Israël bombarde Gaza, pressions pour protéger la population civile

«Trop de Palestiniens innocents ont été tués. Franchement, l'étendue de la souffrance ainsi que les images et les vidéos qui nous viennent de Gaza sont dévastatrices», a déclaré la vice-présidente américaine Kamala Harris depuis la COP28 à Dubaï. (Photo Karim Sahib AFP)
«Trop de Palestiniens innocents ont été tués. Franchement, l'étendue de la souffrance ainsi que les images et les vidéos qui nous viennent de Gaza sont dévastatrices», a déclaré la vice-présidente américaine Kamala Harris depuis la COP28 à Dubaï. (Photo Karim Sahib AFP)
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Publié le Dimanche 03 décembre 2023

Israël bombarde Gaza, pressions pour protéger la population civile

  • La branche armée du Hamas et celle du Jihad islamique affilié ont annoncé avoir tiré samedi «des barrages de roquettes» visant plusieurs villes d'Israël, dont Tel-Aviv
  • Une frappe à l'aube dimanche a fait au moins sept morts dans le secteur de Rafah, à la pointe sud de la bande Gaza, près de la frontière avec l'Egypte, a indiqué le gouvernement du Hamas

JÉRUSALEM : L'armée israélienne bombarde la bande de Gaza dimanche malgré les appels internationaux à la retenue afin de protéger les civils et sur fond d'«impasse» pour renouveler la trêve avec le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Au cours de la nuit, l'armée israélienne a dit avoir frappé «plus de 400 cibles» dans la bande de Gaza depuis la reprise des combats vendredi qui a fait au moins 240 morts selon le ministre de la Santé de l'administration du Hamas.

La branche armée du Hamas et celle du Jihad islamique affilié ont par ailleurs annoncé avoir tiré samedi «des barrages de roquettes» visant plusieurs villes d'Israël, dont Tel-Aviv.

De son côté, l'armée israélienne a fait état de «plus de 250 roquettes» tirées et de deux soldats tués samedi, les premiers depuis la reprise des combats.

Et une frappe à l'aube dimanche a fait au moins sept morts dans le secteur de Rafah, à la pointe sud de la bande Gaza, près de la frontière avec l'Egypte, a indiqué le gouvernement du Hamas.

Déployée sur le terrain dans le nord de la bande de Gaza, l'armée israélienne a multiplié les frappes aériennes dans le sud de ce territoire où des centaines de milliers de Palestiniens ont été déplacés par le conflit.

«En étendant nos opérations militaires, nous remplissons deux objectifs. Premièrement, nous frappons le Hamas, nous éliminons plus de terroristes, plus de commandants, plus d'infrastructures terroristes, plus de tunnels (...) et nous créons les conditions pour forcer (le Hamas) à payer un lourd tribut: la libération des otages», a déclaré le ministre de la Défense Yoav Gallant.

«Il n'y a pas d'autres moyens de gagner qu'en continuant notre campagne terrestre», a renchéri le Premier ministre Benjamin Netanyahu, disant que cet objectif allait être atteint en «respectant le droit international».

- «Trop» de victimes -

Sans remettre en cause le droit de son allié «de se défendre» contre le Hamas, les Etats-Unis ont mis en garde Israël contre un bilan s'alourdissant dans la bande de Gaza.

«Trop de Palestiniens innocents ont été tués. Franchement, l'étendue de la souffrance ainsi que les images et les vidéos qui nous viennent de Gaza sont dévastatrices», a déclaré la vice-présidente américaine Kamala Harris depuis la COP28 à Dubaï. Et d'ajouter: «Israël doit en faire plus pour protéger les civils innocents».

«Je pense qu'on est à un moment où les autorités israéliennes vont devoir définir plus précisément leur objectif et l'état final recherché», a aussi dit sur place le président français Emmanuel Macron, estimant que la «sécurité» d'Israël ne pourra être garantie si elle «se fait au prix des vies palestiniennes».

