Perpétuité pour Monique Olivier, complice de «l'ogre» Michel Fourniret

Monique Olivier, ex-épouse du tueur en série Michel Fourniret, assise dans la salle d'audience lors de son procès à la cour d'assises de Nanterre, en banlieue parisienne, le 28 novembre 2023 (Photo, AFP).
Monique Olivier, ex-épouse du tueur en série Michel Fourniret, assise dans la salle d'audience lors de son procès à la cour d'assises de Nanterre, en banlieue parisienne, le 28 novembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 20 décembre 2023

Perpétuité pour Monique Olivier, complice de «l'ogre» Michel Fourniret

  • Monique Olivier a été condamnée mardi soir par la cour d'assises des Hauts-de-Seine à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 20 ans
  • «La peine de la réclusion à perpétuité est juste, adéquate, et proportionnée à l'extrême gravité des faits où l'implication (de Monique Olivier) est totale», a lu le président de la cour Didier Safar

NANTERRE: Après trois longues semaines d'audience et plus de dix heures de délibéré, Monique Olivier a été condamnée mardi soir par la cour d'assises des Hauts-de-Seine à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 20 ans, pour sa complicité dans trois enlèvements et meurtres commis par son ex-mari Michel Fourniret.

"La peine de la réclusion à perpétuité est juste, adéquate, et proportionnée à l'extrême gravité des faits où l'implication (de Monique Olivier) est totale", a lu le président de la cour Didier Safar.

"Nous espérons enfin que ce verdict va apaiser petit à petit notre souffrance" et "rendre une dernière dimension humaine à Joanna, Marie-Angèle et Estelle", a déclaré Estelle Poisson, demi-soeur d'Estelle Mouzin par alliance, à l'issue du procès.

Marie-Angèle Domèce, 18 ans, Joanna Parrish, 20 ans, et Estelle Mouzin, 9 ans: les trois victimes du tueur en série ont bien été enlevées, séquestrées, tuées, avec la complicité de Monique Olivier, a jugé la cour, qui a aussi reconnu sa complicité pour le viol de Joanna Parrish, et la tentative de viol sur Marie-Angèle Domèce.

"Monique Olivier repart avec la même peine" avec laquelle elle est arrivée devant cette cour, "mais avec une nouvelle déclaration de culpabilité dans trois affaires", a réagi son avocat Me Richard Delgenes.

"Les aveux qui n'annulent absolument pas sa responsabilité et sa culpabilité ont été reconnus à hauteur de ce qu'on pouvait reconnaître dans une affaire de ce type", a-t-il poursuivi, en référence à la cour qui n'a pas retenu la période de sûreté de 22 ans requise par le parquet.

La cour a répondu par l'affirmative aux vingt questions qui lui étaient posées sur les crimes contre Marie-Angèle Domèce en 1988, Joanna Parrish en 1990, et Estelle Mouzin, la plus jeune des victimes de Michel Fourniret, disparue en janvier 2003.

La tête baissée, les yeux mi-clos, l'accusée de 75 ans n'a pas réagi à la lecture du verdict.

«Expositions à l'horreur»

"C'est particulièrement éprouvant de voir (...) cette absence d'humanité avec cette personne, c'est quelque chose d'incompréhensible", a déclaré Eric Mouzin, qualifiant le verdict d'"extrêmement motivé".

"Ces dernières semaines ont été une épreuve, des nuits courtes, des doutes, des expositions à l'horreur", a abondé Estelle Poisson.

Les larmes aux yeux, Roger Parrish, le père de Joanna Parrish, s'est lui aussi exprimé après le verdict, ce qu'il avait peu fait ces trois dernières semaines: "elle était autant responsable du meurtre de notre fille et des autres victimes innocentes" que Fourniret, a-t-il dit.

"Non seulement elle n'a rien fait pour les aider mais elle a activement encouragé et participé" aux crimes, a-t-il ajouté.

