L’hiver complique le quotidien des Palestiniens déplacés à Gaza

Des Palestiniens déplacés par l'offensive terrestre israélienne sur la bande de Gaza installent un camp de tentes dans la région de Muasi (Photo, AP).
Des Palestiniens déplacés par l'offensive terrestre israélienne sur la bande de Gaza installent un camp de tentes dans la région de Muasi (Photo, AP).
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Publié le Mardi 19 décembre 2023

L’hiver complique le quotidien des Palestiniens déplacés à Gaza

  • Gaza souffre d’inondations et d’un manque d'abris adéquats lors des pluies torrentielles
  • Des familles entières vivent dans des tentes fragiles et sont exposées aux intempéries

LONDRES: Les vents violents et les fortes pluies qui se sont abattus sur la bande de Gaza au cours de la semaine dernière ont aggravé la situation des quelque deux millions de civils déplacés à l'intérieur du pays. La crainte de voir se déclencher une épidémie de grande ampleur s'accroît alors que les infrastructures en ruine peinent à faire face à la situation.

Même avant les soixante jours de bombardements incessants, les experts avaient prévenu que le système d'évacuation des eaux de Gaza n'était plus adapté. Outre les destructions, les pluies diluviennes ont provoqué des inondations dans de vastes zones de l'enclave palestinienne.

Décrivant la situation comme «plus qu'horrible», une source a déclaré à Arab News que «tout était vrai» et que l'ampleur des destructions avait réduit à néant l'infrastructure d'assainissement du territoire assiégé, qui parvenait à peine à faire face à la situation.

Pour les personnes vivant dans le camp de réfugiés interne érigé à la hâte à Rafah, dans le sud de Gaza, la combinaison du vent et de la pluie a laissé beaucoup d'entre elles encore plus exposées qu'elles ne l'étaient auparavant, les tentes fragiles se retrouvant inondées et déchirées.

S'adressant à l'agence de presse Reuters alors qu'il tentait de réparer la maigre protection de sa famille contre les intempéries, un Palestinien déplacé, Ramadan Mohadad, a déclaré que leur abri, fabriqué à partir de contreplaqué et de bâches en plastique, était «déchiré et que l'eau se déversait sur nous».

Un Palestinien traîne des briques dans un camp de déplacés à Rafah (Photo, AFP).

«Nous avons essayé autant que possible de nous protéger pour que l'eau ne pénètre pas, mais la pluie est passée à travers... ce plastique ne protège en rien les personnes qui dorment dessous», a-t-il ajouté.

La situation de la famille de Mohadad est loin d'être une exception.

La guerre a éclaté le 7 octobre avec une attaque de combattants du Hamas contre le sud d'Israël qui, selon les autorités israéliennes, a entraîné la mort d'environ 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et la prise de près de 240 otages, dont certains ont été libérés au cours d'une brève trêve.

À ce dimanche, l'offensive militaire de représailles menée par Israël avait tué plus de 18 700 Palestiniens et en avait blessé 50 000 autres, selon les responsables de la santé dans le territoire dirigé par le Hamas.

Lorsque les combats entre les Forces de défense israéliennes et le Hamas se sont intensifiés en octobre, de nombreux Palestiniens ont fui leur maison avec les seuls vêtements qu'ils portaient, à une époque où les températures étaient nettement plus élevées.

Alors que le conflit est entré dans son troisième mois, certains d'entre eux ont déclaré à l'agence de presse AFP qu'ils survivaient sans matelas, sans couvertures et sans rien d'autre pour se réchauffer.

Des soldats israéliens se préparent à entrer dans la bande de Gaza, dans une zone de transit près de la frontière entre Israël et Gaza (Photo, AP).

Des vidéos ont été diffusées ce dimanche montrant des foules montant à bord de camions d'aide humanitaire et les poursuivant alors qu'ils pénétraient dans Gaza, dans une situation de plus en plus désespérée pour ces civils pris au piège.

Pour souligner l'ampleur des souffrances, l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (Unrwa) a diffusé sur le réseau X une vidéo dans laquelle la mère d'un enfant de deux ans partageant une tente avec 24 autres personnes explique que leur abri de fortune n'a pas permis de protéger son fils de la pluie.

