Mali: la mission de l'ONU quitte son camp, où les rebelles devancent l'armée

Des policiers de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA) patrouillent devant la Grande Mosquée de Tombouctou, le 8 décembre 2021. (Photo, FLORENT VERGNES / AFP)
Des policiers de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA) patrouillent devant la Grande Mosquée de Tombouctou, le 8 décembre 2021. (Photo, FLORENT VERGNES / AFP)
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Publié le Mercredi 01 novembre 2023

Mali: la mission de l'ONU quitte son camp, où les rebelles devancent l'armée

  • La Minusma, contrainte par la dégradation sécuritaire entre tous les acteurs armés se disputant le contrôle du terrain (séparatistes, djihadistes, armée régulière), a accéléré son retrait à la grande irritation de la junte
  • Le désengagement de Kidal éclaire aussi d'une lumière crue les conditions dégradées dans lesquelles la Minusma quitte le Mali sur injonction de la junte après dix ans de déploiement

BAMAKO: La mission de l'ONU au Mali a quitté mardi son camp de Kidal, laissant la rébellion séparatiste à dominante touareg en prendre le contrôle et devancer l'armée malienne dans la course pour le territoire entre l'Etat central et les groupes armés du nord.

La junte au pouvoir à Bamako, prise de vitesse, se retrouve placée devant la question de la réponse à apporter à ce nouvel acte d'insoumission de la part de rebelles dont Kidal est le bastion et qui viennent de reprendre les armes, alors qu'elle a comme mantra la restauration de la souveraineté territoriale dans un pays en proie depuis 2012 au jihadisme et à l'instabilité.

Le désengagement de Kidal éclaire aussi d'une lumière crue les conditions dégradées dans lesquelles la Minusma quitte le Mali sur injonction de la junte après dix ans de déploiement.

La Minusma, contrainte par la dégradation sécuritaire entre tous les acteurs armés se disputant le contrôle du terrain (séparatistes, djihadistes, armée régulière), a accéléré son retrait à la grande irritation de la junte. Elle a laissé ses positions à Kidal sans attendre l'arrivée de l'armée.

Les Casques bleus ont quitté leur camp de Kidal au matin dans un long convoi composé de dizaines de véhicules blancs en direction de Gao, grande ville du nord à environ 350 km, ont indiqué des sources au sein de la mission. C'est le troisième et dernier camp évacué par la Minusma dans la région de Kidal, après Tessalit et Aguelhok.

La Minusma envisageait initialement de décrocher de Kidal plutôt vers mi-novembre.

Les rebelles ont rapidement occupé les lieux, a indiqué à l'AFP un élu local s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.

Le Cadre stratégique permanent (CSP) "prend désormais le contrôle des emprises abandonnées par la Minusma à Kidal", a dit dans un communiqué cette alliance de groupes rebelles.

"Beaucoup de regrets"

L'armée malienne a constaté sur les réseaux sociaux, "une fois de plus et avec beaucoup de regrets", que la Minusma partait sans rétrocéder le camp aux autorités.

La délicate opération d'évacuation de Kidal était anticipée depuis des semaines comme la plus inflammable de celles conduites par la Minusma depuis août.

Kidal est en effet sous le contrôle de la rébellion. Ces groupes qui avaient conclu un accord de paix avec le gouvernement en 2015 viennent de reprendre les hostilités. Ils s'opposent à ce que la Minusma remette ses camps aux autorités maliennes.

L'insoumission de Kidal, région où l'armée a subi d'humiliantes défaites entre 2012 et 2014, est un vieux motif d'irritation à Bamako.

L'armée a dépêché le 2 octobre un important convoi en direction de Kidal en prévision du départ de la Minusma. La colonne se trouverait encore à Anéfis, à environ 110 km au sud de Kidal. L'armée a aussi envoyé des renforts à Tessalit, à environ 200 km de Kidal.

Kidal est le huitième camp que la Minusma quitte depuis août dans le nord et le centre sur 13, après que la junte a réclamé son départ "sans délai" en juin.

Des responsables onusiens admettent que décrocher de la région de Kidal a été encore plus compliqué que prévu, du fait de l'escalade militaire, mais aussi des entraves mises par la junte.

