Coups de filets antiterroristes en Allemagne, au Danemark et aux Pays-Bas: Huit arrestations

Le parquet fédéral allemand, chargé des affaires de terrorisme, a annoncé l'arrestation de quatre membres présumés du Hamas, dont un aux Pays-Bas, soupçonnés d'avoir planifié de «possibles attentats contre des institutions juives en Europe» (Photo d'illustration, AFP).
Le parquet fédéral allemand, chargé des affaires de terrorisme, a annoncé l'arrestation de quatre membres présumés du Hamas, dont un aux Pays-Bas, soupçonnés d'avoir planifié de «possibles attentats contre des institutions juives en Europe» (Photo d'illustration, AFP).
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Publié le Vendredi 15 décembre 2023

Coups de filets antiterroristes en Allemagne, au Danemark et aux Pays-Bas: Huit arrestations

  • Huit personnes, suspectées d'être liées au Hamas, ont été arrêtées en Europe sous le soupçon de préparer des attentats terroristes
  • Les services de renseignement danois ont souligné qu'il n'y avait pas de lien direct entre les arrestations annoncées par l'Allemagne et celles effectuées au Danemark

COPENHAGUE: Huit personnes, suspectées d'être liées au Hamas, ont été arrêtées en Europe sous le soupçon de préparer des attentats terroristes, lors de deux coups de filets séparés réalisés en Allemagne, au Danemark et aux Pays-Bas.

Trois personnes ont été arrêtées jeudi au Danemark et une autre aux Pays-Bas pour contrer un projet d'attentat terroriste, ont annoncé la police et les services de renseignement danois (PET), Israël affirmant que les suspects arrêtés au Danemark étaient liés au Hamas.

Le parquet fédéral allemand, chargé des affaires de terrorisme, a pour sa part annoncé l'arrestation de quatre membres présumés du Hamas, dont un aux Pays-Bas, soupçonnés d'avoir planifié de "possibles attentats contre des institutions juives en Europe".

Les quatre hommes, suspectés d'être de longue date membres du mouvement islamiste, auraient notamment été chargés de rassembler des armes à Berlin en vue d'éventuels attentats.

Les services de renseignement danois ont souligné qu'il n'y avait pas de lien direct entre les arrestations annoncées par l'Allemagne et celles effectuées au Danemark.

"Il n'y a pas de lien direct entre les arrestations terroristes effectuées au Danemark et l'affaire concernant des personnes affiliées au Hamas arrêtées en Allemagne. La personne mentionnée dans la presse comme un homme de 57 ans arrêté aux Pays-Bas n'a aucun lien avec l'affaire danoise et n'est pas identique à la personne évoquée (par les autorités danoises) arrêtée aux Pays-Bas dans l'affaire danoise", a écrit le PET dans un communiqué.

"Il existe des liens avec l'étranger dans cette affaire, mais nous n'en sommes qu'au début de l'enquête et nous n'avons pas encore déterminé quels sont les liens entre l'affaire danoise et l'étranger", est-il ajouté.

Lors d'une conférence de presse à la mi-journée, les autorités du pays scandinave avaient indiqué que les arrestations concernaient "un groupe qui était en train de préparer un acte de terrorisme".

"Il y a des liens avec des pays étrangers" et le crime organisé, a expliqué le directeur des opérations des services de renseignement, Flemming Drejer.

Aucune information n'a été communiquée sur une éventuelle cible d'un attentat terroriste.

La police a dit qu'elle allait augmenter sa présence à Copenhague mais que la capitale danoise restait "sûre". La communauté juive a toutefois annulé une célébration publique d'Hanouka, a rapporté la presse danoise.

Pour la Première ministre, ce coup de filet "montre la situation dans laquelle nous nous trouvons au Danemark".

Cela fait "plusieurs années que nous avons pu constater qu'il y a des gens qui vivent au Danemark et qui ne nous veulent pas du bien, qui sont contre notre démocratie, notre liberté et qui sont contre la société danoise", a déclaré Mette Frederiksen à la presse.

Les services de renseignement considèrent la menace terroriste comme "critique", la plaçant au niveau quatre sur cinq.

Profanations

Le Danemark et la Suède voisine ont récemment cristallisé la colère au sein de pays musulmans après des profanations du Coran sur leur sol.

