Immigration: Edouard Philippe propose des «quotas» de régularisations

Le maire du Havre et ancien Premier ministre français Edouard Philippe (au centre) s'entretient avec les participants lors d'une réception avec les maires de France au Palais de l'Elysée, en marge de la 105e session du Congrès des maires organisée par l'Association des maires de France (AMF), à Paris, le 22 novembre 2023. (Photo Ludovic Marin, Pool AFP)
Le maire du Havre et ancien Premier ministre français Edouard Philippe (au centre) s'entretient avec les participants lors d'une réception avec les maires de France au Palais de l'Elysée, en marge de la 105e session du Congrès des maires organisée par l'Association des maires de France (AMF), à Paris, le 22 novembre 2023. (Photo Ludovic Marin, Pool AFP)
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Publié le Dimanche 10 décembre 2023

Immigration: Edouard Philippe propose des «quotas» de régularisations

  • Cette clause sur la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension est l'un des points les plus durs de la discussion sur le projet de loi sur l'immigration porté par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin
  • «Pour rassurer ceux qui craignent un appel d’air, nous pourrions mettre en place des quotas. Nous pouvons fixer une limite au nombre de régularisations. Il y a déjà des garanties dans le texte, nous pouvons en ajouter», a-t-il indiqué

PARIS : L'ancien Premier ministre Edouard Philippe a proposé dimanche de fixer «des quotas» de régularisations pour les travailleurs sans papiers exerçant dans les métiers en tension, tout en estimant que le projet de loi sur l'immigration débattu à partir de lundi à l'Assemblée nationale ne constitue pas «un appel d'air» migratoire.

«Je ne soutiendrai jamais aucun texte qui constituerait un appel d’air. Il faut regarder la réalité en face. Cet article (du projet de loi, ndlr) n’a rien de cela, il a vocation à essayer de trouver une solution pour un certain nombre d'étrangers en situation irrégulière, qui exercent effectivement des métiers dont nous avons besoin et qui ne posent pas de problème d’ordre public», observe Edouard Philippe dans un entretien au Journal du Dimanche (JDD).

«Pour rassurer ceux qui craignent un appel d’air, nous pourrions mettre en place des quotas. Nous pouvons fixer une limite au nombre de régularisations. Il y a déjà des garanties dans le texte, nous pouvons en ajouter», poursuit-il.

Cette clause sur la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension est l'un des points les plus durs de la discussion sur le projet de loi sur l'immigration porté par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

La droite et l'extrême droite y sont farouchement opposées tandis que la gauche de la majorité macroniste tient à ce que le texte comporte un dispositif de régularisations.

Dans cet entretien au JDD, Edouard Philippe affirme que son parti Horizons, qui occupe l'aile droite de la majorité, soutient sans ambiguité le projet de loi.

«Je veux dire mon soutien complet au texte qui a été proposé par Gérald Darmanin», dit-il. «Il s’inscrit exactement dans ce que je crois et dans ce que je défends depuis mon passage à Matignon. Nous devons reprendre le contrôle de notre immigration et lutter contre l’immigration du fait accompli», ajoute-t-il.

Dans cet entretien, Edouard Philippe défend également le maintien de l'Aide médicale d'Etat (AME) destinée aux étrangers sans papiers, «pour des raisons de décence et pour des raisons tenant à l’intérêt général».

Le projet de loi sera discuté  dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale à partir de lundi. Les débats devraient durer au moins jusqu'à Noël.


Pour Paris, Poutine a mis des conditions «pas réalistes» pour un cessez-le-feu en Ukraine 

Emmanuel Macron et le président ukrainien Volodymyr Zelensky avaient d'abord proposé une trêve d'un mois dans les airs, sur les mers et contre les infrastructures énergétiques, avant que les Etats-Unis et l'Ukraine ne formulent une offre commune de cessez-le-feu général de trente jours, qui n'a donc pas été reprise à l'issue de l'appel Trump-Poutine. (AFP)
Emmanuel Macron et le président ukrainien Volodymyr Zelensky avaient d'abord proposé une trêve d'un mois dans les airs, sur les mers et contre les infrastructures énergétiques, avant que les Etats-Unis et l'Ukraine ne formulent une offre commune de cessez-le-feu général de trente jours, qui n'a donc pas été reprise à l'issue de l'appel Trump-Poutine. (AFP)
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  • Vladimir Poutine a mis "des conditions qui ne semblent pas réalistes" à un cessez-le-feu en Ukraine, notamment l'arrêt de l'aide militaire occidentale à Kiev, a estimé mercredi la porte-parole du gouvernement français Sophie Primas
  • "Vladimir Poutine a mis des conditions qui ne semblent pas réalistes, en tout cas pour les Européens et pour les Ukrainiens, notamment l'arrêt de tout soutien des Occidentaux à l'Ukraine", a-t-elle déclaré à l'issue du Conseil des ministres

PARIS: Vladimir Poutine a mis "des conditions qui ne semblent pas réalistes" à un cessez-le-feu en Ukraine, notamment l'arrêt de l'aide militaire occidentale à Kiev, a estimé mercredi la porte-parole du gouvernement français Sophie Primas au lendemain de l'échange téléphonique entre Donald Trump et le président russe.