«La destruction totale du Hamas, qu'est-ce que c'est et est-ce que quelqu'un pense que c'est possible ? Si c'est ça, la guerre durera 10 ans. Et je crois que personne ne sait définir sérieusement cet objectif, donc il faut que cet objectif soit précisé», a prévenu M. Macron avant de dîner samedi soir au Qatar avec cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, l'émir de ce pays au coeur des négociations pour la trêve.

Cette escale au Qatar a suivi de peu le départ des négociateurs israéliens sur place, Israël invoquant «l'impasse» dans les discussions pour reconduire une trêve de sept jours ayant permis la libération d'une centaine d'otages entre les mains du Hamas et de 240 prisonniers palestiniens détenus en Israël.

Israël et le Hamas se renvoient la responsabilité de la fin de la trêve.

Le Hamas -- considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël notamment -- a dit avoir «proposé un échange de prisonniers et de personnes âgées» parmi les otages, ainsi que la remise à Israël des corps de captifs «morts dans les bombardements israéliens».

Mais Benjamin Netanyahu a accusé le mouvement islamiste d'avoir «violé l'accord» en «tirant des roquettes» vers Israël pendant la trêve. Et le Hamas avait revendiqué une attaque à Jérusalem fatale à quatre Israéliens.

- «Ramener» les otages -

En Israël, des centaines de personnes ont manifesté samedi à Tel-Aviv pour demander la libération des 137 personnes encore détenues dans la bande de Gaza. Beaucoup portaient des posters avec les photos des captifs.

Quatre ex-otages se sont adressées par retransmission vidéo à la foule pour raconter la peur, la faim, le manque de sommeil pendant leur captivité. «Nos filles ont vu des choses que des enfants de cet âge, ou de tout âge, ne doivent pas voir», a notamment déclaré Danielle Aloni, 45 ans, relâchée le 24 novembre avec sa fille de cinq ans.

Elena Trupanov, libérée mercredi et qui se trouvait au rassemblement de Tel-Aviv, a plaidé: «nous devons ramener mon Sasha et le reste» des détenus, a-t-elle dit en évoquant son fils, toujours prisonnier.

En soirée, le coordinateur israélien pour les otages Gal Hirsch a rencontré l'envoyé spécial américain sur ce dossier, Roger Carstens, des «efforts pour libérer les otages» sont faits, ont indiqué les autorités israéliennes sans épiloguer.

La guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée par une attaque sanguinaire sans précédent menée par le mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre, qui a fait 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités israéliennes.

Selon le gouvernement du Hamas, plus de 15.000 personnes, dont plus de 6.150 de moins de 18 ans, ont péri dans les frappes israéliennes depuis le début des hostilités.

- «Où aller?» -

Le Croissant-Rouge palestinien a indiqué samedi avoir reçu des premiers «camions d'aide» depuis la fin de la trêve, via le terminal égyptien de Rafah, poste-frontière avec Gaza.

Les besoins sont immenses dans ce territoire soumis à un «siège complet» par Israël où plus de la moitié des logements ont été endommagés ou détruits, et comptant 1,7 million de personnes --sur 2,4 millions d'habitants -- déplacées par la guerre, d'après l'ONU.

La ville de Khan Younès, dans le sud de Gaza, où une partie de ces déplacés ont trouvé refuge, a été massivement visée par les bombardements israéliens samedi. L'hôpital local Nasser comptait samedi «1.000 patients, soit plus de trois fois sa capacité», a souligné sur X le chef de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus, disant «ne pas trouver des mots assez forts pour témoigner de nos inquiétudes face à ce que nous observons».

Nader Abou Warda, un Palestinien de 26 ans, se demande encore comment il a survécu à des frappes à Khan Younès: «Les Israéliens «nous disaient +la ville de Gaza est une zone de guerre+; maintenant, c'est Khan Younès, la zone de guerre, on va où maintenant? dans la mer?»


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com