«Il est essoufflé, sa poitrine est tendue. Il n'y a pas de couverture pour le couvrir. Qamar, ma nièce, a un an et demi. Elle est également malade. Il n'y a ni médicament ni traitement, et à cause du froid, elle est également essoufflée», a indiqué la femme.

«Nous souffrons. Nous sommes 24 personnes dans cette tente. Nous avons froid et nous avons des enfants... La pluie nous arrose et il n'y a pas de couverture, rien pour nous protéger. La nuit dernière, l'eau est entrée à l'intérieur et nous a noyés. Nous gardons les enfants sur les marches», a-t-elle ajouté.

Fikr Shalltoot, directrice de l'organisation caritative Medical Aid for Palestinians à Gaza, a déclaré à Arab News qu'en plus des «graves pénuries» de matériaux de base pour les abris, à savoir les tentes et les bâches en plastique, la pluie avait affecté la capacité des personnes déplacées de Gaza à se nourrir.

«En raison du manque de gaz de cuisine, les gens utilisent du bois pour cuisiner, mais avec la pluie, cela devient impossible pour de nombreuses familles», a précisé Mme Shalltoot.

Résidente de Gaza, Mme Shalltoot s'était rendue en Égypte le 7 octobre et n'a pas été autorisée à y retourner.

Des enfants palestiniens jouent sous la pluie dans un camp de personnes déplacées à Rafah (Photo, AFP).

La question de l'élimination des déchets est toutefois plus préoccupante à long terme. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies a déclaré que les eaux usées étaient devenues «ingérables» en raison de trois problèmes simultanés: la surpopulation dans les sites désignés par Israël comme sûrs pour les civils, les dommages causés aux canalisations et les inondations.

Cette situation a conduit les partenaires humanitaires du Bureau de la coordination des affaires humanitaires à lancer des appels urgents pour que les matériaux de construction soient autorisés à entrer, l'organisme des Nations unies avertissant que «l'incapacité à faire des réparations pourrait entraîner une coupure d'eau dans certaines zones du sud de la bande de Gaza».

Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a signalé en novembre que les infrastructures endommagées, les pénuries de carburant et les restrictions imposées à l'acheminement de l'aide n'avaient laissé que 5% de l'approvisionnement en eau d'avant-guerre.

Gaza ne doit pas non plus s'attendre à une accalmie imminente, les températures devant descendre jusqu'à 10 degrés Celsius en décembre, voire plus bas encore en janvier, tandis que la saison des pluies se prolongera probablement jusqu'en février.

Cette saison des pluies pourrait être pire que la normale, les stations météorologiques proches de la frontière sud entre Gaza et Israël ayant déjà enregistré près de deux fois les précipitations moyennes, ce qui renforce les craintes de voir les crues soudaines contaminer le peu d'eau potable qui reste.

Les organisations humanitaires contactées par Arab News, dont la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, ont déclaré qu'elles étaient «préoccupées par le fait que les fortes pluies et les inondations qui touchent de grandes parties de Gaza augmentent encore le risque de maladies d'origine hydrique».

Après les tempêtes, les autorités sanitaires de Gaza ont recensé environ 360 000 cas de maladies infectieuses dans les abris, mais les Nations unies ont depuis lors averti que le nombre réel pourrait être beaucoup plus élevé.

Mme Shalltoot a noté que les responsables de Medical Aid for Palestinians avaient signalé que des maladies infectieuses se propageaient rapidement dans les abris surpeuplés, faisant écho aux inquiétudes concernant les crues soudaines qui présentent un «risque alarmant» pour la vie humaine.

«Sur les 360 000 cas signalés, on compte des infections respiratoires, des diarrhées, des cas de gale et des maladies de peau. Les enfants souffrent de gastro-entérite et de diarrhée, et des cas d'hépatite et de méningite ont également été signalés», a-t-elle alerté.

Julia Roknifard, professeure adjointe à l'école de politique, d'histoire et de relations internationales de l'université de Nottingham, a déclaré: «Il y a aussi le fait que les gens ont une immunité très affaiblie maintenant, ce qui va tout aggraver.»

