Des scénarios réalistes pour l'après-guerre à Gaza, irréalisables alors que le conflit s'intensifie

Des Palestiniens fuyant la ville de Gaza marchent au milieu des combats entre Israël et le Hamas. (Photo, AFP)
Des Palestiniens fuyant la ville de Gaza marchent au milieu des combats entre Israël et le Hamas. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 11 novembre 2023

Des scénarios réalistes pour l'après-guerre à Gaza, irréalisables alors que le conflit s'intensifie

  • Anthony Blinken, secrétaire d'État américain, a déclaré qu'il ne fallait laisser ni Israël ni le Hamas gérer Gaza
  • L'Autorité palestinienne a indiqué qu'elle était prête à gérer Gaza si Washington s'engageait en faveur de la solution à deux États

LONDRES: Les spéculations sur l'avenir de Gaza après le conflit se sont multipliées ces dernières semaines, allant de la suggestion d'une prise de contrôle israélienne permanente et de l'expulsion de la population palestinienne à une éventuelle force de maintien de la paix dirigée par les Arabes qui remettrait le contrôle à l'Autorité palestinienne.

Israël a lancé sa campagne militaire pour anéantir le Hamas dans la bande de Gaza après que le groupe militant palestinien a lancé une attaque transfrontalière contre le sud d'Israël le 7 octobre, faisant 1 400 morts et prenant environ 240 personnes en otage.

Le Hamas est l'organe dirigeant de facto de la bande de Gaza depuis 2007, date à laquelle il a chassé l'Autorité palestinienne du pouvoir. Principalement présent à Gaza, le Hamas est également présent en Cisjordanie, dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban, et dispose d'un bureau politique à Doha et d'un bureau de représentation à Téhéran.

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Des Palestiniens prient aux côtés des corps des membres de la famille Hijazi, tués lors de frappes israéliennes à Rafah. (Photo, AFP)

Après les premières indications selon lesquelles Israël prévoyait d'occuper totalement la bande de Gaza une fois que le Hamas aurait été mis hors d'état de nuire par l'opération terrestre en cours des forces de défense israéliennes, le gouvernement israélien semble avoir fait marche arrière, probablement sous la pression de Washington.

S'exprimant sur Fox News jeudi soir, Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, a minimisé la notion d'occupation, soulignant au contraire que l'objectif était de «démilitariser, déradicaliser et reconstruire» la bande de Gaza.

Ses commentaires s'écartent nettement des propos tenus trois jours plus tôt par Netanyahou, qui avait indiqué que l'occupation était effectivement le but recherché, en déclarant à ABC News qu'Israël aurait «la responsabilité globale de la sécurité à Gaza pour une période indéterminée».

Cette apparente volte-face fait suite à une sévère réprimande d'Antony Blinken, secrétaire d'État américain, concernant la perspective d'une occupation israélienne. Le diplomate de haut rang a déclaré aux journalistes, à l'issue des discussions du G7 au Japon mercredi, que ni Israël ni le Hamas ne pouvaient être laissés à la tête de la bande de Gaza.

Lors de son interview sur Fox News, Netanyahou a indiqué: «Nous ne cherchons pas à gouverner Gaza, nous ne cherchons pas à l'occuper.» Au lieu de cela, il a signalé qu'Israël devrait trouver un «gouvernement civil» pour gérer le territoire.

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Des soldats israéliens dans le nord de la bande de Gaza. (Photo, Reuters)

Yossi Mekelberg, professeur de relations internationales et membre associé du programme MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) à la Chatham House de Londres, estime que cette incertitude reflète la manière dont le conflit s'est déroulé de façon plus générale.

«Il ne faut pas oublier que cette guerre n'a pas été planifiée par Israël et qu'elle a été déclenchée par surprise. Il n'est donc pas surprenant que l'incertitude règne quant à la suite des événements», a expliqué Mekelberg à Arab News.

«Il y a des gens de droite en Israël qui veulent prendre Gaza et construire des colonies. Au Moyen-Orient, je ne dirais jamais rien, mais je ne suis pas certain que ce soit l'intention. Les colonies sont très difficiles à supprimer et Blinken a été clair sur ce qui serait toléré», a-t-il ajouté.

