A Marseille, jamais le narcobanditisme n'avait fait couler autant de sang

Un policier s'entretient avec un homme près d'un point de vente dans le complexe immobilier La Busserine, dans les quartiers nord de Marseille, dans le sud de la France, le 11 décembre 2023. (AFP)
Un policier s'entretient avec un homme près d'un point de vente dans le complexe immobilier La Busserine, dans les quartiers nord de Marseille, dans le sud de la France, le 11 décembre 2023. (AFP)
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Publié le Jeudi 21 décembre 2023

A Marseille, jamais le narcobanditisme n'avait fait couler autant de sang

  • L'un s'appelle DZ Mafia, un terme (Djazair) qui se revendique de l'Algérie, l'autre Yoda, sans doute une référence à Star Wars
  • «90% des homicides liés au trafic cette année sont la conséquence de la vendetta entre ces deux clans qui s'entretuent, et il y en a un qui est en train de prendre l'ascendant sur l'autre», selon une source policière

MARSEILLE: Près de 50 morts cette année, selon des chiffres provisoires, dont beaucoup d'adolescents et au moins quatre victimes collatérales: jamais à Marseille le trafic de stupéfiants n'avait fait couler autant de sang.

Jeudi à 17h00, le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, dévoilera lors d'une conférence de presse le bilan de l'année 2023 "des narchomicides et du narcobanditisme" et décryptera les ressorts d'une "vendetta" entre deux clans qui, si elle semble s'être calmée depuis quelques semaines, a semé la sidération dans la deuxième ville de France.

L'un s'appelle DZ Mafia, un terme (Djazair) qui se revendique de l'Algérie, l'autre Yoda, sans doute une référence à Star Wars. "90% des homicides liés au trafic cette année sont la conséquence de la vendetta entre ces deux clans qui s'entretuent, et il y en a un qui est en train de prendre l'ascendant sur l'autre", explique à l'AFP la préfète de police des Bouches-du-Rhône, Frédérique Camilleri.

De sources policières, DZ Mafia semble en effet prendre le dessus. Et, depuis le 13 novembre, Marseille connaît un calme relatif.

Depuis janvier, 47 personnes y ont perdu la vie, selon un décompte de l'AFP. Beaucoup plus donc que les deux précédents "records" de 2022 et 2016, qui avaient fait une trentaine de morts.

"Les deux chefs de ces organisations criminelles ne sont pas sur site mais vraisemblablement à l'étranger, de sorte qu'ils sont difficilement neutralisables par les services ou leurs ennemis", explique à l'AFP Dominique Abbenanti, le patron de la police judiciaire de Marseille, voyant là l'explication de "ces conflits (qui) s'éternisent".

Tuée «dans sa chambre, en pyjama»

Dans cette guerre pour les 91 points de deal toujours présents dans la deuxième ville de France, qui peuvent rapporter plusieurs dizaines de milliers d'euros par jour, une nouvelle forme de criminalité est apparue, et un terme: "narchomicide", inventé par l'ex-procureure de Marseille.

Les victimes sont de plus en plus jeunes, comme leurs assassins, un phénomène qui se retrouve ailleurs en Europe. Mattéo, tout juste majeur, a ainsi été mis en examen pour l'assassinat d'au moins deux minots de 15 et 16 ans début avril.

"Des tueurs à gages dont le recrutement s'effectue via les réseaux sociaux", appuie un enquêteur, sous le couvert de l'anonymat.

Ces adolescents venus de toute la France sont attirés par le mirage de l'argent facile. Mais ces "jobbers" se retrouvent souvent piégés dans une spirale de dette vis-à-vis du réseau plus ou moins fictive, de violences voire de torture. Quand ils ne meurent pas.

Mi-novembre, un Savoyard de 16 ans qui voulait "charbonner" (vendre dans le jargon) a ainsi été assassiné quatre heures seulement après son arrivée gare Saint-Charles.

"Comme c'est devenu risqué, il faut rémunérer ce risque et, cynisme particulier, c'est moins cher un jeune de 15 ans", observe Jean-Baptiste Perrier, professeur de droit privé et de sciences criminelles à l'Université d'Aix-Marseille. Et "plus on est jeune, plus on est violent", ajoute l'universitaire.

On cible donc à l'aveugle un groupe rival pour l'affaiblir, plus qu'une personne en particulier. Une centaine de fusils d'assaut auraient été saisis cette année, souvent gardés près des points de deal à défendre.

Résultat pour 2023: un bilan très lourd de quatre victimes collatérales. Un homme de 63 ans atteint fin avril dans un snack, alors qu'il jouait aux cartes. Une mère de 43 ans tuée au pied d'une cité quelques jours plus tard. Ou cette Varoise de 25 ans abattue cet automne dans une voiture sur le parking d'un fast-food.