En Irak par exemple, des centaines de partisans de l'influent leader religieux Moqtada Sadr ont tenté fin juillet de marcher en direction de l'ambassade danoise à Bagdad.

Le Danemark a depuis légiféré pour interdire les autodafés du livre saint de l'islam, arguant qu'il s'agissait de protéger la sécurité nationale.

Copenhague avait été meurtrie en février 2015 par une attaque djihadiste, qui semblait s'inspirer des attentats commis à Paris un mois auparavant contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo et le magasin Hyper Cacher.

L'auteur de cette attaque avait visé un centre culturel où avait lieu un débat sur la liberté d'expression et la principale synagogue de la capitale de ce pays scandinave avant d'être abattu par la police.

Il y a un an, la justice danoise a condamné un sympathisant de l'organisation Etat islamique à 16 ans de prison pour un projet d'attentat à la bombe, la plus lourde condamnation prononcée au Danemark dans un dossier relevant de la législation antiterroriste.

L'accusé plaidait non coupable, affirmant que les 12 kilos de poudre et de produits chimiques retrouvés cachés à son domicile devaient être utilisés pour fabriquer des feux d'artifice.


L'Ukraine affirme avoir frappé un terminal pétrolier en Crimée

L'armée ukrainienne a affirmé lundi avoir frappé pendant la nuit "le plus gros" terminal pétrolier de Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou en 2014, les autorités russes faisant état d'un important incendie. (AFP)
L'armée ukrainienne a affirmé lundi avoir frappé pendant la nuit "le plus gros" terminal pétrolier de Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou en 2014, les autorités russes faisant état d'un important incendie. (AFP)
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  • Kiev a multiplié ses attaques sur des sites énergétiques russes ces derniers mois pour perturber la logistique des forces armées de Moscou qui contrôlent près de 20% du territoire ukrainien depuis son invasion de son voisin
  • "Les forces de la défense ont effectué cette nuit une frappe réussie sur un terminal pétrolier maritime de l'ennemi" qui desservait notamment l'armée russe à Féodossia

KIEV: L'armée ukrainienne a affirmé lundi avoir frappé pendant la nuit "le plus gros" terminal pétrolier de Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou en 2014, les autorités russes faisant état d'un important incendie.

Kiev a multiplié ses attaques sur des sites énergétiques russes ces derniers mois pour perturber la logistique des forces armées de Moscou qui contrôlent près de 20% du territoire ukrainien depuis son invasion de son voisin, lancée en février 2022.

"Les forces de la défense ont effectué cette nuit une frappe réussie sur un terminal pétrolier maritime de l'ennemi" qui desservait notamment l'armée russe à Féodossia, ville dans l'est de la Crimée, entraînant un incendie, a affirmé l'état-major de l'armée ukrainienne sur les réseaux sociaux.

L'attaque contre ce site, "le plus gros en Crimée selon le volume de produits pétroliers traités", a été effectuée à l'aide "de missiles", a ajouté l'armée.

L'Ukraine avait déjà utilisé des missiles à longue portée notamment pour frapper l'état-major de la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol (est de la Crimée) en septembre 2023.

Cependant, ces derniers mois, les attaques ukrainiennes avaient été réalisées essentiellement à l'aide de drones de combat, Kiev déplorant le manque de missiles et mettant en cause les retards de livraisons occidentales.

Les autorités d'occupation russes en Crimée ont elles fait état d'un incendie sur un dépôt pétrolier à Féodossia, sans mentionner l'attaque ukrainienne et tout en assurant que l'incident n'avait pas fait de victimes.

Des vidéos en ligne montrent au moins deux grosses colonnes de fumée noire s'élever dans le ciel.

Les autorités d'occupation ont par ailleurs indiqué qu'"une partie" de la ville était privée d'électricité et que la circulation de trains de banlieue y était suspendue.

Depuis le début de son invasion de l'Ukraine, la Russie a effectué plusieurs campagnes de frappes contre le réseau énergétique ukrainien laissant des millions d'Ukrainiens sans électricité.

Dans la nuit de dimanche à lundi, l'armée russe a par ailleurs lancé une nouvelle attaque contre Kiev, capitale ukrainienne, d'abord avec des drones explosifs, ensuite, dans la matinée, avec deux missiles balistiques Kinjal, selon les autorités municipales.

