Mort d'Henry Kissinger, le monde rend hommage à une grande figure de la diplomatie

Henry Kissinger (Photo, Reuters).
Henry Kissinger (Photo, Reuters).
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Publié le Vendredi 01 décembre 2023

Mort d'Henry Kissinger, le monde rend hommage à une grande figure de la diplomatie

  • Kissinger, qui a été Secrétaire d'Etat sous Richard Nixon et Gerald Ford, «est mort dans sa maison du Connecticut»
  • La famille du diplomate organisera des funérailles privées

WASHINGTON: L'annonce de la mort d'Henry Kissinger, grande figure controversée de la diplomatie américaine à l'époque de la Guerre froide, disparu mercredi à l'âge de 100 ans, a suscité jeudi une pluie d'hommages à travers le monde.

M. Kissinger, qui a été Secrétaire d'Etat sous Richard Nixon et Gerald Ford, "est mort dans sa maison du Connecticut", a indiqué son cabinet de conseil Kissinger Associates dans un communiqué, sans préciser la cause du décès.

La famille du diplomate organisera des funérailles privées, précise le communiqué, évoquant une cérémonie d'hommage publique ultérieure à New York.

Avec son décès, "l'Amérique a perdu l'une de ses voix les plus sûres et les plus écoutées en politique étrangère", a salué dans un communiqué l'ancien président américain George W. Bush, républicain comme lui.

Initiant le rapprochement avec Moscou et Pékin dans les années 1970, Henry Kissinger a vu son image ternie par des pages sombres de l'histoire des Etats-Unis, comme le soutien au coup d'Etat de 1973 au Chili ou l'invasion du Timor oriental en 1975 et, bien sûr, la guerre du Vietnam.

«Plus d'une centaine de fois» en Chine

C'est son sens de la "realpolitik", du froid calcul des intérêts nationaux défendu par la puissance, qui a fait de lui une figure très critiquée de par le monde.

Diplomate aussi écouté que controversé, l'homme à la voix rocailleuse aimait distiller ses pensées aux journalistes et dans les colloques internationaux. Fascinant ses publics par sa longévité et sa vaste expérience, il était admiré par les uns comme un grand sage, détesté par les autres qui voyaient en lui un criminel de guerre.

L'homme, qui avait fêté ses 100 ans en mai, avait conservé l'oreille des grands de ce monde, bien des décennies après avoir quitté ses responsabilités dans les affaires internationales.

Pour le président russe Vladimir Poutine, "le nom d'Henry Kissinger est étroitement lié à une politique pragmatique qui a permis à aboutir à une détente des tensions internationales et à des accords très importants américano-soviétiques ayant contribué au renforcement de la sécurité mondiale".

De son côté, l'Ukraine a salué "l'héritage intellectuel" de Kissinger qui continuera de peser sur la diplomatie mondiale.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a estimé pour sa part que le monde perdait "un grand diplomate", saluant l'engagement significatif de Kissinger en faveur de l'amitié entre l'Allemagne et les Etats-Unis.

Le président français Emmanuel Macron a décrit Kissinger comme "un géant de l'Histoire", qui a eu "une influence durable sur son époque", tandis que le ministre des Affaires étrangères britannique David Cameron a salué un "grand homme d'Etat" qui sera "très regretté".

En juillet, Kissinger s'était rendu à Pékin pour s'entretenir avec le président chinois Xi Jinping, qui avait salué à cette occasion un "diplomate de légende".

Le ministère chinois des Affaires étrangères a salué jeudi les "contributions historiques" de Kissinger aux relations sino-américaines, soulignant qu'il s'était rendu "en Chine plus d'une centaine de fois" pour "promouvoir la normalisation" des liens.

Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a pour sa part souligné les "contributions significatives à la paix et la stabilité" en Asie du diplomate américain.

Dégel des relations

La Chine occupe une place à part dans la carrière de M. Kissinger. Il a joué un rôle clé dans le dégel des relations américaines avec la Chine de Mao en effectuant des voyages secrets pour organiser la visite historique de Richard Nixon à Pékin en 1972.

Cette main tendue à la Chine a mis fin à l'isolement du géant asiatique et contribué à la montée en puissance de Pékin, d'abord économique, sur la scène mondiale.

Autre contribution importante: il a mené, toujours dans le plus grand secret et parallèlement aux bombardements de Hanoï, des négociations pour mettre fin à la guerre du Vietnam.

Henry Kissinger est également reconnu aux Etats-Unis pour son rôle de médiateur entre Israël et les pays arabes. En 1973, après l'attaque surprise de pays arabes lors de la fête juive de Yom Kippour en Israël, il organisa notamment un pont aérien massif pour ravitailler l'allié israélien en armes.

La Maison Blanche déplore «une très grande perte»

Le décès d'Henry Kissinger, figure emblématique bien que controversée de la diplomatie américaine, constitue "une très grande perte", a réagi jeudi un porte-parole la Maison Blanche.

"C'était un homme qui, que l'on soit d'accord avec lui ou non (...) a influencé les décisions de politique étrangère pendant des décennies et a eu assurément un impact sur le rôle de l'Amérique dans le monde", a déclaré John Kirby à la presse, saluant l'engagement au "service du public" de l'homme décédé mercredi à l'âge de 100 ans. Le président Joe Biden ne s'est pas encore exprimé à ce sujet.

Prix Nobel

Juif allemand né en 1923 en Bavière, Heinz Alfred Kissinger, il fuit l'Allemagne nazie et est naturalisé américain à l'âge de 20 ans. Fils d'instituteur, il avait intégré le contre-espionnage militaire et l'armée américaine avant de poursuivre de brillantes études à Harvard, où il a également enseigné.

Reconnaissable à sa grosse monture de lunettes, il s'est imposé comme le visage de la diplomatie mondiale lorsque le républicain Richard Nixon l'a appelé à la Maison Blanche en 1969 comme conseiller à la sécurité nationale, puis comme secrétaire d'Etat, cumulant les deux postes de 1973 à 1975.

Il survivra au départ de M. Nixon - qui démissionna en 1974 en raison du scandale du Watergate - et resta maître de la diplomatie sous son successeur Gerald Ford jusqu'en 1977.

La signature d'un cessez-le-feu lui a valu le prix Nobel de la paix avec le dirigeant Nord-Vietnamien en 1973, l'un des plus controversés dans l'histoire du Nobel.

Le Duc Tho refusa le prix, arguant que la trêve négociée n'était pas respectée, et M. Kissinger n'osa pas se rendre à Oslo, de peur des manifestations.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.