Israël pleure trois otages tués «par erreur» à Gaza

Un drapeau israélien est recouvert de peinture rouge alors que des parents et des sympathisants d'otages détenus par des militants palestiniens manifestent devant le ministère israélien de la Défense à Tel Aviv, le 15 décembre 2023. (Photo par Ahmad Gharabli AFP)
Un drapeau israélien est recouvert de peinture rouge alors que des parents et des sympathisants d'otages détenus par des militants palestiniens manifestent devant le ministère israélien de la Défense à Tel Aviv, le 15 décembre 2023. (Photo par Ahmad Gharabli AFP)
Alon Shamriz, de gauche à droite, Samer Al-Talalka et Yotam Haim (Photo, AP).
Alon Shamriz, de gauche à droite, Samer Al-Talalka et Yotam Haim (Photo, AP).
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Publié le Dimanche 17 décembre 2023

Israël pleure trois otages tués «par erreur» à Gaza

  • Trois otages israéliens «identifiés par erreur» comme une «menace» ont été tués par des soldats opérant à Choujaiya, dans le nord de la bande de Gaza
  • Les victimes sont Yotam Haïm, un batteur de Heavy Metal de 28 ans, Samer al-Talalqa, un Bédouin de 25 ans, et Alon Lulu Shamriz, 26 ans, a annoncé l'armée israélienne précisant que les corps avaient été rapatriés en Israël

TEL-AVIV, Israël : Israël pleure samedi la mort de trois otages tués «par erreur» par ses propres soldats dans la bande de Gaza, où l'armée multiplie les raids aériens malgré les pressions de son allié américain pour plus de retenue.

La nouvelle a secoué Israël vendredi soir: trois otages israéliens «identifiés par erreur» comme une «menace» ont été tués par des soldats opérant à Choujaiya, dans le nord de la bande de Gaza.

Les victimes sont Yotam Haïm, un batteur de Heavy Metal de 28 ans, Samer al-Talalqa, un Bédouin de 25 ans, et Alon Lulu Shamriz, 26 ans, a annoncé l'armée israélienne précisant que les corps avaient été rapatriés en Israël.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a aussitôt regretté «une insupportable tragédie» qui plonge «tout l'Etat d'Israël dans le deuil», tandis qu'à Washington la Maison Blanche évoquait une «erreur tragique».

Peu après cette annonce, des familles d'otages et des sympathisants ont défilé avec des photos de captifs devant le ministère israélien de la Défense à Tel-Aviv pour demander un accord immédiat en vue de leur libération.

«Chaque jour, un otage meurt», pouvait-on lire sur une affiche alors qu'un drapeau israélien placé dans la rue a été aspergé de peinture rouge évoquant du sang.

«Le seul moyen de libérer les otages vivants est la négociation», a déclaré sur place Motti Direktor, un manifestant de 66 ans. «Nous sommes ici après une soirée bouleversante, et je meurs de peur. Nous exigeons un accord maintenant», a déclaré Merav Svirsky, dont le frère Itay est otage à Gaza.

- Une seconde trêve ? -

Environ 240 personnes ont été capturées dans l'attaque sanglante de commandos du Hamas le 7 octobre en sol israélien qui a fait environ 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités.

En représailles, Israël a promis de «détruire» le Hamas et lancé une offensive militaire dans la bande de Gaza qui a fait 18.800 morts, dont 70% de femmes, enfants et adolescents, selon le ministère de la santé du Hamas.

Un accord de trêve obtenu grâce à une médiation du Qatar avait permis fin novembre une pause d'une semaine dans les combats, la libération d'une centaine d'otages détenus par le Hamas et de 240 prisonniers palestiniens écroués en Israël, ainsi que l'acheminement d'une aide humanitaire d'urgence.

Après l'annonce de la mort des trois otages, le site Axios a indiqué que David Barnea, le chef du Mossad, les services secrets extérieurs israéliens, doit rencontrer ce week-end le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.

La rencontre, en Europe, doit porter sur la libération d'otages, poursuit Axios sans préciser le lieu de cet entretien ni le nombre de captifs qui pourraient être libérés parmi les quelque 129 estimés toujours retenus à Gaza.

- Journaliste tué -

Si Israël est endeuillé samedi, le Qatar et Gaza le sont aussi après le décès de Samer Abou Daqa, caméraman d'Al Jazeera tué dans une frappe aérienne israélienne à Khan Younès, principale ville du sud de la bande de Gaza, selon la chaîne qatarie.

Le chef de bureau d'Al Jazeera à Gaza, Waël Dahdouh, qui avait perdu son épouse et deux de ses enfants au début de la guerre, a lui été blessé au bras par des éclats d'obus et transféré dans un hôpital de Khan Younès.

«Nous étions en reportage, nous avions filmé, nous avions terminé et nous étions avec la défense civile mais alors que nous revenions, ils nous ont frappés avec un missile. Tant que je respire, il n'y a pas de problème. Dieu nous aide, c'est tout», a déclaré à l'AFP Waël Dahdouh.

