France : l'extrême droite tente de faire oublier le passé et séduire l'électorat juif

En affichant son soutien à Israël face au Hamas et en affirmant «protéger» les Français de confession juive, la cheffe de file de l'extrême droite française Marine Le Pen multiplie les messages envers une communauté qui lui est jusqu'ici électoralement hostile. (AFP)
En affichant son soutien à Israël face au Hamas et en affirmant «protéger» les Français de confession juive, la cheffe de file de l'extrême droite française Marine Le Pen multiplie les messages envers une communauté qui lui est jusqu'ici électoralement hostile. (AFP)
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Publié le Samedi 04 novembre 2023

France : l'extrême droite tente de faire oublier le passé et séduire l'électorat juif

  • En 2007, pour sa cinquième et dernière candidature à la présidentielle, Jean-Marie Le Pen n'avait recueilli que 4,4% des suffrages juifs, selon une étude
  • Après l'attaque du Hamas en Israël, le porte-parole du RN Sébastien Chenu voulait ainsi convaincre que "nos compatriotes de confession juive savent qui les protège"

PARIS: En affichant son soutien à Israël face au Hamas et en affirmant "protéger" les Français de confession juive, la cheffe de file de l'extrême droite française Marine Le Pen multiplie les messages envers une communauté qui lui est jusqu'ici électoralement hostile.

"Marine Le Pen? Elle a tourné sa veste, mais elle aura toujours les idées de son père", tranche Nessod, 68 ans, devant un supermarché Hypercasher du XIXe arrondissement de Paris, au cœur d'un quartier où des milliers de familles juives sont installées.

Marine le Pen, 55 ans, arrivée deuxième des deux dernières élections présidentielles de 2017 et 2022 derrière Emmanuel Macron, et en hausse ces derniers mois dans les sondages, est la cheffe des députés du Rassemblement national (RN), ex Front National (FN).

Elle en a pris la tête en 2011, succédant à son père Jean-Marie, fondateur du FN qui en a fait l'une des première forces politiques du pays.

Elle s'est depuis attachée à "dédiaboliser" le parti, en en gommant les aspects les plus polémiques, dont les accusations récurrentes d'antisémitisme à l'endroit de son père. Celui-ci avait notamment fait scandale en qualifiant les chambres à gaz de l'Holocauste de "détail" de l'Histoire.

En 2007, pour sa cinquième et dernière candidature à la présidentielle, Jean-Marie Le Pen n'avait recueilli que 4,4% des suffrages juifs, selon une étude menée par le politologue Jérôme Fourquet pour l'institut de sondages Ifop.

Score triplé 

A partir de 2011, sa fille a cherché à rompre avec cet encombrant passif en dénonçant notamment un "nouvel antisémitisme", selon elle alimenté par les populations arabo-musulmanes des banlieues et apparu avec la deuxième intifada au début des années 2000.

Sa décision d'exclure des dizaines de membres du FN - dont son père - et son inlassable dénonciation des actes antisémites devaient lever les réticences de la communauté juive (environ 400.000 électeurs sur plus de 48 millions d'inscrits au total dans le pays).

Après l'attaque du Hamas en Israël, le porte-parole du RN Sébastien Chenu voulait ainsi convaincre que "nos compatriotes de confession juive savent qui les protège", sous-entendu son parti, en affirmant que les relations entre le parti d'extrême droite et les "Français israélites" avaient évolué.

Marine Le Pen a certes triplé le score du parti d'extrême droite dans cet électorat dès la présidentielle de 2012, y recueillant 13,5% des voix.

Mais, dans des zones aux fortes densités communautaires, au nord et à l'est du parc parisien des Buttes-Chaumont ou à Sarcelles (banlieue nord-est de Paris), elle a semblé stagner aux votes de 2017 et 2022, toujours trois à quatre fois plus faible que son score national.

Concurrence 

"Ça progresse petit à petit, mais ça ne suffit pas. Manifestement, une partie de cet électorat a encore un verrou avec Le Pen", notamment en raison de son nom, observe Jérôme Fourquet.

Dans le XIXe arrondissement de Paris, "on n'est pas dupe de Le Pen", confirme une habitante, Joëlle. "Mais il y a des juifs qui voteront pour Zemmour", complète une voisine, Carole, 55 ans.

Car Eric Zemmour, ancien journaliste qui concurrence le RN à l'extrême droite, a créé la surprise dans ces mêmes bureaux de vote lors de la présidentielle de 2022, recueillant jusqu'à 35% à Sarcelles contre moins de 10% pour Mme Le Pen alors qu'au niveau national elle l'a largement devancé (23% contre 7%).

