PARIS: Lamia Ziadé continue de faire parler d’elle sur la scène médiatique culturelle française. Artiste et auteure franco-libanaise, née à Beyrouth en 1968 et établie à Paris, Lamia Ziadé s’est fait notamment connaitre grâce à ses ouvrages illustrés. Parmi ceux-ci, "Ô nuit, ô mes yeux”, publié en 2015. Pour réaliser cet opus qui relate par des illustrations la vie des grands du monde de la chanson arabe, d’Asmahan à Oum Kalthoum en passant par Feyrouz, Ziadé a dû faire un travail de recherche minutieux qui a duré plus de cinq ans. A Arab News, elle se confie sur l’idée première du livre, qui était de publier un livre sur la chanteuse Asmahan, dont elle savait seulement qu’elle était née sur un bateau et était morte noyée dans le Nil, sur fond d’accusations d’espionnage.
« Il m’a suffi d’écouter une seule chanson d’Asmahan pour me lancer dans l’aventure, raconte Lamia Ziadé. Dès que j’ai commencé mes recherches, j’ai découvert tout un monde sur le cinéma égyptien que je ne connaissais pas du tout et sur la musique arabe du début du 20ème siècle. Tout cela m’a fasciné et le livre s’est enrichi par la suite avec d’autres histoires, pour devenir un livre de 600 pages se penchant sur d’autres vedettes. »

« J’ai également rencontré certains membres de la famille d’Asmahan, poursuit Lamia Ziadé. Il s’agit de Ziad Joumblatt, le plus jeune fils de Camélia Joumblatt, la fille d’Asmahan. Il m’a raconté de nombreuses anecdotes sur les derniers jours de Farid el Atrache, l’artiste et frère d’Asmahan qui était revenu vivre au Liban, et que Ziad Joumblatt avait bien connu. Camélia, elle, connaissait très peu d’histoires sur sa mère ». « J’ai aussi rencontré des journalistes spécialistes de la musique arabe comme Elias Sahab, qui a écrit un volumineux ouvrage sur Oum Kalthoum, mais aussi sur Mohammad Abdel Wahab et Nour el-Houda », ajoute Lamia Ziadé, assurant que les livres de Sahab remplis d’anecdotes lui ont été d’une aide précieuse, ainsi que les documentaires réalisés par Simone Bitton sur les artistes arabes.
Pour illustrer "Ô nuit, ô mes yeux”, traduit en arabe par Hachette Antoine à Beyrouth, Lamia Ziadé a dû par ailleurs puiser dans de nombreux films égyptiens. Quand elle ne trouvait pas de photos convenables, elle prenait une image d’une scène de film à partir de laquelle elle esquissait un dessin, pour se rapprocher au plus près de la réalité de l’époque.
Le Liban jamais bien loin
Si les ouvrages de Ziadé ont tous la particularité de raconter l‘histoire par des illustrations, son tout premier livre "Bye Bye Babylone" avait pour but de « créer un répertoire de la guerre par des dessins ». « Au fur et à mesure que je dessinais, je me mettais à écrire. Au départ, le dessin précède le texte. Je me sens plus dessinatrice qu’écrivain », pense Lamia Ziadé.

Tout récemment réédité avec 200 pages supplémentaires, "Bye Bye Babylone" relate le tout début de la guerre civile au Liban, de 1975 à 1979. Ziadé y raconte ses années d’enfance, ses souvenirs de famille juxtaposés avec les évènements marquants de la guerre comme le "samedi noir", le massacre de la quarantaine, ainsi que des enlèvements et attentats. « Je n’ai pas voulu faire un livre lugubre, se défend toutefois Ziadé. Je l’ai voulu très coloré et joyeux, presque enfantin, avec toutes les publicités qu’il y avait à l’époque à Beyrouth. »
Lamia Ziadé a fait ses études à l’école d’arts graphiques Penninghen, à Paris, et a commencé sa carrière artistique en France dans l’atelier du couturier Jean-Paul Gauthier, pour qui elle dessinait des motifs sur tissu. A son actif également, de nombreux livres pour enfants. Si elle avait l’habitude de visiter le Liban de nombreuses fois par an, elle avoue aujourd’hui, attristée, n’être « jamais restée éloignée du Liban pour une période aussi longue. »

Lamia Ziadé Instagram: @lamia.ziade