Crise oblige, le Liban célèbre sans moutons la fête de l'Adha

 Tripoli, deuxième ville du Liban, est aussi la plus pauvre du pays. (Photo Joseph EID/ AFP).
Tripoli, deuxième ville du Liban, est aussi la plus pauvre du pays. (Photo Joseph EID/ AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 30 juillet 2020

Crise oblige, le Liban célèbre sans moutons la fête de l'Adha

  • Le reconfinement entré en vigueur jeudi sur fond de nouvelle flambée de cas de Covid-19 a forcé les entreprises à fermer de nouveau et a laissé de nombreux travailleurs journaliers sans revenu
  • A chaque fête de l'Adha, Salima Hijazi préparait des feuilles de vigne farcies. Mais cette année, le mouton n'est plus au menu

TRIPOLI : Abdel Razzak Darwich a l'habitude d'abattre un mouton pour l'Aïd al-Adha, la fête musulmane du sacrifice, et de distribuer la viande aux pauvres dans la ville libanaise de Tripoli. Mais en raison de la crise économique, ce boucher de 54 ans ne le fera pas cette année.

Dans un dédale de ruelles à Tripoli, dans le nord du Liban, ce quinquagénaire dont les affaires ont été laminées par la débâcle est à l'affût du moindre client.

"C'est la pire année pour nous à cause de la cherté exorbitante" qui a fortement pénalisé la demande, déplore-t-il. 

Sa mine grise teintée de lassitude se décrispe quelque peu à l'arrivée d'un homme qui lui commande de la viande. 

Contrairement à l'accoutumée, sa boucherie n'arbore pas l'habituel habillage de carcasses d'animaux fraîchement abattus qui pendent dans la vitrine à l'approche de l'Aïd. 

Des milliers de moutons sont généralement abattus chaque année au Liban durant cette fête célébrée par les musulmans à travers le monde. Mais cela n'aura désormais pas lieu dans un pays englué dans sa pire crise économique depuis des décennies.

Dans la boucherie de Abdel Razzak, seule une portion orpheline de viande suspendue à un crochet pend à l'entrée, tandis que les réfrigérateurs sont totalement vides.

Avec la dégringolade de la monnaie, qui a bondi en quelques mois de 1.500 livres pour un dollar à 8.000 livres sur le marché noir, un mouton coûte désormais plus de deux millions de livres (230 euros), contre 600.000 livres l'an dernier.  

Aujourd'hui, "nous achetons un kilo de mouton à nos fournisseurs pour 40.000 livres (environ 25 euros au taux de change officiel, NDLR), ce qui ne nous laisse aucune marge de profit", ajoute-t-il.

Fonte des dons

Tripoli, l'une des villes les plus pauvres du Liban avec une histoire émaillée de violences sectaires, a été durement impactée par la crise économique.

Le reconfinement entré en vigueur jeudi sur fond de nouvelle flambée de cas de Covid-19 a forcé les entreprises à fermer de nouveau et a laissé de nombreux travailleurs journaliers sans revenu. 

La débâcle actuelle a par ailleurs bouleversé une tradition de longue date qui voyait les plus nantis faire un don de viande aux plus défavorisés en guise de charité religieuse. 

Mais cette année, "les dons ont considérablement diminué, de plus de 80%", confie le cheikh Nabil Rahim, qui a l'habitude de jouer l'intermédiaire entre riches et nécessiteux. 

"Nous avions l'intention de distribuer des vêtements à 300 orphelins, mais nous n'avons pu répondre qu'aux besoins de 50 d'entre eux", regrette ce religieux qui dirige une radio islamique.

Assise sur une chaise devant sa maison, Mona al-Masri raconte avoir renoncé au traditionnel gibier. "Nos priorités ont changé", affirme à l'AFP cette femme de 51 ans, qui recevait également des dons de viande chaque année.   

Pour y pallier, la quinquagénaire a décidé de préparer des plats à base de lentilles, de légumes et d'herbes. 

"Cette année, il semble que personne ne prévoit de distribuer quoi que ce soit", lâche-t-elle.

Le mouton, grand absent

Outre la crise et l'hyperinflation, qui a vu jusqu'à la moitié de la population basculer dans la pauvreté, le traditionnel pèlerinage a été largement restreint à cause de la pandémie, tandis que les restrictions liées aux voyages limitent les réunions familiales traditionnelles.

Ali Hassan Khaled, un boucher de 50 ans dans un quartier modeste de Tripoli, avait l'habitude d'abattre au moins 100 moutons pour ses clients durant l'Adha, mais cette année, il n'a reçu que 10 commandes.

"Les gens ne peuvent plus acheter d'importantes quantités de viande, même durant les fêtes. Les gens ne mangeront pas de viande et il semble qu'ils ne recevront pas de dons", dit-il. 

A chaque fête de l'Adha, Salima Hijazi préparait des feuilles de vigne farcies. Mais cette année, le mouton n'est plus au menu.

"Nos revenus n'ont presque plus aucune valeur (...) et nous sommes désormais obligés de changer nos habitudes alimentaires", déplore cette femme de 33 ans. 

"Nous n'avons pas non plus reçu de dons (...), ce qui rend cette fête particulièrement sombre", dit-elle. 


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Short Url
  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Short Url
  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

Short Url
  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.