Des scénarios réalistes pour l'après-guerre à Gaza, irréalisables alors que le conflit s'intensifie

Des Palestiniens fuyant la ville de Gaza marchent au milieu des combats entre Israël et le Hamas. (Photo, AFP)
Des Palestiniens fuyant la ville de Gaza marchent au milieu des combats entre Israël et le Hamas. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 11 novembre 2023

Des scénarios réalistes pour l'après-guerre à Gaza, irréalisables alors que le conflit s'intensifie

  • Anthony Blinken, secrétaire d'État américain, a déclaré qu'il ne fallait laisser ni Israël ni le Hamas gérer Gaza
  • L'Autorité palestinienne a indiqué qu'elle était prête à gérer Gaza si Washington s'engageait en faveur de la solution à deux États

LONDRES: Les spéculations sur l'avenir de Gaza après le conflit se sont multipliées ces dernières semaines, allant de la suggestion d'une prise de contrôle israélienne permanente et de l'expulsion de la population palestinienne à une éventuelle force de maintien de la paix dirigée par les Arabes qui remettrait le contrôle à l'Autorité palestinienne.

Israël a lancé sa campagne militaire pour anéantir le Hamas dans la bande de Gaza après que le groupe militant palestinien a lancé une attaque transfrontalière contre le sud d'Israël le 7 octobre, faisant 1 400 morts et prenant environ 240 personnes en otage.

Le Hamas est l'organe dirigeant de facto de la bande de Gaza depuis 2007, date à laquelle il a chassé l'Autorité palestinienne du pouvoir. Principalement présent à Gaza, le Hamas est également présent en Cisjordanie, dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban, et dispose d'un bureau politique à Doha et d'un bureau de représentation à Téhéran.

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Des Palestiniens prient aux côtés des corps des membres de la famille Hijazi, tués lors de frappes israéliennes à Rafah. (Photo, AFP)

Après les premières indications selon lesquelles Israël prévoyait d'occuper totalement la bande de Gaza une fois que le Hamas aurait été mis hors d'état de nuire par l'opération terrestre en cours des forces de défense israéliennes, le gouvernement israélien semble avoir fait marche arrière, probablement sous la pression de Washington.

S'exprimant sur Fox News jeudi soir, Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, a minimisé la notion d'occupation, soulignant au contraire que l'objectif était de «démilitariser, déradicaliser et reconstruire» la bande de Gaza.

Ses commentaires s'écartent nettement des propos tenus trois jours plus tôt par Netanyahou, qui avait indiqué que l'occupation était effectivement le but recherché, en déclarant à ABC News qu'Israël aurait «la responsabilité globale de la sécurité à Gaza pour une période indéterminée».

Cette apparente volte-face fait suite à une sévère réprimande d'Antony Blinken, secrétaire d'État américain, concernant la perspective d'une occupation israélienne. Le diplomate de haut rang a déclaré aux journalistes, à l'issue des discussions du G7 au Japon mercredi, que ni Israël ni le Hamas ne pouvaient être laissés à la tête de la bande de Gaza.

Lors de son interview sur Fox News, Netanyahou a indiqué: «Nous ne cherchons pas à gouverner Gaza, nous ne cherchons pas à l'occuper.» Au lieu de cela, il a signalé qu'Israël devrait trouver un «gouvernement civil» pour gérer le territoire.

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Des soldats israéliens dans le nord de la bande de Gaza. (Photo, Reuters)

Yossi Mekelberg, professeur de relations internationales et membre associé du programme MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) à la Chatham House de Londres, estime que cette incertitude reflète la manière dont le conflit s'est déroulé de façon plus générale.

«Il ne faut pas oublier que cette guerre n'a pas été planifiée par Israël et qu'elle a été déclenchée par surprise. Il n'est donc pas surprenant que l'incertitude règne quant à la suite des événements», a expliqué Mekelberg à Arab News.

«Il y a des gens de droite en Israël qui veulent prendre Gaza et construire des colonies. Au Moyen-Orient, je ne dirais jamais rien, mais je ne suis pas certain que ce soit l'intention. Les colonies sont très difficiles à supprimer et Blinken a été clair sur ce qui serait toléré», a-t-il ajouté.

