Deux migrants morts dans la Manche, le ministre de l'Intérieur français défend sa loi immigration

Deux migrants sont morts vendredi lors de deux tentatives distinctes de traversée de la Manche vers l'Angleterre le jour même d'une visite du ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin à Calais (Photo, AFP).
Deux migrants sont morts vendredi lors de deux tentatives distinctes de traversée de la Manche vers l'Angleterre le jour même d'une visite du ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin à Calais (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 17 décembre 2023

Deux migrants morts dans la Manche, le ministre de l'Intérieur français défend sa loi immigration

  • «Les causes exactes de la mort» ne sont pas encore connues, a indiqué le parquet de Boulogne-sur-Mer
  • D'après le décompte de la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord (Prémar), huit personnes étaient mortes en mer

CALAIS: Deux migrants sont morts vendredi lors de deux tentatives distinctes de traversée de la Manche vers l'Angleterre à bord de petites embarcations et deux sont portés disparus, le jour même d'une visite du ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin à Calais (nord) pour défendre son projet de loi immigration.

Le premier migrant,un "homme de 30 à 35 ans", est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi au large de Gravelines (nord de la France) dans le naufrage de son bateau pneumatique, qui transportait 50 hommes, sept femmes et deux enfants, selon le parquet de Saint-Omer. Deux personnes sont également portées disparues dans ce naufrage.

Le second, retrouvé inanimé sur une plage de Sangatte (nord de la France) vendredi matin après une tentative de traversée avortée, a été déclaré mort à la mi-journée, selon une source policière. Il s'agit "probablement" d'un homme de nationalité soudanaise, selon cette même source.

"Les causes exactes de la mort" ne sont pas encore connues, a indiqué le parquet de Boulogne-sur-Mer, qui a ouvert une enquête pour "homicide involontaire". Selon lui, "un groupe de 70 migrants est parti en mer avec un +small boat+, mais l'embarcation est revenue sur la plage" aux alentours de 7H00.

D'après le décompte de la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord (Prémar), huit personnes étaient mortes en mer dans la zone depuis le début de l'année avant ces deux décès.

«Un drame»

"C'est évidemment un drame, on voit bien que là nous parlons de femmes, d'hommes, d'enfants, qui sont utilisés par des passeurs", a réagi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin lors d'un déplacement à Calais pour rencontrer les forces de l'ordre engagées dans la lutte contre l'immigration irrégulière, alors que seul le premier décès était connu.

Le ministre, qui a vu cette semaine l'Assemblée nationale rejeter son projet de loi sur l'immigration, a de nouveau défendu son texte, estimant que le Rassemblement national (extrême droite) serait "le grand gagnant" d'un désaccord sur ce projet.

Celui-ci être discuté lundi en commission mixte paritaire au sein de laquelle sept députés et sept sénateurs doivent tenter de s'accorder sur un texte commun.

"Je crois à un accord qui se rapprocherait du texte du Sénat" durci le mois dernier par la majorité de droite, a affirmé M. Darmanin. Mais "chacun doit faire un pas".

Plusieurs dizaines de personnes ont manifesté à son arrivée au commissariat de Calais pour protester contre sa politique en matière de migration, ont constaté des journalistes de l’AFP. "État raciste, police complice", "Darmanin dehors, Macron démission", ont scandé les manifestants.

Une dizaine d'associations d'aide aux migrants ont dénoncé dans un communiqué commun une visite destinée "de nouveau à la promotion de la politique répressive et harcelante contre les personnes exilées" à Calais.

Un homme en garde à vue

"Un homme de nationalité irakienne âgé de 33 ans a été placé en garde à vue, à la fois pour son attitude d'incitation à la violence à l'encontre des forces de l'ordre lors de leur intervention et en raison d'indices laissant présumer un rôle de passeur", a indiqué à l'AFP le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, Guirec Le Bras.

Une enquête a été ouverte pour homicide involontaire et aide à étrangers en situation irrégulière en bande organisée, a-t-il précisé.

Une autopsie est prévue pour tenter d'identifier les causes du décès de l'homme découvert sur la plage.

Disparus

Les recherches pour retrouver les deux personnes disparues dans le naufrage au large de Gravelines ont été interrompues vendredi à la tombée de la nuit, selon le procureur de Saint-Omer Mehdi Benbouzid.

Un homme soupçonné d'être "un des deux pilotes du bateau" a été placé en garde à vue, a-t-il ajouté.

Selon la Prémar, l'embarcation, dont l'un des boudins était "dégonflé", s'est trouvée en difficulté "à moins de huit kilomètres des côtes".

Les deux derniers décès de migrants dans la Manche remontent au 22 novembre, quand un homme et une femme d'une trentaine d'années sont morts dans le naufrage de leur embarcation.

Quelques jours plus tard, un homme avait été découvert mort sur une plage du Pas-de-Calais. Des vérifications sont menées pour déterminer s'il s'agit d'une troisième victime du même naufrage.

Le 12 août, six Afghans de 21 à 34 ans avaient perdu la vie dans un naufrage, le plus meurtrier dans le détroit du Pas-de-Calais depuis celui du 24 novembre 2021. Au moins 27 migrants avaient péri ce jour-là.

Depuis les années 1990 et après la fermeture en 2002 d'un centre de la Croix-Rouge à Sangatte, des centaines d'exilés vivent dans des tentes et des abris de fortune à Calais ou Dunkerque pour tenter de rallier l'Angleterre, cachés dans des camions ou par bateau.

Quelque 29.000 migrants sont parvenus à traverser la Manche sur de petites embarcations depuis le début de l'année, contre 44.000 l'an dernier à la même date, avait indiqué le 4 décembre la préfecture du Nord.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.