Le 12 décembre, Philippe Lazzarini, commissaire général de l'Unrwa, s'est rendu à Gaza pour la troisième fois depuis le début de la guerre: «Chaque fois que j'y retourne, je pense que la situation ne peut empirer, mais chaque fois, je suis témoin d'une plus grande misère», a-t-il confié.

«Ce qui a changé par rapport à ma dernière visite, c'est qu'avant, nous avions des abris surpeuplés avec plus d'un million de personnes vivant dans les locaux de l'ONU, lors de ce voyage, lorsque j'ai visité un entrepôt devenu un abri, nous avions des dizaines de milliers de personnes à l'extérieur», a-t-il expliqué.

EN CHIFFRES

1,2 million de réfugiés à Gaza ont accès à l'aide alimentaire de l'Unrwa

1,9 million de réfugiés à Gaza utilisent les services de santé de l'Unrwa

«Les plus chanceux sont ceux qui ont une place à l'intérieur de nos locaux, surtout maintenant que l'hiver a commencé. Mais les autres n'ont absolument nulle part où aller, ils vivent à l'air libre, dans le froid, dans la boue et sous la pluie», a ajouté M. Lazzarini.

Des milliers de personnes n'ont pas encore réussi à atteindre les zones légèrement plus sûres de Gaza. Des vidéos ont été diffusées sur les réseaux sociaux montrant un jeune Palestinien trempé par la pluie, transportant un petit corps enveloppé dans un linceul dans des rues inondées par des eaux qui lui arrivent aux genoux.

La montée des eaux a pratiquement coupé certaines des routes les plus faciles vers le sud. Un habitant de Gaza a déclaré aux journalistes que le voyage déjà périlleux vers les camps de réfugiés était devenu encore plus difficile, un problème qui touche également les personnes travaillant pour les services d'urgence de l'enclave.

Une Palestinienne s'approvisionne en eau à l'extérieur de son abri de fortune dans un camp de personnes déplacées à Rafah (Photo, AFP).

Près de la frontière égyptienne, Rafah est devenu un vaste camp pour les personnes déplacées, avec des centaines de tentes érigées à l'aide de bois et de bâches en plastique.

«Nous avons passé cinq jours dehors. Et maintenant, la pluie a inondé les tentes», a déclaré à l'AFP Bilal al-Qassas, un habitant déplacé.

De nouvelles craintes s'emparent aussi de ceux qui ont rejoint les camps de Rafah: l'intention d'Israël est de continuer à étendre la guerre jusqu'à ce que les combats engloutissent l'ensemble de la bande de Gaza.

Inas, mère de cinq enfants âgée de 38 ans, a déclaré à Reuters qu'elle avait été contrainte de fuir quatre fois depuis le 7 octobre.

Aujourd'hui, elle se dit «terrifiée à l'idée d'être déplacée en Égypte. C'est notre pire cauchemar. Vont-ils étendre la guerre terrestre à Rafah? Si cela se produit, où devrions-nous aller? Vers la mer ou vers le Sinaï?».

Yasmine Mhani a expliqué à Reuters, alors qu'elle étendait des vêtements mouillés pour les faire sécher sur l'abri de la tente, qu'elle avait perdu un enfant dans l’explosion d’une bombe israélienne qui a frappé leur maison. Ayant déménagé cinq fois depuis, elle partage maintenant une seule couverture avec les cinq membres restants de sa famille.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Au Liban, le pape apporte l'espoir et appelle à l'unité

Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel. (AFP)
Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel. (AFP)
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  • Le chef de l'Eglise catholique a commencé sa journée par une visite à Annaya, un monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel Makhlouf (1828-1898)
  • Ce moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est très populaire chez des Libanais de toutes les communautés dont beaucoup croient en ses miracles

ANNAYA: Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel.

Dès le matin, des milliers de fidèles enthousiastes se pressent sous une pluie battante le long de la route empruntée par le pape pour l'acclamer.

"Nous sommes très heureux de la visite du pape, elle nous a rendu le sourire (..) après toutes les difficultés que nous avons traversées", déclare à l'AFP Yasmine Chidiac.

