Pakistan: l'ex-Premier ministre Imran Khan inculpé pour divulgation de documents classifiés

Les avocats de Khan affirment que l'affaire est passible d'une peine d'emprisonnement maximale de 14 ans (AFP).
Les avocats de Khan affirment que l'affaire est passible d'une peine d'emprisonnement maximale de 14 ans (AFP).
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Publié le Lundi 23 octobre 2023

Pakistan: l'ex-Premier ministre Imran Khan inculpé pour divulgation de documents classifiés

  • L'affaire concerne un câble diplomatique de l'ambassadeur du Pakistan aux Etats-Unis, que M. Khan a présenté comme la preuve d'un complot américain contre lui soutenu par les militaires pakistanais
  • Les Etats-Unis et l'armée pakistanaise ont démenti cette affirmation

RAWALPINDI : L'ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan, incarcéré depuis août, encourt une longue peine de prison après avoir été inculpé lundi de divulgation de documents classifiés.

Le même jour, la Cour suprême a interdit les procès de ses partisans devant des tribunaux militaires.

"Il a été inculpé aujourd'hui et l'acte a été lu à haute voix en sa présence", a déclaré le procureur Shah Khawar, de l'Agence fédérale d'investigation, devant la prison d'Adiala à Rawalpindi, au sud de la capitale Islamabad, où M. Khan, 71 ans, est détenu.

L'affaire concerne un câble diplomatique de l'ambassadeur du Pakistan aux Etats-Unis, que M. Khan a présenté comme la preuve d'un complot américain contre lui soutenu par les militaires pakistanais. Les Etats-Unis et l'armée pakistanaise ont démenti cette affirmation.

Shah Mahmood Qureshi, ancien ministre des Affaires étrangères et numéro deux du parti fondé par M. Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), a également été inculpé dans cette affaire.

Selon les avocats de M. Khan, cette accusation est passible de 14 ans de prison, voire, dans les circonstances les plus extrêmes, de la peine de mort.

La Cour suprême a ensuite apporté une meilleure nouvelle à M. Khan en statuant que ses supporteurs accusés d'avoir pris part aux violences liées à sa précédente arrestation en mai ne pouvaient pas être jugés par des tribunaux militaires.

"D'après le verdict de la Cour suprême, aucune des affaires qui étaient jugées devant des tribunaux militaires ne peut se poursuivre. Elles ne peuvent être traitées que par des tribunaux civils", a déclaré à la presse devant la Cour suprême Aitzaz Ahsan, un avocat du PTI.

"Le verdict d'aujourd'hui (lundi) est hautement important et il aidera à renforcer la Constitution, la loi et les institutions civiles de ce pays", a-t-il ajouté.

Plus de 100 personnes devaient être jugées devant des tribunaux militaires pour leur implication présumée dans les violentes manifestations visant l'armée survenues après l'arrestation de M. Khan pour corruption le 9 mai.

Procédure à huis clos

MM. Khan et Qureshi ont été inculpés en vertu de la loi sur les secrets officiels, qui date de l'époque coloniale, lors d'une procédure "menée dans les locaux du tribunal, sans accès du public ou des médias", a déclaré un porte-parole du PTI.

"Nous allons contester cette décision", a déclaré à la presse l'avocat de M. Khan, Umar Khan Niazi. "Le public est derrière Imran Khan."

Imran Khan, une ancienne star du cricket, arrivé au pouvoir en 2018 et destitué par une motion de censure en avril 2022, jouit d'un immense soutien populaire au Pakistan.

Mais sa campagne de défiance à l'égard du puissant establishment militaire a été suivie d'un sévère retour de bâton.

Des milliers de sympathisants du PTI ont été arrêtés, et la quasi-totalité des dirigeants ont été contraints à la clandestinité. Nombre d'entre eux ont ensuite abandonné le parti.

"Il fait l'objet de poursuites judiciaires, mais l'intention du régime est très claire: il ne veut lui laisser aucune possibilité de s'en sortir, que les accusations soient réelles ou inventées", a déclaré à l'AFP l'analyste politique Rasul Bakhsh Rais.

Plus de 200 affaires

M. Khan est poursuivi dans plus de 200 affaires depuis qu'il a été chassé du pouvoir par une motion de censure en avril 2022. Il considère que ces poursuites sont motivées par des considérations politiques.

Il accuse l'armée, qui l'avait aidé à accéder au pouvoir en 2018 mais dont il a depuis perdu le soutien selon les analystes, de chercher à l'empêcher de reprendre la tête du pays.

Fin août, un tribunal d'Islamabad avait suspendu une condamnation à trois ans de prison pour corruption, qui avait mené à son incarcération et à son inéligibilité pour les prochaines élections. Mais M. Khan reste en détention provisoire pour l'affaire des documents divulgués.

Le Pakistan est actuellement dirigé par un gouvernement intérimaire. Des élections, repoussées de plusieurs mois, doivent en principe avoir lieu en janvier 2024.

A l'approche de ce scrutin, l'ancien Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, principal adversaire politique d'Imran Khan, a fait son retour samedi à Islamabad après quatre ans d'exil auto-imposé à Londres.

Il reste sous le coup d'une condamnation à sept ans de prison pour corruption datant de 2018, une peine qu'il n'a que partiellement effectuée.

Un tribunal d'Islamabad lui avait accordé deux jours plus tôt la liberté sous caution, ce qui lui a évité d'être arrêté à son retour.

Le sort des dirigeants pakistanais dépend de leurs relations avec l'armée, et les tribunaux pakistanais sont souvent utilisés pour engluer les dirigeants politiques dans d'interminables procédures, destinées selon les défenseurs des droits humains à étouffer toute contestation.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.