Les projectiles ont été abattus par la défense aérienne, ont assuré les autorités, selon lesquelles des éclats de missiles sont tombés sur trois quartiers, notamment dans l'enceinte d'une école maternelle, près d'un immeuble résidentiel et devant un supermarché, sans faire de victimes.

Un incendie s'est déclaré sur un des sites mais a été rapidement éteint, selon la mairie.


Les États-Unis continueront à faire pression sur Israël pour obtenir un cessez-le-feu, a déclaré Harris.

La vice-présidente américaine et candidate démocrate à la présidence, Kamala Harris, s’exprime dans le comté de Prince George (Maryland), aux États-Unis, le 15 août 2024. (Reuters)
La vice-présidente américaine et candidate démocrate à la présidence, Kamala Harris, s’exprime dans le comté de Prince George (Maryland), aux États-Unis, le 15 août 2024. (Reuters)
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  • Les Etats-Unis n'entendent pas relâcher leurs efforts en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et continueront de faire "pression" sur Israël et les pays de la région en ce sens, déclare la vice-présidente Kamala Harris.
  • La diffusion des extraits de cette interview, qui doit être diffusée intégralement lundi, survient à la veille du premier anniversaire de l'attaque du Hamas palestinien contre Israël, le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza.

WASHINGTON : Les Etats-Unis n'entendent pas relâcher leurs efforts en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et continueront de faire "pression" sur Israël et les pays de la région en ce sens, déclare la vice-présidente Kamala Harris, selon des extraits diffusés dimanche d'une interview télévisée.

Washington travaille sur "la nécessité d'un accord qui permettrait de libérer les otages et d'instaurer un cessez-le-feu. Et nous ne cesserons pas de faire pression sur Israël et sur la région, y compris sur les dirigeants arabes", affirme la candidate démocrate à la Maison Blanche à l'émission "60 minutes" de la chaîne CBS.

La diffusion des extraits de cette interview, qui doit être diffusée intégralement lundi, survient à la veille du premier anniversaire de l'attaque du Hamas palestinien contre Israël, le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza.

Interrogée pour savoir si le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est à l'écoute, elle répond que les pressions américaines ont pu "aboutir à un certain nombre d'inflexions dans cette région de la part d'Israël", sans préciser.

"La vraie question, c'est: avons-nous une alliance importante entre le peuple américain et le peuple israélien? La réponse à cette question est oui", ajoute-t-elle.

Faisant référence à l'attaque de l'Iran contre Israël mardi dernier, Kamala Harris insiste sur "l'impératif de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour permettre à Israël de se défendre contre ce type d'attaques".

L'Iran a tiré mardi dernier près de 200 missiles contre Israël, dont la plupart ont été interceptés avec l'aide de plusieurs pays dont les Etats-Unis.

Israël, qui poursuit en parallèle une intense campagne de bombardements contre le Hezbollah au Liban, a promis de riposter, faisant craindre un embrasement régional.


Turquie: la lutte contre l'inflation reste inefficace, reprochent des experts

Des pêcheurs sur le bosphore avec leurs bateaux à Istanbul le 18 septembre 2024. (AFP)
Des pêcheurs sur le bosphore avec leurs bateaux à Istanbul le 18 septembre 2024. (AFP)
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  • Bien que ralentie officiellement à 49,38% sur un an, en septembre, l'inflation court toujours en Turquie où elle est même devenue "chronique" malgré les efforts des autorités
  • La Turquie est prise dans une spirale de l'inflation alimentée par la dépréciation de la livre turque depuis deux ans, avec des pics à 85,5% en octobre 2022 et encore à 75,45% en mai

ANKARA: Bien que ralentie officiellement à 49,38% sur un an, en septembre, l'inflation court toujours en Turquie où elle est même devenue "chronique" malgré les efforts des autorités, selon les économistes interrogés par l'AFP.

La Turquie est prise dans une spirale de l'inflation alimentée par la dépréciation de la livre turque depuis deux ans, avec des pics à 85,5% en octobre 2022 et encore à 75,45% en mai.