En effet, les lignes rouges américaines ne se limitent pas à la question de l'occupation. Alors que les membres de la Knesset insistaient sur l'idée d'autoriser les colonies de Cisjordanie à s'étendre à Gaza, Blinken a clairement indiqué qu'il ne devait y avoir «aucun déplacement forcé de Palestiniens de Gaza, ni aujourd'hui, ni après la guerre.»

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Une vue d'ensemble de Beit Hanoun, dans la bande de Gaza, le 21 octobre 2023. (Photo, AFP/MAXAR)

Mekelberg s'est félicité d'une opposition aussi franche à l'expulsion des Palestiniens de Gaza, mais il a reconnu que l'impact de ces paroles était aussi indéterminé que le sort de Gaza.

«Le fait que les propos de Blinken soient pris au sérieux en Israël dépend de la mesure dans laquelle le gouvernement israélien pense que les États-Unis y croient réellement», a-t-il estimé.

«Les États-Unis doivent s'assurer que c'est bien leur politique. Non seulement parce qu'elle sert les États-Unis, mais aussi parce qu'elle sert Israël», a précisé Mekelberg.

La réaction des États-Unis, pour l'instant du moins, semble concerner l'ensemble de l'administration. La déclaration de Blinken fait suite à celle publiée mardi par John Kirby, le porte-parole de la Maison Blanche chargé de la sécurité nationale, qui a souligné que le président Joe Biden ne pensait pas qu'une occupation de Gaza était «la bonne chose à faire».

Ziad Asali, président de l'association à but non lucratif American Task Force on Palestine, se montre prudent quant à l'éventualité d'une occupation. Bien qu'Israël n'ait «aucun avantage» à occuper Gaza, Asali croit qu'il est «susceptible de gagner tout ce qu'il peut entre-temps».

Asali s'est également montré moins sûr de la longévité du statu quo, même après que Blinken a souligné mercredi que l'on ne pouvait pas laisser perdurer l'affrontement actuel entre le Hamas et Israël à Gaza.

«Israël peut à peine gérer les Palestiniens actuellement sous son contrôle», a-t-il déclaré à Arab News. «Il est également susceptible d'être confronté à de nouveaux défis immédiats qui ne peuvent être résolus par la seule force militaire. À en juger par l'expérience passée, je soupçonne que le statu quo pourrait durer plus longtemps qu'on ne le pense.»

En ce qui concerne la «recherche» par Israël d'un nouveau gouvernement civil, Mekelberg a signalé qu'il était «évident» que le Hamas n'aurait pas sa place dans la bande de Gaza après le conflit. De même, il a souligné la nécessité d'avoir des «partis qui représentent la population», si l'objectif ultime est d'éviter que les attaques du 7 octobre ne se reproduisent.

«Gaza et la Cisjordanie doivent être gouvernées par le même organe», a-t-il suggéré. «Le fait d'être divisé n'aide personne et perpétue la situation. Maintenant, nous savons que ce ne sera pas le Hamas, car, l'Iran et peut-être le Qatar mis à part, personne ne s'engagera avec eux.»

«Il faut donc un parti qui représente les Palestiniens. Son identité reste incertaine et dépendra en partie de la manière dont les combats seront menés à terme», a précisé Mekelberg.

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La petite fille palestinienne Orheen al-Dayah, blessée lors d'une frappe israélienne, se fait recoudre sans anesthésie à cause d'une pénurie de médicaments, à l'hôpital Al-Shifa de Gaza. (Photo, Reuters)

Les solutions à part l'occupation israélienne ont consisté à mettre en place l'Autorité palestinienne. Étant donné que les Palestiniens de Gaza l'ont rejetée en faveur du Hamas, sa légitimité reste remise en question. En outre, comme l'a mentionné sans ambages Mekelberg, «ils ne sont pas dans l'État pour prendre la relève».

L'Autorité palestinienne semble penser différemment, mais avec une mise en garde importante.

