En Alsace, contre l'inflation, il suffit de passer le pont

Nombre de produits sont moins chers en Allemagne qu'en France, incitant des milliers de consommateurs alsaciens à traverser le Rhin pour faire leurs courses. (AFP)
Nombre de produits sont moins chers en Allemagne qu'en France, incitant des milliers de consommateurs alsaciens à traverser le Rhin pour faire leurs courses. (AFP)
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Publié le Vendredi 08 décembre 2023

En Alsace, contre l'inflation, il suffit de passer le pont

  • Sur le parking du supermarché Lidl de Kehl, petite ville allemande reliée à Strasbourg par le pont de l'Europe, la quasi-totalité des voitures sont immatriculées en France
  • An passant la frontière, un responsable de l'UFC-Que Choisir pour le Bas-Rhin évalue le différentiel aux alentours de 20%

KEHL: Couches, shampooing, lessive, mais aussi fruits et légumes bio... Nombre de produits sont moins chers en Allemagne qu'en France, incitant des milliers de consommateurs alsaciens à traverser le Rhin pour faire leurs courses.

Sur le parking du supermarché Lidl de Kehl, petite ville allemande reliée à Strasbourg par le pont de l'Europe, la quasi-totalité des voitures sont immatriculées en France et les allées du magasin sont noires de monde le samedi après-midi.

"C'est moins cher: les légumes, tout ce qui est hygiène, papier toilette, gel douche..." énumère Mouna en sortant de la grande surface avec un lourd cabas.

Cette femme de 45 ans, qui ne souhaite révéler ni son nom de famille ni sa profession, fait ses courses en Allemagne "une à deux fois par mois". "J'habite Strasbourg, pas loin de la frontière", confie-t-elle.

A l'intérieur, les annonces retentissent en allemand puis en français ("Chers clients, la caisse 1 va fermer..."). Les caissières se débrouillent dans la langue de Molière.

Difficile de calculer combien on économise en passant la frontière car produits et marques diffèrent d'un pays à l'autre, souligne Daniel Ernst, responsable de l'UFC-Que Choisir pour le Bas-Rhin. L'association de défense des consommateurs n'a pas fait d'étude récente sur le sujet, mais M. Ernst, en son nom propre, évalue le différentiel aux alentours de 20%.

Le plus intéressant? "Essentiellement les produits que les Allemands appellent +drogerie+ : cosmétiques, produits d'entretien et d'hygiène, produits pour bébé, y compris les couches, et tout ce qui concerne les pâtées pour animaux".

Mais pourquoi l'Allemagne est-elle moins chère?

Concurrence acérée, pression des distributeurs sur les fournisseurs et mentalité d'épargnants: une combinaison de facteurs rend les supermarchés allemands moins chers que leurs équivalents français, explique Carsten Brzeski, chef économiste à la banque ING Allemagne.

Question: Qu'est-ce qui rend les produits de consommation moins chers en Allemagne?

Réponse: "C'est avant tout une question de concurrence. Le marché de l'alimentation au détail est très compétitif en Allemagne et cela maintient des prix bas. Les distributeurs ont un pouvoir de négociation très fort vis-à-vis des agriculteurs et des fournisseurs en général. Il y a aussi une différence dans la typologie même des grandes surfaces: le segment haut de gamme n'existe pratiquement pas en Allemagne, alors qu'en comparaison la France connaît à peine le phénomène des +discounters+."

Q: Quel rôle jouent les consommateurs dans le niveau des prix?

R: "C'est un facteur culturel: l'Allemagne est un pays d'épargnants, qui dépensent une plus faible part de leurs revenus pour l'alimentation. A l'inverse, les Français sont prêts à payer plus pour obtenir un produit de bonne qualité. Même les riches Allemands vont chez Aldi, alors qu'un Français ou une Française riche n'oserait pas y mettre les pieds."

Q: Le taux de TVA et l'origine des importations jouent-ils un rôle dans l'écart de prix entre les deux pays ?

R: "La TVA n'a pas d'impact: elle se monte à 7% en Allemagne pour les produits alimentaires de base et à 5,5% en France. En revanche, les Allemands se fournissent largement en Europe centrale, où le coût du travail est plus bas, et donc les importations moins chères que ce qui est produit en France."

Carburant et cigarettes

Juste à côté de Lidl, chez DM, spécialiste de la "drogerie", c'est aussi la cohue du samedi. Des montagnes de papier toilette et de couches attendent le consommateur hexagonal.

Un lot de 68 couches d'une grande marque américaine s'y vend 18,95 euros. Sur le site internet de Leclerc, le paquet s'affiche en France à 18,14 euros... mais pour 48 couches seulement.

