Grève et manifestation contre la réforme du lycée professionnel

Des manifestants brandissent une banderole lors d'une manifestation devant le rectorat de Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 18 octobre 2022 (Photo, AFP).
Des manifestants brandissent une banderole lors d'une manifestation devant le rectorat de Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 18 octobre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 13 décembre 2023

Grève et manifestation contre la réforme du lycée professionnel

  • Selon des chiffres publiés à la mi-journée, le ministère enregistre un taux de grévistes de 10,81% chez les enseignants du lycée professionnel
  • A Paris, plusieurs centaines de personnes ont manifesté dans le calme au départ de la place du Panthéon en direction du ministère de l'Education

PARIS: Près de 11% des enseignants de lycée professionnel ont fait la grève mardi, selon l'Education nationale, à l'occasion d'une journée de mobilisation contre la réforme de la voie professionnelle qui a également donné lieu à une manifestation à Paris.

Selon des chiffres publiés à la mi-journée, le ministère enregistre un taux de grévistes de 10,81% chez les enseignants du lycée professionnel. Ce taux est de 3,26% pour l'ensemble des enseignants du second degré (collèges et lycées).

A Paris, plusieurs centaines de personnes, selon un journaliste de l'AFP, ont manifesté dans le calme au départ de la place du Panthéon en direction du ministère de l'Education.

La préfecture de police de Paris a comptabilisé 550 manifestants.

Dans la foule, sur des pancartes, les opposants ont écrit: "Non au sacrifice des élèves sur l'autel du patronat", "Réforme toxique" ou encore "Macron détruit l'enseignement".

"Elle (la réforme) répond à une commande qui n'a aucune légitimité et vise simplement à détruire ce bel outil qu'est le lycée professionnel", a déclaré à l'AFP Alain-Romain Nitkowski, secrétaire national au Snetaa-FO.

"Depuis des années on supprime des heures et des programmes au lycée pro au profit de plus de stages", a regretté François, professeur d'histoire et géographie à Paris, qui n'a pas souhaité dévoiler son patronyme.

"Nos élèves sont de plus en plus privés de culture générale. On est finalement en train de former de futurs ouvriers", a-t-il ajouté.

Favoriser l'orientation des élèves vers les métiers en tension

L'une des grandes orientations de la réforme voulue par Emmanuel Macron, et pilotée par la ministre déléguée à l'Enseignement et la Formation professionnels Carole Grandjean, est de rendre l'année de terminale en voie pro "plus modulaire" pour les lycéens selon qu'ils veulent s'insérer dans l'emploi ou poursuivre leurs études.

L'année de terminale consistera, dès la rentrée 2024, en un tronc commun de trente semaines, découpées en vingt-deux semaines de cours, six semaines de périodes de formation en milieu professionnel, dont l’organisation reste modulable, puis deux semaines d'examen qui se dérouleront fin mai.

Il s'agit d'"un stage de six semaines s'ils souhaitent s'insérer dans l'emploi, ou une préparation à la poursuite d'études, centrée sur les matières fondamentales, la méthodologie, et l'autonomie", a précisé Carole Grandjean fin novembre.

Autre changement, la refonte de la carte de formations d'ici à 2026 avec l'objectif pour le gouvernement de favoriser l'orientation des élèves vers les métiers en tension.

La réforme du lycée professionnel, l'une des promesses de campagne d'Emmanuel Macron pour améliorer l'insertion professionnelle des jeunes, avait été présentée en mai.

Plusieurs personnalités de gauche comme le chef de file des insoumis Jean-Luc Mélenchon ou le leader communiste Fabien Roussel ont apporté leur soutien aux opposants à la réforme.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.