Rétention

En même temps que les séparatistes reprenaient les combats, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), alliance djihadiste affiliée à Al-Qaïda, a multiplié les attaques contre les positions de l'armée et les convois de la Minusma.

Les conditions de départ "ont été extrêmement difficiles et éprouvantes", a dit la Minusma dans un communiqué. Elle invoque la détérioration sécuritaire, mais aussi les "défis liés à la conduite d'opérations aériennes", allusion à peine voilée à la non-délivrance d'autorisations de vol par les autorités.

Cette rétention l'a forcée à entreprendre de longs et dangereux trajets par la route.

Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU, a indiqué à la presse à New York que le convoi parti de Kidal avait touché en chemin deux engins explosifs improvisés, qui n'ont pas fait de blessé.

Les convois partis de Tessalit et Aguelhok avec environ 500 Casques bleus tchadiens en ont heurté quatre, qui ont fait quatre blessés légers, a-t-il rapporté.

La Minusma a aussi dit avoir détruit ou mis hors d'usage des équipements faute d'avoir pu les emporter parce que 200 camions n'ont pas reçu la permission des autorités maliennes de faire mouvement de Gao vers Tessalit, Aguelhok et Kidal.

La Minusma, dont les effectifs ont tourné autour des 15 000 soldats et policiers et dont plus de 180 membres ont été tués dans des actes hostiles, est censée être partie d'ici au 31 décembre. Depuis juillet, elle a retiré du Mali près de 6 000 membres du personnel civil et en uniforme, a-t-elle dit.


Nigeria: au moins 40 morts après des affrontements avec un gang armé

Régulièrement en proie à des tensions intercommunautaires, notamment entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades qui se disputent l'accès aux terres et aux ressources, l'Etat du Plateau connaît depuis plusieurs mois une flambée des violences. (AFP)
Régulièrement en proie à des tensions intercommunautaires, notamment entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades qui se disputent l'accès aux terres et aux ressources, l'Etat du Plateau connaît depuis plusieurs mois une flambée des violences. (AFP)
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  • Des membres d'un groupe armé ont tué au moins 40 membres d'un groupe d'auto-défense lors de l'attaque d'un village dans le centre du Nigeria et des affrontements qui ont suivi, dimanche, ont déclaré mardi des sources locales et la Croix rouge à l'AFP
  • Régulièrement en proie à des tensions intercommunautaires, notamment entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades qui se disputent l'accès aux terres et aux ressources, l'Etat du Plateau connaît depuis plusieurs mois une flambée des violences

JOS: Des membres d'un groupe armé ont tué au moins 40 membres d'un groupe d'auto-défense lors de l'attaque d'un village dans le centre du Nigeria et des affrontements qui ont suivi, dimanche, ont déclaré mardi des sources locales et la Croix rouge à l'AFP.

Le secrétaire de la Croix-Rouge de l'Etat de Plateau, Nuruddeen Hussain Magaji, a déclaré à l'AFP que "des centaines de miliciens d'auto-défense ont été pris en embuscade" dimanche dans le village de Kukawa. Cette attaque est survenue alors que les miliciens se regroupaient après des affrontements qui ont fait dix morts parmi les miliciens dans le village voisin de Bunyun, selon un habitant.

Régulièrement en proie à des tensions intercommunautaires, notamment entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades qui se disputent l'accès aux terres et aux ressources, l'Etat du Plateau connaît depuis plusieurs mois une flambée des violences.

"Selon les premiers rapports de notre personnel sur le terrain, au moins 30 corps ont été amenés dans un hôpital local, et certains blessés ont été transférés vers un hôpital de l'Etat voisin de Bauchi", a précisé Nuruddeen Hussain Magaji. "On s'attend à ce que d'autres corps de miliciens soient retrouvés dans la brousse", a-t-il ajouté.

Musa Ibrahim, un habitant de Bunyun, dans la circonscription voisine de Wase, a déclaré que "dix membres des milices ont été confirmés morts après que des bandits ont attaqué notre communauté, dimanche".