Plus de 60 journalistes et employés de médias sont morts depuis le début de la guerre Israël/Hamas, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).

«Les équipes de Gaza, en particulier Waël et Samer, ont joué un rôle crucial pour révéler l'ampleur des destructions et des horreurs des atrocités israéliennes», a estimé Al Jazeera.

Kerem Shalom

Après plus de deux mois de guerre et un siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre, les conditions de vie à Gaza sont cauchemardesques pour les civils palestiniens acculés dans des zones toujours plus petites, estime l'ONU.

Gaza: les otages tués par des soldats israéliens ont brandi un drapeau blanc

L'armée israélienne a indiqué samedi que les otages tués par ses soldats à Gaza ont brandi un drapeau blanc et parlé en hébreu, dans un secteur où les troupes subissent des embuscades, d'après les premiers éléments de l'enquête.

Les trois otages, âgés de 25 à 28 ans, ont surgi "à quelque dizaines de mètres de l'une de nos positions", dans le quartier de Choujaïya, dans la ville de Gaza, a déclaré un responsable militaire à des journalistes.

"Un des soldats les a vus lorsqu'ils sont apparus. Ils ne portent pas de t-shirts et ils ont un bâton avec un tissu blanc dessus. Le soldat s'est senti menacé et tire, il déclare qu'ils sont terroristes. Deux (otages) sont tués", a ajouté cette source.

"Immédiatement, un autre est blessé et se rue dans le bâtiment", a ajouté cette source, précisant que les soldats ont ensuite "entendu un appel à l'aide en hébreu".

"Le commandant du bataillon ordonne de cesser les tirs, mais de nouveau des rafales sont tirées en direction de la troisième personne et elle meurt", a poursuivi le responsable militaire, ajoutant que l'incident allait "à l'encontre de nos règles d'engagement".

Israël a autorisé vendredi l'ouverture «temporaire» d'un nouveau point d'entrée pour l'aide humanitaire à Gaza assiégée, tout en poursuivant d'intenses frappes aériennes malgré les pressions américaines pour plus de retenue.

La décision d'autoriser l'aide humanitaire à entrer à Gaza par le terminal de Kerem Shalom vise à décongestionner celui de Rafah, unique point d'entrée de vivres et de médicaments, alors qu'Israël resserre l'inspection des camions acheminant de l'aide.

«Tout est détruit»

Quelque 1,9 million d'habitants, soit 85% de sa population, ont été déplacés, selon l'ONU, dont beaucoup ont dû fuir plusieurs fois face aux bombardements et aux combats qui s'étendent.

Tôt samedi, le Hamas a fait état de «combats acharnés» dans le secteur de Jabaliya (nord) tandis et de frappes aériennes et de tirs d'artillerie intenses à Khan Younès, nouvel épicentre des combats dans le sud du territoire.

La veille, à Rafah, Bakr Abu Hajjaj avait survécu à l'une de ses frappes. «Tout est détruit, cela fait 70 jours que nous subissons cette guerre et cette destruction», se désole-t-il, interrogé par l'AFP.

De passage en Israël jeudi et vendredi, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan a demandé aux responsables israéliens de passer à court terme à une phase de «plus faible intensité».

Dans un signe de crispation inédit face à l'ampleur des pertes palestiniennes, le président américain Joe Biden avait d'ailleurs dénoncé des bombardements «aveugles», prévenant son allié israélien qu'il risquait de perdre son soutien international.

La cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna est attendue samedi au Liban et dimanche en Israël pour tenter d'éviter un embrasement régional à l'heure de tensions croissantes à la frontière libano-israélienne et en mer Rouge où les rebelles yéménites Houthis, proches du Hamas, menacent le trafic maritime.


Sommet à Doha pour discuter de la riposte arabo-islamique à l’attaque israélienne contre le Qatar

Une photo prise le 15 octobre 2022 montre une vue de la ligne d'horizon de la capitale qatarie Doha. (AFP)
Une photo prise le 15 octobre 2022 montre une vue de la ligne d'horizon de la capitale qatarie Doha. (AFP)
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  • Un sommet arabo-islamique extraordinaire discutera de l’attaque israélienne contre l’État du Qatar ciblant des hauts responsables du Hamas

DUBAÏ : Le ministère des Affaires étrangères du Qatar a déclaré samedi qu’un sommet arabo-islamique d’urgence, qui se tiendra dans la capitale Doha, discutera d’un projet de résolution concernant l’attaque israélienne contre l’État du Golfe, selon l’Agence de presse du Qatar (QNA).

« Le sommet examinera un projet de résolution sur l’attaque israélienne contre l’État du Qatar, présenté par la réunion préparatoire des ministres des Affaires étrangères arabes et islamiques, prévue demain dimanche », a déclaré à la QNA le porte-parole du ministère, Majid ben Mohammed Al Ansari.

Le ministère avait annoncé plus tôt que Doha accueillerait un sommet arabo-islamique extraordinaire pour débattre de l’attaque israélienne contre l’État du Qatar visant des dirigeants de haut rang du Hamas.

