Le président palestinien Abbas, victime collatérale de la guerre à Gaza

Le président palestinien Mahmoud Abbas lors d'une réunion avec le secrétaire d'État américain Antony Blinken à Ramallah, en Cisjordanie (Photo, AFP).
Le président palestinien Mahmoud Abbas lors d'une réunion avec le secrétaire d'État américain Antony Blinken à Ramallah, en Cisjordanie (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Lundi 23 octobre 2023

Le président palestinien Abbas, victime collatérale de la guerre à Gaza

  • A Ramallah, des centaines de Palestiniens ont protesté aux cris d'«Abbas dégage! dégage!» avant d'être dispersés manu militari
  • M. Abbas s'accroche toujours à un règlement négocié du conflit israélo-palestinien malgré l'impasse

RAMALLAH: Inaudible, jugé déconnecté de son peuple et confronté à une grogne de la rue, le président palestinien Mahmoud Abbas, apparaît comme une victime politique collatérale de la guerre qui fait rage à Gaza entre ses rivaux du Hamas et Israël.

Le processus de paix d'Oslo dont il a été le grand architecte en 1993 et qui était censé conduire à la création d'un Etat palestinien a beau être dans une impasse totale depuis plus de dix ans, M. Abbas s'accroche toujours à un règlement négocié du conflit israélo-palestinien.

Et ce malgré l'intensification de la colonisation israélienne qui morcelle la Cisjordanie, au point d'empêcher pratiquement la création d'un Etat palestinien continu et viable, malgré l'augmentation des violences entre l'armée israélienne et des groupes armés palestiniens et malgré la montée des exactions de colons juifs contre des civils palestiniens dans ce territoire occupé par Israël depuis 1967.

Cette position tranche avec l'humeur d'une rue excédée par l'impuissance de M. Abbas et l'Autorité palestinienne face à un gouvernement israélien formé fin décembre par Benjamin Netanyahou grâce au soutien d'une extrême droite partisane de la ligne dure face aux Palestiniens.

Depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël à partir de la bande de Gaza, M. Abbas est resté très discret, alors que de nombreux Palestiniens, partisans du Hamas ou pas, saluaient sur les réseaux sociaux ce qu'ils considèrent comme "une défaite humiliante" d'Israël, et affichaient leur soutien au groupe.

Plus de 1.400 personnes ont été tuées côté israélien depuis le 7 octobre, en majorité des civils massacrés par le Hamas ce jour-là, selon les autorités israéliennes. Dans la bande de Gaza, au moins 4.385 Palestiniens, ont été tués dans les bombardements incessants menés en représailles par l'armée israélienne, selon le dernier bilan des autorités locales.

«Abbas dégage!»

Le 16 octobre, une déclaration publiée par l'agence officielle palestinienne dans laquelle M. Abbas affirmait que "les politiques et les actions du Hamas ne représentent pas le peuple palestinien", a suscité des réactions indignées, avant d'être retirée.

Le lendemain, la frappe d'origine contestée dans l'enceinte de l'hôpital Ahli Arab de Gaza, qui a fait des dizaines voire plusieurs centaines de morts, a déclenché des manifestations en Cisjordanie. A Ramallah, des centaines de Palestiniens ont protesté aux cris d'"Abbas dégage! dégage!" avant d'être dispersés manu militari.

"Abbas a parié sur la communauté internationale en croyant qu'elle contraindrait Israël à se retirer des territoires occupés pour donner aux Palestiniens un Etat", analyse pour l'AFP Ubai Aboudi, directeur du Bisan Center for Research and Development, un centre de réflexion basé à Ramallah.

"Or la communauté internationale a montré qu'elle fait peu de cas du sang versé par les Palestiniens et de leur souffrance, d'où la colère populaire", ajoute-il.

Selon une enquête d'opinion publiée en septembre par le Palestinian Center for Policy and Survey Research (PSR), avant la guerre, 78% des Palestiniens étaient favorables à une démission de M. Abbas, 88 ans. Au pouvoir depuis 2005, son Autorité ne s'exerce que sur des portions de la Cisjordanie, après avoir été délogée de la bande de Gaza en 2007 par le Hamas.

En outre 58% des personnes interrogées étaient favorables à la "lutte armée" pour mettre fin à l'occupation israélienne, contre 20% pour un règlement négocié et 24% pour une "résistance pacifique".

«Perdant-perdant»

Aux yeux de ceux qui la contestent, "l'Autorité palestinienne est de plus en plus assimilée, soit par inaction, soit par coopération sécuritaire, à la politique d'Israël", estime le politologue Xavier Guignard, spécialiste des Territoires palestiniens.

"Il y a vraiment la dénonciation qu'Abbas a été incapable de réagir à la hauteur de ce qui se passait à Gaza", ajoute l'expert du centre de réflexion Noria.

Pour Hugh Lovatt, chercheur au Conseil européen des relations internationales (ECFR), "avec le durcissement de l'opinion publique palestinienne en faveur de la résistance armée, l'Autorité palestinienne prend le risque d'être emportée si elle continue à ne pas suivre la voix du peuple palestinien".

La position de M. Abbas est d'autant plus intenable qu'il est "poussé par les Etats-Unis et Israël à réprimer plus durement le Hamas et les autres groupes armés en Cisjordanie, ce qui éroderait davantage sa position", note-t-il.

"Coincée entre l’opinion publique et les attentes américaines, l’Autorité palestinienne a jusqu'à présent évité de prendre une position claire, ce qui ne l'a pas aidée non plus. Il se trouve donc dans une position perdant-perdant", ajoute l'analyste.

