Aux Etats-Unis, Black Lives Matter rejoint la cause palestinienne

Des manifestants brandissent des drapeaux palestiniens alors qu’ils traversent le pont de Brooklyn lors d’un rassemblement de soutien aux Palestiniens à New York, le 7 novembre 2023. (AFP)
Des manifestants brandissent des drapeaux palestiniens alors qu’ils traversent le pont de Brooklyn lors d’un rassemblement de soutien aux Palestiniens à New York, le 7 novembre 2023. (AFP)
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Publié le Mercredi 08 novembre 2023

Aux Etats-Unis, Black Lives Matter rejoint la cause palestinienne

  • Pour les experts de ces mouvements, ces solidarités ont des racines anciennes, mais elles ont progressé ces dernières années
  • «Je veux rendre la pareille, comme la poursuite d'un mouvement contre la suprématie blanche et le colonialisme», explique un membre de Black Lives Matter

NEW YORK: En 2020, AnnEliza Canning-Skinner, 28 ans, manifestait pour le mouvement de soutien aux Noirs américains Black Lives Matter, "une expérience de solidarité". Trois ans plus tard, elle descend dans la rue pour soutenir le peuple palestinien, illustrant une convergence de plus en plus visible des deux causes aux Etats-Unis.

Lors d'une marche il y a quelques jours à New York, la jeune femme noire se trouvait entourée de pancartes proclamant "Black Lives pour la Palestine", ou "Le silence blanc est une violence", slogan populaire dans le mouvement anti-raciste américain.

"Tout est lié", résume-t-elle, établissant des ponts entre les deux causes, à l'instar de nombreux autres manifestants.

Jo Behanzin, 25 ans, met en avant le soutien international au mouvement Black Lives Matter en 2020, quand une immense vague de manifestations a secoué les Etats-Unis après la mort de l'Afro-Américain George Floyd, tué par un policier blanc. "Je veux rendre la pareille, comme la poursuite d'un mouvement contre la suprématie blanche et le colonialisme", explique-t-il lors d'une autre marche à New York.

«Travail idéologique»

Pour les experts de ces mouvements, ces solidarités ont des racines anciennes, mais elles ont progressé ces dernières années.

"Black Lives Matter a joué un rôle extrêmement important en termes de travail idéologique pour que les gens se préoccupent de la question palestinienne", explique Derek Ide, historien à l'université du Michigan.

"Il y a plus de gens dans les rues et c'est certainement une conséquence du type d'organisation que les militants noirs ont mis en place aux côtés des groupes et des organisations pro-palestiniens", ajoute-t-il.

Depuis le XIXe siècle, des penseurs nationalistes noirs se sont pourtant inspirés de la cause sioniste, y voyant une analogie avec leur propre vision d'une mère patrie.

Mais avec l'émergence, au milieu du XXe siècle, du Black Power et des mouvements anti-guerre, "il est devenu beaucoup plus courant, dans les milieux militants afro-américains, de considérer les Palestiniens comme un peuple opprimé", explique Sam Klug, historien spécialiste des études afro-américaines et de la décolonisation.

«Condition commune»

La guerre des Six jours de 1967 a marqué un tournant important, selon lui. Il relève que le Comité de coordination non-violent des étudiants, l'une des principales forces organisatrices du mouvement des droits civiques aux États-Unis, avait publié un document qui "adopte une position pro-palestinienne très forte".

Il "décrivait une sorte de condition commune d'oppression et d'occupation entre les Afro-Américains, les Palestiniens, et une sorte de communauté coloniale mondiale", explique l'historien.

Des décennies plus tard, la mort de Michael Brown, 18 ans, tué par la police en août 2014 à Ferguson (Missouri), déclenchait des manifestations de masse aux Etats-Unis, au moment où le mouvement Black Lives Matter commençait à émerger.

Le même été, Israël lançait une campagne militaire de sept semaines contre Gaza. "Le fait de voir ces deux événements se produire simultanément a renforcé l'idée qu'il s'agissait de luttes communes pour de nombreux militants", explique Derek Ide.

"Nous avons assisté à une sorte d'explosion d'actions et de dialogues entre les manifestants de Ferguson et les Palestiniens de Gaza partageant des tactiques, des stratégies, des récits de répression et de résistance à l'oppression", ajoute-t-il.

«Langage visuel»

Un dialogue qui s'est poursuivi après la mort de George Floyd.

Si bien que d'après Sam Klug, Black Lives Matter a fait grossir les rangs des manifestations qui dénoncent aujourd'hui les bombardements d'Israël sur la bande de Gaza et exigent un cessez-le-feu, après les attaques sanglantes du mouvement islamiste Hamas le 7 octobre en Israël.

"Ce n'est certainement pas le seul facteur, mais c'est un facteur important", estime-t-il.

Plusieurs manifestants interrogés par l'AFP établissent aussi des liens entre les méthodes des forces de l'ordre en Israël et aux Etats-Unis.

Pour Sam Klug, il y a "un langage visuel clair et partagé que les gens peuvent voir lorsque les services de sécurité israéliens brutalisent des civils palestiniens, et auquel les Américains sont devenus très familiers en voyant des policiers blancs commettre des actes de violence à l'encontre de civils afro-américains".

Ces facteurs peuvent expliquer en partie pourquoi la cause palestinienne gagne du soutien dans l'opinion américaine, en particulier chez les jeunes, dans un pays où l'appui du gouvernement à Israël est inébranlable.

D'après Sam Klug, le soulèvement qui a suivi le meurtre de George Floyd a fait évoluer les discussions sur la Palestine pour de nombreux militants noirs, mais aussi plus largement "parmi les jeunes Américains" de toutes les communautés. Il souligne l'activisme croissant à gauche de groupes juifs tels que Jewish Voice for Peace et If Not Now, très visibles ces dernières semaines.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.