Al Ansari a souligné que « la tenue de ce sommet arabo-islamique à ce moment précis revêt une importance particulière, car elle reflète la large solidarité arabe et islamique avec l’État du Qatar face à l’agression israélienne lâche ».

La réunion préparatoire des ministres des Affaires étrangères se tiendra dimanche. Le sommet débutera lundi.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza : Israël affirme que 250 000 habitants ont fui la ville, 32 morts dans de nouvelles frappes

Les habitants de Gaza ont déclaré que le coût du voyage vers le sud était prohibitif et qu'il n'y avait plus d'espace pour planter des tentes dans les zones désignées. (AFP)
Les habitants de Gaza ont déclaré que le coût du voyage vers le sud était prohibitif et qu'il n'y avait plus d'espace pour planter des tentes dans les zones désignées. (AFP)
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  • Plus de 250 000 habitants auraient fui Gaza-ville ces dernières semaines, selon l'armée israélienne qui multiplie les frappes et ordonne des évacuations massives, malgré les risques humanitaires
  • La guerre, déclenchée après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, a causé plus de 64 000 morts à Gaza selon le ministère de la Santé local

Jérusalem: L'armée israélienne a affirmé samedi que plus de 250.000 habitants avaient quitté ces dernières semaines la ville de Gaza vers d'autres secteurs du territoire palestinien, après une intensification des bombardements et raids israéliens.

De son côté, la Défense civile dans la bande de Gaza a fait état de cinq Palestiniens tués depuis l'aube dans les bombardements israéliens, au lendemain de la mort selon elle d'au moins 50 personnes à travers le territoire assiégé et dévasté par 23 mois de guerre.

"Selon les estimations de l'armée, plus d'un quart du million d'habitants de la ville de Gaza l'ont quittée pour leur propre sécurité", a déclaré le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, sur X.

Selon des estimations récentes de l'ONU, environ un million de Palestiniens vivent dans et autour de la ville de Gaza, la plus grande du territoire.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée dit vouloir prendre le contrôle de Gaza-ville, qu'elle présente comme l'un des derniers bastions du mouvement islamiste palestinien Hamas.

Samedi, l'armée de l'air israélienne a largué des tracts exhortant les habitants des quartiers ouest de la ville à les évacuer, alors que la Défense civile locale a fait état de frappes aériennes continues.

"L'armée agit avec force dans votre secteur et est déterminée à démanteler et à vaincre le Hamas", pouvait-on lire dans le tract. "Pour votre sécurité, évacuez immédiatement via la rue al-Rachid vers le sud (du territoire). Vous avez été prévenus."

Les forces israéliennes ont détruit plusieurs tours d'habitation à Gaza-ville ces derniers jours, l'armée affirmant son intention d'"intensifier le rythme (de ses) frappes ciblées (...) afin de nuire aux infrastructures terroristes du Hamas (...) et réduire la menace pour (ses) troupes".

De nombreux acteurs humanitaires jugent que le déplacement une nouvelle fois de la population du nord vers le sud du territoire est impossible et dangereux.

La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, qui a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des sources officielles israéliennes.

L'offensive israélienne menée en riposte à fait au moins 64.756 morts dans la bande de Gaza, selon des données du ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas. Elle a aussi dévasté le territoire palestinien et provoqué un désastre humanitaire.

L'ONU a déclaré la famine à Gaza. Israël, qui assiège le territoire, dément.


Le Liban fait état d'une personne tuée dans une frappe israélienne dans le sud

Des panaches de fumée s'élèvent après une frappe israélienne sur la colline d'Ain el-Taher dans le village de Nabatiyeh al-Faouqa, au sud du Liban, le 31 août 2025. (AFP)
Des panaches de fumée s'élèvent après une frappe israélienne sur la colline d'Ain el-Taher dans le village de Nabatiyeh al-Faouqa, au sud du Liban, le 31 août 2025. (AFP)
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  • Une personne a été tuée vendredi lors d'une attaque israélienne dans le sud du Liban, dans un contexte de raids réguliers visant le Hezbollah malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis novembre 2024
  • Le gouvernement libanais, sous pression américaine, a chargé son armée de désarmer le Hezbollah dans le sud du pays d’ici trois mois

BEYROUTH: Le ministère libanais de la Santé a indiqué vendredi qu'une personne avait été tuée dans une frappe israélienne dans le sud, où Israël mène régulièrement des raids disant viser le Hezbollah.

"Une frappe ennemie israélienne sur la ville d'Aitaroun a tué une personne", a déclaré le ministère dans un communiqué.

L'armée israélienne continue de mener des attaques régulières au Liban, affirmant cibler des membres ou sites du Hezbollah, malgré l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Jeudi, le ministère de la Santé avait annoncé la mort d'une personne dans une frappe de drone israélienne dans le sud, après des attaques israéliennes lundi dans l'est du pays ayant tué cinq personnes.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah.

Selon Beyrouth, l’armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne la partie du sud du pays proche de la frontière avec Israël.