Exceller en exil, la voie de la réussite pour Hiam Abbass

Hiam Abbass aux Screen Actors Guild Awards 2022. (AFP)
Hiam Abbass aux Screen Actors Guild Awards 2022. (AFP)
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Publié le Vendredi 10 novembre 2023

Exceller en exil, la voie de la réussite pour Hiam Abbass

  • Hiam Abbass a quitté Deir Hanna pour réaliser son rêve: devenir actrice en Europe
  • Ses premiers films sont Haïfa de Rashid Masharawi et Chacun cherche son chat de Cédric Klapisch, tous deux sortis en 1996

DUBAÏ: Pour la première fois de sa vie, l’actrice palestinienne Hiam Abbass était mal à l’aise face à la caméra: on ne lui demandait pas de jouer un rôle, mais d’être elle-même. Et la personne qui lui posait les questions n’était autre que sa fille, Lina Soualem.

Lina voulait que sa mère se confie. Qu’elle se penche sur son exil volontaire et sur la manière dont les femmes de sa famille ont influencé sa vie. C’est ce qui donne à son portrait une authenticité et une émotion toutes particulières.

«Quand nous avons commencé le tournage, je me suis dit: “Est-ce que je veux vraiment dire ça? Est-ce que j’ai envie que ma vie soit soudainement exposée aux gens – que ce ne soit pas un personnage que je joue, mais moi-même?”», se souvient Hiam Abbass, personnage central de Bye Bye Tiberias, de Lina Soualem.

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Hiam Abbass (assise, à droite) avec sa mère, Oum Ali, et sa fille Lina Soualem dans les années 1990. (Photo fournie)

«Il y a eu des moments – au début, en particulier – où je n’étais pas très à l’aise, et Lina non plus. Quand elle me posait des questions auxquelles je répondais comme si j’étais assise devant un journaliste, j’étais très factuelle et très réfléchie. Elle cherchait quelque chose de plus authentique: elle voulait des sentiments. J’ai donc décidé de lâcher prise et de lui faire confiance.»

Cette confiance a porté ses fruits. Bye Bye Tiberias a été présenté en première mondiale à la Mostra de Venise en septembre dernier et le film a déjà remporté des prix au festival du film de Londres et au Festival international de cinéma méditerranéen (Cinémed) de Montpellier.

S’exprimant avant le début de la guerre entre Israël et le Hamas, Mme Abbass évoque à cœur ouvert sa vie dans le village palestinien de Deir Hanna. Même si elle est née dans une famille pleine d’amour, elle a d’abord eu du mal à faire épanouir sa nature artistique. Pendant des années, elle a caché à ses parents son rôle au Théâtre national palestinien de Jérusalem-Est et elle avait du mal à accepter que des décisions soient prises à sa place.

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Hiam Abbass avec Ramy Youssef (au centre) et Amr Waked dans Ramy. (Photo fournie)

«On étouffe. On étouffe devant tout ce qu’on nous impose. Et n’oublions pas le conflit politique et toutes les guerres que nous avons dû traverser. Toute cette double identité: à qui j’appartiens, sachant que je suis Palestinienne, mais Palestinienne en Israël?», confie Hiam Abbass. La Nakba a dispersé sa famille. Sa tante maternelle, Hosnieh, a trouvé refuge en Syrie et elle n’a pas été autorisée à revenir. La famille de sa grand-mère paternelle s’est retrouvée au Liban. D’autres ont été également arrachés à leur terre natale, la Palestine.

«Parce que je suis née en Israël, je ne pouvais rencontrer aucune de ces personnes. Ma grand-mère est décédée sans avoir de contact avec un seul membre de sa famille. Elle était la seule personne de sa famille à rester en Palestine. Être née dans ce contexte et devoir tout le temps prouver aux gens que vous êtes palestinien… Vous n’avez même pas le droit d’utiliser ce mot. On ne peut pas dire “Palestine”. À 7 ans, pendant la guerre de 1967, je ne comprenais rien: “Qui combat qui? Que se passe-t-il? À qui appartenons-nous?” Toutes ces questions sont si précoces dans l’esprit d’un enfant… Mais elles vous accompagnent toujours», explique-t-elle.