"Tout le monde va à Rome pour voir le pape, mais il est venu chez nous, et c'est la plus grande bénédiction (..) et un espoir pour le Liban", affirme Thérèse Darouni, 65 ans, qui attend le passage du convoi papal devant chez elle, au nord de Beyrouth.

Le chef de l'Eglise catholique a commencé sa journée par une visite à Annaya, un monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel Makhlouf (1828-1898).

Ce moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est très populaire chez des Libanais de toutes les communautés dont beaucoup croient en ses miracles.

"Nous devons nous unir" 

Devant le monastère, à 54 km au nord de Beyrouth, des hauts-parleurs diffusent des hymnes religieux et les fidèles agitent des drapeaux libanais et du Vatican.

Les autorités ont décrété deux jours fériés au Liban, où la visite papale suscite un vif enthousiasme, malgré les craintes d'un retour de la guerre avec Israël.

En dépit d'un cessez-le-feu intervenu il y a un an entre le Hezbollah pro-iranien et le pays voisin, l'armée israélienne a intensifié ces dernières semaines ses frappes au Liban.

Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international du pape américain, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens.

Léon XIV est le troisième pape à effectuer une visite officielle au Liban, après Jean-Paul II en 1997 et Benoît XVI en 2012.

Il doit prononcer lundi un discours devant les évêques, prêtres et religieux du pays au sanctuaire de Harissa, au pied de la statue de Notre-Dame du Liban qui surplombe la baie de Jounieh, sur la Méditerranée.

Dans l'après-midi, deux autres moments forts sont prévus: une prière interreligieuse sur la place des Martyrs au centre de Beyrouth, un vaste espace emblématique symbole de mémoire nationale, et une rencontre avec des jeunes au patriarcat de Bkerké (nord).

"Au moment où nous sommes confrontés à de nombreux problèmes économiques, sociaux et politiques, nous avons besoin d'espoir", déclare Elias Abou Nasr Chaalan, 44 ans.

"Nous devons nous unir en tant que Libanais, comme le pape a réuni les responsables et les chefs religieux lors de son arrivée, car c'est en restant unis que nous pouvons surmonter toutes les difficultés", ajoute ce père de deux enfants.

 "Modèle de coexistence" 

Dimanche soir, tous les responsables politiques et religieux se sont rendus au palais présidentiel pour accueillir le souverain pontife.

Dans un discours, le pape a appelé les Libanais à "rester" dans leur pays, où l'effondrement économique depuis 2019 a aggravé l'émigration massive, et à oeuvrer pour la "réconciliation".

Devant les dirigeants, il a appelé la classe politique à "se mettre au service du peuple avec engagement et dévouement".

La crise économique inédite qui a éclaté à l'automne 2019 et ruiné les Libanais a été imputée en grande partie à la négligence de la classe politique, régulièrement accusée de clientélisme communautaire et de corruption.

Le système politique libanais garantit une parité unique dans la région entre musulmans et chrétiens,mais en dépit du rôle politique important que jouent ces derniers, ils ont vu leur nombre diminuer ces dernières décennies, en raison notamment du départ des jeunes.

"La sauvegarde du Liban, unique modèle de coexistence" entre chrétiens et musulmans, "est un devoir pour l’humanité", a déclaré dimanche soir le président Joseph Aoun, seul chef d'Etat arabe chrétien, devant le pape.

"Car si ce modèle venait à disparaître, nul autre lieu ne pourrait le remplacer".


Gaza: Israël dit avoir tué 40 combattants palestiniens dans des tunnels à Rafah

L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas. (AFP)
L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas. (AFP)
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  • Selon un responsable du Hamas à Gaza, "entre 60 et 80 combattants" seraient coincés sous terre à Rafah
  • Mercredi, le Hamas a appelé les pays médiateurs à faire pression sur Israël pour permettre à ses combattants de quitter les tunnels où ils sont bloqués dans le territoire palestinien

JERUSALEM: L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas.

Depuis 40 jours, les troupes concentrent leurs efforts dans la zone est de Rafah, "dans le but de démanteler les réseaux de tunnels souterrains qui subsistent dans la région et d'éliminer les terroristes qui s'y cachent", a indiqué l'armée israélienne dans un communiqué.

