Incertitudes à la tête de l’armée libanaise après l’échec des pourparlers

Une nouvelle déclaration politique devrait être publiée alors que la situation militaire reste tendue à la frontière sud du Liban avec Israël. (X/@grandserail)
Une nouvelle déclaration politique devrait être publiée alors que la situation militaire reste tendue à la frontière sud du Liban avec Israël. (X/@grandserail)
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Publié le Vendredi 17 novembre 2023

Incertitudes à la tête de l’armée libanaise après l’échec des pourparlers

  • Les analystes politiques soutiennent que le vide présidentiel qui dure depuis un an au Liban pourrait entraver la nomination d’un nouveau commandant de l’armée
  • Les efforts qui visent à prolonger le mandat de Joseph Aoun sont une «campagne politique et médiatique programmée et intimidante avec des objectifs politiques», selon le CPL

BEYROUTH: Une réunion d’urgence, qui s’est tenue jeudi par le gouvernement intérimaire libanais, n’a pas réussi à prolonger le mandat du commandant des Forces armées libanaises, Joseph Aoun, qui se termine dans cinquante-cinq jours.

M. Aoun est également un candidat potentiel à l’élection présidentielle.

Une nouvelle déclaration politique devrait être publiée alors que la situation militaire reste tendue à la frontière sud du Liban avec Israël.

Le Hezbollah a pris pour cible des sites israéliens, notamment les zones de Misgav Am, Bayad Blida, Metula, Asi et Harmon, ainsi que la caserne de Yiftah.

Le groupe a également «directement touché» un rassemblement de forces terrestres israéliennes sur la colline de Karantina, près du site de Hadab Yaron, avec «des armes appropriées».

Les forces israéliennes ont répondu par des bombardements aériens de forêts, de plaines, de villes et de villages frontaliers libanais à l’aide de munitions au phosphore.

La proposition de prolonger le mandat de Joseph Aoun suggérait de retarder l’âge de la retraite d’un an, de six mois ou jusqu’à l’élection d’un nouveau président.

Le ministre de l’Information par intérim, Abbas Halabi, a déclaré que le gouvernement avait décidé que les conditions de prolongation nécessitaient des discussions supplémentaires afin qu’une solution puisse être adoptée par toutes les parties.

Il a également été décidé que la direction militaire ne devait pas être laissée vacante et que «la mission du commandant de l’armée devait continuer».

Les analystes politiques soutiennent que le vide présidentiel qui dure depuis un an au Liban pourrait entraver la nomination d’un nouveau commandant de l’armée, ce qui nécessite, en théorie, un président et un gouvernement élus.

La classe dirigeante libanaise cherche des solutions capables de remédier aux divergences entre les partis politiques du pays.

Le vide à la tête de l’armée est le dernier revers en date au Liban, le pays ne disposant par ailleurs ni de gouverneur de Banque centrale ni de président. Les chrétiens maronites occupent traditionnellement les trois postes.

Les activités qui se rapportent à la sécurité libanaise, au travail judiciaire et à la diplomatie sont ralenties en raison de l’absence de dirigeants.

Le Premier ministre par intérim, Najib Mikati, a averti que «l’unité interne» devait être protégée face à l’escalade à la frontière sud du Liban et aux «répercussions de la guerre à Gaza».

L’unité est nécessaire pour «éviter des effondrements mortels au Liban», a-t-il ajouté.

M. Mikati a critiqué «la tentative de certaines personnes d’entraîner à nouveau le gouvernement dans des discussions en apparence constitutionnelles et politiques, mais qui sont en réalité perturbatrices et vindicatives».

«Nous sommes déterminés à aller de l’avant. Le gouvernement œuvre en fonction de ce qu’il juge approprié et non selon les programmes que certains tentent d’imposer pour éclipser les événements électoraux majeurs au cours de cette phase critique», a-t-il précisé, ajoutant: «Toute décision que nous prendrons concernant tout événement électoral imminent découlera principalement de l’intérêt du pays et de la priorité accordée à la protection des institutions dans cette phase critique.»

«Le gouvernement ne sera certainement pas un terrain utilisé par ceux qui veulent régler des comptes personnels et des différends individuels au détriment de l’intérêt public.»

