Soudan: L'ONU craint des centaines de meurtres interethniques au Darfour

Les forces armées soudanaises célèbrent la Journée de l'armée dans l'État de Gedaref, à l'est du Soudan, près de la frontière avec l'Éthiopie, le 14 août 2023. (AFP)
Les forces armées soudanaises célèbrent la Journée de l'armée dans l'État de Gedaref, à l'est du Soudan, près de la frontière avec l'Éthiopie, le 14 août 2023. (AFP)
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Publié le Vendredi 17 novembre 2023

Soudan: L'ONU craint des centaines de meurtres interethniques au Darfour

  • Une adjointe du secrétaire général de l'ONU pour l'Afrique a réaffirmé que «le Soudan représentait dorénavant la plus importante crise au monde en termes de déplacement de populations avec 7,1 millions de personnes déplacées»
  • Les FSR entendent régner en maître au Darfour, où l'ONU craint un possible nouveau «génocide» après celui mené au début des années 2000 par les Janjawids

NATIONS UNIES: L'ONU a demandé vendredi une enquête à propos d'une possible vague, la seconde en quelques mois, de centaines de meurtres interethniques dans la région soudanaise du Darfour.

Le Bureau des droits de l'Homme de l'ONU a indiqué que selon de premières informations recueillies auprès de survivants et témoins, des membres de la tribu non arabe Masalit "ont vécu six jours de terreur" au début du mois.

"Certaines des victimes ont été sommairement exécutées ou brûlées vives", a déclaré à la presse à Genève son porte-parole, Jeremy Laurence.

Ces attaques ont commencé peu après la prise de contrôle par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) et leurs alliées des milices arabes d'une base de l'armée soudanaise à Ardamata, près de El-Geneina, la capitale de l'Etat du Darfour occidental, le 4 novembre.

Les combattants ont ciblé deux camps de déplacés et un quartier peuplé majoritairement de Masalit, où ils auraient "pillé des biens, torturé des déplacés qu'ils ont exécutés en grand nombre avant de laisser leurs corps dans les rues", a ajouté M. Laurence.

"Beaucoup de ceux qui ont été tués étaient de jeunes hommes Masalit et des parents de soldats soudanais", a-t-il poursuivi, ajoutant que de jeunes filles et femmes auraient été victimes de violences sexuelles.

Executions sommaires 

Le Soudan est déchiré depuis la mi-avril par une guerre civile entre le chef de l'armée et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, et les FSR du général Mohamed Hamdane Daglo, son ancien bras droit.

Dans la seule journée du 5 novembre, "66 hommes Masalit ont été sommairement exécutés, a précisé M. Laurence. "Des centaines d'autres hommes ont été arrêtés et conduits dans des camps de détention des RSF" et "on ignore leur sort " .

Selon M. Laurence, qui réclame des enquêtes indépendantes sur ces informations, il s'agit de la seconde vague présumée de tueries de civils Masalit perpétrée par les RSF et leurs alliés en quelques mois, après celle de mai-juin où plusieurs centaines avaient déjà été tués.

Des informations crédibles ont également fait état de meurtres de civils arabes par des milices Masalit en représailles.

Dimanche, l'Union européenne (UE) s'était déclarée "atterrée" face aux "témoignages crédibles" faisant état de "plus de 1.000 morts" Masalit en un peu plus de deux jours au Darfour, dans le cadre de ce qui semble être une campagne de "nettoyage ethnique" menée par les FSR pour "éradiquer" cette tribu du Darfour-Ouest.

La guerre au Soudan a jusqu'ici fait plus de 10.400 morts, selon une estimation de l'ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), considérée comme très largement sous-estimée. Le conflit a également déplacé plus de 4,8 millions de personnes à l'intérieur du Soudan et 1,2 million vers les pays voisins, selon l'ONU.