«Se trouver au milieu de toutes ces nations arabes – vivre dans ce pays qui est l’ennemi de tous les pays qui vous entourent – est une chose lourde. Cela m’était insoutenable. À un moment donné, c’en était vraiment trop… Je sentais que ma place devait être ailleurs, ou du moins que l’oxygène que je respirais devait être différent. J’avais besoin d’un autre oxygène… juste pour pouvoir construire quelque chose dans ma carrière, ma façon d’être, ce que je voulais faire dans ma vie, sans avoir à me justifier devant quiconque.»

Ainsi, au début de la vingtaine, Hiam Abbass a quitté Deir Hanna pour réaliser son rêve: devenir actrice en Europe. Elle s’est finalement installée à Paris, a épousé l’acteur français Zinedine Soualem (ils ont divorcé depuis) et a eu deux filles, Lina et Mouna. Toutes deux ont suivi ses pas dans l’industrie cinématographique.

«Tout s’est vraiment fait par étapes», raconte-t-elle. «Je n’ai jamais précipité les choses. Je voulais simplement savourer chaque minute de la décision que j’avais prise parce que c’était mon propre choix. J’étais juste heureuse d’être à l'étranger, de ne pas travailler pendant un moment, puis j’ai été comblée en devenant mère, et pas nécessairement en étant actrice. J’avais donc l’impression de donner du temps à tout et je ne regrette aucune décision que j’ai prise. Et ma carrière s’est faite toute seule. Je n’étais avide de rien. Elle s’est construite de manière très authentique et naturelle.»

Ses premiers films sont Haïfa de Rashid Masharawi et Chacun cherche son chat de Cédric Klapisch, tous deux sortis en 1996. Mais c’est Satin rouge de Raja Amari, en 2002, qui constitue le moment charnière de sa carrière. Hiam Abbass y brosse un portrait d’une veuve tunisienne qui devient une danseuse de cabaret, une «décision sans retour en arrière possible».

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Hiam Abbass (au centre) avec ses camarades de Succession, Sarah Snook (à gauche) et J. Smith-Cameron, en 2017. (AFP)

«Quand j’ai dit oui [à Satin rouge], je me suis dit: “Est-ce que je fais une bonne chose? Est-ce vraiment un poids que je serai capable de porter, parce que ce n’est pas facile?” Et puis je me suis dit que je devais prendre une décision. Je suis une actrice ou je ne le suis pas. Si je suis actrice, j’accepte le rôle. Si ce n’est pas le cas, il vaut mieux s’arrêter là; je ne serai jamais actrice. C’était donc un tournant pour moi, car je savais que, en faisant cela, des gens seraient blessés, d’autres n’aimeraient pas le rôle, d’autres encore penseraient que je ne suis pas celle que je semble être et me manqueraient de respect. Mais c’est le choix le plus important que j’aie fait. Ce film a changé ma vie et ma carrière.»

Elle jouera ensuite dans des films comme Munich de Steven Spielberg et Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve, ainsi que la série Succession, diffusée sur HBO, et Ramy, sur Hulu. Ces deux dernières prestations, en particulier, lui ont valu une renommée internationale. Et pourtant, malgré sa renommée mondiale, une grande partie du travail de Hiam Abbass est centrée sur le cinéma arabe. Elle a joué dans des films syriens et tunisiens, a fait une apparition dans Paradise Now de Hany Abu-Assad – film nommé aux Oscars – et a joué dans Dégradé d’Arab et Tarzan Nasser, qui se déroulait dans un salon de coiffure à Gaza.

«À chaque proposition que j’ai reçue de la Palestine, j’ai dit oui, parce que c’est très important pour moi», confie l’actrice, qui devrait jouer dans le prochain film d’Annemarie Jacir, All Before You. Elle a également été productrice artistique d’«Egyptian Cigarettes», deuxième épisode de la troisième saison de Ramy, réalisé par Jacir et qui se déroule en Palestine.