Dans une récente interview accordée au New York Times, Hussein al-Cheikh, secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine, a déclaré que si Washington s'engageait en faveur d'une «véritable solution à deux États», l'Autorité palestinienne serait prête à assumer le rôle de gouverneur de la bande de Gaza d'après-guerre.

Al-Cheikh a déclaré que cela dépendrait de la capacité des États-Unis à forcer Israël à respecter un tel accord — un scénario qu'il estime que l'administration Biden est «capable» de réaliser.

Il n'est pas le seul à sentir l'opportunité de renouveler les efforts en faveur d’une solution à deux État. Ehud Barak, l'ancien Premier ministre israélien, a également apporté son soutien à la nécessité de relancer cette initiative.

«Je pense qu'il est nécessaire en Israël, dans les conditions les plus lourdes et les plus difficiles, de ne jamais perdre de vue l'objectif», a déclaré Barak au magazine TIME cette semaine.

«La bonne voie consiste à rechercher la solution à deux État, non pas pour rendre justice aux Palestiniens, ce qui n'est pas ma priorité absolue, mais parce qu'il est impératif de se désengager des Palestiniens pour protéger notre propre sécurité, notre propre avenir et notre propre identité», a-t-il précisé.

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Azzam al-Ahmad du Fatah (à droite) et Saleh al-Aruri (à gauche) du Hamas ont signé en 2017 un accord de réconciliation au siège des services de renseignement égyptiens au Caire. (Photo, AFP/Archives)

La question de savoir qui précisément serait un leader unificateur capable de surmonter les divisions entre Palestiniens reste ouverte, bien que des commentateurs aient suggéré quelqu'un de la stature de Salam Fayyad, l'ancien Premier ministre de l'Autorité palestinienne.

Dans un tweet récent, Asali a même suggéré que Marwan Barghouti, le leader emprisonné de la première et de la deuxième Intifada, serait un candidat digne de confiance pour la présidence d'un État palestinien unifié si Israël acceptait de le libérer dans le cadre d'un échange d'otages.

Outre le rétablissement de l'Autorité palestinienne au pouvoir à Gaza, des appels ont également été lancés en faveur d'une force internationale de maintien de la paix, une idée qui a reçu un certain soutien de la part des États-Unis, Kirby ayant déclaré aux journalistes à bord d'Air Force One mercredi que l'administration Biden discutait de ce à quoi devrait ressembler la bande de Gaza après le conflit.

«Si cela signifie une sorte de présence internationale, alors c'est quelque chose dont nous parlons», a-t-il déclaré, ajoutant qu'il n'y avait «aucun plan ou intention» d'impliquer des forces américaines.

Asali a reconnu que Washington ne souhaitait pas que les États-Unis se retrouvent «dans un autre pétrin au Moyen-Orient» qui exigerait du président plus qu'il ne peut fournir en cette année électorale, indiquant qu'une force régionale pourrait s'avérer nécessaire.

«Gaza et ses dirigeants seront bientôt confrontés à un énorme problème humanitaire qui devra être résolu par des personnes extérieures. Les fournisseurs de cette aide auront plus d'influence sur Gaza que n'importe qui d'autre», a-t-il jugé.

«Mais je ne crois pas que le Moyen-Orient dispose du type de dirigeants qui n'accepteraient pas la responsabilité de décisions stratégiques concernant la question palestinienne ou l'énigme actuelle à Gaza», a-t-il poursuivi.

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Un homme se repose sur une rangée de tombes fraîchement creusées dans un cimetière à Rafah. (Photo, AFP)

Asali n'est pas le seul à partager ce point de vue. L’Égypte est l’un des prétendants annoncés, mais Mekelberg estime que les autorités du Caire «ne veulent pas le faire». Tout en espérant «qu'il s'agira d'un groupement régional», il soupçonne qu'il devra être «international», avertissant qu'il y aura beaucoup de travail à faire.

«La première chose que doit faire celui qui arrive est de stabiliser la sécurité et d'amener les infrastructures à un niveau tel qu'il puisse s'assurer qu'une aide suffisante entre à Gaza pour fournir aux gens ce dont ils ont besoin», a soutenu Mekelberg.

