Dans les décombres de Gaza, le désespoir et l'abandon

Le caméraman palestinien Mohammed Alaloul tient le corps enveloppé d'un de ses enfants tué lors d'une frappe israélienne sur le camp de réfugiés d'Al-Maghazi à Deir Balah, dans le centre de la bande de Gaza, devant l'hôpital al-Quds dans la même ville, le 5 novembre 2023 (Photo, AFP).
Le caméraman palestinien Mohammed Alaloul tient le corps enveloppé d'un de ses enfants tué lors d'une frappe israélienne sur le camp de réfugiés d'Al-Maghazi à Deir Balah, dans le centre de la bande de Gaza, devant l'hôpital al-Quds dans la même ville, le 5 novembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 06 novembre 2023

Dans les décombres de Gaza, le désespoir et l'abandon

  • Le petit territoire palestinien contrôlé par le Hamas est pilonné sans relâche par Israël
  • «On n'a rien pour fouiller et dégager les décombres donc les gens meurent et, nous, on ne peut que regarder»

GAZA: "Il y a des survivants?", hurle Saïd al-Najma, en essayant de déplacer les blocs de béton qui recouvrent la rue. Cette nuit encore, les bombardements aériens israéliens sur la bande de Gaza ont réduit des immeubles entiers en ruines.

Mohammed al-Aloul, photographe de presse, a perdu quatre enfants, quatre frères et plusieurs de ses neveux et nièces dans le bombardement qui a rasé dans la nuit sept immeubles de plusieurs étages dans le camp de réfugiés de Maghazi, dans le centre de la bande de Gaza.

Le petit territoire palestinien contrôlé par le Hamas est pilonné sans relâche par Israël depuis que le mouvement palestinien a mené le 7 octobre une attaque d'une ampleur inédite que a fait plus de 1.400 morts sur son sol, selon les autorités.

Depuis cette nouvelle frappe --qui a grossi un bilan déjà proche des 10.000 morts à Gaza--, son voisin Saïd al-Najma s'active avec des dizaines d'autres habitants à dégager les décombres pour trouver des survivants ou des corps, entre des pans de béton écroulés, maculés de larges taches de sang. Parfois même des morceaux de chair des corps déchiquetés des 45 morts annoncés par le ministère de la Santé du Hamas.

«Les gens meurent, on regarde»

"On n'a rien pour fouiller et dégager les décombres donc les gens meurent et, nous, on ne peut que regarder", se lamente M. Najma. "Ils ont fait s'écrouler toute une rue sur la tête de femmes et d'enfants sans aucun avertissement".

Parfois, malgré tout, un espoir renaît: ici une femme âgée est sortie des décombres, là un enfant, et aussitôt un habitant les prend dans sa voiture direction l'hôpital le plus proche.

Mais avant cela, il faut les porter, car plus aucun véhicule ne peut s'approcher, les décombres recouvrent tout. Les façades sont percées d'éclats à tous les étages.

Le voisin dont on parvient à tirer le corps est déjà mort. La dépouille est rapidement enveloppée dans une couverture ou une bâche. Un proche reconnaît le visage du défunt, s'écroule en larmes, hurlant, aussitôt emporté par des voisins, qui le consolent.

Mohammed al-Aloul, lui, n'a pu se rendre sur les lieux qu'au matin. Photographe de l'agence turque Anadolu, il passait la nuit à couvrir d'autres bombardements et n'a pas pu prendre la route avant, tant les frappes étaient intenses sur tout le trajet.

"Je n'ai pas dormi de la nuit", raconte à l'AFP ce Palestinien de 37 ans qui depuis des jours ne quitte plus son gilet pare-balles siglé "PRESS" et son casque. "Mon cousin m'avait appelé pour me dire que ma maison avait été détruite dans le bombardement de l'immeuble des voisins".

"Chez moi, personne n'appartient à un groupe armé mais aujourd'hui, il ne me reste plus que ma femme et un fils", lâche-t-il hagard.

Parmi ses enfants tués, trois garçons et une unique fille à laquelle, dit-il, il répétait "bientôt on te donnera une petite sœur".

«Dire à Israël d'arrêter»

Aujourd'hui, ce rêve a disparu. "Je pleurais en voyant les enfants des autres mourir derrière mon appareil photo, aujourd'hui c'est moi qui ai perdu mes enfants".

Autour de lui, il ne reconnaît plus son quartier.

A la place des maisons, des parpaings éparpillés forcent les gens à zigzaguer et à se tenir aux pans de murs pendant ci et là. Les étages d'une maison se sont écroulés comme un château de carte.

Ici, une parabole en partie carbonisée a été soufflée, là une porte en bois sert désormais de passerelle pour enjamber les décombres. Sur les toits, des réservoirs d'eau sont désespérément vides.