"Vladimir Poutine a mis des conditions qui ne semblent pas réalistes, en tout cas pour les Européens et pour les Ukrainiens, notamment l'arrêt de tout soutien des Occidentaux à l'Ukraine", a-t-elle déclaré à l'issue du Conseil des ministres.

"Il y a encore du chemin à faire", a-t-elle souligné après cet appel téléphonique et l'annonce d'une trêve partielle sur les frappes sur les infrastructures d'énergie.

Emmanuel Macron et le président ukrainien Volodymyr Zelensky avaient d'abord proposé une trêve d'un mois dans les airs, sur les mers et contre les infrastructures énergétiques, avant que les Etats-Unis et l'Ukraine ne formulent une offre commune de cessez-le-feu général de trente jours, qui n'a donc pas été reprise à l'issue de l'appel Trump-Poutine.

Sophie Primas a mis en doute la réalité de cette trêve partielle, soulignant que "cette nuit des infrastructures d'énergie ont été bombardées en Ukraine par les forces armées russes".

Plus généralement, "un coup de fil entre le président Trump et le président Poutine ne peut pas se conclure par un accord tant que les Ukrainiens eux-mêmes ne sont pas dans la discussion et tant que les Européens ne sont pas dans la discussion", a-t-elle insisté.

A cette fin, Emmanuel Macron "a des appels et des conversations quotidiennes à la fois avec le président Trump et avec le président Zelensky et également avec ses homologues européens", a-t-elle précisé.

Selon son entourage, le président français s'est ainsi à nouveau entretenu avec Donald Trump après l'appel américano-russe de mardi.

A l'Elysée, on évoque à ce stade une certaine "prudence", réclamant que les Ukrainiens soient associés aux discussions, tout en estimant que tout ce qui peut favoriser la paix doit être entrepris.


Macron prévient qu'il «n'y aura pas de solution militaire israélienne à Gaza»

Le président français a appelé à "retrouver le chemin d'une solution politique", apportant son soutien au plan des dirigeants arabes pour Gaza. (AFP)
Le président français a appelé à "retrouver le chemin d'une solution politique", apportant son soutien au plan des dirigeants arabes pour Gaza. (AFP)
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  • "Il faut que les hostilités cessent immédiatement et que les négociations reprennent de bonne foi sous les auspices américains", a dit le président français aux côtés du roi de Jordanie Abdallah II, reçu à l'Elysée
  • "Nous appelons de nos vœux une cessation permanente des hostilités et une libération de tous les otages" retenus par le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la Bande de Gaza

PARIS: Emmanuel Macron a affirmé mercredi que la reprise des frappes israéliennes à Gaza constituait "un retour en arrière dramatique", et a prévenu qu'il n'y aurait "pas de solution militaire" possible dans le territoire palestinien.

"Il faut que les hostilités cessent immédiatement et que les négociations reprennent de bonne foi sous les auspices américains", a dit le président français aux côtés du roi de Jordanie Abdallah II, reçu à l'Elysée. "Nous appelons de nos vœux une cessation permanente des hostilités et une libération de tous les otages" retenus par le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la Bande de Gaza, a-t-il ajouté.

Le souverain jordanien a aussi dénoncé "une étape extrêmement dangereuse" qui ajoute "une nouvelle dévastation à une situation humanitaire déjà désastreuse", appelant la communauté internationale à agir "immédiatement" pour "un retour au cessez-le-feu".

Il a plaidé poour une reprise de l'aide internationale, déplorant "le blocage" par Israël de la fourniture d'eau et d'électricité qui "met en danger la vie d'une population extrêmement vulnérable".

Selon Emmanuel Macron, la reprise du conflit est "dramatique pour les Palestiniens de Gaza, à nouveau plongés dans la terreur des bombardements, dramatique pour les otages et leurs familles qui vivent dans le cauchemar de l'attente et de l'incertitude d'une libération que nous souhaitons plus que tout, dramatique pour la région tout entière qui tente de se relever en plus d'une année de guerre et de bouleversements".