Un observateur politique a déclaré à Arab News que le fait de retirer la proposition de prolongation du mandat de Joseph Aoun des négociations visait à éviter des divisions immédiates au sein du gouvernement après que les membres chrétiens ne sont pas parvenus à un consensus.

Mais les appels se sont multipliés ces derniers jours pour mettre fin au vide militaire avant le début des vacances.

Le Courant patriotique libre a rejeté la proposition de prolongation du mandat de Joseph Aoun, insistant sur des nominations exclusives.

Par ailleurs, plusieurs députés et personnalités sunnites ont exigé qu’un nouveau chef des Forces de sécurité intérieure soit nommé – un poste qui restera vacant après le départ à la retraite du général Imad Othman.

Les représentants du bloc de la modération nationale ont proposé, il y a quelques jours, une loi qui reporte d’un an le départ à la retraite des chefs de la sécurité du Liban. Cette loi est également soutenue par les Forces libanaises et le Parti socialiste progressiste.

Le président du Parlement, Nabih Berri – un allié du Hezbollah – s’est déclaré prêt à coopérer et à tenir une session législative le mois prochain «pour éviter un vide institutionnel».

Le conseil politique du Courant patriotique libre (CPL), dirigé par le député Gebran Bassil, a qualifié les efforts qui visent à prolonger le mandat de Joseph Aoun de «campagne politique et médiatique programmée et intimidante avec des objectifs politiques».

Il a soutenu qu’il n’y avait «aucune chance» qu’un vide s’installe au sein de la direction militaire.

Le conseil du CPL a déclaré: «Le droit de diriger selon le grade prévaut, même en temps de guerre. Alors pourquoi recourir à des solutions anticonstitutionnelles et illégales qui mèneraient à un recours?»

Gebran Bassil s’est fermement opposé à la nomination de Joseph Aoun à la présidence du Liban.

Pendant ce temps, le Hezbollah est resté silencieux au sujet du poste vacant à la tête de l’armée, malgré son alliance politique avec le CPL.

Prolonger le mandat de Joseph Aoun nécessite d’assurer un quorum pour le gouvernement ou le Parlement, ce qui signifie que le soutien du Hezbollah, du mouvement Amal et de leurs alliés est nécessaire pour que la proposition soit approuvée.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Syrie: opération israélienne aéroportée près de Damas, selon un média d'Etat

Israël, qui mène régulièrement des frappes en Syrie, n'a pas confirmé cette opération mais son ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé jeudi que les forces israéliennes opéraient "jour et nuit" partout où cela était nécessaire pour la sécurité du pays. (AFP)
Israël, qui mène régulièrement des frappes en Syrie, n'a pas confirmé cette opération mais son ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé jeudi que les forces israéliennes opéraient "jour et nuit" partout où cela était nécessaire pour la sécurité du pays. (AFP)
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  • L'aviation israélienne avait frappé mardi ce site près de Kesweh, à une trentaine de km au sud de Damas, tuant six soldats syriens, selon le ministère syrien des Affaires étrangères
  • Mercredi, le site a été bombardé à nouveau, selon la télévision d'Etat, puis l'armée israélienne a "mené une opération aéroportée dont les détails ne sont pas encore connus", a rapporté l'agence de presse officielle Sana, citant une source gouvernementale

DAMAS: Un média d'Etat syrien a affirmé jeudi que l'armée israélienne avait mené mercredi soir une opération aéroportée dans un secteur au sud de Damas qu'elle avait auparavant bombardé.

Israël, qui mène régulièrement des frappes en Syrie, n'a pas confirmé cette opération mais son ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé jeudi que les forces israéliennes opéraient "jour et nuit" partout où cela était nécessaire pour la sécurité du pays.

Si ce raid est confirmé, il s'agirait de la première opération du genre près de la capitale depuis l'arrivée au pouvoir en décembre d'une coalition islamiste qui a renversé le président Bachar al-Assad.

L'aviation israélienne avait frappé mardi ce site près de Kesweh, à une trentaine de km au sud de Damas, tuant six soldats syriens, selon le ministère syrien des Affaires étrangères.

Mercredi, le site a été bombardé à nouveau, selon la télévision d'Etat, puis l'armée israélienne a "mené une opération aéroportée dont les détails ne sont pas encore connus", a rapporté l'agence de presse officielle Sana, citant une source gouvernementale.