Et au milieu de la désolation, des colonnes d'habitants vont et viennent. Les mains écorchées, les cheveux et les vêtements couverts de poussière grise de béton, ils poursuivent leur travail de fourmi pour tenter de sortir leurs voisins des gravats.

"Il faudrait des bulldozers pour détruire les pans de murs encore debout et permettre de faire entrer des pelleteuses pour sortir les morts et les blessés", explique l'un d'eux, Abou Chadi Samaan, 55 ans.

Mais surtout, dit-il, ce qu'il faudrait, c'est la fin de la guerre, mais "personne ne dit à Israël de s'arrêter".

En attendant, poursuit-il, "on n'a ni eau, ni nourriture, ni rien de ce qu'il faut pour survivre".

"Les gens encore en vie ici sont ceux dont la mort ne veut pas".


Le ministre saoudien des Affaires étrangères discute des derniers développements à Rafah avec le Premier ministre palestinien

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, reçoit le Premier ministre palestinien, Mohammed Moustafa, jeudi, à Riyad. (SPA)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, reçoit le Premier ministre palestinien, Mohammed Moustafa, jeudi, à Riyad. (SPA)
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  • Lors d’une réunion à Riyad, les deux responsables ont notamment évoqué le renforcement de la coopération entre leurs pays
  • Selon des habitants, l’armée israélienne a déployé des chars et elle a ouvert le feu à proximité des zones urbanisées de Rafah jeudi

RIYAD: Jeudi, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, a discuté avec le Premier ministre palestinien, Mohammed Moustafa, des derniers développements dans la ville de Rafah, située à Gaza.

Lors d’une réunion à Riyad, les deux responsables ont également évoqué le renforcement de la coopération entre leurs pays ainsi que les priorités et le programme de travail du gouvernement palestinien.

Selon des habitants, l’armée israélienne a déployé des chars et elle a ouvert le feu à proximité des zones urbanisées de Rafah jeudi, après que le président américain, Joe Biden, a promis de ne pas fournir d’armes à Israël si ses forces envahissaient cette ville du sud de Gaza.

Israël est allé à l’encontre des objections internationales en envoyant des chars et en menant des «frappes ciblées» dans la ville frontalière, où se sont réfugiés de nombreux civils palestiniens.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Saudia dévoile son plan pour la saison du Hajj 2024

Saudia mettra plus d’1,2 million de sièges à la disposition des pèlerins qui se rendent au Royaume. (X/@SaudiAirlinesEn)
Saudia mettra plus d’1,2 million de sièges à la disposition des pèlerins qui se rendent au Royaume. (X/@SaudiAirlinesEn)
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  • La compagnie aérienne nationale du Royaume possède plus de cent cinquante avions dans sa flotte et s’est engagée à fournir «les meilleurs services» aux pèlerins durant la saison du Hajj
  • Plus de 11 000 employés de première ligne et techniciens d’entretien d’aéronefs travailleront tout au long de la saison

RIYAD: Saudia a dévoilé son plan opérationnel pour la saison du Hajj de cette année. Elle a annoncé qu’elle mettrait plus d’1,2 million de sièges à la disposition des pèlerins qui se rendent au Royaume.

La compagnie aérienne nationale du Royaume possède plus de cent cinquante avions dans sa flotte et elle s’est engagée à fournir «les meilleurs services» aux pèlerins durant la saison du Hajj, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

La période opérationnelle de la compagnie pour la saison du Hajj dure soixante-quatorze jours, à partir du 9 mai. Elle comprend à la fois les arrivées et les retours.

Saudia a formé des équipes spécialisées afin de superviser le suivi du rendement, les opérations dans les salons VIP, la coordination avec les autres secteurs ainsi que l’élaboration d’un plan d’urgence en collaboration avec les parties prenantes concernées.

Des simulations ont été menées dans les aéroports internationaux de Djeddah et de Médine afin de se préparer pour la période du Hajj.

Saudia va accueillir les pèlerins de la Grande Mosquée dans cinq aéroports nationaux: Djeddah, Médine, Riyad, Dammam et Yanbu, précise la SPA.

Plus de 11 000 employés de première ligne et techniciens d’entretien d’aéronefs travailleront tout au long de la saison. L’initiative intitulée «Route de la Mecque» permettra d’accueillir plus de 120 000 pèlerins, et le service du «Hajj sans bagages» sera également mis en place.

La compagnie aérienne prévoit de transporter 270 000 valises et 240 000 bouteilles d’eau de Zamzam pendant la saison du Hajj.

Amer Alkhushail, PDG de Saudia Hajj and Umrah, a affirmé que la compagnie aérienne nationale était «honorée» de jouer un rôle essentiel auprès des pèlerins, conformément aux objectifs de la Vision 2030 du Royaume.