Emmanuel Macron a aussi estimé que le Hamas avait "été vaincu", et qu'il était "dépourvu du parrain qui l'avait poussé au crime du 7 octobre" 2023 lors de son attaque meurtrière sans précédent contre Israël, dans une allusion à l'Iran. "L'axe de la résistance est aujourd'hui une illusion", a-t-il martelé en faisant là aussi référence à Téhéran et ses alliés au Moyen-Orient, dont le Hamas et le mouvement libanais Hezbollah, considérablement affaiblis par les frappes israéliennes.

Le président français a appelé à "retrouver le chemin d'une solution politique", apportant son soutien au plan des dirigeants arabes pour Gaza, "qui propose un cadre crédible de reconstruction et des éléments pour garantir la sécurité et installer une nouvelle gouvernance qui ne peut pas être celle du Hamas".

Pour le chef de l'Etat, "les ferments d'une nouvelle architecture de sécurité" régionale "sont là", mais "il manque aujourd'hui une pièce à cet ensemble éminemment complexe": "un État palestinien".

Il a rappelé qu'il coprésiderait en juin aux Nations unies "une conférence pour les deux Etats", palestinien et israélien, avec le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane, avec lequel il doit aussi "échanger" mercredi soir.

 


La justice française s'oppose à l'extradition vers l'Algérie d'un ancien ministre algérien

La justice française a opposé un avis défavorable mercredi aux six demandes d'extradition vers l'Algérie d'Abdesselam Bouchouareb, ministre de l'Industrie et des Mines de 2014 à 2017 sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika, mettant définitivement fin à cette procédure. (AFP)
La justice française a opposé un avis défavorable mercredi aux six demandes d'extradition vers l'Algérie d'Abdesselam Bouchouareb, ministre de l'Industrie et des Mines de 2014 à 2017 sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika, mettant définitivement fin à cette procédure. (AFP)
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  • L'Algérie réclamait depuis près de 18 mois l'extradition de M. Bouchouareb, désormais installé dans les Alpes-Maritimes, afin qu'il exécute cinq peines d'emprisonnement de vingt ans chacune
  • La chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence a donc suivi la réquisitoire du parquet, qui s'était opposé à cette demande d'extradition à l'audience du 5 mars dernier

AIX-EN-PROVENCE: La justice française a opposé un avis défavorable mercredi aux six demandes d'extradition vers l'Algérie d'Abdesselam Bouchouareb, ministre de l'Industrie et des Mines de 2014 à 2017 sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika, mettant définitivement fin à cette procédure.

Evoquant les "conséquences d'une gravité exceptionnelle" que pourrait avoir cette extradition en raison de "l'état de santé et de l'âge" de M. Bouchouareb, 72 ans, la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence a estimé que cela porterait atteinte à l'article 3 de la convention européenne des droits de l'Homme et à l'article 5 de la convention d'extradition franco-algérienne de 2019.

L'Algérie réclamait depuis près de 18 mois l'extradition de M. Bouchouareb, désormais installé dans les Alpes-Maritimes, afin qu'il exécute cinq peines d'emprisonnement de vingt ans chacune et afin de le poursuivre dans un sixième dossier d'infractions économiques et financières.

La chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence a donc suivi la réquisitoire du parquet, qui s'était opposé à cette demande d'extradition à l'audience du 5 mars dernier: "L'éloignement de M. Bouchouareb, gravement malade, ferait courir à celui-ci, si ce n'est un risque de vie, (un risque) de déclin rapide et irréversible de son état de santé", avait estimé l'avocat général, Raphaël Sanesi de Gentile.

Conseil de l'Algérie, Me Anne-Sophie Partaix avait elle estimé que les autorités judiciaires avaient, le 13 février, "donné les garanties nécessaires" à la justice française: "M. Bouchouareb a volé de l'argent aux Algériens, il a été condamné et doit répondre de ses actes", avait-elle insisté, sans succès donc.

"L'aspect politique (de cette demande d'extradition) crève les yeux, si on envoie M. Bouchouareb en Algérie, c'est pour y mourir", avait plaidé son avocat, Me Benjamin Bohbot, évoquant deux anciens Premier ministre et plusieurs membres du gouvernement condamnés en 2020 à de lourdes peines de prison.

Me Bohbot a toujours présenté son client comme une victime des "purges" de l'après-Bouteflika, contraint à la démission par le mouvement populaire de contestation du Hirak, en avril 2019.