Trump reçoit Netanyahu à la recherche d'un accord à Gaza

Le président américain Donald Trump rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans la Salle bleue de la Maison Blanche à Washington, DC, le 7 juillet 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans la Salle bleue de la Maison Blanche à Washington, DC, le 7 juillet 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu a de nouveau exclu la création d'un Etat palestinien à part entière, affirmant qu'Israël conserverait "toujours" le contrôle de la sécurité dans la bande de Gaza
  • Selon des sources palestiniennes proches des discussions, l'accord comprend une trêve de 60 jours, pendant laquelle le Hamas relâcherait dix otages encore en vie et remettrait des corps de captifs morts, en échange de la libération de Palestiniens détenus

WASHINGTON: Donald Trump, qui se dit déterminé à mettre fin à la guerre à Gaza, a reçu Benjamin Netanyahu à dîner à la Maison Blanche lundi soir, lequel a dit avoir présenté le président américain pour le Nobel de la Paix.

La troisième visite à Washington du Premier ministre israélien M. Netanyahu depuis le retour au pouvoir de Donald Trump intervient à un moment crucial, le président américain espérant profiter de l'élan donné par la récente trêve entre Israël et l'Iran après une guerre de 12 jours.

"Je ne pense pas qu'il y ait de blocage. Je pense que les choses se passent très bien", a déclaré M. Trump aux journalistes au début du dîner, lorsqu'on lui a demandé ce qui empêchait la conclusion d'un accord de paix.

Assis l'un en face de l'autre autour d'une grande table, le président américain s'est dit convaincu que le Hamas était prêt à accepter un cessez-le-feu à Gaza.

"Ils veulent une rencontre et ils veulent ce cessez-le-feu", a-t-il dit.

Le Premier ministre israélien a lui annoncé avoir présenté la nomination du président américain pour le prix Nobel de la paix, en lui remettant la lettre qu'il a envoyée au comité Nobel.

"A l'heure où nous parlons, il rétablit la paix dans un pays (après l'autre), dans une région après l'autre", a loué M. Netanyahu.

La rencontre lundi intervient en pleins pourparlers indirects entre Israël et le Hamas.

Depuis dimanche, deux sessions de pourparlers indirects entre Israël et le Hamas se sont tenues à Doha, selon des sources palestiniennes proches des négociations. "Aucune percée" n'a été encore réalisée, a indiqué à l'AFP l'une d'elles.

Mardi matin, l'armée israélienne a annoncé que cinq soldats avaient été tués et deux autres grièvement blessés au combat dans le nord de la bande de Gaza.

L'émissaire américain Steve Witkoff doit se rendre dans la semaine à Doha, selon la Maison Blanche.

Auparavant, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avait indiqué que "la priorité absolue du président au Moyen-Orient est de mettre fin à la guerre à Gaza et le retour de tous les otages".

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël, à laquelle l'armée a riposté en lançant une offensive d'envergure à Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire.

Dimanche, Donald Trump a estimé qu'il existait "de bonnes chances" de parvenir à un accord "cette semaine".

Les négociations indirectes, menées via les médiateurs qatari, égyptien et américain, portent "sur les mécanismes de mise en oeuvre" d'un accord de cessez-le-feu et d'un "échange" d'otages retenus à Gaza contre des Palestiniens détenus en Israël, selon un responsable palestinien.

- "Inacceptables" -

La délégation du Hamas se trouvait dans une salle et la délégation israélienne dans une autre, dans le même bâtiment, a-t-il précisé.

"Le Hamas est sérieux et soucieux d'aboutir à un accord pour mettre fin à la guerre et à la souffrance de notre peuple, à condition que la partie israélienne fasse preuve de bonne foi et ne cherche pas à entraver ou à faire traîner le processus", a affirmé le responsable palestinien.

Lundi soir, M. Netanyahu a de nouveau exclu la création d'un Etat palestinien à part entière, affirmant qu'Israël conserverait "toujours" le contrôle de la sécurité dans la bande de Gaza.

"Maintenant, les gens diront que ce n'est pas un Etat complet, que ce n'est pas un Etat. Nous nous en moquons", a-t-il dit.

