Pour des vétérans palestiniens, la guerre à Gaza c'est du «jamais vu»

Les personnes en deuil portent le corps du Palestinien Muhammad Adel al-Saraheen, 21 ans, qui aurait été tué par les forces israéliennes tôt le 20 novembre 2023, lors de ses funérailles dans le village de Beit Ula, au nord de la ville d'Hébron en Cisjordanie occupée (Photo, AFP).
Les personnes en deuil portent le corps du Palestinien Muhammad Adel al-Saraheen, 21 ans, qui aurait été tué par les forces israéliennes tôt le 20 novembre 2023, lors de ses funérailles dans le village de Beit Ula, au nord de la ville d'Hébron en Cisjordanie occupée (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 22 novembre 2023

Pour des vétérans palestiniens, la guerre à Gaza c'est du «jamais vu»

  • Même constat pour Wassef Erakat, 76 ans, qui a combattu au sein des forces palestiniennes durant la guerre civile libanaise
  • Ses confrères creusent des fosses communes sous les tirs des chars israéliens jusque dans l'enceinte de leurs hôpitaux

RAMALLAH: Il a vécu les deux Intifadas en Cisjordanie occupée, les affrontements, les manifestations sanglantes. Mais en regardant les images de la guerre dans la bande de Gaza, Ahmed al-Beytaoui, médecin palestinien, affirme n'avoir "jamais vu ça" de sa vie.

Aujourd'hui encore, dans l'hôpital de Ramallah qu'il dirige, ce médecin de 62 ans passe chaque jour devant la stèle qui honore 22 Palestiniens tués par l'armée israélienne en 2000 au commencement de la deuxième "Intifada" -soulèvement en arabe- et qu'il a enterrés.

"Les morts s'accumulaient", se souvient-il, les morgues étaient pleines et "on ne pouvait pas sortir" pour les enterrer.

Mais dans la bande de Gaza, séparée géographiquement de la Cisjordanie par le territoire israélien, ses confrères creusent des fosses communes sous les tirs des chars israéliens jusque dans l'enceinte de leurs hôpitaux.

Plus des deux tiers des établissements y sont hors service, l'électricité des chambres mortuaires est coupée et les corps jonchent les rues. "C'est bien plus violent", se désole-t-il.

Echelle des violences 

Même constat pour Wassef Erakat, 76 ans, qui a combattu au sein des forces palestiniennes durant la guerre civile libanaise (1975-1990), avant de devenir expert en stratégie militaire.

La guerre entre Israël et le Hamas palestinien, déclenchée le 7 octobre par une attaque d'une ampleur inédite du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien, est "la plus dure et la plus violente" dont il ait été témoin, tranche-t-il.

Selon les autorités israéliennes, 1.200 personnes, essentiellement des civils, ont été tuées dans l'attaque et quelque 240 personnes ont été prises en otage et emmenées à Gaza où le Hamas a pris le pouvoir en 2007.

Le gouvernement du Hamas recense plus de 14.000 morts, aux deux tiers des femmes et des enfants dans les bombardements de représailles israéliens incessants à Gaza depuis le 7 octobre. Près de la moitié des maisons du petit territoire sont déjà à reconstruire.

Des deux côtés, l'échelle des violences a changé, constate M. Erakat, qui a été en charge de l'artillerie de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) au Liban.

Ce que font le Hamas et le Jihad islamique, autre mouvement palestinien qui participe aux combats, est "inédit" et "énormément planifié".

La guerre informationnelle a pris une autre dimension. Chaque jour, les deux groupes publient des vidéos de propagande montrant leurs hommes tirant au lance-roquettes sur des chars ou déposant des bombes dans les interstices des blindés israéliens.

On est bien loin de l'"Intifada des pierres", lancée en 1987 et close avec les Accords d'Oslo en 1993 entre Yasser Arafat, alors chef de l'OLP, et le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin.

Surtout, les bilans actuels sont sans commune mesure avec ceux des deux Intifadas, des quatre guerres à Gaza depuis 2008 et des divers épisodes de violences en Cisjordanie, à Jérusalem, à Gaza ou en Israël.

Côté israélien, le bilan de l'attaque lancée le 7 octobre est sans précédent depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948.

Côté palestinien, selon les chiffres du gouvernement Hamas, les deux Intifadas réunies ont fait moins de morts que les 15 premiers jours des frappes israéliennes à Gaza venues des airs, de la mer et du sol.

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, le bilan depuis le 7 octobre, de plus de 200 Palestiniens tués par des tirs israéliens, est déjà supérieur à celui des morts des neuf mois précédents.