«J'étais dans un crash d'avion, mon Dieu!»: le choc des rescapés de l'accident de Toronto

La carcasse du Bombardier CRJ900 est noircie, une aile au moins est manquante, comme arrachée, et la queue semble partiellement détruite d'après les images publiées sur les réseaux sociaux. Alors que Koukov s'éloigne, un jet d'eau s'élève de l'autre côté de la carlingue. (AFP)
La carcasse du Bombardier CRJ900 est noircie, une aile au moins est manquante, comme arrachée, et la queue semble partiellement détruite d'après les images publiées sur les réseaux sociaux. Alors que Koukov s'éloigne, un jet d'eau s'élève de l'autre côté de la carlingue. (AFP)
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  • L'accident a fait au moins 18 blessés, dont trois graves, parmi les 80 personnes à bord de l'appareil qui reliait Minneapolis à l'aéroport Pearson de Toronto. Aucune explication n'a encore été fournie sur ses causes
  • "Nous étions à l'envers, accrochés comme des chauve-souris", a raconté un autre passager, Pete Koukov, skieur, à la chaîne américaine CNN

MONTREAL: Une passagère accrochée à l'envers sur son siège, dans l'obscurité, puis qui s'exclame en sortant de l'avion: "J'étais dans un crash d'avion, mon Dieu!" Comme Ashley Zook, plusieurs passagers ont témoigné à chaud, via les réseaux sociaux, du crash de l'appareil de Delta Air Lines qui s'est retourné à l'atterrissage lundi à Toronto.

Sur une vidéo postée sur son compte Snapchat, Ashley Zook se filme prenant conscience du spectaculaire accident qu'elle vient de vivre: on la voit le visage balayé par le vent, sur le tarmac enneigé, avec une dizaine d'autres passagers qui s'éloignent de l'appareil, couché sur le dos juste derrière eux.

L'accident a fait au moins 18 blessés, dont trois graves, parmi les 80 personnes à bord de l'appareil qui reliait Minneapolis à l'aéroport Pearson de Toronto. Aucune explication n'a encore été fournie sur ses causes.

"Nous étions à l'envers, accrochés comme des chauve-souris", a raconté un autre passager, Pete Koukov, skieur, à la chaîne américaine CNN.

Dans une vidéo postée sur son compte Instagram, il se filme en train de sortir de l'avion, aidé par une employée de la compagnie Endeavor Air, qui opérait le vol pour le compte de Delta.

"Laissez tout tomber, laissez tout tomber, allez!", enjoint-elle aux passagers, alors que certains évacuent l'appareil avec leurs sacs.

"Yo, je sors juste de cet avion", dit Koukov incrédule et avec jurons, en montrant l'appareil endommagé sur la piste balayée par des rafales de neige.

"Ca semble vraiment cool d'être vivant aujourd'hui", écrit-il encore, dans la description de sa vidéo.

La carcasse du Bombardier CRJ900 est noircie, une aile au moins est manquante, comme arrachée, et la queue semble partiellement détruite d'après les images publiées sur les réseaux sociaux. Alors que Koukov s'éloigne, un jet d'eau s'élève de l'autre côté de la carlingue.

"Notre avion s'est écrasé. Il est à l'envers", a encore raconté dans une vidéo publiée sur Facebook un autre passager, John Nelson. Sur cette séquence, on voit des personnes s'éloigner rapidement de l'appareil tout en tentant de se protéger des rafales de vent.

"La plupart des gens semblent aller bien. Nous sommes tous en train de descendre", ajoute Nelson.

Dans une vidéo partagée par Storyful, on voit l'autre côté de l'appareil et des pompiers quitter l'avion en courant, alors qu'un départ de feu est visible à l'extérieur. Plusieurs jets d'eau viennent arroser la carlingue.

Le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) a annoncé avoir envoyé une équipe d'enquêteurs à la suite de l'accident. Il sera aidé par la FAA, le régulateur américain de l'aviation qui a également dépêché des inspecteurs sur place, selon le nouveau ministre américain des Transports, Sean Duffy.

L'accident de Toronto s'est ajouté à plusieurs autres accidents aériens en Amérique du Nord ces dernières semaines.

Un hélicoptère de l'armée est entré en collision avec un avion de ligne à Washington fin janvier, faisant 67 morts. Et sept personnes sont décédées début février après le crash d'un avion sanitaire.


