Le ministre saoudien du Tourisme: «Nous avons tout ce qu’il nous faut: une nature diversifiée, une culture riche, un peuple formidable»

L’Arabie saoudite a accueilli 40 millions de visiteurs en 2019. (Fournie/Commission royale pour AlUla)
L’Arabie saoudite a accueilli 40 millions de visiteurs en 2019. (Fournie/Commission royale pour AlUla)
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Publié le Mercredi 23 décembre 2020

Le ministre saoudien du Tourisme: «Nous avons tout ce qu’il nous faut: une nature diversifiée, une culture riche, un peuple formidable»

  • Selon les statistiques de l’Organisation mondiale du tourisme, en 2019, l’Arabie saoudite a accueilli 40 millions de visiteurs parmi les quelque 1,5 milliard de touristes dans le monde
  • «L’Arabie saoudite traverse une période de transformation majeure. Nous encourageons chacun à venir découvrir le Royaume pour constater les changements qui se sont produits au cours des dernières années»

DUBAÏ: «L’Arabie saoudite est sur la bonne voie pour réaliser son objectif d’attirer 100 millions de visiteurs dans le Royaume d’ici 2030», a déclaré à Arab News Ahmed al-Khateeb, le ministre saoudien du Tourisme, lors de sa participation à Frankly Speaking, la nouvelle émission de télévision qui interroge les principaux acteurs du Royaume sur les grandes questions d’actualité. 

«Certes, notre objectif est ambitieux, mais nous avons tout ce qu’il faut pour le réaliser», affirme-t-il.  

Certains analystes se demandent si atteindre la barre des 100 millions de touristes ne sera pas trop difficile, surtout si on compare cet objectif aux 96 et 16 millions de voyageurs accueillis l’année dernière respectivement par la France et les Émirats arabes unis, des pays qui investissent dans l’industrie du tourisme depuis de nombreuses années. 

Pourtant, pour M. Al-Khateeb – nommé ministre du Tourisme l’année dernière –, les attractions inexplorées du Royaume ne peuvent qu’attirer les touristes du monde entier qui sont à la recherche de nouvelles expériences. 

«Notre pays est très grand, la nature très diversifiée, la culture bien ancrée et le peuple extraordinaire. Nous avons donc tout ce qu’il faut pour réaliser l’objectif que nous nous sommes fixés. Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas le faire», insiste-t-il. 

La volonté de développer l’industrie du tourisme en Arabie saoudite est l’un des principaux piliers de la Vision 2030, une stratégie qui vise à diversifier l’économie (Fournie) 
La volonté de développer l’industrie du tourisme en Arabie saoudite est l’un des principaux piliers de la Vision 2030, une stratégie qui vise à diversifier l’économie (Fournie)

Il s’appuie sur des données concrètes: selon les statistiques de l’Organisation mondiale du tourisme, en 2019, l’Arabie saoudite a accueilli 40 millions de visiteurs parmi les quelque 1,5 milliard de touristes dans le monde. Ceci permet à l’Arabie saoudite de se positionner sur un marché potentiel considérable. 

Par ailleurs, une grande proportion de ces voyageurs – environ 600 millions, selon M. Al-Khateeb – sont à la recherche de vacances au «soleil, à la mer et sur le sable. L’Arabie saoudite est bien placée pour offrir ces attractions et elle est en train de créer des destinations étonnantes sur la mer Rouge, de Neom à Amaala en passant par Djeddah. Grâce à ces nouvelles destinations, nous pourrons étoffer notre offre de soleil et de mer et nous pourrons rivaliser dans ce secteur», poursuit-il. 

Cependant, proposer des rafraîchissements alcoolisés aux vacanciers ne semble pas être au programme. Certains analystes du monde du tourisme considèrent que l’alcool est un élément essentiel du paquet touristique mondial. Selon M. Al-Khateeb, au contraire, sa propre étude de marché ne corrobore pas nécessairement cette hypothèse. 