Maintenant que Succession est terminé et que Ramy va probablement prendre fin après sa quatrième saison, Hiam Abbass se tourne vers l’avenir. Elle espère retrouver Ramy Youssef, l’acteur égypto-américain créateur de Ramy, qui lui a donné la chance de réaliser un épisode de la saison trois.

«J’adorerais développer des histoires avec lui et travailler à nouveau avec lui», affirme Abbass à propos de Youssef. «J’ai le sentiment que plus je vieillis, plus j’ai envie de réaliser des projets qui relient les deux cultures dans lesquelles je baigne. Nous sommes qui nous sommes parce que nous venons de ces endroits, avec notre culture, avec tout ce que nous avons transporté et tout ce qui nous a été laissé en héritage. Et, en même temps, nous vivons en Europe et dans un monde occidental influent. À travers le cinéma ou la télévision, j’aimerais que ces deux mondes se mélangent et ne forment qu’une seule identité. Il y a peut-être quelque chose en moi qui est plus fort que jamais: créer ce melting-pot au cinéma, où les deux mondes fusionnent en un seul.»

Et puis, il y a Bye Bye Tiberias. Pour Hiam Abbass, son importance réside dans la documentation d’une mémoire collective en voie de disparition. Elle éprouve de la reconnaissance vis-à-vis de sa fille, qui a en quelque sorte rendu ce moment éternel. «Je pense qu’il est important d’immortaliser leur combat», souligne-t-elle. «Je me suis nourrie de l’histoire de ma grand-mère, de sa beauté, de son amour pour la vie, de son sourire... C’est bien de savoir qu’elle est désormais éternelle.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle

L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
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  • Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif.
  • « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018.

RIYAD : Ce mois-ci, l'artiste saoudienne Ahaad Alamoudi fait monter la température au Basel Social Club qui se tient jusqu'au 21 juin dans la ville suisse avec sa dernière installation, « The Social Health Club ». 

Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif. Elle marque également une première pour l'artiste avec un élément de performance en direct.

Basée à Djeddah, Alamoudi est connue pour créer des installations multimédias immersives s'inspirant de la dynamique complexe de son pays natal en pleine évolution. « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018, notamment divers équipements de sport, dont un rameur.

« Ce sont des pièces que j'ai chinées dans des brocantes. J'aime le fait qu'aucune instruction n'accompagne ces machines : je ne connais ni leur nom, ni leur provenance, ni leur fabricant. Mais elles font désormais partie du paysage urbain dans lequel j'évolue. J'ai essayé de créer un espace ludique », a-t-elle déclaré à Arab News. 

Dans « The Social Health Club », les équipements, peints principalement dans un jaune vif et saturé, restent intacts, symbolisant une culture obsédée par l'auto-optimisation. Au cœur de l'installation se trouve un caméo représentant un fer à repasser peint en jaune, déjà présent dans son œuvre vidéo de 2020 intitulée « Makwah Man » (Makwah signifie « fer à repasser » en arabe).

« Beaucoup de mes œuvres sont issues d'un récit que je crée dans une vidéo. Dans « Makwah Man », cet homme vêtu d'une thobe jaune repasse un long morceau de tissu jaune au milieu du désert. Et pendant qu'il repasse, il nous dit comment vivre notre vie. Mais en nous disant comment vivre notre vie, il commence aussi à remettre en question la sienne, à comprendre le rôle du pouvoir, à prendre conscience de la pression du changement et de l'adaptation », explique Alamoudi. 

« Le jaune est présent dans la vidéo, mais l'artiste porte également une thobe jaune. Il y a aussi, dans cette version présentée à Art Basel, un portant de thobes jaunes qui tournent dans l'exposition. Pour moi, la thobe jaune est un symbole unificateur. J'essaie de dire que nous vivons tous cela différemment. Ainsi, dans la performance (pour « The Social Health Club »), un culturiste local vêtu d'une thobe jaune fera des exercices sur ces machines. Il n'a pas de règles à suivre. Il ne connaît rien, ne sait pas comment utiliser « correctement » l'équipement. Il entrera dans l'espace et utilisera les machines comme il le pourra.

« La performance sera enregistrée. Mais je pense que c'est plutôt une activation », a-t-elle poursuivi. « Ce n'est pas l'œuvre elle-même. L'œuvre existe sous la forme des machines. 