Ukraine: les Européens s'efforcent de trouver l'unité et espèrent encore en Trump

Une "paix solide et durable" en Ukraine doit s'accompagner de "garanties de sécurité fortes et crédibles", a déclaré Emmanuel Macron. (AFP)
Une "paix solide et durable" en Ukraine doit s'accompagner de "garanties de sécurité fortes et crédibles", a déclaré Emmanuel Macron. (AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a semé le désarroi chez ses alliés européens en parlant la semaine dernière avec son homologue russe Vladimir Poutine
  • Une "paix solide et durable" en Ukraine doit s'accompagner de "garanties de sécurité fortes et crédibles", a déclaré Emmanuel Macron mardi matin sur X

PARIS: Désarçonnés par le dialogue américano-russe sur l'Ukraine, les dirigeants de pays-clés européens, réunis en urgence lundi à Paris, ont exhorté les Etats-Unis à rester impliqués dans la sécurité en Europe, et ont tenté de parler d'une seule voix malgré leurs divisions sur l'envoi de troupes de maintien de la paix.

Le président américain Donald Trump a semé le désarroi chez ses alliés européens en parlant la semaine dernière avec son homologue russe Vladimir Poutine, faisant planer la menace de voir le Vieux Continent rester spectateur d'une négociation en tête-à-tête pour mettre fin à trois ans de guerre en Ukraine.

D'autant que l'émissaire américain Keith Kellogg a de nouveau clairement affirmé qu'il n'était pas "raisonnable ou faisable d'avoir tout le monde autour de la table".

Une "paix solide et durable" en Ukraine doit s'accompagner de "garanties de sécurité fortes et crédibles", a déclaré Emmanuel Macron mardi matin sur X à l'issue de la réunion après laquelle il a dit s'être entretenu avec les présidents Trump et Zelensky.

Le dirigeant ukrainien a aussi évoqué une "longue conversation" avec le président français.

"Nous partageons une vision commune: les garanties de sécurité doivent être robustes et fiables", a-t-il souligné sur le réseau social.

Autrement, un "cessez-le-feu fragile ne serait qu'une nouvelle tromperie de la part de la Russie et un prélude à une nouvelle guerre russe contre l'Ukraine ou d'autres nations européennes", a ajouté M. Zelensky.

Alors que les initiatives américaines semblent s'accélérer, le président français Emmanuel Macron a convoqué à la hâte un mini-sommet informel lundi avec une dizaine de dirigeants de pays européens, de l'Union européenne (UE) et de l'Otan.

De l'aveu du Premier ministre polonais Donald Tusk, tous les participants ont pris acte d'une "nouvelle phase" de la relation transatlantique.

Envoi de troupes "prématuré" 

"Nous ne serons pas en mesure d'aider efficacement l'Ukraine si nous ne prenons pas immédiatement des mesures concrètes concernant nos propres capacités de défense", a-t-il mis en garde avant la réunion.

Au sortir de celle-ci, Olaf Scholz a aussi plaidé pour un "financement" accru de cet effort, en dérogeant aux règles budgétaires sacro-saintes en Allemagne.

Mais au-delà de cette entente pour doper leur effort de défense, les Européens se sont écharpés publiquement sur un autre débat, celui de l'envoi de militaires en Ukraine pour assurer une éventuelle future trêve, pourtant au cœur des "garanties de sécurité" qu'ils sont appelés à fournir à Kiev dans des négociations avec Moscou.

M. Starmer, qui ira la semaine prochaine voir M. Trump à Washington et aimerait jouer un rôle de facilitateur entre les Etats-Unis et les Européens, s'y était dit prêt dès dimanche.

"Je suis prêt à envisager un engagement des forces britanniques au sol aux côtés d'autres si un accord de paix durable est conclu", a déclaré le Premier ministre britannique Keir Starmer à l'issue de la rencontre de plus de trois heures à l'Elysée.

"Mais il doit y avoir un soutien des Etats-Unis, car une garantie de sécurité des Etats-Unis est le seul moyen de dissuader efficacement la Russie d'attaquer à nouveau l'Ukraine", a-t-il prévenu.

Ce débat est "hautement inapproprié" et "prématuré", a en revanche protesté lundi le chancelier allemand, "un peu irrité" de le voir surgir maintenant. Donald Tusk, un fort soutien de Kiev, a aussi fait savoir que la Pologne ne déploierait pas de militaires.

Pourparlers en Arabie saoudite 

Proche à la fois de Moscou et du président américain mais non invitée à Paris, la Hongrie de Viktor Orban a quant à elle fustigé "des dirigeants européens frustrés, pro-guerre et anti-Trump" qui "se réunissent pour empêcher un accord de paix".