«Après cela, ils devront se pencher sur la mise en place des organes et la reconstruction des institutions nécessaires à la gestion d'un État», a-t-il conclu.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un mort et trois blessés dans une attaque près de colonies en Cisjordanie

Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne. (AFP)
Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne. (AFP)
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  • L'attaque a eu lieu au carrefour du Goush Etzion, situé à l'entrée de colonies israéliennes, sur la route entre les villes palestiniennes de Bethléem et Hébron
  • La victime a été identifiée comme Aaron Cohen, un habitant de la colonie de Kyriat Arba, au sud du lieu de l'attaque, selon un communiqué de la mairie

TERRITOIRES PALESTINIENS: Une attaque a fait un mort et trois blessés mardi près de colonies israéliennes dans le sud de la Cisjordanie occupée, ont annoncé les services de secours israéliens et l'armée israélienne.

L'attaque a eu lieu au carrefour du Goush Etzion, situé à l'entrée de colonies israéliennes, sur la route entre les villes palestiniennes de Bethléem et Hébron, dans le sud de la Cisjordanie occupée. Cet endroit a été le théâtre de plusieurs attaques anti-israéliennes depuis fin 2015.

Le Magen David Adom (MDA), équivalent israélien de la Croix-Rouge, a annoncé le décès d'un homme d'une trentaine d'années.

La victime a été identifiée comme Aaron Cohen, un habitant de la colonie de Kyriat Arba, au sud du lieu de l'attaque, selon un communiqué de la mairie.

Le MDA a également déclaré que ses services avaient évacué dans des hôpitaux de Jérusalem trois autres personnes, dont un adolescent de 15 ans "présentant des plaies profondes" et une femme d'environ 40 ans.

L'hôpital Hadassah de Jérusalem a précisé dans un communiqué que la femme, "blessée par balle", avait été hospitalisée dans un état grave.

Selon des médias locaux, elle aurait été blessée durant l'attaque par un tir de soldats visant les assaillants.

L'armée israélienne a précisé que ses "soldats ont éliminé deux terroristes sur place" et que des explosifs ont été "découverts" dans leur véhicule. "Les soldats de l'armée israélienne procèdent à des fouilles et ont mis en place des barrages routiers encerclant la zone", a-t-elle précisé.

L'Autorité générale des affaires civiles palestiniennes a identifié les assaillants comme Imran al-Atrash et Walid Sabbarna, tous les deux âgés de 18 ans et originaires de la région d'Hébron.

"Il s'agit de la deuxième attaque au carrefour du Goush Etzion en un an qui se solde par de graves conséquences", a déclaré à la presse Yaron Rosental, président du conseil régional du Goush Etzion, un bloc de colonies dans la zone du lieu de l'attaque.

Violences records 

Plus de 500.000 Israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

"Avec l'armée, nous ferons également payer un prix très élevé aux terroristes et à tout leur entourage, et nous renforcerons également la colonisation", a ajouté M. Rosental.

La veille, des colons extrémistes avaient attaqué le village palestinien de Jabaa, près de Bethléem, après que les forces de sécurité israéliennes ont fait démolir et évacuer l'avant-poste de colonisation juive dit de Tzour Misgavi, dans le bloc de colonies du Goush Etzion.

Les mouvements palestiniens du Hamas et du Jihad islamique, considérés comme des organisations terroristes par les Etats-Unis, l'Union européenne, et Israël, ont salué l'attaque dans des communiqués distincts.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël.

Selon des données officielles israéliennes, au moins 43 Israéliens, civils et soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Dans le même temps, au moins 1.006 Palestiniens, combattants et civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Ces violences n'ont pas cessé avec la trêve en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre. Selon l'ONU, la Cisjordanie a d'ailleurs connu en octobre un pic inédit de violences en près de deux décennies.