"Eric Zemmour n'a pas fait mystère de sa judéité" et "toute une partie de l'électorat juif a voté pour lui", constate M. Fourquet, en confirmant par ailleurs la force d'attraction de la droite dure dans la communauté juive.

Laquelle ne profite pourtant toujours pas à Marine Le Pen: à Sarcelles, au deuxième tour de 2022, la fille de Jean-Marie Le Pen n'a recueilli que 25% des voix.

Et dans les bureaux consulaires en Israël, alors qu'elle n'avait obtenu qu'environ 3% des suffrages au premier tour contre plus de 50% pour Eric Zemmour, seule une petite part des électeurs de l'ex-journaliste a voté pour elle au second tour: elle n'avait convaincu qu'environ 15% des votants.


France : le ministre de l'Industrie s'attend à de nouvelles annonces de fermetures de sites

Cette photographie montre des pneus en train de brûler devant l'usine Michelin de Cholet, dans le centre-ouest de la France, le 5 novembre 2024. Michelin a annoncé le 5 novembre 2024 la fermeture avant 2026 de ses usines de Cholet et de Vannes, dans l'ouest de la France. (Photo  AFP)
Cette photographie montre des pneus en train de brûler devant l'usine Michelin de Cholet, dans le centre-ouest de la France, le 5 novembre 2024. Michelin a annoncé le 5 novembre 2024 la fermeture avant 2026 de ses usines de Cholet et de Vannes, dans l'ouest de la France. (Photo AFP)
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  • Il a par ailleurs qualifié de « très constructifs » les contacts avec les élus locaux et les organisations syndicales du groupe. « L'engagement de Michelin, c'est que personne ne soit laissé sans solution », a-t-il rappelé. Pour la filière automobile.
  • Le 5 novembre, le géant français du pneu a annoncé aux salariés la fermeture avant 2026 de ses sites de Cholet et Vannes (Morbihan), qui comptent au total 1 254 salariés.

PARIS : Marc Ferracci, ministre de l'Industrie, s'attend à de nouvelles annonces de fermetures d'usines en France « dans les semaines et les mois qui viennent », qui affecteront des « milliers d'emplois », après celles concernant deux sites de Michelin cette semaine.

« Des annonces de fermetures de sites, il y en aura probablement dans les semaines et les mois qui viennent », a déclaré M. Ferracci au micro de France Inter samedi, en estimant que le bilan social « va se compter en milliers d'emplois » et en préconisant une réponse européenne, notamment pour soutenir le secteur automobile.

Le ministre, qui s'est rendu cette semaine à Cholet (Maine-et-Loire) sur le site d'une des deux usines Michelin promises à la fermeture et s'est fait huer par les salariés, a critiqué la manière dont l'annonce a été faite par le groupe.

« Les salariés sont bouleversés, en colère, on peut le comprendre, car la manière dont l'annonce a été faite à destination des salariés n'était pas digne », a déclaré M. Ferracci lors de l'émission « On n'arrête pas l'éco ». « Les salariés ont été prévenus très tard, la direction de Michelin ne s'est pas déplacée pour leur faire l'annonce en direct, les yeux dans les yeux, et ça, je pense que c'est regrettable », a ajouté le ministre.

Le 5 novembre, le géant français du pneu a annoncé aux salariés la fermeture avant 2026 de ses sites de Cholet et Vannes (Morbihan), qui comptent au total 1 254 salariés.

Il a par ailleurs qualifié de « très constructifs » les contacts avec les élus locaux et les organisations syndicales du groupe. « L'engagement de Michelin, c'est que personne ne soit laissé sans solution », a-t-il rappelé.

Pour la filière automobile en difficulté, pour laquelle il a annoncé un plan d'urgence, M. Ferracci a vanté une « approche de soutien à l'industrie automobile européenne ».

« Les chaînes de valeur sont complètement intégrées. Vous avez des fournisseurs en Allemagne pour des constructeurs qui sont en France, et vous avez des fournisseurs qui sont en France pour des constructeurs qui sont en Allemagne. La protection commerciale vis-à-vis des véhicules chinois doit se concevoir au niveau européen », a-t-il dit.