En effet, les lignes rouges américaines ne se limitent pas à la question de l'occupation. Alors que les membres de la Knesset insistaient sur l'idée d'autoriser les colonies de Cisjordanie à s'étendre à Gaza, Blinken a clairement indiqué qu'il ne devait y avoir «aucun déplacement forcé de Palestiniens de Gaza, ni aujourd'hui, ni après la guerre.»

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Une vue d'ensemble de Beit Hanoun, dans la bande de Gaza, le 21 octobre 2023. (Photo, AFP/MAXAR)

Mekelberg s'est félicité d'une opposition aussi franche à l'expulsion des Palestiniens de Gaza, mais il a reconnu que l'impact de ces paroles était aussi indéterminé que le sort de Gaza.

«Le fait que les propos de Blinken soient pris au sérieux en Israël dépend de la mesure dans laquelle le gouvernement israélien pense que les États-Unis y croient réellement», a-t-il estimé.

«Les États-Unis doivent s'assurer que c'est bien leur politique. Non seulement parce qu'elle sert les États-Unis, mais aussi parce qu'elle sert Israël», a précisé Mekelberg.

La réaction des États-Unis, pour l'instant du moins, semble concerner l'ensemble de l'administration. La déclaration de Blinken fait suite à celle publiée mardi par John Kirby, le porte-parole de la Maison Blanche chargé de la sécurité nationale, qui a souligné que le président Joe Biden ne pensait pas qu'une occupation de Gaza était «la bonne chose à faire».

Ziad Asali, président de l'association à but non lucratif American Task Force on Palestine, se montre prudent quant à l'éventualité d'une occupation. Bien qu'Israël n'ait «aucun avantage» à occuper Gaza, Asali croit qu'il est «susceptible de gagner tout ce qu'il peut entre-temps».

Asali s'est également montré moins sûr de la longévité du statu quo, même après que Blinken a souligné mercredi que l'on ne pouvait pas laisser perdurer l'affrontement actuel entre le Hamas et Israël à Gaza.

«Israël peut à peine gérer les Palestiniens actuellement sous son contrôle», a-t-il déclaré à Arab News. «Il est également susceptible d'être confronté à de nouveaux défis immédiats qui ne peuvent être résolus par la seule force militaire. À en juger par l'expérience passée, je soupçonne que le statu quo pourrait durer plus longtemps qu'on ne le pense.»

En ce qui concerne la «recherche» par Israël d'un nouveau gouvernement civil, Mekelberg a signalé qu'il était «évident» que le Hamas n'aurait pas sa place dans la bande de Gaza après le conflit. De même, il a souligné la nécessité d'avoir des «partis qui représentent la population», si l'objectif ultime est d'éviter que les attaques du 7 octobre ne se reproduisent.

«Gaza et la Cisjordanie doivent être gouvernées par le même organe», a-t-il suggéré. «Le fait d'être divisé n'aide personne et perpétue la situation. Maintenant, nous savons que ce ne sera pas le Hamas, car, l'Iran et peut-être le Qatar mis à part, personne ne s'engagera avec eux.»

«Il faut donc un parti qui représente les Palestiniens. Son identité reste incertaine et dépendra en partie de la manière dont les combats seront menés à terme», a précisé Mekelberg.

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La petite fille palestinienne Orheen al-Dayah, blessée lors d'une frappe israélienne, se fait recoudre sans anesthésie à cause d'une pénurie de médicaments, à l'hôpital Al-Shifa de Gaza. (Photo, Reuters)

Les solutions à part l'occupation israélienne ont consisté à mettre en place l'Autorité palestinienne. Étant donné que les Palestiniens de Gaza l'ont rejetée en faveur du Hamas, sa légitimité reste remise en question. En outre, comme l'a mentionné sans ambages Mekelberg, «ils ne sont pas dans l'État pour prendre la relève».

L'Autorité palestinienne semble penser différemment, mais avec une mise en garde importante.

Dans une récente interview accordée au New York Times, Hussein al-Cheikh, secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine, a déclaré que si Washington s'engageait en faveur d'une «véritable solution à deux États», l'Autorité palestinienne serait prête à assumer le rôle de gouverneur de la bande de Gaza d'après-guerre.