Depuis décembre, Israël a mené des centaines de frappes sur la Syrie et des incursions terrestres dans le sud du pays.

Un responsable du ministère de la Défense avait indiqué mardi à l'AFP que le site visé par Israël abritait des bâtiments de l'armée syrienne.

Des soldats syriens avaient trouvé mardi des "dispositifs de surveillance et d'écoute" dans la zone avant les frappes israéliennes, selon Sana, qui ne précise pas qui les avait installés.

"Les frappes aériennes et les drones ont continué à empêcher l'accès à la zone jusqu'à mercredi soir", avant l'opération aéroportée, a indiqué la même source.

"D'après ce que nous comprenons, les forces syriennes ont découvert des dispositifs de surveillance et de renseignement, apparemment israéliens", a expliqué au bureau de l'AFP à Jérusalem l'analyste israélienne Carmit Valensi.

"Les forces israéliennes tentaient essentiellement de démanteler les dispositifs de renseignement qui avaient été installés, afin d'empêcher qu'ils ne tombent entre les mains de diverses forces syriennes", a-t-elle ajouté.

Le site abritait des armes utilisées par le Hezbollah libanais, soutenu par l'Iran et allié de M. Assad, selon selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé au Royaume-Uni mais disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne n'a fait aucun commentaire sur les frappes.

"Nos forces opèrent sur tous les théâtres de guerre, jour et nuit, pour la sécurité d’Israël", a écrit jeudi M. Katz, sans plus de détails, sur son compte X.

Israël et la Syrie sont techniquement en état de guerre depuis des décennies, mais ont entamé un dialogue sous l'égide des Etats-Unis depuis la prise de pouvoir par le président par intérim  Ahmad al-Chareh, dans le but affiché de parvenir à des arrangements de sécurité.

 


Gaza: des experts de l'ONU dénoncent des «disparitions forcées» sur des sites d'aide

Des experts des droits de l'Homme de l'ONU ont qualifié de "crime odieux" jeudi des informations faisant état de "disparitions forcées" de Palestiniens affamés en quête de nourriture dans des sites de distribution gérés par la Fondation Humanitaire de Gaza. (AFP)
Des experts des droits de l'Homme de l'ONU ont qualifié de "crime odieux" jeudi des informations faisant état de "disparitions forcées" de Palestiniens affamés en quête de nourriture dans des sites de distribution gérés par la Fondation Humanitaire de Gaza. (AFP)
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  • Les sept experts indépendants ont assuré dans une déclaration commune avoir reçu des informations selon lesquelles plusieurs personnes, dont un enfant, avaient disparu après avoir visité des sites de distribution d'aide à Rafah
  • L'armée israélienne était "directement impliquée dans les disparitions forcées de personnes cherchant de l'aide", ont ajouté les experts, mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, mais qui ne parlent pas au nom des Nations Unies

GENEVE: Des experts des droits de l'Homme de l'ONU ont qualifié de "crime odieux" jeudi des informations faisant état de "disparitions forcées" de Palestiniens affamés en quête de nourriture dans des sites de distribution gérés par la Fondation Humanitaire de Gaza.

Les sept experts indépendants ont assuré dans une déclaration commune avoir reçu des informations selon lesquelles plusieurs personnes, dont un enfant, avaient disparu après avoir visité des sites de distribution d'aide à Rafah.

L'armée israélienne était "directement impliquée dans les disparitions forcées de personnes cherchant de l'aide", ont ajouté les experts, mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, mais qui ne parlent pas au nom des Nations Unies.

"Les signalements de disparitions forcées visant des civils affamés cherchant à exercer leur droit fondamental à se nourrir ne sont pas seulement choquants, mais équivalent à de la torture", ont-ils déclaré. "Utiliser la nourriture comme un outil pour mener des disparitions ciblées et massives doit cesser immédiatement", selon eux.

De son côté, la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) a déclaré jeudi qu'il n'y avait "aucune preuve de disparitions forcées" dans ses sites d'aide dans les territoires palestiniens, après que des experts de l'ONU ont fait état d'informations sur de telles exactions.