Parmi les mesures évoquées, il signale « un bonus écologique à l'échelle européenne », un « emprunt commun européen » pour financer des « mécanismes de soutien » à la filière. « Dès le 1er semestre 2025, la Commission européenne a dit qu'elle allait mettre en priorité un Clean Industrial Act, c'est-à-dire une législation européenne sur l'industrie propre dans laquelle nous pourrons mettre en place un certain nombre de mesures. »


Les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat s'envolent pour la Nouvelle-Calédonie

Une rue bloquée par des débris et des objets brûlés est visible après les troubles de la nuit dans le quartier de Magenta à Nouméa, territoire français de Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique, le 18 mai 2024. (Photo Delphine Mayeur / AFP)
Une rue bloquée par des débris et des objets brûlés est visible après les troubles de la nuit dans le quartier de Magenta à Nouméa, territoire français de Nouvelle-Calédonie dans le Pacifique, le 18 mai 2024. (Photo Delphine Mayeur / AFP)
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  • Dans un entretien au Monde publié samedi, ils appellent à ne pas se concentrer uniquement sur la question politique, mais aussi à avancer sur la crise du nickel calédonien, poumon économique de l’archipel.
  • Au programme de leur déplacement : trois jours de rencontres avec les forces politiques et économiques, les syndicats et d'autres acteurs calédoniens.

PARIS : Les présidents de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et du Sénat, Gérard Larcher, s'envoleront samedi pour une mission de « concertation » périlleuse en Nouvelle-Calédonie, six mois après le début des violences qui ont fait 13 morts et des milliards d'euros de dégâts.

Dans un entretien au Monde publié samedi, ils appellent à ne pas se concentrer uniquement sur la question politique, mais aussi à avancer sur la crise du nickel calédonien, poumon économique de l’archipel.

« Tout est lié », « il y a une chance de parvenir à un règlement global », estime Yaël Braun-Pivet. La question de l’élargissement du corps électoral aux élections provinciales ne doit être qu’un élément de l’accord d’ensemble qui doit être trouvé, abonde le président du Sénat.

« Nous sommes là pour aider avec humilité », ajoute-t-il. « Il faut une nouvelle méthode (... ) attention à vouloir forcer », les solutions doivent « être préparées en terre calédonienne », souligne-t-il, estimant qu'il est possible de trouver « un chemin pour aller vers une autonomie très poussée sans rupture de lien avec la République ».

Le duo parlementaire a été chargé par le Premier ministre Michel Barnier de se rendre en Nouvelle-Calédonie pour renouer le dialogue institutionnel entre les camps loyaliste et indépendantiste sur le statut de l'île, toujours au point mort.

Au programme de leur déplacement : trois jours de rencontres avec les forces politiques et économiques, les syndicats et d'autres acteurs calédoniens.

Ils se rendront notamment dès lundi matin, heure de Nouméa (dimanche soir en métropole), au Sénat coutumier, avant une séance solennelle au Congrès de Nouvelle-Calédonie, mardi, durant laquelle ils s'exprimeront face aux élus.

Les émeutes historiques qui ont débuté en mai ont été déclenchées par la volonté de l'ancien gouvernement de faire adopter une réforme constitutionnelle ultrasensible sur l'élargissement du corps électoral, gelé depuis 2007, pour les élections provinciales.

Depuis, la nouvelle coalition Barnier a abandonné la réforme et ces élections ont été reportées à après novembre 2025.

Il s'agit d'une volonté assumée d'apaisement, alors que l'élargissement du corps électoral est vécu comme un coup de force par le camp indépendantiste, qui craint de voir le peuple autochtone kanak marginalisé. Cependant, des interrogations demeurent sur l'avenir institutionnel de l'archipel, alors que trois référendums d'autodétermination prévus par les accords de Nouméa en 1998 ont eu lieu depuis 2021, avec la victoire du « non » à l'indépendance.

La question de la reconstruction est également majeure. La facture des émeutes est évaluée à au moins 2,2 milliards d'euros par le gouvernement calédonien, soit 25 % du PIB du territoire.


Jordan Bardella sort son premier livre: "Ce que je cherche"

Le président du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) et principal eurodéputé Jordan Bardella visite le Salon de l'automobile de Paris à Paris Expo Porte de Versailles à Paris le 16 octobre 2024. (AFP)
Le président du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) et principal eurodéputé Jordan Bardella visite le Salon de l'automobile de Paris à Paris Expo Porte de Versailles à Paris le 16 octobre 2024. (AFP)
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  • "Ce que je cherche", livre signé par le président du Rassemblement national Jordan Bardella, paraît samedi, mêlant récit de campagne, souvenirs d'enfance et considérations politiques
  • Le livre doit faire l'objet d'une intense campagne de promotion, notamment par les médias du groupe Bolloré, propriétaire de l'éditeur de l'ouvrage, Fayard

PARIS: "Ce que je cherche", livre signé par le président du Rassemblement national Jordan Bardella, paraît samedi, mêlant récit de campagne, souvenirs d'enfance et considérations politiques, et doit faire l'objet d'une intense campagne de promotion, notamment par les médias du groupe Bolloré, propriétaire de l'éditeur de l'ouvrage, Fayard.