Saudia a acquis une «expérience inestimable» lors des précédentes saisons du Hajj, contribuant au développement et à la mise en œuvre d’initiatives stratégiques, a-t-il ajouté.

«Dans le cadre de nos préparatifs pour la prochaine saison du Hajj, le groupe Saudia s’est engagé à conclure des accords avec les délégations gouvernementales et les agences de voyages. Nous sommes déterminés à assurer une capacité de sièges adéquate et à étendre nos services pour répondre à la demande dans plus de cent destinations sur quatre continents», a confié M. Alkhushail.

«De plus, nous facilitons les réservations et l’émission des billets par voie électronique et par le biais des bureaux du groupe Saudia. Nous menons également des campagnes de sensibilisation pour informer les pèlerins sur les exigences en matière de bagages, notamment les dimensions, le poids et les objets interdits en avion.»

«Nous sommes prêts à soutenir la mise en place de vols dans le cadre de l’initiative Route de la Mecque.»

Grâce à son personnel, Saudia peut communiquer en trente langues différentes avec les pèlerins du monde entier, a-t-il ajouté.

Les repas à bord sont adaptés aux diverses exigences, a assuré M. Alkhushail avant d’évoquer les divertissements à bord de Saudia. En effet, la compagnie offre aux pèlerins un riche contenu éducatif et d’orientation élaboré en collaboration avec le ministère saoudien du Hajj et de l’Omra.

Saudia propose aussi des services de collecte des bagages aux lieux de résidence des pèlerins, ce qui facilite le voyage après l’accomplissement des rituels du Hajj, a-t-il précisé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Plus de la moitié des installations d’eau de Gaza ont été détruites, selon une enquête de la BBC

Les experts en droits de l’homme estiment que les installations essentielles à la survie des civils doivent être protégées. (Photo AFP)
Les experts en droits de l’homme estiment que les installations essentielles à la survie des civils doivent être protégées. (Photo AFP)
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  • Plus de la moitié des usines de dessalement et des systèmes de forage ont été endommagés ou détruits
  • La destruction des stations d’épuration des eaux usées a provoqué une explosion des maladies transmises par l’eau

LONDRES: Une enquête menée par la BBC révèle que la moitié des installations d’eau et d’assainissement de Gaza ont été détruites depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.

Des images satellites examinées par BBC Verify montrent qu’un peu plus de la moitié des six cent trois usines de dessalement et des systèmes de forage utilisés pour fournir de l’eau à Gaza ont été endommagés ou détruits. C’est également le cas de quatre des six stations d’épuration des eaux usées.

Selon une organisation humanitaire citée par la BBC, les deux autres stations d’épuration ont été fermées par manque de carburant ou d’approvisionnement. Les efforts de réparation ont été fortement perturbés en raison des dégâts qu’un important dépôt a subis.

La destruction de ces installations a provoqué une explosion des maladies transmises par l’eau, ce qui présente de graves risques pour la santé de la population, en particulier pour les enfants et les femmes enceintes.

Le nombre de cas de diarrhée, d’hépatite A et même de choléra est monté en flèche.

Selon la Dr Natalie Roberts, directrice générale de Médecins sans frontières UK, la destruction des installations d’eau et d’assainissement a entraîné «des conséquences sanitaires désastreuses pour la population», ce qui a causé des décès.

Elle note que Rafah et la frontière sud de la région font partie des zones les plus touchées.

La BBC explique que, dans la mesure où l’état exact de chaque installation n’a pu être déterminé, aucune distinction ne peut être faite entre les installations «détruites» et celles qui sont «endommagées».

Elle souligne en outre que tous les dégâts ne sont pas visibles sur les images satellite – principalement dans le nord de Gaza ou dans la zone qui entoure la ville méridionale de Khan Younès –, de sorte que certaines installations touchées ont pu passer inaperçues.

La situation a été aggravée par les dégâts subis par le Service des eaux des municipalités côtières de Gaza et par le principal dépôt de services de l’Unicef, ce qui rend les réparations difficiles.

Les experts en droits de l’homme estiment que les installations essentielles à la survie des civils doivent être protégées.

D’après Leila Sadat, ancienne conseillère spéciale sur les crimes contre l’humanité à la Cour pénale internationale, ces destructions témoignent soit d’une «approche imprudente» des infrastructures civiles, soit d’un ciblage intentionnel.

Elle ajoute qu’il est possible que «ces destructions ne soient pas toutes des erreurs».

En réponse aux conclusions de la BBC, l’armée israélienne indique que le Hamas a utilisé des infrastructures civiles à des fins militaires, y entreposant des armes et des munitions.

Elle soutient que les installations d’approvisionnement en eau ont été principalement touchées lors de frappes aériennes qui visaient les combattants du Hamas et nie avoir intentionnellement ciblé des infrastructures civiles.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com