"Nous opérons dans une zone de guerre où de graves allégations pèsent contre toutes les parties opérant en dehors de nos sites. Mais à l'intérieur des installations de la GHF, il n'y a aucune preuve de disparitions forcées", a déclaré la fondation dans un communiqué à l'AFP.

L'ONU a déclaré une famine dans le gouvernorat de Gaza la semaine dernière, accusant l'"obstruction systématique" des livraisons humanitaires par Israël. Israël, qui a accusé le Hamas de piller l'aide fournie par l'ONU, a imposé un blocus total sur Gaza entre mars et mai.

Une fois que les restrictions ont commencé à s'assouplir, la GHF, une organisation privée soutenue par Israël et les États-Unis, a été créée pour distribuer l'aide alimentaire, mettant de fait à l'écart les agences de l'ONU.

Le bureau des droits de l'Homme de l'ONU a déclaré la semaine dernière qu'il avait documenté la mort de 1.857 Palestiniens cherchant de l'aide depuis fin mai, dont 1.021 près des sites du GHF.


Liban: des formations palestiniennes remettent leurs armes à l'armée

Des formations palestiniennes ont remis jeudi à l'armée libanaise des armes lourdes qu'elles détenaient dans trois camps de réfugiés du sud du pays, ont annoncé les autorités libanaises et palestiniennes. (AFP)
Des formations palestiniennes ont remis jeudi à l'armée libanaise des armes lourdes qu'elles détenaient dans trois camps de réfugiés du sud du pays, ont annoncé les autorités libanaises et palestiniennes. (AFP)
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  • Le Liban accueille environ 222.000 réfugiés palestiniens, selon l'ONU, dont une majorité vit dans des camps. En vertu d'un accord tacite, les organisations palestiniennes contrôlent ces camps où l'armée libanaise ne pénètre pas
  • Dans un communiqué, le Comité de dialogue libano-palestinien (officiel) a annoncé jeudi que "huit camions" contenant "des armes lourdes appartenant aux factions de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) ont été remis à l'armée

TYR: Des formations palestiniennes ont remis jeudi à l'armée libanaise des armes lourdes qu'elles détenaient dans trois camps de réfugiés du sud du pays, ont annoncé les autorités libanaises et palestiniennes.

Lors d'une visite à Beyrouth en mai, le président palestinien Mahmoud Abbas avait conclu avec le président libanais Joseph Aoun un accord prévoyant la remise aux autorités de toutes les armes présentes dans les camps palestiniens.

L'application de cet accord a commencé le 21 août lorsque le Fatah de Mahmoud Abbas a remis des armes dans le camp de réfugiés de Bourj al-Barajneh, à la périphérie de Beyrouth.

Le Liban accueille environ 222.000 réfugiés palestiniens, selon l'ONU, dont une majorité vit dans des camps. En vertu d'un accord tacite, les organisations palestiniennes contrôlent ces camps où l'armée libanaise ne pénètre pas.

Dans un communiqué, le Comité de dialogue libano-palestinien (officiel) a annoncé jeudi que "huit camions" contenant "des armes lourdes appartenant aux factions de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) dans les camps de Rachidiyé, Bass et Bourj Chemali ont été remis à l'armée".

Un photographe de l'AFP a vu au moins sept camions dans une caserne de l'armée dans la ville côtière de Tyr, que jouxte le camp de Rachidiyé.

Le Fatah est la plus importante composante de l'OLP dont le Hamas islamiste ou le Jihad islamique, alliés du Hezbollah libanais, ne font pas partie.

Selon le communiqué, le processus va se poursuivre dans les autres camps palestiniens du Liban.

A Ramallah, en Cisjordanie occupée, le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina, a confirmé que "la deuxième partie d'armes de l'OLP" dans les trois camps avait été remise, conformément à l'accord.

La remise des armes des formations palestiniennes intervient dans le cadre de la décision des autorités libanaises de désarmer tous les groupes non étatiques.

Sous forte pression américaine, le gouvernement libanais a également chargé ce mois-ci l’armée d’élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah pro-iranien d’ici la fin de l’année.

Des factions armées palestiniennes, dont le Hamas, ont revendiqué des tirs sur le territoire israélien au cours de la guerre entre Israël et le Hezbollah qui s'est terminée en novembre 2024.