Omar Khatib, un jeune ayant manifesté vendredi à Ramallah en soutien aux Palestiniens de Gaza, ne mâche pas ses mots: "la résistance affronte Israël à Gaza et nous affrontons l'Autorité ici car elle n'est qu'un outil aux mains de l'occupation pour nous réprimer en Cisjordanie."


Frappes israéliennes au Qatar: réunion extraordinaire des dirigeants arabes et musulmans à Doha

Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA. (AFP)
Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA. (AFP)
Short Url
  • Le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) vise à hausser le ton face à Israël, après le bombardement mené en plein cœur de Doha
  • "Le temps est venu pour la communauté internationale de cesser le deux poids deux mesures et de punir Israël pour tous les crimes qu'il a commis", a déclaré la veille du sommet le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani

DOHA: Un sommet convoqué en urgence, face à une situation inédite: les principaux dirigeants arabes et musulmans se réunissent ce lundi à Doha dans un rare moment d'unité, après les frappes israéliennes sans précédent ayant visé la semaine dernière des membres du Hamas au Qatar.

Le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) vise à hausser le ton face à Israël, après le bombardement mené en plein cœur de Doha, capitale du pays médiateur dans les négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

"Le temps est venu pour la communauté internationale de cesser le deux poids deux mesures et de punir Israël pour tous les crimes qu'il a commis", a déclaré la veille du sommet le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.

Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA.

Selon le projet de déclaration finale consulté par l'AFP, la cinquantaine de pays représentés devraient dénoncer l'attaque israélienne en soulignant qu'elle mettait en péril les efforts de normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

Israël et les États-Unis, son principal allié, cherchent à étendre les accords d'Abraham qui ont vu les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc, reconnaître Israël en 2020.

"Pas que des discours" 

L'attaque israélienne et "la poursuite des pratiques agressives d'Israël, notamment les crimes de génocide, le nettoyage ethnique, la famine et le blocus, ainsi que les activités de colonisation et d'expansion minent les perspectives de paix et de coexistence pacifique dans la région", affirme le texte.

Elles "menacent tout ce qui a été accompli sur la voie de l'établissement de relations normales avec Israël, y compris les accords existants et futurs", ajoute-il.

Le projet souligne également "le concept de sécurité collective (...) et la nécessité de s'aligner pour faire face aux défis et menaces communs".

Avant l'ouverture du sommet, le président iranien Massoud Pezeshkian a exhorté les pays musulmans à rompre "leurs liens avec ce régime factice", en référence à Israël.

L'attaque israélienne, qui a tué cinq membres du Hamas et un membre des forces de sécurité qataries, a suscité une vague de condamnations dans la communauté internationale, notamment des riches monarchies du Golfe, alliées de Washington. Ainsi qu'une rare réprobation des Etats-Unis, allié numéro un d'Israël mais également un proche allié du Qatar.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio est en ce moment en visite à Jérusalem - un voyage prévu avant les frappes sur le Qatar -, pour montrer son soutien à Israël avant la reconnaissance prochaine par plusieurs pays occidentaux d'un Etat palestinien, lors de l'Assemblée générale de l'ONU à la fin du mois.

"Beaucoup de gens attendent des actes, pas que des discours. Nous avons épuisé toutes les formes de rhétorique. Il faut désormais passer à l'action", a commenté le chercheur saoudien Aziz Alghashian au sujet du sommet.

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a également annoncé une réunion en urgence ce mardi pour débattre des frappes israéliennes au Qatar.

Un sommet exceptionnel du Conseil de coopération du Golfe est également prévu lundi à Doha, selon l'agence de presse saoudienne SPA.


Le navire humanitaire des Émirats arabes unis pour Gaza arrive en Égypte

Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
Short Url
  • La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées
  • En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte

DUBAI : Le navire humanitaire Hamdan des Émirats arabes unis, qui a quitté le port de Khalifa le 30 août, est arrivé au port d'Al-Arish, en Égypte, où des denrées alimentaires et des fournitures médicales seront déchargées puis livrées aux habitants de la bande de Gaza assiégée.

Le navire, qui fait partie de l'initiative humanitaire "Operation Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis pour Gaza, qui fournit une aide essentielle par le biais de convois terrestres, d'expéditions maritimes et de largages aériens, a été chargé de 7 000 tonnes de nourriture, de matériel médical et d'aide d'urgence, a rapporté l'agence de presse nationale WAM.

La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées.

Les Émirats ont jusqu'à présent envoyé 20 navires d'aide à Gaza et ont livré environ 90 000 tonnes d'aide humanitaire, pour un coût de 1,8 milliard de dollars, depuis le lancement de l'opération "Chivalrous Knight 3".

En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte. Le pipeline a une capacité d'environ 2 millions de gallons par jour et pourrait desservir plus d'un million de personnes.


L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis visite le bureau de l'attaché militaire à Washington

L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
Short Url
  • La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché militaire
  • Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire

RIYADH : La princesse Reema bint Bandar, ambassadrice saoudienne aux Etats-Unis, a visité lundi le bureau de l'attaché militaire saoudien à Washington.

La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché au cours de sa visite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire.

La princesse Reema a été reçue par le ministre adjoint saoudien de la Défense pour les affaires exécutives, Khaled Al-Biyari, qui est en visite officielle à Washington, ainsi que par l'attaché militaire saoudien à Washington et Ottawa, le général de division Abdullah bin Khalaf Al-Khathami, et les chefs des départements de l'attaché.