« Le Social Health Club » a été créé en étroite collaboration avec la conservatrice Amal Khalaf. Ensemble, ils se sont rendus à Djeddah où Alamoudi a pu découvrir avec elle des « machines un peu inhabituelles, différentes des machines classiques que l'on trouve dans les salles de sport et dont tout le monde connaît immédiatement l'utilité », explique Alamoudi.

« Elle est vraiment incroyable », a-t-elle poursuivi. « Nous avons vraiment construit cet espace ensemble. En gros, j'ai principalement créé la vidéo ; tout le reste a été construit à partir de là. Elle m'a beaucoup aidée. Elle s'est vraiment intéressée aux changements sociaux et à la manière dont nous les abordons. Notre collaboration a été parfaite. »

Le jaune domine chaque centimètre carré de l'œuvre, de manière délibérée et intense. 

« Je suis obsédé par les symboles dans certaines de mes œuvres. Et cela s'accompagne également d'une couleur », explique Alamoudi. « Je voulais mettre en valeur quelque chose de luxueux, de coloré, presque comme de l'or, mais qui n'est pas de l'or. Son apparence est assez austère. » 

Le jaune est à la fois une invitation et un avertissement. « Je pense que le jaune est également assez trompeur. J'aime cette couleur qui incite les gens à s'approcher pour voir ce qui se passe, mais qui les amène en même temps à se demander ce que c'est  elle est si agressive qu'elle en devient un peu inconfortable. »

L'interaction du spectateur est essentielle à la signification de l'œuvre. 

« Je pense que les machines représentent quelque chose et qu'elles véhiculent quelque chose, mais elles sont en réalité activées par les gens, par ce que les gens font avec elles », explique Alamoudi. « C'est pourquoi j'encourage beaucoup de spectateurs à interagir avec les œuvres, à les utiliser ou à essayer de les utiliser sans aucune instruction. Beaucoup de personnes qui entrent dans l'espace peuvent avoir peur de les toucher ou d'interagir avec elles. La présence de l'artiste qui active les structures ajoute une autre dimension à l'œuvre elle-même. »

Elle espère que les visiteurs se sentiront libres d'explorer les œuvres, sans être encombrés par des attentes.

« Les gens sont censés les utiliser à leur guise. Ils peuvent s'asseoir dessus, se tenir debout dessus, les toucher — ils peuvent aussi les laisser tranquilles », conclut-elle en riant. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com  


La "Tour des arts" redonne du sens et de la couleur au Boulevard des Sports de Riyad

La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)
La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)
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  • Les pièces utilisées sont toutes liées au grand récit du Royaume, y compris la diversité économique, les transformations culturelles et les changements sociaux.
  • Pour M. Gharem, la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, tout comme "The Arts Tower", lève constamment les yeux vers le haut, motivant les gens à sauter du familier à l'inattendu, les poussant à embrasser l'avenir avec imagination.

RIYADH : Lorsque vous vous aventurez sur la promenade de la dernière attraction de la capitale, le Sports Boulevard, un nouveau point de repère ne manque pas d'attirer votre attention.

Une tour située à l'intersection de la route Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz et de la route Prince Turki bin Abdulaziz Al-Awwal est pleine de couleurs et de caractère.  

L'auteur de cette œuvre, baptisée "The Arts Tower", est l'artiste saoudien de renom Abdulnasser Gharem, qui, dès le début de sa carrière, a mis l'accent sur le quotidien dans le paysage architectural avec des œuvres telles que "Siraat" (Le chemin) et "Road to Makkah" (La route de La Mecque). 

La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)
La Arts Tower, à l'intersection de Prince Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Road et Prince Turki bin Abdulaziz Al Awwal Road, déborde de couleurs et de caractère. (Photo Fournie)

Gharem a déclaré à Arab News : "Cette œuvre est le témoin de la transformation qui s'opère ici. C'est un symbole d'investissement dans l'infrastructure culturelle qui prouve l'importance de cette dernière pour toute société ou communauté. Je pense que la tour représente cette transformation, en particulier parce qu'elle transforme l'un des symboles de l'énergie en un phare pour l'expression créative".