"La forte demande des consommateurs tant d'Allemagne que de France nous a permis d'ouvrir deux autres magasins à Kehl", observe la directrice locale de DM, Carmen Göppert, dans une réponse écrite à l'AFP.

Après avoir rempli leur coffre, les consommateurs peuvent faire le plein dans l'une des nombreuses stations-service de Kehl, où le litre de carburant est vendu six ou sept centimes de moins qu'en France.

"Je viens surtout en Allemagne pour acheter mes médicaments", confie de son côté Alain Bourdel, 74 ans. Par "médicaments", cet habitant de la banlieue de Strasbourg veut dire "cigarettes", vendues en Allemagne aux alentours de 8 euros, contre 10,60 euros en moyenne en France.

"J'en profite pour faire quelques courses, mais c'est moins intéressant ici depuis le Covid. Les prix ont plus augmenté qu'en France", observe ce retraité qui, avec son épouse, gagne moins de 1.700 euros par mois.

Avec 28% d'inflation sur deux ans, les produits alimentaires ont davantage flambé en Allemagne qu'en France (+22%), confirme Daniel Ernst. Le différentiel s'est ainsi réduit de 6%.

Avec la hausse du prix de l'essence, "si on doit faire beaucoup de kilomètres ce n'est pas intéressant" de se ravitailler outre-Rhin, estime-t-il. Il est aussi moins courant de rouler longtemps pour remplir son coffre à ras bord: "L'inflation a incité pas mal de personnes à acheter au jour le jour avec un budget restreint".

Le révélateur Covid 

Ce tourisme commercial "pénalise bien évidemment" les distributeurs du côté français, selon lui. Le phénomène s'est révélé de façon flagrante lors du confinement de 2020, lorsque la frontière a été fermée.

"L'Alsace a été la région de France où la hausse de la consommation a été la plus forte", abonde Philippe Goetzmann, expert du secteur de la distribution.

Selon lui, l'écart de prix s'explique par la plus forte concurrence en Allemagne pour les biens de consommation courante et par la plus grande part des marques de distributeur dans le panier type (environ 45% contre 33% en France si on ne tient pas compte des chaînes de discount allemandes).

"La popularité de nos marques DM crée un effet de volume qui nous permet d'offrir à nos consommateurs les prix les plus favorables", souligne Mme Göppert.

Même si l'écart se resserre, les consommateurs, particulièrement les moins fortunés, continueront à traverser le Rhin.

"Nous ne constatons aucun effet majeur lié à l'inflation", assure la responsable de DM.


Le prix du pétrole grimpe en raison de la crainte d'une implication américaine en Iran

Un automobiliste fait le plein de sa voiture dans une station-service Speedway le 28 septembre 2004 à Des Plaines, dans l'Illinois. Le prix du pétrole a dépassé pour la première fois les 50 dollars le baril. (AFP)
Un automobiliste fait le plein de sa voiture dans une station-service Speedway le 28 septembre 2004 à Des Plaines, dans l'Illinois. Le prix du pétrole a dépassé pour la première fois les 50 dollars le baril. (AFP)
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  • Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en août, progressait de 1,65 %, atteignant 74,44 dollars. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI), avec livraison en juillet, gagnait 1,55 %, à 72,88 dollars.
  • Le principal point de tension demeure le détroit d’Ormuz, une voie stratégique par laquelle transite près de 20 % du pétrole mondial.

LONDRES : Les prix du pétrole étaient en nette hausse mardi matin, portés par l’aggravation des tensions géopolitiques au Moyen-Orient et l’incertitude provoquée par le départ anticipé de Donald Trump du sommet du G7 au Canada.

Vers 09h45 GMT (11h45 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en août, progressait de 1,65 %, atteignant 74,44 dollars. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI), avec livraison en juillet, gagnait 1,55 %, à 72,88 dollars.

Le départ inattendu de Donald Trump du G7, sans explication claire, a semé le doute sur les intentions américaines concernant le conflit entre Israël et l’Iran. Le président américain a toutefois déclaré que cette décision « n’avait rien à voir » avec les discussions autour d’un éventuel cessez-le-feu au Moyen-Orient.

Selon plusieurs médias américains, Trump devrait rejoindre la "Situation Room", la salle de crise de la Maison Blanche, utilisée lors de situations géopolitiques critiques ou pour superviser des opérations militaires majeures. Une démarche qui alimente les spéculations sur une possible implication directe des États-Unis dans le conflit.

« Cela a ravivé les craintes que les États-Unis se préparent à s'engager aux côtés d'Israël », explique Arne Lohmann Rasmussen, analyste chez Global Risk Management.

L’inquiétude s’est accentuée après une déclaration publiée lundi par Trump sur son réseau Truth Social, appelant à « évacuer immédiatement Téhéran ».