"Au cours de la dernière semaine, plus de 40 terroristes ont été éliminés dans la zone du réseau de tunnels" et "des dizaines d'entrées de tunnels et de sites d'infrastructures terroristes, tant en surface que souterrains, ont été démantelés dans la région", a-t-elle poursuivi.

Plus tôt, l'armée israélienne avait dit avoir tué quatre combattants palestiniens qui sortaient de tunnels à Rafah.

Plusieurs sources au fait des discussions ont indiqué jeudi à l'AFP que des négociations étaient en cours sur le sort de dizaines de combattants du mouvement islamiste palestinien Hamas, coincés depuis plusieurs semaines dans des tunnels dans le secteur de la bande de Gaza contrôlée par l'armée israélienne.

Selon un responsable du Hamas à Gaza, "entre 60 et 80 combattants" seraient coincés sous terre à Rafah.

Mercredi, le Hamas a appelé les pays médiateurs à faire pression sur Israël pour permettre à ses combattants de quitter les tunnels où ils sont bloqués dans le territoire palestinien, dans le secteur où s'est redéployée l'armée israélienne dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre.

"Nos combattants à Rafah ne peuvent pas accepter de se rendre ou de remettre leurs armes à l'occupation (Israël, NDLR)", a déclaré dimanche dans un communiqué Hossam Badran, un haut responsable du mouvement.

L'envoyé spécial américain Steve Witkoff avait lui affirmé début novembre que jusqu'à 200 combattants du Hamas seraient bloqués dans des tunnels à Gaza.

Interrogé alors par l'AFP, un porte-parole du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait indiqué que celui-ci n'était pas disposé à leur délivrer un sauf-conduit.

La trêve conclue plus de deux ans après le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023 reste très fragile, les deux belligérants s'accusant mutuellement de la violer.

La bande de Gaza, dévastée par la campagne militaire israélienne, reste plongée dans une très grave crise humanitaire.


«La paix n'est pas seulement une question d'équilibre, c'est aussi savoir comment vivre ensemble», dit le pape au Liban

Le pape Léon XIV rencontre le président libanais Joseph Aoun dimanche au palais présidentiel de Beyrouth. (AFP)
Le pape Léon XIV rencontre le président libanais Joseph Aoun dimanche au palais présidentiel de Beyrouth. (AFP)
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  • Le dialogue mutuel, même en cas de malentendus, est la voie de la réconciliation, déclare-t-il
  • Aoun : "Si le Liban est paralysé ou transformé, l'alternative sera une ligne de fracture dans notre région et dans le monde"

BEYROUTH : Le pape Léon XIV a appelé à la paix au Liban lors d'un discours prononcé à Beyrouth devant plus de 400 personnalités politiques, religieuses et sociales du pays.

"La paix dans ce pays est plus qu'un mot ; c'est un désir, un message, un don et un travail en cours", a-t-il déclaré lors de la première étape de sa visite historique de trois jours au Liban.

Le Liban a "un peuple qui n'abandonne pas, mais qui, face à l'adversité, sait toujours se relever avec courage", a-t-il ajouté.

"Votre résilience est une caractéristique fondamentale des vrais artisans de la paix, car l'instauration de la paix est, en réalité, un éternel recommencement. L'engagement et l'amour de la paix ne connaissent pas la peur face à la défaite apparente, ni le découragement face à la déception. Au contraire, ils regardent vers l'avenir, accueillant et embrassant toutes les situations avec espoir".

Le pape, qui revenait d'une visite en Turquie, a déclaré au public libanais que "la construction de la paix exige de la persévérance".

Il a ajouté : "Vous êtes un pays diversifié, une communauté parmi les communautés, unie par une langue commune. Je ne me réfère pas seulement à la langue arabe levantine, dans laquelle votre grand passé a laissé des trésors inestimables. Je me réfère surtout à la langue de l'espoir, qui vous a toujours permis de prendre un nouveau départ.

"Presque partout dans le monde qui nous entoure, une sorte de pessimisme et de sentiment d'impuissance semble s'être installé, où les gens ne sont plus capables de se demander ce qu'ils peuvent faire pour changer le cours de l'histoire.