«Totalement différente»

Pour la première fois depuis deux décennies, les F-16 israéliens frappent de nouveau la Cisjordanie. Et les raids des troupes israéliennes lourdement armées au coeur des villes palestiniennes, censés avoir disparu avec les accords d'Oslo, sont de retour.

"Israël a eu le sentiment d'être victorieux grâce à ses armes et croyait en avoir fini avec la résistance. C'est pour cela qu'il ne lâchait rien politiquement", face à une Autorité palestinienne, affaiblie, impopulaire et qui ne cesse de perdre des prérogatives, analyse Mohammed Zaghloul.

Incarcéré il y a 20 ans pour tentative d'homicide sur des militaires israéliens, ce quinquagénaire a récemment retrouvé sa liberté. Et pour ce combattant de la branche armée du Fatah, le mouvement du président Mahmoud Abbas, rival du Hamas, l'intensité des combats à Gaza change radicalement la donne.

"Nous sommes entrés dans une étape totalement différente des précédentes dans le conflit" israélo-palestinien, affirme-t-il.

Une étape "avec des ramifications régionales qui grandissent", avec notamment des tirs quotidiens sur Israël du Hezbollah pro-iranien depuis le Liban, et des drones des Houthis venus du Yémen contre Israël.

Cette guerre, une fois la vague meurtrière passée, "pourrait amener quelque chose de positif sur le plan politique". Car jusqu'ici, estime-t-il, rien n'a fait avancer la cause palestinienne.


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.


Accord Arabie saoudite-Qatar pour une liaison ferroviaire à grande vitesse

Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
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  • L’Arabie saoudite et le Qatar lancent une ligne TGV de 785 km reliant Riyad à Doha, achevée d’ici six ans et destinée à transporter plus de 10 millions de passagers par an
  • Le projet, estimé à 115 milliards de SR, vise à renforcer l’intégration régionale, stimuler commerce et tourisme, et soutenir la transition vers des transports durables

RIYAD: L’Arabie saoudite et le Qatar ont signé lundi un accord pour construire une ligne ferroviaire à grande vitesse reliant les deux pays.

L’annonce est intervenue à l’issue d’une rencontre à Riyad entre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, tenue dans le cadre du Conseil de coordination saoudo-qatari.

La liaison ferroviaire, qui connectera l’aéroport international King Salman de Riyad à l’aéroport international Hamad de Doha, constituera une première pour les deux nations et réduira le temps de trajet entre les deux capitales à seulement deux heures.

Selon un communiqué conjoint, le projet devrait être achevé d’ici six ans et créer 30 000 emplois dans les deux pays. Une fois opérationnel, il transportera plus de 10 millions de passagers par an.

Les dirigeants ont assisté à la signature de l’accord au palais Al-Yamamah à Riyad, où ils ont également coprésidé la huitième session du Conseil de coordination qataro-saoudien.

L’accord a été signé par le ministre saoudien des Transports et des Services logistiques, Saleh Al-Jasser, et par le ministre qatari des Transports, cheikh Mohammed ben Abdulla ben Mohammed Al-Thani. Il est considéré comme une étape stratégique visant à renforcer la coopération, l’intégration développementale et le développement durable, et à démontrer un engagement commun en faveur de la prospérité régionale.

La ligne à grande vitesse s’étendra sur 785 km et accueillera des trains capables de dépasser les 300 km/h. Plusieurs arrêts sont prévus entre les deux aéroports, notamment à Hofuf et Dammam.

Le service devrait considérablement améliorer les déplacements ferroviaires dans la région et stimuler le commerce ainsi que le tourisme. Le bénéfice économique pour les deux pays est estimé à 115 milliards de riyals saoudiens (30,6 milliards de dollars).

Conçue avec des technologies de pointe et une ingénierie intelligente, la ligne contribuera également à la durabilité environnementale en réduisant les émissions de carbone et en soutenant la transition vers des modes de transport plus efficaces et innovants. Elle constitue l’un des projets clés soutenant le développement régional et renforçant la connectivité ainsi que l’intégration au sein des pays du Conseil de coopération du Golfe.

Au cours de la réunion du conseil, les deux parties ont souligné la solidité de leurs liens économiques, avec un commerce bilatéral en 2024 en hausse de 634 % depuis 2021, à 930,3 millions de dollars (hors réexportations).

Le cheikh Tamim était accompagné lors des discussions par le Premier ministre, cheikh Mohammed ben Abdulrahman ben Jassim Al-Thani, ainsi que par d’autres hauts responsables.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".