Le marché pétrolier suit de près l’évolution de cette crise. L’Iran est le neuvième plus grand producteur mondial de pétrole, selon l’Agence internationale de l’énergie. Le principal point de tension demeure le détroit d’Ormuz, une voie stratégique par laquelle transite près de 20 % du pétrole mondial. Un blocage de ce passage maritime ferait immédiatement grimper les prix.

Pour autant, certains analystes estiment que la hausse actuelle pourrait rester contenue. « Les stocks de pétrole sont en augmentation, et pour l’instant, l’offre iranienne n’a pas été impactée par le conflit », note Kathleen Brooks, analyste chez XTB.

Par ailleurs, l’offre mondiale continue de croître. Depuis avril, l’OPEP et ses alliés (OPEP+) ont relevé leurs quotas de production. Ce mardi, le Kazakhstan a apporté son soutien au plan saoudien visant à accroître davantage la production, laissant entrevoir une nouvelle hausse des quotas de 411 000 barils par jour pour le mois d’août, selon les analystes de DNB Carnegie.


Les banques ont augmenté leurs financements aux énergies fossiles en 2024 selon des ONG

L'AIE a signalé un niveau élevé d'incertitude alors que des conflits secouent le Moyen-Orient et la Russie, deux régions productrices de pétrole et de gaz. Shutterstock
L'AIE a signalé un niveau élevé d'incertitude alors que des conflits secouent le Moyen-Orient et la Russie, deux régions productrices de pétrole et de gaz. Shutterstock
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  • près de 8 000 milliards de dollars de prêts, d'émissions d'actions ou d'obligations qui sont allés aux entreprises du pétrole, du gaz et du charbon, selon la dernière édition du rapport « Banking on Climate Chaos ».
  • Avec 53,5 milliards de dollars, l'Américain JPMorgan occupe la première place du classement des banques les plus impliquées dans le soutien financier aux énergies fossiles.

PARIS : Un consortium d'ONG a affirmé que les principaux géants bancaires mondiaux, américains en tête, avaient accordé plus de 850 milliards de dollars de financements au profit des énergies fossiles, un montant en hausse de 23 % par rapport à 2023.

Depuis la signature de l'accord de Paris sur le climat en 2015, qui vise à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport à l'ère pré-industrielle (1850-1900), ce sont près de 8 000 milliards de dollars de prêts, d'émissions d'actions ou d'obligations qui sont allés aux entreprises du pétrole, du gaz et du charbon, selon la dernière édition du rapport « Banking on Climate Chaos ».

Dans le détail, les 65 banques étudiées ont consacré l'an dernier 869 milliards de dollars à ces différentes formes de soutien financier, soit une hausse de 23 % sur un an. Précisons que la moitié environ de cette somme est consacrée à l'expansion des énergies fossiles.

Ce montant est proche de celui atteint en 2021, après deux années consécutives de baisse. Plus des deux tiers des banques ont augmenté leurs financements, soulignent les auteurs de l'étude.

Avec 53,5 milliards de dollars, l'Américain JPMorgan occupe la première place du classement des banques les plus impliquées dans le soutien financier aux énergies fossiles, devant ses compatriotes Bank of America et Citigroup, selon les données rassemblées par huit ONG, dont Rainforest Action Network, Reclaim Finance et Urgewald. 

L'année 2024 marque le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, qui avait notamment promis de « forer à tout-va », une formule devenue l'un de ses slogans de campagne (« We will drill, baby, drill »).

Les données de l'étude, publiées directement par les sociétés ou issues de fournisseurs de données et de l'agence financière Bloomberg, montrent par ailleurs un retrait progressif des grandes banques françaises depuis 2020.

La contribution des six grandes banques françaises (BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et BPCE pour l'essentiel, ainsi que Crédit Mutuel et La Banque Postale pour une part infime) a été d'environ 20 milliards de dollars l'an dernier, soit moitié moins qu'en 2023. 

L'étude met cependant en avant « une augmentation particulièrement marquante des financements » de BPCE, qui rassemble notamment les Banques populaires, les Caisses d'épargne et Natixis.

Mardi, le groupe mutualiste a balayé ces données collectées « qui ne reflètent en rien la réalité » dans une déclaration transmise à l'AFP. La banque a également mis en avant ses « engagements volontaires » en matière de décarbonation.

Par ailleurs, mi-avril, les banques membres de la Net-Zero Banking Alliance (NZBA), programme onusien de neutralité carbone lancé en 2021, ont revu à la baisse leurs ambitions communes. 


Airbus: commande de 30 avions A320neo et 10 cargo A350F du loueur saoudien AviLease

Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
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  • L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris
  • Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat

LE BOURGET: Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease.

L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris. Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat, de la version et de la configuration de l'appareil et qu'ils demeurent confidentiels.