Anciennement l'un des nombreux pylônes électriques de 83,5 mètres, la tour devait être supprimée dans le cadre du projet du boulevard des sports.

"J'ai demandé si je pouvais en avoir une", a déclaré M. Gharem, expliquant qu'en tant qu'un des artistes nominés pour proposer une œuvre destinée à embellir le boulevard, il tenait à utiliser la structure existante.  

Points marquants

La proposition retenue comporte un total de 691 panneaux colorés qui ont été installés pour donner vie à la façade animée de la tour.

Les pièces utilisées sont toutes liées au grand récit du Royaume, notamment la diversité économique, les transformations culturelles et les changements sociaux.

L'auteur et conservateur Nato Thompson a déclaré à propos de l'œuvre dans un communiqué : "En réaffectant un symbole de l'infrastructure énergétique et en le transformant en phare de l'expression artistique, Gharem met en lumière l'évolution du rôle de la culture et de l'art dans le parcours de développement de l'Arabie saoudite.

"Elle est la preuve vivante de l'engagement du Royaume à entretenir son paysage culturel, en faisant des arts et de la créativité un élément indissociable de son identité, tout comme le pétrole et l'énergie l'ont été dans le passé".

La proposition sélectionnée comprend un total de 691 panneaux colorés qui ont été installés pour donner vie à la façade vibrante de la tour.

Abdulnasser Gharem, artiste saoudien (Photo Fournie)
Abdulnasser Gharem, artiste saoudien (Photo Fournie)

Il utilise des éléments de l'architecture saoudienne et des motifs que nous reconnaissons dans nos anciennes maisons, principalement la forme triangulaire.  

"J'ai eu la chance que la tour soit composée de triangles, une forme géométrique qui rassemble les différentes régions du Royaume et les caractéristiques historiques de nos débuts, ce qui en fait un symbole d'unité", explique M. Gharem.  

Les pièces utilisées sont toutes liées au grand récit du Royaume, y compris la diversité économique, les transformations culturelles et les changements sociaux.

Cette pièce est un témoin de la transformation qui se produit ici. C'est un symbole d'investissement dans l'infrastructure culturelle, preuve de l'importance de cette dernière pour toute société ou communauté. Abdulnasser Gharem, artiste saoudien.

"Les couleurs font allusion au lien entre notre histoire et notre patrimoine et les concepts de gaieté et d'hospitalité mentale. Une tour vous oblige toujours à lever les yeux".

Pour M. Gharem, la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, tout comme "The Arts Tower", lève constamment les yeux vers le haut, motivant les gens à sauter du familier à l'inattendu, les poussant à embrasser l'avenir avec imagination.

"L'œuvre est basée sur la lumière du soleil", a-t-il déclaré. "La lumière du jour donne une dimension complètement différente à l'œuvre par rapport à son éclairage urbain pendant la nuit. 

L'esquisse de "The Arts Tower" d'Abdulnasser Gharem. (Photo Fournie)
L'esquisse de "The Arts Tower" d'Abdulnasser Gharem. (Photo Fournie)

"Les couleurs ne se contentent pas d'apparaître ; elles changent, se transforment et s'animent de différentes manières tout au long de la journée. Ici, la nature devient un élément crucial de la structure".

Même le vent a joué un rôle dans la détermination du nombre et de l'emplacement des pièces colorées utilisées. "Il m'a appris qu'il fallait des espaces pour permettre à l'œuvre de respirer et m'a forcé à m'humilier devant le pouvoir de la nature.

"Le vent est devenu mon partenaire dans la conception", a-t-il déclaré.

La "Tour des arts" est conçue pour que les gens se sentent représentés et connectés.

Alors que le boulevard des sports encourage l'activité physique, ce point de repère créatif a un objectif plus profond : c'est un espace de réflexion destiné à inspirer l'interaction humaine et la communauté - et plus important encore, à inviter les gens à ralentir, à s'engager et à réfléchir à l'avenir.