Selon des sources palestiniennes proches des discussions, l'accord comprend une trêve de 60 jours, pendant laquelle le Hamas relâcherait dix otages encore en vie et remettrait des corps de captifs morts, en échange de la libération de Palestiniens détenus par Israël.

- "On ne savait plus où aller" -

Des dizaines de personnes, dont des parents d'otages détenus à Gaza, se sont rassemblées lundi soir devant l'antenne de Tel-Aviv de l'ambassade des Etats-Unis en Israël pour demander à M. Trump de parvenir à un cessez-le-feu.

Les manifestants ont brandi des drapeaux américains, des affiches portant des photos d'otages et une grande pancarte sur laquelle on pouvait lire "Président Trump, faites l'histoire, ramenez-les tous à la maison, mettez fin à la guerre".

Sur les 251 personnes enlevées lors de l'attaque du Hamas du 7-Octobre, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 déclarées mortes par l'armée israélienne.

Une première trêve d'une semaine en novembre 2023, puis une deuxième de deux mois début 2025, ont permis le retour de nombreux otages en échange de la libération de Palestiniens détenus par Israël.

Sur le terrain à Gaza, la Défense civile a fait état de 12 Palestiniens tués par des frappes israéliennes, dont six morts dans la clinique Al-Rimal de Gaza-ville (nord), qui "abrite des centaines de déplacés".

"On a été surpris par des missiles et des explosions à l'intérieur du bâtiment. On ne savait plus où aller à cause de la poussière et des dégâts", témoigne auprès de l'AFP Salman Qoudoum, en exhortant à un accord de cessez-le-feu. "On ne peut plus attendre".


Le Japon se tourne vers les pays du CCG pour assurer la stabilité au Moyen-Orient

Les deux parties sont convenues de maintenir une coopération étroite pour contribuer à la paix et à la stabilité au Moyen-Orient. (MOFA)
Les deux parties sont convenues de maintenir une coopération étroite pour contribuer à la paix et à la stabilité au Moyen-Orient. (MOFA)
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  • Le ministre des Affaires étrangères Takeshi Iwaya rencontre le Dr Jasem Al-Budaiwi du CCG
  • L'industrie pétrolière mondiale et l'instabilité au Moyen-Orient ont été abordées.

TOKYO : Le ministre japonais des Affaires étrangères, M. Takeshi Iwaya, a rencontré lundi le secrétaire général du CCG, M. Jasem Al-Budaiwi, pour discuter de l'industrie pétrolière mondiale et de l'instabilité croissante au Moyen-Orient.

Iwaya a déclaré que les pays du CCG jouaient un rôle de plus en plus important dans le contexte de l'agitation régionale et internationale, a indiqué le ministère japonais des Affaires étrangères.

Le Japon souhaite approfondir la coopération politique et économique avec le CCG afin d'apporter la paix et la stabilité à la région, y compris la conclusion des négociations de l'accord de partenariat économique entre le Japon et le CCG.

M. Al-Budaiwi a déclaré que le bloc régional espérait également l'achèvement des négociations de l'APE et la poursuite de la coopération dans le cadre du plan d'action Japon-CCG.

M. Al-Budaiwi a ajouté que Tokyo était un partenaire important et a lancé une invitation pour une réunion des ministres des affaires étrangères des deux parties.

Les fonctionnaires ont parlé franchement des questions relatives au Moyen-Orient, notamment du conflit entre Israël et l'Iran, des attaques contre la bande de Gaza et de la situation en Syrie.

M. Iwaya a déclaré que le Japon poursuivrait ses efforts diplomatiques pour faire en sorte que l'accord de cessez-le-feu entre Israël et l'Iran soit mis en œuvre et que les voies du dialogue soient rouvertes.

M. Al-Budaiwi s'est fait l'écho de ce point de vue et a déclaré que les pays du CCG restaient attachés au dialogue.

Les fonctionnaires ont fait part de leurs préoccupations concernant les actes qui menacent les routes maritimes et les attaques contre les installations pétrolières.

- Cet article est également publié sur Arab News Japan