"Il semble que les grandes décisions soient prises par quelques privilégiés, souvent au détriment du bien commun, comme s'il s'agissait d'une fatalité. Vous avez beaucoup souffert des conséquences d'une économie dévastée et de l'instabilité mondiale, qui a eu des effets dévastateurs même au Levant, et de l'extrémisme des identités et des conflits. Mais vous avez toujours voulu, et vous avez su, prendre un nouveau départ".

Il a appelé la jeunesse libanaise à "ne jamais se séparer de son peuple et à se mettre avec engagement et dévouement à son service, riche de sa diversité. Ne parlez qu'une seule langue, celle de l'espoir".

En ce qui concerne le rétablissement de la paix dans le pays, il a déclaré : "Il y a des blessures personnelles et collectives : "Il y a des blessures personnelles et collectives qui prennent de nombreuses années, parfois même des générations, à guérir. Si elles ne sont pas traitées, si nous ne travaillons pas, par exemple, à guérir les mémoires et à réunir ceux qui ont souffert de l'injustice et de l'oppression, il sera difficile d'avancer vers la paix. Nous resterons piégés, chacun d'entre nous étant prisonnier de sa propre douleur et de sa propre façon de penser."

"La paix est bien plus qu'un simple équilibre - toujours fragile - entre ceux qui vivent séparément sous un même toit. La paix, c'est savoir vivre ensemble, en communion, comme des personnes réconciliées. Une réconciliation qui nous permet de travailler ensemble pour un avenir commun, côte à côte. Ainsi, la paix devient cette abondance qui nous surprend lorsque nos horizons s'élargissent, dépassant tous les murs et toutes les barrières. Le dialogue mutuel, même face à l'incompréhension, est le chemin de la réconciliation."

Le pape a exhorté les Libanais à "rester dans leur patrie et à travailler jour après jour pour construire une civilisation d'amour et de paix, car c'est une chose très précieuse". L'Église ne se préoccupe pas seulement de la dignité de ceux qui quittent leur patrie, mais elle ne veut pas que quiconque soit forcé de partir. Elle veut au contraire que ceux qui souhaitent retourner dans leur patrie puissent le faire en toute sécurité".

Il a ajouté : "Le défi, non seulement pour le Liban, mais pour l'ensemble du Levant, est de savoir comment faire pour que les jeunes, en particulier, ne se sentent pas obligés de quitter leur patrie et d'émigrer ? Comment pouvons-nous les encourager à ne pas chercher la paix ailleurs, mais à trouver des garanties de paix et à être des pionniers dans leur propre pays ?"

Léon XIV a souligné "le rôle essentiel des femmes dans l'entreprise ardue et patiente de préservation et de construction de la paix".

Il a déclaré : "N'oublions pas que les femmes ont une capacité particulière à construire la paix, parce qu'elles savent comment favoriser et renforcer les liens profonds avec la vie, les personnes et les lieux. Leur participation à la vie sociale et politique, ainsi qu'à leurs communautés religieuses, représente une véritable force de renouveau dans le monde entier".

Plus tard, le président libanais Joseph Aoun a déclaré : "Le Liban, ce petit pays par sa taille mais grand par sa mission, a toujours été et reste une terre qui unit la foi et la liberté, la diversité et l'unité, la douleur et l'espoir.

Il a souligné que le pays était "unique au monde", ce qui "nécessite que toute l'humanité vivante préserve le Liban".

M. Aoun a ajouté : "Car si ce modèle de vie libre et égale entre les adeptes de différentes religions venait à disparaître, il n'y aurait pas d'autre endroit sur terre qui puisse l'accueillir.

"Si la présence chrétienne disparaît du Liban, l'équation de la nation s'effondrera et sa justice s'effritera. Si la présence musulmane disparaît du Liban, l'équation de la nation sera perturbée et sa modération sera brisée. Si le Liban est paralysé ou transformé, l'alternative inévitable sera des lignes de fracture dans notre région et dans le monde, entre toutes sortes d'extrémismes et de violences intellectuelles, physiques et même sanglantes. C'est une chose que le Saint-Siège a toujours comprise.

"Nous affirmons aujourd'hui que la survie même de ce Liban, présent et présent autour de vous, est une condition préalable à la paix, à l'espoir et à la réconciliation entre tous les enfants d'Abraham."

