La hausse du chômage au troisième trimestre pourrait marquer un retournement de tendance

Le ministre français du Travail, Olivier Dussopt, prononce un discours lors d'une conférence sociale avec les syndicats et les employeurs au Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Paris, le 16 octobre 2023. (Photo, Miguel MEDINA / POOL / AFP)
Le ministre français du Travail, Olivier Dussopt, prononce un discours lors d'une conférence sociale avec les syndicats et les employeurs au Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Paris, le 16 octobre 2023. (Photo, Miguel MEDINA / POOL / AFP)
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Publié le Mercredi 25 octobre 2023

La hausse du chômage au troisième trimestre pourrait marquer un retournement de tendance

  • En France (hors Mayotte), ce sont 17 400 personnes en plus sur un trimestre qui sont à la recherche d'un emploi et n'exercent aucune activité, soit 3,028 millions au total
  • Difficulté supplémentaire: avec la réforme des retraites, « les personnes doivent rester plus longtemps sur le marché du travail. En deux ans, on a 177 000 actifs supplémentaires par rapport à un scénario sans réforme»

PARIS: Le nombre de demandeurs d’emploi sans activité a augmenté de 0,6% au troisième trimestre en France, un chiffre qui pourrait marquer un retournement de tendance car le marché du travail subit le contrecoup de la hausse des taux d’intérêt, de la remontée des faillites d’entreprises et du recul de l’âge de la retraite.

En France (hors Mayotte), ce sont 17 400 personnes en plus sur un trimestre qui sont à la recherche d'un emploi et n'exercent aucune activité, soit 3,028 millions au total, après un léger tassement du chômage au printemps, selon les chiffres publiés mercredi par le ministère du Travail.

L'augmentation est légèrement plus forte pour la seule France métropolitaine (0,7%).

En incluant l'activité réduite (catégories B et C de Pôle emploi), la hausse du nombre de demandeurs d'emploi est plus faible, avec seulement 0,2% de hausse au troisième trimestre par rapport au trimestre précédent, à 5,352 millions, selon la direction des statistiques du ministère du Travail (Dares).

Sur un an, le chômage continue à être orienté à la baisse au troisième trimestre, avec 120 000 demandeurs d'emploi en moins (soit 3,8%), par rapport à l'été 2022, avec toutefois une hausse de 3,1% du nombre de jeunes demandeurs d'emploi (âgés de moins 25 ans).

Par rapport au deuxième trimestre, le nombre de chômeurs de catégorie B --ceux ayant exercé une activité réduite de 78 heures au maximum par mois-- est en hausse notable de 3,1%, avec 24 900 personnes de plus dans cette situation.

Le ministère relève que "les entrées à Pôle Emploi augmentent" de 0,7%, avec davantage de fins de mission d'intérim et de ruptures conventionnelles.

Les créations d'emplois avaient baissé au deuxième trimestre, et on est aujourd'hui face à "une inversion de la courbe du chômage dans le mauvais sens, après plusieurs années de baisse" (depuis 2015), commente l'économiste Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l'OFCE.

Les déclarations d'embauche ont d'ailleurs été stables au troisième trimestre (elles avaient encore progressé au deuxième trimestre), a rapporté l'Urssaf.

Contexte relativement morose

La semaine dernière, le ministre du Travail Olivier Dussopt s'était montré moins optimiste qu'auparavant: les études montrent le "risque d’une stabilisation et certains disent peut-être une légère augmentation de 0,1 ou 0,2 point du chômage", avait-il dit sur BFM Business. "Aujourd’hui nous sommes à 7,1% de chômage et notre objectif est de stabiliser ce taux".

L'OFCE s'attend pour sa part à une remontée plus forte du taux de chômage, à 7,4% fin 2023 et 7,9% fin 2024.

Mathieu Plane relève "un contexte relativement morose" avec des tensions internationales, "la remontée des taux d'intérêt", et les effets de l'inflation, notamment sur les prix de l'énergie et l'alimentaire.

Ces chocs pèsent sur la croissance, qui oscille entre 0,1 et 0,2% par trimestre. Or "avec une croissance aussi faible, difficile de créer des emplois. Ou alors il faut des dispositifs spécifiques, qu'on a eus par le passé et qui vont s'arrêter", explique l'économiste, en référence aux soutiens publics aux entreprises et aux ménages durant la pandémie et au début de la crise énergétique.

Grâce à ces aides, "il y a eu très peu de faillites en France pendant trois ans, ce qui a permis de maintenir un certain nombre d'emplois qui n'auraient pas pu se maintenir en temps normal". Des faillites qui ont désormais retrouvé leur niveau pré-Covid.

L'OFCE s'attend à un peu plus de 50.000 destructions d'emplois pour 2024.

Difficulté supplémentaire: avec la réforme des retraites, "les personnes doivent rester plus longtemps sur le marché du travail. En deux ans, on a 177 000 actifs supplémentaires par rapport à un scénario sans réforme", souligne Mathieu Plane. "L'économie doit créer beaucoup d'emplois pour absorber cet effet là".


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.