2020, la «drôle d'année» de Macron

Un an plus tard, cette ambition a été balayée par « cette pandémie historique, les crises internationales, le terrorisme, les divisions de la société et une crise économique et sociale sans précédent » (Photo, AFP)
Un an plus tard, cette ambition a été balayée par « cette pandémie historique, les crises internationales, le terrorisme, les divisions de la société et une crise économique et sociale sans précédent » (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 22 décembre 2020

2020, la «drôle d'année» de Macron

  • La réforme des retraites a certes été votée en début d'année. Mais sans voir le jour car Emmanuel Macron annonce à la mi-mars que « toutes les réformes en cours sont suspendues »
  • Dans ce contexte tourmenté, 2021 se présente comme une page blanche pour le chef de l'Etat, dont la popularité résiste dans les sondages

PARIS: « On a une drôle d'année »: le 8 octobre, Emmanuel Macron reconnaît que 2020 n'aura pas été une année comme une autre, la faute à la meurtrière épidémie du Covid-19 qui a percuté de plein fouet son quinquennat et plombé ses ambitions réformatrices.

Rien ne s'est passé comme prévu. Le 31 décembre 2019, le président présente ses voeux aux Français et leur fait deux promesses pour 2020: « mener à son terme » la très contestée réforme des retraites et continuer à « transformer notre pays ».

« J'ai conscience que les changements bousculent souvent. Mais les inquiétudes ne sauraient pousser à l'inaction », insiste-t-il à la télévision.

Un an plus tard, cette ambition a été balayée par « cette pandémie historique, les crises internationales, le terrorisme, les divisions de la société et une crise économique et sociale sans précédent », comme il le résume dans son allocution du 28 octobre.

La réforme des retraites a certes été votée en début d'année. Mais sans voir le jour car Emmanuel Macron annonce à la mi-mars que « toutes les réformes en cours sont suspendues ».

A la place, il exhorte les Français à la « mobilisation générale » face au Covid-19, contre lequel « nous sommes en guerre ».

Suivront des mois imprévisibles, rythmés par la succession des conseils de défense sanitaires, des annonces de restrictions puis de leur assouplissement, et des polémiques sans fin sur les masques ou les tests.

Président protecteur 

Au fil de ses huit allocutions télévisées, qui battent des records d'audience, le chef de l'Etat adapte son discours à la crise et aux critiques. Après avoir endossé l'uniforme de chef de guerre, il enfile le costume de président protecteur, appelant à « l'unité ».

Il lance la mobilisation de tous les moyens nécessaires face à la crise, et ce, « quoi qu'il en coûte ». Avec, à la manœuvre, un Etat omniprésent et dépensier comme jamais.

Au début de l'été, Emmanuel Macron saisit l'occasion d'un retour à une certaine normalité pour tenter de relancer une fois de plus son quinquennat. Pour Matignon, il parie sur un quasi-inconnu, Jean Castex, le « M. déconfinement », en lieu et place du populaire Edouard Philippe.

Las, deux mois plus tard, l'épidémie chamboule la rentrée et la reprise économique que devait booster l'injection des 100 milliards d'euros du plan de relance. L'exécutif est accusé d'avoir mal anticipé la deuxième vague, qui l'oblige à instaurer un couvre-feu suivi d'un reconfinement national.

Mais, pariant sur la stratégie du « vivre avec le virus », Emmanuel Macon tente de retrouver un élan politique. Ce sera sur le régalien, considéré comme un angle mort du macronisme.

Le 2 octobre, il présente aux Mureaux (Yvelines) sa stratégie pour lutter contre l'islam radical, longtemps attendue. L'actualité le rattrape avec le retour des attentats: la décapitation du professeur Samuel Paty le 16 octobre par un islamiste russe tchétchène de 18 ans, puis l'attentat de Nice.

Flou pour 2021 

Face à la très forte émotion de la population, l'exécutif durcit son discours sécuritaire. Mais se retrouve piégé dans une crise politique provoquée par la concomitance de la controverse sur la loi sur la Sécurité globale et du scandale provoqué par les images de policiers tabassant un producteur de musique.

Emmanuel Macron est contraint de calmer le jeu. « Je ne peux pas laisser dire qu'on réduit les libertés en France », affirme-t-il face aux critiques venues aussi de pays anglo-saxons.

Il doit également se défendre de stigmatiser les musulmans, après des manifestations, parfois violentes, à l'étranger autour de la republication de caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo.

Sur la défensive en France, le président cherche l'initiative sur la scène internationale où il est régulièrement insulté par le président turc Recep Tayyip Erdogan. Avec des résultats mitigés. 

