Le plan de relance sur le bureau de Trump, le signera-t-il?

La balle est donc désormais dans le camp de Trump, qui a provoqué la stupeur mardi en menaçant d'opposer son veto à ce plan de quelque 900 milliards de dollars adopté la veille par le Congrès, après de longs mois de tractations marquées par des volte-face de part et d'autre (Photo, AFP).
La balle est donc désormais dans le camp de Trump, qui a provoqué la stupeur mardi en menaçant d'opposer son veto à ce plan de quelque 900 milliards de dollars adopté la veille par le Congrès, après de longs mois de tractations marquées par des volte-face de part et d'autre (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 25 décembre 2020

Le plan de relance sur le bureau de Trump, le signera-t-il?

  • Un blocage par les républicains d'un amendement visant à porter à 2.000 dollars au lieu de 600 le montant des chèques devant être distribués aux personnes les plus vulnérables
  • Le Congrès peut toutefois passer outre le veto présidentiel en votant à nouveau sur les textes à une écrasante majorité

WASHINGTON: A deux jours de l'expiration d'aides gouvernementales permettant à des millions d'Américains d'éviter de se retrouver sur le carreau, le Congrès a envoyé jeudi à la Maison Blanche, pour signature, le nouveau plan de soutien à l'économie menacé de veto par Donald Trump.

«Nous enjoignons le président de ratifier cette proposition pour qu'elle devienne loi afin d'apporter immédiatement de l'aide à des familles qui travaillent dur», a écrit sur Twitter Nancy Pelosi, la cheffe des démocrates à la Chambre des représentants.

La journée de jeudi a été marquée par de nouvelles manœuvres dont un blocage par les républicains d'un amendement visant à porter à 2.000 dollars au lieu de 600 le montant des chèques devant être distribués aux personnes les plus vulnérables, comme l'avait pourtant réclamé le président sortant.

La balle est donc désormais dans le camp de ce dernier, qui a provoqué la stupeur mardi en menaçant d'opposer son veto à ce plan de quelque 900 milliards de dollars adopté la veille par le Congrès, après de longs mois de tractations marquées par des volte-face de part et d'autre.

Le président américain est ainsi particulièrement remonté contre le chèque de 600 dollars prévu pour tout individu gagnant moins de 75.000 dollars par an ou couple dont les revenus annuels ne dépassent pas 150.000 dollars.

Il estime que ces 600 dollars, approuvés par son secrétaire au Trésor, ne sont pas assez et a demandé que cette somme soit portée à 2.000 dollars par adulte.

Donald Trump, qui passe les fêtes de fin d'année dans son club de Mar-a-Lago en Floride (sud-est), n'avait pas encore réagi à l'annonce de Mme Pelosi. 

Il est difficile de savoir si le magnat de l'immobilier va mettre sa menace de veto à exécution au vu des conséquences désastreuses qu'une absence de plan de relance aurait pour des millions d'Américains, les PME et plus particulièrement pour les secteurs de l'hôtellerie, de la restauration et du transport aérien, dont l'activité devrait une fois de plus pâtir de nouvelles restrictions aux déplacements face à l'explosion des infections de Covid-19.

Manœuvres symboliques

Le 26 décembre au soir expirent en effet les dernières aides gouvernementales adoptées au printemps dans le cadre du gigantesque plan de soutien de 2.200 milliards de dollars face aux dégâts économiques causés par la pandémie. 

A cette date, quelque 12 millions d'Américains risquent de se retrouver sur le carreau et des millions d'autres qui ont du mal à payer leur loyer pourraient être expulsés de chez eux dès le 1er janvier si Donald Trump ne signait pas la proposition de loi.

Outre les aides aux ménages, le plan de soutien comporte aussi une allocation chômage de 300 dollars par semaine, des milliards de dollars de prêts pour les petites entreprises et les compagnies aériennes, des fonds pour faciliter la distribution des vaccins contre le Covid-19 et prolonge jusqu'au 31 janvier le moratoire suspendant les expulsions locatives.

Il fait partie d'un agrégat de textes législatifs comprenant le projet de loi de finances 2021.

Le financement actuel des services de l'Etat expire le 28 décembre, soit lundi. En d'autres termes, l'administration fédérale sera contrainte de fermer, «shutdown», si Donald Trump mettait à exécution sa menace.

Le Congrès peut toutefois passer outre le veto présidentiel en votant à nouveau sur les textes à une écrasante majorité. C'est ce que prévoit par exemple de faire la Chambre des représentants lundi concernant le budget de la défense auquel M. Trump a opposé son veto.

En attendant, les parlementaires ont tenté sans succès jeudi d'effectuer les changements demandés par le locataire de la Maison Blanche via des amendements au plan de relance.

Les démocrates ont par exemple essayé de faire passer une proposition visant à porter de 600 à 2.000 dollars la somme devant figurer sur les chèques qui devraient être distribués aux ménages.

Mais les républicains à la Chambre des représentants ont bloqué cet amendement au cours d'une session d'urgence ayant duré à peine cinq minutes. Ladite séance a aussi été marquée par une tentative, avortée, de réévaluer les dépenses en matière de politique étrangère, une demande de M. Trump, par des soutiens du magnat de l'immobilier.

Une autre session est prévue lundi 28 décembre.

Ces dernières manœuvres sont considérées comme symboliques, d'autant que les deux partis vont se disputer le contrôle du sénat lors de deux élections spéciales prévues en Géorgie début janvier 2021. 

«Aujourd'hui à la veille de Noël, les républicains à la Chambre des représentants ont cruellement privé le peuple américain (de recevoir) 2.000 dollars par adulte, une proposition soutenue par le président», a fustigé Nancy Pelosi.

Et d'ajouter: «Si le président est vraiment sérieux au sujet des versements directs de 2.000 dollars, il doit demander aux républicains d'arrêter d'y faire obstruction».


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.