«D’après les recherches que nous avons menées dans plus de 25 pays – sur la base d’un échantillon très étendu – 40 à 50 % des voyageurs affirment qu’ils sont prêts à voyager vers nos destinations qui n’offrent pas d’alcool. Si nous améliorons encore l’hospitalité, la culture, la nourriture ou le luxe, nous allons rivaliser sur bien d’autres aspects et offrir autres chose que de l’alcool», précise-t-il. 

«Par ailleurs, comme c’est déjà le cas, des vêtements plus décontractés seront autorisés sur les plages privées et dans les centres balnéaires. Mais rien n’est prévu pour modifier le code vestimentaire sur les plages publiques», ajoute-t-il. 

La volonté de développer l’industrie touristique saoudienne est l’un des principaux piliers de la stratégie Vision 2030 dont l’objectif est de diversifier l’économie. Peu à peu, le Royaume a assoupli les exigences strictes des années précédentes en matière de voyages et de visas, et cherche à promouvoir le Royaume en tant que destination touristique dans tous les secteurs du voyage. 

L’étude de marché réalisée par le ministère révèle également que l’Arabie saoudite constitue un marché très prometteur pour les voyageurs aisés en quête de culture, de patrimoine et d’histoire. «Environ 30 % des 1, 5 milliard de voyageurs ont choisi de découvrir l’histoire et le patrimoine des pays qu’ils ont visités, et l’Arabie saoudite comporte 10 000 sites historiques, ainsi que cinq sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco», indique M. Al-Khateeb. 

«Par conséquent, nous allons proposer des voyages plus riches en histoire et en patrimoine à l’échelle mondiale. Les gens sont impatients de découvrir les anciennes civilisations de cette région, vieilles de plusieurs milliers d’années», explique-t-il. 

Le tourisme haut de gamme compte parmi les domaines qui connaissent la croissance la plus rapide en matière de voyages internationaux. Ainsi, l’Arabie saoudite espère profiter de cette tendance et attirer des voyageurs aisés et fortunés, entre autres, vers des sites comme AlUla. «Nous constatons une pénurie dans le secteur du luxe», déclare M. Al-Khateeb. 

Cependant, M. Al-Khateeb est également conscient des attraits financiers que représente le marché des touristes de classe moyenne, qui recherchent des vacances à la plage ou des vacances d’aventure. «Nous proposons actuellement une offre variée de séjours 2, 3 et 4 étoiles, ainsi que des services de nourriture, de boissons et de vente au détail. Pour ce qui est des activités comme le sport et l’aventure, nous élargissons notre offre de services haut de gamme et nous développons des destinations qui répondent également aux attentes de ces voyageurs», souligne-t-il. 

«Que ce soit à la montagne, dans les villes ou à la mer, nous offrons de nombreux projets destinés à la classe moyenne». 

Après une carrière dans le secteur bancaire et les services gouvernementaux, M. Al-Khateeb occupe aujourd’hui le poste de ministre du Tourisme. Il a pour mission de propulser cette industrie vers de nouveaux sommets. À la fin de l’année dernière, il a lancé de nouvelles saisons d’attractions touristiques, ainsi qu’une procédure accélérée pour les demandes de visa pour les citoyens de plusieurs pays. Néanmoins, la pandémie de coronavirus, qui a touché le tourisme mondial plus que tout autre secteur d’activité, n’a pas tardé à le mettre au défi. 

Pour lui, la pandémie et la réaction du gouvernement saoudien revêtent un aspect positif. 

«Cette année, nous nous sommes concentrés sur le tourisme intérieur, et avons lancé une campagne touristique durant l’été, qui a remporté un grand succès. La campagne a été surveillée par le Comité de la santé, qui a veillé au respect de la distanciation sociale et du port des masques. Résultat: plus de 8 millions de personnes ont visité les dix destinations que nous avons inaugurées cet été, et plus de 3 milliards de dollars ont été dépensés dans le pays», précise-t-il. 