Le président s'est adressé au pape et a déclaré : "Dans notre pays aujourd'hui, et dans notre région, il y a beaucoup d'oppression et beaucoup de souffrance. Leurs blessures attendent votre toucher béni. S'il vous plaît, dites au monde en notre nom que nous ne mourrons pas, que nous ne partirons pas, que nous ne désespérerons pas et que nous ne nous rendrons pas.

"Au contraire, nous resterons ici, respirant la liberté, créant la joie, pratiquant l'amour, embrassant l'innovation et aspirant à la modernité. Nous resterons le seul espace de rencontre de toute notre région, représentants unis de tous les enfants d'Abraham, avec toutes leurs croyances, leurs valeurs sacrées et leur héritage commun."

L'avion du pape a atterri à l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, en provenance d'Istanbul, vers 16 heures, dans le cadre de mesures de sécurité et d'organisation rigoureuses.

Deux jets de l'armée libanaise ont escorté l'avion papal lors de son entrée dans l'espace aérien libanais.

Le pape a déclaré à la délégation de presse qui l'accompagnait dans l'avion que sa visite en Turquie avait été "positive et réussie".

Remerciant le président turc et l'Église d'Orient, il a ajouté que "le but de sa visite au Liban est de construire la paix".

Le président Joseph Aoun, le président du Parlement Nabih Berri, le premier ministre Nawaf Salam, le patriarche maronite Bechara Al-Rahi, le commandant de l'armée, le général Rudolph Haykal, un grand nombre de chefs religieux de tout le Liban, des membres du corps diplomatique arabe et étranger, des représentants des blocs parlementaires et des groupes de civils attendaient le pape sur le tarmac de l'aéroport de Beyrouth.

À sa sortie de l'avion, l'armée libanaise a tiré une salve de 21 coups de canon en son honneur et les cloches des églises ont sonné dans tout le Liban. Les navires amarrés dans le port de Beyrouth ont fait retentir leurs sirènes en guise de bienvenue.

Deux enfants du Children's Cancer Center ont offert au pape un bouquet de fleurs, du pain, du sel et de la terre du Liban sur le tarmac, dans le cadre d'une tradition symbolique.

Le pape a reçu un accueil officiel dans le salon VIP, après quoi il s'est rendu au palais présidentiel.

Le cortège de Léon XIV a emprunté les autoroutes de la banlieue sud de Beyrouth, où des dizaines d'habitants se sont massés le long des routes, brandissant des drapeaux libanais et du Vatican. Certains ont brandi des drapeaux du Hezbollah et des photos de l'ancien secrétaire général Hassan Nasrallah.

Le long de la route allant de la banlieue sud de Beyrouth à Hazmieh, en passant par les routes menant à Baabda et au palais présidentiel, des centaines de personnes - enfants, femmes, hommes, personnes âgées et malades - se sont rassemblées malgré la forte pluie. Elles portaient des parapluies blancs, agitaient des drapeaux du Vatican et du Liban et scandaient son nom. Certains ont déclaré qu'il était "une lueur d'espoir pour le Liban", tandis que d'autres espéraient que sa "visite historique sauverait ce pays de ses crises".

Une femme a déclaré : "Les diverses communautés religieuses qui accueillent le pape sont un signe d'espoir pour le Liban" : "Les diverses communautés religieuses qui accueillent le pape témoignent de l'engagement du Liban en faveur de la coexistence.

Avant d'arriver au palais présidentiel, le pape est passé de sa voiture blindée noire à son véhicule vitré, saluant au passage les personnes qui avaient arrosé son cortège de pétales de roses et de riz.

Au son de la musique traditionnelle libanaise dabke et accompagné d'une escorte de chevaux, le pape a été reçu dans la cour du palais présidentiel.

Dans le salon VIP, Léon XIV a tenu des réunions privées séparées avec chaque dirigeant libanais.

Dans une autre salle, les 400 personnalités politiques, dont une délégation de députés du Hezbollah, des chefs de communautés religieuses, des membres du corps diplomatique et des représentants de la société civile, attendaient d'entendre le discours du pape.