Etudiants étrangers: L'exécutif temporise face à la grogne de l'enseignement supérieur

L'exécutif s'est employé mercredi à relativiser la portée des mesures visant l'accueil des étudiants étrangers en France dans son controversé projet de loi immigration (Photo d'illustration, AFP).
L'exécutif s'est employé mercredi à relativiser la portée des mesures visant l'accueil des étudiants étrangers en France dans son controversé projet de loi immigration (Photo d'illustration, AFP).
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Publié le Jeudi 21 décembre 2023

Etudiants étrangers: L'exécutif temporise face à la grogne de l'enseignement supérieur

  • La Première ministre Élisabeth Borne n'a pas exclu de «revenir» sur le projet de caution demandée aux étudiants étrangers
  • Selon Campus France, les étudiants internationaux représentent un apport économique net de «5 milliards d'euros pour l'économie française»

PARIS: L'exécutif s'est employé mercredi à relativiser la portée des mesures visant l'accueil des étudiants étrangers en France dans son controversé projet de loi immigration sur fond de gronde du monde de l'enseignement supérieur.

"Honnêtement", la caution demandée aux étudiants étrangers, "ce n'est pas une bonne idée", a admis Emmanuel Macron sur France 5. "Je vous le dis en toute sincérité, parce que je pense qu'on a besoin de continuer à attirer des talents et des étudiants du monde entier", a poursuivi le chef de l'Etat.

Mais "les dispositions qui ont été acceptées, même si elles ne plaisent pas, ne justifiaient pas de tout bloquer", a-t-il complété.

Au lendemain de l'adoption du texte par le Parlement, la Première ministre Élisabeth Borne n'a pas exclu de "revenir" sur le projet de caution demandée aux étudiants étrangers, qui leur sera restituée au moment où ils quittent la France.

Celle-ci pourrait n'être que symbolique, de l'ordre "de 10 ou 20 euros", a avancé la cheffe du gouvernement sur France Inter.

Les présidents d'universités et responsables de grandes écoles remontés contre la mesure "n'ont sans doute pas eu le temps de lire le texte dans lequel" il est dit "très clairement que le ministre de l'Enseignement supérieur peut dispenser de cette caution des étudiants en fonction de leurs ressources, de leur parcours scolaire et universitaire", a développé Mme Borne.

La France comme d'autres pays de tradition universitaire est engagée dans une compétition internationale pour accueillir des cohortes toujours plus importantes d'étudiants étrangers qui sont 6,4 millions dans le monde. Une manne financière mais aussi un moyen de faire rayonner ses écoles et universités dans le monde entier.

Paris s'est fixé comme objectif d'atteindre les 500.000 étudiants étrangers en 2027. Pour l'année 2022-2023, Campus France, l'établissement public chargé de promouvoir l'enseignement supérieur tricolore à l'étranger, en comptabilise 402.833.

Selon Campus France, les étudiants internationaux représentent un apport économique net de "5 milliards d'euros pour l'économie française".

En France, un étudiant étranger (hors Union européenne) doit d'ores et déjà disposer d'au moins 615 euros par mois, soit plus de 7.000 euros par an, pour avoir le droit de faire ses études dans le pays.

«Réel apport»

"Non, il n'y a pas de fermeture" de la France aux étudiants étrangers, a affirmé le ministre de l'Intérieur Gérard Darmanin au Sénat.

"Il y a une volonté du législateur de vérifier qu'il ne s'agit pas de personnes qui utilisent en effet la grande générosité de la France", a-t-il complété.

"On nous présente le sujet des étudiants étrangers uniquement en avançant des points négatifs alors qu'ils contribuent à un réel apport économique, scientifique et culturel à notre pays", s'est indigné auprès de l'AFP Guillaume Gellé, président de France Universités, qui rassemble les présidents d'universités.

"Il faut rappeler que 40% de nos doctorants sont internationaux" et "on a besoin d'eux dans la compétition internationale de la recherche et l'innovation", a-t-il lancé.

"Je ne comprends pas que l'on donne aux étudiants étrangers l'image de personnes qui viendraient en France pour profiter du système", déplore auprès de l'AFP Mahnaz Esfandiyari, étudiante iranienne à Montpellier.

"C'est même tout le contraire", selon cette étudiante en master 2 de littérature française. "Tous les étudiants internationaux que j'ai autour de moi travaillent énormément, ils savent pourquoi ils sont là".

Sur le fond du projet de loi, les présidents d'une soixantaine de grandes universités s'insurgent contre un texte avec des mesures jugées "indignes" et contraires à "l'esprit des Lumières", qui "nuisent à l'ambition" de l'enseignement supérieur.

Peu habitués aux prises de position politiques, les dirigeants des trois plus grandes écoles de management HEC Paris, Essec et ESCP ont aussi dénoncé des mesures "qui menacent gravement notre compétitivité internationale" et "anéantiraient l'objectif gouvernemental de doubler le nombre d'étudiants internationaux d'ici à 2027".

Dans un autre communiqué, la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI) a fustigé "des mesures incohérentes réduisant la compétitivité de la France et mettant en péril son redressement industriel".

Selon elle, les étudiants étrangers en écoles d’ingénieurs, "sélectionnés lors de concours difficiles ou sur dossiers pour leur mérite, représentent 18% des effectifs de ces écoles dont 16% d’étudiants extracommunautaires".


La défiance à l'égard de Macron et de Bayrou au plus haut, selon un sondage Paris, France

Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
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  • La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat
  • Le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi

PARIS: La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat, tandis que le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi.

Près des trois quarts des Français interrogés (73%) affirment ne pas faire confiance au chef de l'Etat et la moitié (49%) va jusqu'à "ne pas lui faire du tout confiance", le niveau le plus élevé atteint de son second mandat, qu'il n'a dépassé qu'une seule fois depuis son arrivée à l'Elysée en 2017 au plus fort de la crise des gilets jaunes en décembre 2018.

Selon le sondage, seuls 21% des Français font confiance à Emmanuel Macron, soit un point de moins qu'en juin et 6 de perdus par rapport à mars.

Pour François Bayrou, qui a présenté à la mi-juillet les mesures d'économie prévues par le gouvernement dans son projet de budget pour l'année prochaine, la chute se poursuit avec seulement 12% des Français qui disent lui faire confiance, soit un nouveau record d'impopularité (-2 points).

La défiance à l'égard du chef du gouvernement a progressé, avec 80% des Français (+5 points en un mois) qui disent ne pas lui faire confiance et 56% qui affirment ne pas lui faire "du tout" confiance, soit un bond de 9 points depuis juin.

Au classement des personnalités, le RN Jordan Bardella conserve la première place avec 39% des Français (+3 points) qui ont une image positive de lui, devant l'ancien Premier ministre Edouard Philippe (37%) et Marine Le Pen (35%).

A gauche, le mieux classé est l'ancien président François Hollande qui s'installe en huitième position grâce à un bond de 6 points en un mois.

Sondage réalisé par internet les 29 et 30 juillet auprès d'un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur entre 1,4 et 3,1 points.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".