Les Saoudiens ont toujours dépensé beaucoup d’argent lors de leurs voyages à l’étranger. Ainsi, en 2019, ils ont dépensé 22 milliards de dollars à l’étranger. M. Al-Khateeb espère qu’une partie de cet argent pourra être conservée dans le Royaume à l’avenir, à mesure que les attractions nationales seront accessibles. «Nous avons réduit les fuites. En 2019, nous avons lancé 11 «saisons d’attraction» en Arabie saoudite et réduit les voyages à l’extérieur de 30 %. Si nous continuons sur cette voie, nous réduirons certainement encore la fuite de capitaux – les Saoudiens seront heureux de rester dans leur pays, et apprécieront les attractions que nous leur proposons», ajoute-t-il. 

Photo du paysage entre Wadi Al Dawasir et Haradh en Arabie saoudite (AFP/Fichier photo) 
Photo du paysage entre Wadi Al Dawasir et Haradh en Arabie saoudite (AFP/Fichier photo)

Attirer les touristes en provenance des pays du Golfe est une autre de ses priorités. Mais les grands projets envisagés pour l’industrie touristique en Arabie saoudite exigent de gros investissements. Pour attirer les investisseurs étrangers, il faut leur montrer que le Royaume est une destination pour eux en tant que touristes comme pour leurs investissements. Ancien banquier, M. Al-Khateeb est parfaitement conscient des défis à relever. 

«Nous devons injecter environ 70 milliards de dollars d’ici 2023, et plus de 200 milliards de dollars d’ici 2030 pour combler le fossé en matière d’offre, que ce soit dans le commerce de détail, dans l’hôtellerie ou les loisirs», explique-t-il. «Nous avons donc partagé notre histoire avec le monde entier. Les investisseurs internationaux dans le domaine des loisirs ont visité et consulté nos étonnantes ressources naturelles, notre patrimoine, notre histoire et notre culture. Ils se rendent compte que ces éléments représentent une opportunité formidable», confie-t-il. 

«Nous sommes confiants: nous réussirons à attirer des investisseurs étrangers pour qu’ils rejoignent notre voyage si enrichissant.» 

Malgré les défis que pose la pandémie, les investissements étrangers dans tous les secteurs ont augmenté de 12 % depuis le début de l’année. Il est certes difficile de «vendre» le tourisme saoudien à un monde parfois sceptique qui ne voit souvent pas tous les attraits du Royaume et qui se concentre plutôt sur les stéréotypes négatifs. Mais M. Al-Khateeb estime que, dans la mesure où de plus en plus de personnes visiteront le pays et découvriront ses attractions uniques, la mentalité du monde va peu à peu changer. 

«L’Arabie saoudite traverse une période de transformation majeure. Nous encourageons chacun à venir découvrir le Royaume pour constater les changements qui se sont produits au cours des dernières années», explique-t-il avant d’ajouter: «Nous avons réalisé bien des progrès à ce jour et nous vous invitons à venir découvrir la vie en Arabie saoudite et à observer les changements sur le terrain.» 

Twitter: @frankanedubai 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com. 


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.


Les bénéfices du CAC 40 en baisse sur fond de guerre commerciale

Cette photographie montre les informations financières de l'indice CAC40 (en bas à gauche), l'indice français qui suit les 40 plus grandes valeurs françaises, affichées sur un immeuble de bureaux dans le quartier financier de La Défense à Paris, le 7 avril 2025. (AFP)
Cette photographie montre les informations financières de l'indice CAC40 (en bas à gauche), l'indice français qui suit les 40 plus grandes valeurs françaises, affichées sur un immeuble de bureaux dans le quartier financier de La Défense à Paris, le 7 avril 2025. (AFP)
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  • Les disparités sont fortes au premier semestre pour les entreprises du CAC 40, qui ont globalement vu leurs bénéfices nets reculer sur fond de guerre commerciale
  • Pour les 37 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels jusqu'à jeudi soir inclus, le bénéfice net cumulé tombe à 45 milliards d'euros

PARIS: Automobile et luxe à la peine, aérien, défense et industrie en progression: les disparités sont fortes au premier semestre pour les entreprises du CAC 40, qui ont globalement vu leurs bénéfices nets reculer sur fond de guerre commerciale, d'après un décompte réalisé jeudi par l'AFP.