La rencontre de l'Elysée se tenait après une conférence sur la sécurité à Munich, où le discours hostile du vice-président américain JD Vance à l'encontre des alliés des Etats-Unis a sidéré les Européens.

Et elle inaugure un ballet diplomatique qui se poursuivra avec des pourparlers inédits américano-russes prévus mardi en Arabie saoudite. Ils concerneront en particulier de "possibles négociations sur l'Ukraine", selon le Kremlin, même si la diplomatie américaine en a minimisé la portée en assurant qu'il ne s'agirait pas du début d'une "négociation".

Le chef de l'Etat ukrainien Volodymyr Zelensky se rendra en tout cas également en Arabie saoudite mercredi, décidé à ne reconnaître aucun accord conclu sans Kiev.

Les dirigeants de l'UE Ursula von der Leyen et Antonio Costa ont assuré que la réunion de Paris avait martelé le message que l'Ukraine "mérite la paix par la force".

"La Russie menace malheureusement toute l'Europe maintenant", a mis en garde la Première ministre danoise Mette Frederiksen après la réunion.

Le rendez-vous que tous attendent désormais est le face-à-face Trump-Poutine qui devrait avoir lieu "très bientôt", selon le président américain.


Sommet de Paris : Tusk dit qu'il va appeler à augmenter «immédiatement» les dépenses de défense en Europe

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  • "Si l'Europe, et c'est le cas aujourd'hui, n'est pas en mesure de contrer le potentiel militaire de la Russie, alors nous devons immédiatement rattraper notre retard", a-t-il souligné avant de partir pour la capitale française
  • Plus tard, il a estimé dans un message sur X que si les Européens ne réussissent pas à investir massivement dans la défense dès maintenant, "nous serons obligés de dépenser dix fois plus si nous ne parvenons pas à éviter une guerre plus large"

VARSOVIE: Le Premier ministre polonais a déclaré lundi qu'il demanderait au cours du sommet d'urgence sur l'Ukraine à Paris, d'"immédiatement" renforcer les capacités de défense de l'Europe, avertissant qu'elles ne sont pas à la hauteur de celles de la Russie.

"Nous ne serons pas en mesure d'aider efficacement l'Ukraine si nous ne prenons pas immédiatement des mesures concrètes concernant nos propres capacités de défense", a dit Donald Tusk.

"Si l'Europe, et c'est le cas aujourd'hui, n'est pas en mesure de contrer le potentiel militaire de la Russie, alors nous devons immédiatement rattraper notre retard", a-t-il souligné avant de partir pour la capitale française.

Plus tard, il a estimé dans un message sur X que si les Européens ne réussissent pas à investir massivement dans la défense dès maintenant, "nous serons obligés de dépenser dix fois plus si nous ne parvenons pas à éviter une guerre plus large".

Il a également rappelé que la Pologne consacrait déjà près de 5% de son PIB à la défense.

M. Tusk a en outre affirmé que la Pologne ne dépêcherait pas de troupes en Ukraine.

"La Pologne soutiendra l'Ukraine comme elle l'a fait jusqu'à présent : sur le plan organisationnel, en fonction de nos possibilités financières, humanitaires et militaires. Nous n'envisageons pas d'envoyer des soldats polonais sur le territoire de l'Ukraine", a insisté M. Donald Tusk devant la presse.

Une dizaine de dirigeants de pays de l'Union européenne et de l'Otan se réunissent lundi à Paris avec l'objectif de définir une réponse commune pour assurer la sécurité du Vieux continent et faire face à l'"accélération" de l'action diplomatique de l'administration américaine sur l'Ukraine.

Les relations transatlantiques traversent une passe délicate, les initiatives de Donald Trump inquiétant les Européens, qui redoutent d'être exclus d'un processus sur un dossier les concernant au premier chef.

Seront présents à cette réunion présentée comme informelle : le président français Emmanuel Macron, les chefs de gouvernement de l'Allemagne, du Royaume-Uni, de l'Italie, de la Pologne, de l'Espagne, des Pays-Bas et du Danemark, ainsi que le président du Conseil européen, la présidente de la Commission européenne et le secrétaire général de l'Otan.