Grâce à sa complicité affichée avec Angela Merkel, il porte « la grande avancée » que représente l'adoption par l'UE de l'énorme plan de relance de 750 milliards d'euros pour faire face à l'épidémie.

Mais il essuie une cuisante déconvenue dans sa tentative de provoquer un électrochoc politique au Liban après la tragique explosion du 4 août au port de Beyrouth.

Dans ce contexte tourmenté, 2021 se présente comme une page blanche pour le chef de l'Etat, dont la popularité résiste dans les sondages. Sera-t-il contraint de gérer la crise sanitaire jusqu'à la fin du quinquennat ou pourra-t-il retrouver le chemin des réformes, notamment écologiques?

Prudent, il « n'exclut rien » pour la présidentielle de 2022. « Peut-être que je devrai faire des choses dures dans la dernière année parce que les circonstances l'exigeront, et qui rendront impossible le fait que je sois candidat », a-t-il même avancé le 4 décembre sur le média en ligne Brut.

 


Grève nationale : les syndicats unis contre le budget du futur gouvernement

Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
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  • Journée de grève nationale ce jeudi à l’appel des 8 principaux syndicats français, unis contre les mesures budgétaires jugées « brutales »
  • Les autorités redoutent des débordements à Paris, avec jusqu’à 100 000 manifestants attendus et la présence annoncée de casseurs. 900 000 personnes pourraient se mobiliser dans toute la France

Les syndicats français ont promis une "journée noire" de manifestations et de grèves jeudi pour peser sur les choix budgétaires du prochain gouvernement, en pleine crise politique dans la deuxième économie de l'UE.

A Paris, le préfet de police s'est dit "très inquiet" de la présence de nombreux casseurs venant pour "en découdre" dans la manifestation prévue dans la capitale, qui pourrait selon lui rassembler 50.000 à 100.000 personnes.

Les autorités s'attendent à une mobilisation massive, avec plus de 250 cortèges annoncés qui pourraient réunir jusqu'à 900.000 personnes à travers le pays, soit cinq fois plus que lors du mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre lancé sur les réseaux sociaux, hors de tout cadre syndical.

Cette mobilisation lancée par les huit syndicats français, unis pour la première fois depuis le 6 juin 2023, vise les mesures budgétaires "brutales" préconisées cet été par le Premier ministre François Bayrou pour réduire le déficit de la France (coupes dans le service public, réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales notamment).

Son gouvernement alliant le centre droit et la droite, minoritaire à l'Assemblée nationale, a été renversé par les députés le 8 septembre.

Nommé le lendemain, son successeur Sébastien Lecornu - troisième Premier ministre d'Emmanuel Macron depuis juin 2024, le cinquième depuis sa réélection en 2022 - s'est lui aussi engagé à réduire le déficit qui plombe les comptes de la nation (114% du PIB), tout en promettant des "ruptures sur le fond" en matière budgétaire.

Ce fidèle du président a entamé une série de consultations avec les partis politiques avant de composer un gouvernement et présenter son programme, en vue de boucler dès que possible un projet de budget pour 2026.

Il a également reçu quasiment tous les syndicats, qui n'en ont pas moins maintenu leur mot d'ordre, espérant une mobilisation similaire à celles de 2023 contre la réforme des retraites qui avaient régulièrement réuni un million de manifestants, dont un pic à 1,4 million.

- "Démonstration de force" -

"Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", s'est indignée lundi la leader de la CGT, Sophie Binet, après avoir rencontré le nouveau Premier ministre.

L'abandon par Sébastien Lecornu de la très controversée suppression de deux jours fériés voulue par François Bayrou est "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a-t-elle estimé.

Même la CFDT, syndicat réputé plus apte au compromis, est "plus que jamais motivée pour aller dans la rue", a fait savoir sa responsable Marylise Léon qui attend "des faits et des preuves" du nouveau chef de gouvernement, et notamment un "besoin d’efforts partagés".

Elle a apprécié à cet égard que le successeur de François Bayrou se dise selon elle conscient de la nécessité de "faire quelque chose" au sujet de la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat.

"Le budget va se décider dans la rue", estime Mme Binet, qui évoque une "démonstration de force" et laisse entrevoir une mobilisation dans la durée.

Côté transports, le trafic sera "perturbé" voire "très perturbé" dans la capitale, ainsi que pour les trains interurbains.

Ce sera moins le cas pour les trains régionaux et les TGV. Un service proche de la normale est attendu dans les aéroports, le principal syndicat de contrôleurs aériens ayant reporté sa grève.

A l'école, un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes. L'ampleur du mouvement dans la fonction publique en générale reste encore à préciser.


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.