Les statistiques officielles sont contestées par les économistes indépendants du Groupe de recherche sur l'inflation en Turquie (Enag), qui ont estimé l'inflation sur un an à 88,63% en septembre.

Ankara espère cependant ramener l'inflation à 17,6% fin 2025 et à moins de 10% en 2026, selon le ministre des Finances Mehmet Simsek.

Le président Recep Tayyip Erdogan s'est félicité récemment d'avoir "entamé le processus de désinflation permanente". "Les temps difficiles sont derrière nous", a-t-il dit.

Mais pour les économistes interrogés par l'AFP, l'envolée des prix à la consommation est devenue "chronique" dans le pays.

"La hausse des prix sur un mois est toujours élevée, à 2,97% pour la Turquie et 3,9% pour Istanbul. On ne peut parler d'une réussite ici", affirme Mehmet Sisman, professeur d'économie à l'Université de Marmara à Istanbul.

"On tente de faire baisser l'inflation uniquement par la politique monétaire et la hausse des taux d'intérêt. Or cela étouffe l'économie", ajoute-t-il.

- "Trous noirs" -

A rebours des théories économiques classiques, le chef de l'Etat a longtemps défendu la baisse des taux d'intérêt en invoquant les préceptes de l'islam, qui interdit l'usure. Mais après sa réélection, en mai 2023, il a laissé le champ libre à la banque centrale pour relever son principal taux directeur de 8,5 à 50% entre juin 2023 et mars 2024 afin d'endiguer l'inflation.

Le taux est demeuré inchangé en septembre pour le sixième mois consécutif.

"La lutte contre l'inflation s'articule autour des priorités du secteur financier. Ainsi, elle se fait de manière indirecte et génère des incertitudes", dénonce Erinç Yeldan, professeur d'économie à l'Université Kadir Has à Istanbul.

Pour Yakup Kuçukkale, professeur d'économie à l'Université technique de la Mer noire, la hausse des taux d'intérêt ne peut suffire à venir à bout de l'inflation sans remédier aux "trous noirs" du budget.

L'expert dénonce un "déficit budgétaire à un niveau record" de 129,6 milliards de livres turques (3,45 milliards d'euros) en août 2024, selon le ministère des Finances.

"M. Simsek l'explique par les dépenses liées à la reconstruction des régions touchées par le séisme de février 2023 (qui a fait plus de 53.000 morts, NDLR). Mais le vrai trou noir réside dans les coûteux contrats de partenariat public-privé", affirme-t-il.

Critiqués par l'opposition pour être souvent accordés aux entreprises proches du pouvoir, ces contrats d'infrastructures - construction et gestion d'autoroutes, ponts, hôpitaux ou aéroports - s'accompagnent de garanties avantageuses pour les prestataires, comme la compensation par l'Etat de leurs revenus en cas de manque d'utilisateurs.

"On devrait remettre en question ces contrats qui pèsent sur le budget car les compensations sont indexées sur le dollar ou l'euro", relève M. Kuçukkale.

Les mesures anti-inflation visent aussi essentiellement les ménages aux faibles revenus, dénonce-t-il, dont le salaire minimum n'a pas été relevé depuis janvier. "Or ces groupes ont déjà un faible pouvoir d'achat. Pour faire baisser la demande, il faudrait viser les groupes aux revenus élevés, mais il n'existe presque aucune mesure dans ce sens", regrette-t-il.

Des "mesures d'austérité", telle la suppression du ménage dans les écoles publiques, touchent encore les plus défavorisés et renforcent les inégalités, relève aussi M. Yeldan.

L'économiste préconise "un impôt sur la fortune, sur les transactions financières ou les revenus immobiliers".

Mais le parti au pouvoir, l'AKP (Parti de la justice et du développement, islamo-conservateur), ne peut prendre ces mesures car "il s'appuie sur un système de rentes distribuées aux compagnies progouvernementales", affirme-t-il.

Selon une étude publiée par l'Université privée Koç, les ménages s'attendent à une inflation annuelle de 94% en fin d'année, bien au-dessus des prévisions de la banque centrale.

"La hausse des prix vécue par les classes moyennes et modestes est plus poignante car elle concerne les produits et services essentiels comme l'alimentation, le logement ou l'éducation, où l'inflation reste très élevée", rappelle M. Sisman.