"La culture est l'un des facteurs clés du développement de notre pays. En fin de compte, la culture est aussi importante que l'énergie. Cela vaut la peine d'investir dans ce domaine, et c'est un certificat attestant que le Royaume s'est engagé à nourrir sa scène culturelle", a déclaré M. Gharem. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Quand Pompidou "copie" le Louvre: 100 artistes exposent à Metz

Centre Pompidou (Photo AFP)
Centre Pompidou (Photo AFP)
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  • À partir de samedi, des « copistes » exposent au Centre Pompidou-Metz leur réinterprétation de classiques de l'art qu'ils « réactivent ».
  • Toutes ces œuvres, produites à partir d'autres œuvres, ont été créées spécialement pour cette exposition.

METZ, FRANCE : Faire revivre des œuvres du Louvre à travers le regard de 100 artistes : à partir de samedi, des « copistes » exposent au Centre Pompidou-Metz leur réinterprétation de classiques de l'art qu'ils « réactivent ».

Les commissaires de l'exposition, Donatien Grau, conseiller pour les programmes contemporains du musée du Louvre, et Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz, ont voulu en faire « une radioscopie de l'art contemporain et une exposition pour les amoureux de l'histoire de l'art ».

L'exposition est le résultat d'une « invitation envoyée à 100 artistes, non copistes a priori, à réactiver des œuvres du patrimoine », résume Donatien Grau.

Ici, une sculpture romaine recouverte de ballons métalliques colorés attire l'œil du visiteur : il s'agit d'une copie réalisée par l'artiste américain Jeff Koons de L'Hermaphrodite endormi, une sculpture antique dont on ignore l'auteur.

Un peu plus loin, plusieurs artistes ont fait le choix de créer leur interprétation de La Liberté guidant le peuple (1830) d'Eugène Delacroix : c'est le cas de Bertrand Lavier avec Aux armes citoyens (2025), dans lequel il se concentre sur les armes et le drapeau peints dans la version originale.

« La Vierge et l'Enfant au chancelier Rolin » (XVe siècle), peint par Jan Van Eyck, a aussi été en partie copié par l'Irano-Américain Y.Z. L'artiste Kami, quant à lui, a décidé de s'emparer d'un petit détail de l'œuvre originale, les mains, qu'il a reproduit comme un symbole. 

On peut aussi découvrir « la Joconde » copiée par le collectif Claire Fontaine, qui a camouflé son visage d'une tache noire, lui ôtant son sourire énigmatique.

Toutes ces œuvres, produites à partir d'autres œuvres, ont été créées spécialement pour cette exposition.

Giulia Andreani a réalisé trois portraits de femmes, a aimé « se heurter à des œuvres du Louvre », « détourner la technique » et « exploser le format ».

Chiara Parisi note que certaines copies sont réalisées presque à l'identique : « On est un peu déstabilisés » dans un premier temps en les regardant, puis « après on reconnaît la patte de l'artiste ».

D'autres, au contraire, ont détourné les originaux pour en faire des créations où « les œuvres ne sont pas là pour être reconnues », précise-t-elle. 

L'artiste Neila Czermak Ichti a détourné le tableau Roger délivrant Angélique (1819) de Jean-Auguste-Dominique Ingres. Dans sa version, « tout le monde a un peu changé de place. Le défi consistait à ce que le monstre n'ait pas la même place sans pour autant devenir une victime comme Angélique dans la version originale.

Donatien Grau a également mis en garde : « Le sujet de l'exposition n'est pas la copie, mais la pluralité des copistes. » « Copier, aujourd'hui, ce n'est pas se mettre face au tableau et le dupliquer. C'est mille autres choses » illustrées dans l'exposition.

Cela met aussi en valeur le patrimoine, qui « n'existe que quand on le recrée, qu'on le fait vivre, quand on l'habite », selon Donatien Grau.

Les œuvres originales n'ont pas été transportées à Metz : le visiteur peut les retrouver reproduites dans le catalogue d'exposition (25 euros) qui, selon Mme Parisi, « prolonge la visite ».

L'exposition « Copistes. En collaboration exceptionnelle avec le musée du Louvre » est visible jusqu'au 2 février 2026.