Lundi, le ministère public avait requis contre l'accusée la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de vingt-deux ans, "au vu de la gravité exceptionnelle des faits commis, de la nécessaire protection de la société".

La voix hésitante, Monique Olivier s'est présentée tout au long du procès comme la victime de son ex-mari, décédé en détention en 2021.

Côté parties civiles et accusation, les avocats comme le ministère public ont tenté de percer à jour l'énigmatique ex-épouse du tueur, accusée de n'avoir pas "sauvé" la "petite" Estelle alors qu'elle participait à sa séquestration ou encore d'être restée immobile à l'avant du véhicule de Michel Fourniret alors qu'il violait et tuait Joanna Parrish.

En 2008, la cour d'assises des Ardennes avait condamné Monique Olivier à la perpétuité pour complicité dans quatre enlèvements et meurtres de son mari. Puis elle avait écopé de 20 ans de réclusion 10 ans plus tard à Versailles, toujours pour complicité, dans un meurtre crapuleux cette fois.

Elle avait été condamnée au total à 30 ans de sûreté lors de ces deux précédentes condamnations, et ne sera donc libérable qu'en 2035.

«Je ne sais pas»

Experts divers et variés, et témoins ayant croisé le couple se sont succédé à la barre depuis le 28 novembre.

L'audience a présenté quelques surprises, comme lorsque des enquêteurs de la police judiciaire de Versailles venus à la barre le 8 décembre ont exprimé leur scepticisme sur l'implication de Michel Fourniret dans la disparition d'Estelle Mouzin, plus de 20 ans après les faits.

Aller au-delà des aveux déjà connus et des dénégations hésitantes de Monique Olivier n'aura pas été possible lors de ce procès.

Répétant inlassablement "je ne sais pas" ou "je ne me souviens plus" quand elle était interrogée sur les faits, Monique Olivier n'a apporté aucun nouvel élément tangible concernant les sévices infligés à Estelle Mouzin ou l'emplacement des corps de la petite fille et de Marie-Angèle Domèce, jamais retrouvés.


Un homme tué par balle à Marseille, le 3e en plein jour depuis début octobre

Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
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  • La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie
  • Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu"

MARSEILLE: Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre.

Interrogé par l'AFP, le parquet a fait état d'un mort, âgé entre 45 et 50 ans, et d'un blessé dans le quartier des Olives (13e arrondissement), sans pouvoir établir à ce stade de l'enquête un lien éventuel avec le trafic de drogue.

Marseille est régulièrement secouée par des "narchomicides" sur fond de trafic de stupéfiants et de guerre des gangs pour le contrôle des points de vente de drogue.

Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu". Une source policière indiquant ensuite à l'AFP qu'elle avait été "tuée par balle dans le 13e arrondissement".

La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie. Le 9 octobre, un homme avait été tué par balle en fin de matinée dans un quartier populaire du centre.

Selon un décompte de l'AFP, une quinzaine de personnes ont perdu la vie dans des narchomicides depuis le début de l'année dans les Bouches-du-Rhône.

Une criminalité qui ne cesse de franchir des paliers: si avant 2020/2021 les victimes étaient bien ancrées dans le narcobanditisme, depuis, les cibles sont devenues les petites mains du trafic, parfois mineures et touchées à l'aveugle sur des points de deal, faisant parfois des victimes collatérales.

Avec Mehdi Kessaci, un nouveau cap a été franchi selon les observateurs, ce jeune de 20 ans totalement étranger du trafic de drogue ayant été visé volontairement, peut-être pour intimider son frère Amine engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, selon les premiers éléments de l'enquête.


Fleurs blanches et hommages de Marseillais à Mehdi Kessaci pour ses obsèques

Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
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  • Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine
  • Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches

MARSEILLE: Les fleurs blanches commençaient à s'accumuler mardi au rond-point où a été abattu jeudi Mehdi Kessaci, en marge de ses obsèques attendues dans l'après-midi à Marseille, dans une ville traumatisée par ce nouveau cap franchi dans les violences liées au narcobanditisme.

Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine, militant engagé dans la lutte contre le narcobanditisme depuis l'assassinat d'un premier frère, Brahim.

Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches.

"Je suis venue pour Amine que j'ai bien connu car j'étais maîtresse dans la cité où il habitait avec sa famille. Je l'ai côtoyé ensuite lors de campagnes électorales et je trouve son engagement citoyen formidable", confie à l'AFP Christine Didon.

"Aujourd'hui, on ne peut plus s'en sortir grâce à l'école comme avant. Il y a une dégradation très rapide des conditions de vie, une pauvreté telle qu'il ne reste à certains que le trafic de drogue", ajoute-t-elle.

Mohamed Habib Errabia, 77 ans, est tout de suite descendu de chez lui jeudi quand il a entendu les coups de feu et ce matin il tenait à rendre hommage à ce jeune de 20 ans, victime innocente et totalement étrangère au trafic de drogue, selon les autorités. "On a des enfants, forcément on pense à eux. Qu'est-ce qui peut leur arriver ? On est pas à l'abri d'une balle perdue".

Les obsèques de Mehdi Kessaci se dérouleront mardi après-midi à Marseille sous forte surveillance policière. La famille, qui ne souhaite pas la présence de la presse, a annoncé qu'une marche blanche serait organisée ce week-end.

La police avait identifié des menaces sur Amine Kessaci et ce dernier était placé sous surveillance policière depuis plusieurs semaines. A la rentrée, il a publié un livre "Marseille, essuie tes larmes" (Le bruit du monde), sorte de longue lettre adressée à Brahim, tué avec deux autres jeunes hommes en 2020, dont les assassins présumés seront jugés prochainement.

Mardi matin, une réunion d'urgence à l'Elysée est par ailleurs organisée sur la lutte contre le narcobandistime qui a fait l'objet d'une loi en juin.

"Le narcotrafic est une peste, une lèpre, une venin qui court dans les veines du monde et l'empoisonne", écrit Amine Kessaci dans son livre. "On dit cartel, on dit baron, on dit empire. Moi je dis fosse commune, je dis cimetière, je dis clameur étouffée des mères qui pleurent leurs fils fauchés, des pères brisés par la poudre qui court, des enfants assassinés avant d'avoir su vivre".

 


France: une galerie du Louvre fermée au public en raison d'une «fragilité» de l'édifice

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
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  • Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde
  • A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi

PARIS: Une des galeries du musée du Louvre à Paris sera fermée au public "par mesure de précaution" après qu'un audit a révélé la "particulière fragilité" de certaines poutres d'une des ailes du bâtiment, a annoncé lundi le musée dans un communiqué.

Abritant neuf salles dédiées à la céramique grecque antique, la galerie Campana sera fermée le temps que des "investigations" soient menées "sur la particulière fragilité de certaines poutres portant les planchers du deuxième étage de l'aile sud" du quadrilatère Sully, qui enserre la cour carrée du Louvre.

Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde. Contacté par l'AFP, un porte-parole de l'établissement n'a pas pu préciser quand cette décision prendrait effet ni pour combien de temps.

A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi. Et assure avoir "immédiatement lancé une campagne complémentaire d'investigations" afin de déterminer les causes de la fragilité identifiée.

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables.

En janvier 2025, la présidente du Louvre Laurence des Cars, sous pression depuis ce casse spectaculaire, avait alerté le ministère de la Culture de l'état de grande vétusté du musée parisien, évoquant notamment "la multiplication d'avaries dans des espaces parfois très dégradés".

Peu après cette alerte, le président Emmanuel Macron avait annoncé le lancement d'un vaste chantier de rénovation et de modernisation du Louvre, centré notamment sur le quadrilatère Sully. Des travaux initialement estimés à quelque 800 millions d'euros, et revus à la hausse dans un récent rapport de la Cour des comptes qui a évoqué au moins 1,15 milliard d'euros.