Al-Cheikh a déclaré que cela dépendrait de la capacité des États-Unis à forcer Israël à respecter un tel accord — un scénario qu'il estime que l'administration Biden est «capable» de réaliser.

Il n'est pas le seul à sentir l'opportunité de renouveler les efforts en faveur d’une solution à deux État. Ehud Barak, l'ancien Premier ministre israélien, a également apporté son soutien à la nécessité de relancer cette initiative.

«Je pense qu'il est nécessaire en Israël, dans les conditions les plus lourdes et les plus difficiles, de ne jamais perdre de vue l'objectif», a déclaré Barak au magazine TIME cette semaine.

«La bonne voie consiste à rechercher la solution à deux État, non pas pour rendre justice aux Palestiniens, ce qui n'est pas ma priorité absolue, mais parce qu'il est impératif de se désengager des Palestiniens pour protéger notre propre sécurité, notre propre avenir et notre propre identité», a-t-il précisé.

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Azzam al-Ahmad du Fatah (à droite) et Saleh al-Aruri (à gauche) du Hamas ont signé en 2017 un accord de réconciliation au siège des services de renseignement égyptiens au Caire. (Photo, AFP/Archives)

La question de savoir qui précisément serait un leader unificateur capable de surmonter les divisions entre Palestiniens reste ouverte, bien que des commentateurs aient suggéré quelqu'un de la stature de Salam Fayyad, l'ancien Premier ministre de l'Autorité palestinienne.

Dans un tweet récent, Asali a même suggéré que Marwan Barghouti, le leader emprisonné de la première et de la deuxième Intifada, serait un candidat digne de confiance pour la présidence d'un État palestinien unifié si Israël acceptait de le libérer dans le cadre d'un échange d'otages.

Outre le rétablissement de l'Autorité palestinienne au pouvoir à Gaza, des appels ont également été lancés en faveur d'une force internationale de maintien de la paix, une idée qui a reçu un certain soutien de la part des États-Unis, Kirby ayant déclaré aux journalistes à bord d'Air Force One mercredi que l'administration Biden discutait de ce à quoi devrait ressembler la bande de Gaza après le conflit.

«Si cela signifie une sorte de présence internationale, alors c'est quelque chose dont nous parlons», a-t-il déclaré, ajoutant qu'il n'y avait «aucun plan ou intention» d'impliquer des forces américaines.

Asali a reconnu que Washington ne souhaitait pas que les États-Unis se retrouvent «dans un autre pétrin au Moyen-Orient» qui exigerait du président plus qu'il ne peut fournir en cette année électorale, indiquant qu'une force régionale pourrait s'avérer nécessaire.

«Gaza et ses dirigeants seront bientôt confrontés à un énorme problème humanitaire qui devra être résolu par des personnes extérieures. Les fournisseurs de cette aide auront plus d'influence sur Gaza que n'importe qui d'autre», a-t-il jugé.

«Mais je ne crois pas que le Moyen-Orient dispose du type de dirigeants qui n'accepteraient pas la responsabilité de décisions stratégiques concernant la question palestinienne ou l'énigme actuelle à Gaza», a-t-il poursuivi.

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Un homme se repose sur une rangée de tombes fraîchement creusées dans un cimetière à Rafah. (Photo, AFP)

Asali n'est pas le seul à partager ce point de vue. L’Égypte est l’un des prétendants annoncés, mais Mekelberg estime que les autorités du Caire «ne veulent pas le faire». Tout en espérant «qu'il s'agira d'un groupement régional», il soupçonne qu'il devra être «international», avertissant qu'il y aura beaucoup de travail à faire.

«La première chose que doit faire celui qui arrive est de stabiliser la sécurité et d'amener les infrastructures à un niveau tel qu'il puisse s'assurer qu'une aide suffisante entre à Gaza pour fournir aux gens ce dont ils ont besoin», a soutenu Mekelberg.

«Après cela, ils devront se pencher sur la mise en place des organes et la reconstruction des institutions nécessaires à la gestion d'un État», a-t-il conclu.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.