Sans le reste de la Nupes, les députés PS présentent leur «contre-budget»

Le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud s'exprime lors d'une séance sur la situation au Moyen-Orient à l'Assemblée nationale française à Paris, le 23 octobre 2023 (Photo de Bertrand GUAY / AFP).
Le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud s'exprime lors d'une séance sur la situation au Moyen-Orient à l'Assemblée nationale française à Paris, le 23 octobre 2023 (Photo de Bertrand GUAY / AFP).
Short Url
Publié le Mardi 31 octobre 2023

Sans le reste de la Nupes, les députés PS présentent leur «contre-budget»

  • Avec le recours au 49.3, «la Première ministre ne s'embarrasse plus de débat parlementaire sur le budget, le gouvernement ne rend pas de comptes»
  • Côté santé, le groupe PS réclame un «plan de reconstruction» de l'hôpital public à hauteur de 3,9 milliards d'euros

PARIS: Les députés PS ont présenté mardi leur contre-budget "contre la vie chère", une démarche menée sans le reste de la coalition de gauche Nupes après les déchirements avec LFI sur la situation au Proche-Orient.

Ce contre-budget se "concentre sur un certain nombre d'urgences", comme se "loger, se soigner", l'éducation, l'écologie et le pouvoir d'achat, a indiqué le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, lors d'un point presse à l'Assemblée nationale.

Avec le recours au 49.3, "la Première ministre ne s'embarrasse plus de débat parlementaire sur le budget, le gouvernement ne rend pas de comptes. Mais en plus de cela, il se dispense d'écouter les propositions alternatives", a critiqué l'élu des Landes.

En matière d'éducation, la députée Fatiha Keloua Hachi a plaidé pour un dispositif de limitation du nombre d'élèves à 19 par classe à l'école élémentaire et à 24 au collège, une mesure chiffrée à un milliard d'euros.

Pour le pouvoir d'achat, les socialistes veulent revaloriser le Smic à 1 600 euros net (2 milliards), augmenter de 5% tous les fonctionnaires (10 milliards), et de 7,5% les minima sociaux (3 milliards).

Côté santé, le groupe PS réclame un "plan de reconstruction" de l'hôpital public à hauteur de 3,9 milliards d'euros.

Dans le volet écologie, les députés socialistes veulent une rénovation énergétique "efficace" de 125 000 logements supplémentaires (2,2 milliards d'euros) et un abonnement pour tous les voyages de train hors TGV à 48 euros par mois sur le modèle allemand (3 milliards).

Pour financer leur plan, les élus PS réclament notamment la taxation des "superprofits" des grandes entreprises (6,4 milliards d'euros) ou l'annulation de la baisse des impôts de production (15 milliards). Ils veulent aussi rétablir l'impôt sur la fortune.

La coalition de la Nupes entendait au départ présenter un contre-budget commun, mais le PS s'est retiré de cette démarche, après les déchirements de la gauche sur la situation au Proche-Orient en raison du refus de Jean-Luc Mélenchon et de son cercle rapproché de qualifier le Hamas de "terroriste".

En matière budgétaire, LFI reproche par ailleurs au PS de ne pas demander explicitement la retraite à 60 ans.

"Notre proposition dans notre contre-budget, c'est l'abrogation de la réforme des retraites à 64 ans" pour un "retour" de l'âge légal à 62 ans, dit Jérôme Guedj (PS), mais "notre horizon, c'est le retour à 60 ans en commençant par les carrières hachées, les métiers pénibles", assure-t-il.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

Short Url
  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Short Url
  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

Short Url
  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.