cela est important. Le Royaume est également membre du G20, ce qui lui confère plus de poids par rapport à de plus petits pays neutres. Au cours de sa déclaration, Al-Tuwaijri a d’ailleurs  insisté sur la nécessité pour le nouveau directeur général de rester neutre.

L’OMC a eu sa part de problèmes, en particulier par rapport au cycle de Doha. L’organisation a grandement besoin d’un nouveau regard pour évaluer ce qui reste à faire. La nouvelle personne à la tête de l’organisation aura besoin d’expérience, de vision, de savoir-faire diplomatique et de grandes capacités de gestion. Le bilan d’Al-Tuwaijri indique qu’il possède ces quatre qualités.

Cornelia Meyer est docteur en économie. Elle a trente ans d’expérience dans le domaine de la banque d’investissement. Elle est présidente et PDG de la compagnie de conseil aux entreprises Meyer Resources.

Twitter : @MeyerResources

L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com.