"Ce livre n'est ni un essai, ni un programme: il est le reflet de mon existence": dès l'entame des quelque 320 pages qui doivent être tirées à plus de 150.000 exemplaires, le patron du Rassemblement national entend marquer un énième jalon d'une ascension politique fulgurante.

Fait inédit, c'est le prestigieux éditeur Fayard qui publie "Ce que je cherche", une première pour l'extrême droite lepéniste jusqu'alors cantonnée aux maisons confidentielles.

Mais le fleuron de l'édition est depuis passé sous pavillon du groupe Bolloré, dont les antennes médiatiques doivent soutenir dans les prochains jours la sortie du livre. Vendredi, Fayard a par ailleurs annoncé un recours contre la filiale de la SNCF et de la RATP qui a refusé la campagne de publicité prévue dans les gares.

La promotion doit commencer ce week-end dans le Lot-et-Garonne, avec un meeting suivi d'une séance de dédicaces, prélude à une tournée de signatures, à l'heure où le Rassemblement national est embourbé dans son procès dans l'affaire des assistants d'eurodéputés, pour laquelle Jordan Bardella n'est pas visé.

Au fil de "Ce que je cherche" - une citation de Napoléon Bonaparte en épigraphe y répond immédiatement, "la grandeur" - , le leader d'extrême droite prend soin de tracer son sillon politique.

Avec, pour modèle, la campagne présidentielle victorieuse de Nicolas Sarkozy de 2007 et "l'idée de réunir dans un même élan les Français issus de la classe populaire et une partie de la bourgeoisie conservatrice".

Dès lors, "les victoires futures passeront par l'unité du camp patriote, par une capacité à agréger les orphelins d'une droite plus orléaniste", estime le président du RN dans un discours proche de l"union des droites" prôné par Eric Zemmour, dont il singe d'ailleurs le slogan de 2022, "Pour que la France reste la France": chez M. Bardella, cela devient "Notre désir ardent de demeurer la France".

- Culture française -

L'ouvrage s'attarde sur une jeunesse à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), "quelques années avant que les dealers ne remplacent les enfants" dans les parcs de jeux.

Jordan Bardella assure que, lors de l'arrivée de ses grands-parents immigrés d'Italie dans les années 1960, cette banlieue nord de Paris était un "paradis", guidé par "l'entraide et la solidarité" de ses familles "européennes, maghrébines, africaines", autour "d'une petite place au cœur de la cité (qui) abritait une grande fontaine, tel un halo de repos et de tranquillité".

Mais, lorsqu'il s'initie au bénévolat dans les années 2010 au sein d'une association d'alphabétisation des étrangers, notamment "Pakistanais, Afghans, Africains de l'ouest", Jordan Bardella en tire une conclusion: "J'ai réalisé à quel point il était difficile de concilier des univers culturels qui semblaient si éloignés. Si l'intégration (de ses grands-parents) a si bien fonctionné, c'est qu'elle était européenne".

De cette "culture française", Jordan Bardella dresse le panthéon. Charles de Gaulle, André Malraux, François Mitterrand, Victor Hugo: "Tous, avant de déclamer (leurs) grands discours, auront cherché la grandeur".

S'y croisent encore Raymond Aron, Pierre Soulages, mais aussi "Jeanne Moreau, Jean-Paul Belmondo, France Gall, Johnny Hallyday, Charles Aznavour".

- "J'en suis convaincue" -

Celui qui affirme, à l'époque où il rejoint le Front national à l'âge de 16 ans, ignorer "tout de son histoire, de ses fondateurs et même de Jean-Marie Le Pen", consacre en outre un chapitre entier - le dernier - à Marine Le Pen.

"Je lui dois une part importante de ce que je suis devenu", écrit-il, brocardant ceux qui "auront tenté de bousculer notre tandem, cherchant à nourrir des inimitiés, voire une rivalité, fantasmées".

A la faveur d'une balade en bateau au large du fort de Brégançon, résidence des présidents de la République, Jordan Bardella raconte qu'il a interrogé sa patronne: "Vous croyez que vous y serez un jour?"

"Le regard au loin, sa réponse, simple, déterminée, belle: +J'en suis convaincue+."

Elle lui avait tenu la même réponse quelques jours avant le second tour des législatives de juillet quant aux chances du jeune homme d'accéder à Matignon.