Pour les 37 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels jusqu'à jeudi soir inclus, le bénéfice net cumulé tombe à 45 milliards d'euros, en baisse de 32% par rapport au premier semestre 2024 pour ces mêmes entreprises.

Cette somme des bénéfices nets part du groupe ne prend pas en compte d'éventuels résultats ajustés publiés par les entreprises et exclut Pernod Ricard, dont l'exercice comptable est décalé et donc pas comparable.

Le chiffre d'affaires cumulé est de 725 milliards d'euros, en légère baisse de près de 2%.

La première moitié de 2025 a été marquée par l'incertitude sur les droits de douane imposés par Donald Trump sur les produits européens, et a vu l'euro s'apprécier fortement par rapport à plusieurs devises, notamment face au dollar.

"C'est plutôt l'incertitude qui a pesé" avec le risque "qu'il y ait une guerre commerciale", souligne auprès de l'AFP Lionel Melka, gérant à Swann Capital.

Mais "globalement, (...) les résultats sont plutôt solides", avec, d'un côté, "les secteurs où les attentes étaient basses" comme le luxe ou la consommation, et, de l'autre, "les secteurs qui vont bien — défense, banque — là c'est bon comme prévu".

- Les banques résilientes -

Ce semestre "reste décevant", notamment en comparaison avec la situation américaine, juge pour sa part Christopher Dembik, conseiller en investissement pour Pictet AM: "il y a ce décrochage français et européen qui est perceptible".

D'autre part, "en début d'année, vous aviez un enthousiasme qui était indéniablement exagéré sur les actions européennes. (...) La réalité c'est qu'on n'est pas sur une période de résultats qui est mirobolante", ajoute-t-il.

Les entreprises de l'aérien et de la défense tirent leur épingle du jeu, portées par les tensions géopolitiques: Airbus a vu ses bénéfices bondir de 85%, Safran de 11%.

Les banques s'en sortent bien également et "sont sur des bonnes dynamiques depuis déjà deux, trois ans", relève Christopher Dembik.

Ensemble, BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale réalisent au total 13,5 milliards d'euros de bénéfices, une hausse de 12%.

En face, le secteur automobile se casse la figure. Renault, notamment, enregistre une lourde perte de plus de 11,2 milliards d'euros, due à l'évolution comptable du traitement de son partenaire japonais Nissan et ses mauvais résultats.

Son concurrent Stellantis a lui publié une lourde perte nette de 2,3 milliards d'euros au premier semestre et son nouveau directeur général, l'Italien Antonio Filosa, a prévenu qu'il faudrait prendre des "décisions difficiles" pour "accélérer" fin 2025.

Le luxe a également souffert, avec un bénéfice net en chute de 46% pour Kering (Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga, ...) et de 22% pour LVMH (Louis Vuitton, Dior, Celine...).

Le plus gros bénéfice revient d'ailleurs à BNP Paribas, qui vole la vedette à TotalEnergies et LVMH, duo en tête au premier semestre 2024.

- Risque de taux de change -

L'incertitude reste forte pour les troisième et quatrième trimestres, en raison notamment de la force de l'euro qui devrait peser sur les entreprises françaises.

Christopher Dembik table plutôt sur "un risque de taux de change, qu'un risque de droits de douane", et cela "va beaucoup plus se matérialiser dans les résultats à venir", dans les investissements, les importations, etc.

Concernant les droits de douane, malgré les questions en suspens, les entreprises avaient anticipé, "on savait que ce serait un tarif douanier important, donc elles avaient quand même prévu les choses", ajoute l'analyste.

Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont mis fin à l'attente dimanche, en annonçant un accord prévoyant que les produits européens exportés aux États-Unis soient taxés à 15%.