 

 


Les États-Unis annulent la visite du commandant en chef de l'armée libanaise

Le président libanais Joseph Aoun félicite le nouveau commandant en chef de l'armée, Rodolphe Haykal, au palais présidentiel de Baabda, à l'est de Beyrouth, au Liban, le 13 mars 2025. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun félicite le nouveau commandant en chef de l'armée, Rodolphe Haykal, au palais présidentiel de Baabda, à l'est de Beyrouth, au Liban, le 13 mars 2025. (AFP)
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  • Une source fait part à Arab News des nombreuses préoccupations des Etats-Unis concernant l'armée
  • La décision a été prise quelques heures seulement avant son départ prévu et en dépit des nombreux préparatifs de la visite

BEYROUTH : L'administration américaine a brusquement annulé mardi les rencontres prévues à Washington avec le général Rodolphe Haykal, commandant de l'armée libanaise.

La décision a été prise quelques heures seulement avant son départ prévu et en dépit des nombreux préparatifs de la visite.

L'ambassade du Liban à Washington a annoncé l'annulation d'une réception qui avait été organisée en l'honneur du commandant de l'armée, exprimant sa gratitude pour la compréhension des invités et déclarant qu'elle les informerait d'une nouvelle date une fois fixée, sans donner d'autres explications à la communauté libanaise.

L'administration libanaise a considéré cette décision comme un message fort adressé à l'armée libanaise, d'autant plus que plusieurs sénateurs américains avaient directement critiqué le commandant de l'armée.

Haykal devait rencontrer de nombreux hauts fonctionnaires, notamment des représentants de la Maison Blanche, des membres du Congrès et des chefs militaires.

Selon une source militaire, l'annulation de la visite serait liée à la déclaration de l'armée libanaise, dimanche dernier, concernant les tirs de l'armée israélienne visant les casques bleus de la FINUL au Liban.

Dans un message publié dimanche sur X, l'armée avait accusé "l'ennemi israélien, qui s'obstine à violer la souveraineté libanaise, (de) déstabiliser le pays et d'entraver le déploiement complet de l'armée dans le sud".

Selon la source, cette déclaration a suscité des discussions au sein du Congrès sur "l'opportunité de poursuivre l'aide à l'armée libanaise".

La source a déclaré à Arab News que les Etats-Unis avaient de nombreuses préoccupations concernant les performances de l'armée libanaise, y compris "son incapacité à progresser dans les tâches qui lui ont été assignées pour s'attaquer de manière adéquate au Hezbollah".

La source a ajouté : "Les Etats-Unis sont également mécontents des positions adoptées par le commandement, y compris l'insistance à décrire Israël comme l'ennemi".

Le sénateur Joni Ernst, militaire à la retraite, a publié sur X : "Déçu par cette déclaration de (l'armée libanaise). Les FAL (Forces armées libanaises) sont un partenaire stratégique et - comme j'en ai discuté avec le CHOD (chef d'état-major de la défense) en août - Israël a donné au Liban une véritable occasion de se libérer des terroristes du Hezbollah soutenus par l'Iran. Au lieu de saisir cette opportunité et de travailler ensemble pour désarmer le Hezbollah, le CHOD rejette honteusement la faute sur Israël".

Le sénateur Lindsey Graham a également publié un message sur le site X, dans lequel il déclare : "Il est clair que le Liban n'a pas été désarmé : "Il est clair que le chef de la défense libanaise - en raison d'une référence à Israël comme l'ennemi et de ses efforts faibles et presque inexistants pour désarmer le Hezbollah - est un énorme revers pour les efforts visant à faire avancer le Liban. Cette combinaison fait que les forces armées libanaises ne sont pas un très bon investissement pour l'Amérique".

Pendant ce temps, Tom Harb, membre du Parti républicain d'origine libanaise, a déclaré sur X : "L'administration Trump est frustrée par le gouvernement et l'armée libanais. Ils ont annulé toutes les réunions prévues à Washington pour le commandant de l'armée libanaise Rodolphe Haykal demain, et l'ambassade du Liban à Washington a dû annuler une réception prévue en son honneur."

Il a remercié M. Graham "d'avoir pris note du comportement de l'armée libanaise et de la réticence du gouvernement libanais à prendre des mesures contre le Hezbollah et à mettre en œuvre la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations unies - au lieu de se contenter de blâmer Israël".

