George Blake, le dernier agent britannique célèbre espionnant pour le KGB

Cette photo prise le 28 juin 2001 montre George Blake, un ancien officier du MI6 qui travaillait comme agent double pour l'Union soviétique, marchant à Moscou. George Blake est décédé à l'âge de 98 ans, a rapporté le service russe de renseignement extérieur (SVR). Blake vit en Union soviétique puis en Russie depuis 1966. (Fichiers/AFP)
Cette photo prise le 28 juin 2001 montre George Blake, un ancien officier du MI6 qui travaillait comme agent double pour l'Union soviétique, marchant à Moscou. George Blake est décédé à l'âge de 98 ans, a rapporté le service russe de renseignement extérieur (SVR). Blake vit en Union soviétique puis en Russie depuis 1966. (Fichiers/AFP)
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Publié le Samedi 26 décembre 2020

George Blake, le dernier agent britannique célèbre espionnant pour le KGB

  • Décédé samedi à l'âge de 98 ans en Russie, George Blake a fourni les noms de centaines d'agents des services de renseignement au KGB
  • Né en 1922 sous le nom de George Behar aux Pays-Bas d'une mère néerlandaise et d'un père égyptien et britannique, le futur espion a d'abord mené une vie dissolue qui l'a vu aller jusqu'au Caire

MOSCOU : Le Britannique George Blake, célèbre agent double espionnant pour le compte du KGB avant de passer à l'Est, était l'un des derniers témoins vivants de la confrontation féroce entre Soviétiques et Occidentaux dans le tumulte de la Guerre froide.

Décédé samedi à l'âge de 98 ans en Russie, George Blake a fourni les noms de centaines d'agents des services de renseignement au KGB, le bras armé de l'espionnage soviétique. Il était le dernier encore en vie d'une génération d'agents doubles britanniques qui a marqué les esprits de l'époque.

Son parcours n'a cependant rien à voir avec ses acolytes bien-nés des "Cinq de Cambridge", ce réseau d'anciens étudiants de la célèbre université britannique recrutés dans les années 30 par le NKVD soviétique, le futur KGB.

Né en 1922 sous le nom de George Behar aux Pays-Bas d'une mère néerlandaise et d'un père égyptien et britannique, le futur espion a d'abord mené une vie dissolue qui l'a vu aller jusqu'au Caire.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il rallie la résistance aux Pays-Bas avant de rejoindre le MI6, les services de renseignement extérieurs britanniques.

Conversion au communisme

Fait prisonnier par les Nord-Coréens lors de la guerre de Corée, George Blake raconte avoir proposé à sa propre initiative ses services aux Soviétiques après avoir été témoin de bombardements américains sur des populations civiles lors de ce conflit.

"Pour moi, le communisme consistait à essayer de créer le Royaume de Dieu sur terre. Les communistes essayaient concrètement de faire ce que l'Église avait essayé d'obtenir par la prière", expliquait M. Blake, de confession protestante. "J'en ai conclu que je ne me battais pas du bon côté".

Revenu à Londres, l'agent devenu double réalise son premier grand coup: il révèle au KGB l'existence d'un tunnel secret à Berlin-Est utilisé pour espionner les Soviétiques.

Alors qu'il devient progressivement un puits d'information pour ses employeurs soviétiques, George Blake se marie : sa femme, qui ne sait rien de sa double-vie, lui donne trois fils.

Puis la petite famille déménage à Berlin, où il affirme avoir trahi chacun des "500 ou 600" agents travaillant en Allemagne pour les Britanniques.

Si le sort de ces agents n'est pas connu du grand public, George Blake assure qu'ils n'ont pas été tués par les services de renseignement soviétiques. "Je leur disais:  je vous donnerais cette information à condition que vous me promettiez qu'ils ne seront pas exécutés".

 Nouvelle vie en URSS

D'imprudences en imprudences, le filet se resserre autour de lui. Un agent double polonais finit par le dénoncer. Blake admet être un espion à la solde des Soviétiques : après un procès à huis clos, la justice le condamne à 42 ans de prison.

Cinq ans après, en 1966, il s'échappe de prison à l'aide d'une échelle en corde et de ses camarades de cellule: un voleur irlandais et deux militants anti-nucléaires.

Ces derniers l'emmènent, caché, jusqu'à la frontière avec la République démocratique allemande (RDA): l'agent double traverse le Rideau de fer et passe pour toujours à l'Est.

A Moscou, il est fêté en héros. Le KGB lui décerne le rang de colonel et lui attribue un confortable appartement dans le centre de la capitale russe.

Sa femme britannique divorce et laisse la place à Ida, qui lui donnera un fils à son tour.

L'ancien espion déchante vite devant la réalité de "l'idéal communiste".

"L'une des choses m'ayant le plus déçu, c'est que je pensais qu'un nouvel homme était né ici", a-t-il raconté au quotidien britannique The Times. "J'ai vite compris que ce n'était pas le cas. Ce sont juste des gens normaux. Comme tout le monde, leur vie est dirigée par les mêmes passions humaines, la même avarice et les mêmes ambitions" qu'à l'Ouest.

En 1990, George Blake publie son autobiographie intitulée "Pas d'autre choix" (No Other Choice), diffusée sous le titre "Une vie d'espion: mémoires" en France.

Il se retire ensuite avec sa femme dans une datcha près de Moscou et regarde l'Union soviétique s'effondrer.

Du président Vladimir Poutine, il dit qu'il fait partie d'une "constellation de personnes fortes et courageuses, de brillants professionnels".

Malgré la chute de l'URSS à qui il avait dédié sa vie, il n'a jamais regretté ses actes: "Je pense qu'il n'est jamais mal d'offrir sa vie à un noble idéal et à de nobles expériences, même si ce n'est pas couronné de succès", disait-il lors d'une de ses rares interviews.

 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.