Il a déclaré que M. Graham avait "pris la bonne décision" en annulant la réunion avec M. Haykal, et a ajouté : "L'argent de nos impôts doit fournir un retour sur investissement au Liban. Espérons que le président Joseph Aoun interprétera très bien l'administration Trump et remplacera bientôt le chef de l'armée par quelqu'un désireux de faire le travail !"

Les responsables politiques libanais ont évité de commenter l'action des États-Unis, une source officielle ayant déclaré à Arab News que "l'affaire concerne l'armée libanaise."

Une source militaire libanaise a déclaré : "L'institution militaire a décidé de contenir ce qui s'est passé en n'amplifiant pas la question afin de préserver les intérêts de l'armée.

La source a réaffirmé que l'armée libanaise accomplissait toutes ses missions conformément à son plan visant à limiter à l'État les armes présentes sur le territoire libanais.

Il a ajouté que l'armée "poursuit sa mission au sud du fleuve Litani avec sagesse et dans le délai qu'elle s'est fixé pour la fin de l'année, après quoi elle poursuivra sa mission au nord du fleuve Litani, en appliquant les décisions de l'autorité politique".

M. Haykal avait précédemment indiqué lors de deux sessions du cabinet, alors qu'il faisait le point sur les réalisations de l'armée au sud du Litani, qu'Israël avait fait pression sur l'armée pour qu'elle pénètre dans les maisons des habitants du sud à la recherche d'armes appartenant au Hezbollah - une demande que M. Haykal a rejetée. Il a également souligné les attaques israéliennes qui entravaient les opérations de l'armée libanaise sur le terrain.

Conférence des investisseurs

Parallèlement aux développements politiques et militaires, le front de mer de Beyrouth a accueilli la conférence Beirut One intitulée "Beirut is Rising Again".

D'éminents investisseurs libanais et arabes, notamment une délégation d'Arabie Saoudite, ont participé à cet événement placé sous le patronage du président libanais qui a souligné dans son discours "l'ouverture du Liban sur son environnement arabe et international".

Il a souligné que "le Liban doit retrouver son rôle naturel d'acteur économique et culturel dans la région, de pont entre l'Orient et l'Occident, et de plateforme d'interaction et de coopération entre les entreprises, les investisseurs et les institutions de développement".

M. Aoun a souligné que le Liban s'était engagé sur "la voie des vraies réformes", notant que le gouvernement avait pris des mesures sérieuses pour reconstruire les institutions de l'État sur des bases solides et renforcer la sécurité intérieure.

Il a ajouté : "Les investisseurs qui viennent au Liban doivent être assurés que leur protection n'est pas soumise à des caprices politiques, mais qu'elle est au contraire fermement ancrée dans la loi.

Il a ajouté : "Nous ne recherchons pas un calme temporaire, mais une stabilité durable", soulignant que les réformes entreprises par le gouvernement n'étaient pas faciles.

"Nous nous heurtons à des résistances au sein même du système, car les changements réels affectent des intérêts bien établis, mais nous restons inébranlables", a déclaré M. Aoun.


Le prince héritier saoudien arrive à la Maison Blanche pour rencontrer Donald Trump 

 Le président américain Donald Trump accueille le prince héritier et Premier ministre du Royaume d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane sur la pelouse sud de la Maison Blanche. (AFP)
Le président américain Donald Trump accueille le prince héritier et Premier ministre du Royaume d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane sur la pelouse sud de la Maison Blanche. (AFP)
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  • Au cours de cette visite, le prince héritier et le président devraient discuter des relations entre leurs pays et des moyens de les renforcer dans divers domaines
  • Des avions de chasse américains ont survolé la Maison Blanche dans le cadre d'une cérémonie officielle en l'honneur du prince héritier

WASHINGTON: Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane est arrivé mardi à la Maison Blanche à Washington, où il a été accueilli par le président américain Donald Trump.

Des avions de chasse américains ont survolé la Maison Blanche dans le cadre d'une cérémonie officielle en l'honneur du prince héritier.

Au cours de cette visite, le prince héritier et le président devraient discuter des relations entre leurs pays et des moyens de les renforcer dans divers domaines, tandis que des questions d'intérêt commun seront également abordées, a rapporté l'agence de presse saoudienne.