Et puis il y a la mort de Socayna, étudiante prometteuse, en septembre. Le "degré ultime" de ces violences selon l'ex-procureure de Marseille. "Ma fille a pris une balle dans la tête dans sa chambre, en pyjama, elle était en train de travailler sur son ordi. Qui peut expliquer ça ?", interpelle sa mère, Layla, dans un entretien à l'AFP.

La Crim' au bord de l'explosion

Ces dernières semaines, plusieurs coups de filet ont eu lieu, notamment début décembre, quand une vingtaine de personnes "susceptibles d'appartenir à la DZ Mafia", selon le parquet, ont été mises en examen et une douzaine écrouées.

Dans les couloirs du palais de justice, certains parlent de début de "mexicanisation", d'autres évoquent la Camorra à Naples au début des années 2000. Le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, prône lui la création d'un délit d'association mafieuse.

"La criminalité n'est pas hors de contrôle, mais ça n'est pas sous contrôle non plus", estime Jean-Baptiste Perrier.

Reste que la machine judiciaire et policière s'emballe. Et la célèbre Crim', la brigade anti-criminalité, est en grande souffrance. "J'ai beaucoup d'arrêts maladie récurrents en lien avec le stress et la pression de toutes ces affaires", admet le patron de la PJ.

Les familles de victimes aussi demandent des comptes. "Il faut vraiment un plan d'urgence, que ça devienne une cause nationale" et "qu'on intervienne au niveau des douanes mais également au niveau du renfort en magistrats, de renforts en policiers, et qu'il y ait des résultats", insiste Karima Meziene, avocate et membre du collectif des familles.


Cyberharcèlement de Brigitte Macron: dix personnes jugées à Paris

Le président français Emmanuel Macron (G) et son épouse Brigitte Macron posent avant une réunion avec le prince héritier de Jordanie au palais de l'Élysée à Paris, le 8 octobre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) et son épouse Brigitte Macron posent avant une réunion avec le prince héritier de Jordanie au palais de l'Élysée à Paris, le 8 octobre 2025. (AFP)
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  • Dix personnes, dont l’influenceur “Zoé Sagan” et la médium Amandine Roy, sont jugées à Paris pour cyberharcèlement contre Brigitte Macron
  • Cette audience intervient alors que le couple présidentiel a aussi déposé plainte aux États-Unis contre la diffusion internationale de cette infox, notamment relayée par la militante d’extrême droite américaine Candace Owens

PARIS: Dix personnes sont jugées à partir de lundi devant le tribunal correctionnel de Paris pour cyberharcèlement à l'encontre de Brigitte Macron, cible d'une infox virale selon laquelle elle serait une femme transgenre.

Élu, galeriste, enseignant, médium, ou encore informaticien: huit hommes et deux femmes doivent comparaître à partir de 13H30. Leur procès doit se poursuivre mardi après-midi.

Cette audience intervient après que le couple présidentiel a engagé, fin juillet, des poursuites aux États-Unis pour diffamation, en lien avec cette infox ayant dépassé les frontières françaises sur la transidentité imputée à l'épouse du chef de l'État.

Âgés de 41 à 60 ans, les prévenus sont soupçonnés d'avoir tenu à l'égard de Brigitte Macron de nombreux propos malveillants sur son "genre", sa "sexualité", assimilant sa différence d'âge avec son mari à de la "pédophilie", selon le parquet de Paris.

L'enquête pour cyberharcèlement a été confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) après une plainte déposée par Brigitte Macron le 27 août 2024, conduisant à plusieurs vagues d'interpellations, notamment en décembre 2024 et en février 2025.

Sollicité par l'AFP, l'avocat de Brigitte Macron, Me Jean Ennochi, n'a pas donné suite, ni voulu dire si la première dame serait présente ou non à l'audience.

Parmi les prévenus, le publicitaire Aurélien Poirson-Atlan, 41 ans, connu et suivi sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme de "Zoé Sagan". Son compte X, suspendu depuis, a fait l'objet de plusieurs plaintes et est souvent présenté comme lié aux sphères complotistes.

Outre ses propos visant Brigitte Macron, "Zoé Sagan" est connu pour avoir diffusé sur les réseaux sociaux les vidéos à caractère sexuel de Benjamin Griveaux, macroniste qui avait renoncé en février 2020 à briguer la mairie de Paris pour le parti présidentiel à la suite du scandale.

- "Rebondir sur l'actualité" -

La "médium", "journaliste" et "lanceuse d'alerte" de 51 ans, Delphine J., connue sous le pseudo d'Amandine Roy, sera également jugée. Elle a largement contribué à relayer la rumeur selon laquelle Brigitte Macron, née Trogneux, n'aurait jamais existé et que son frère Jean-Michel aurait pris cette identité après avoir transitionné.

Delphine J. n'a fait que "rebondir sur l'actualité", selon son avocate, Maud Marian, ajoutant "qu'aucun message n'a directement été adressé à Mme Macron."

Condamnée pour diffamation en première instance en septembre 2024 par la justice française, aux côtés de Natacha Rey, à payer plusieurs milliers d'euros de dommages et intérêts à Brigitte Macron et 5.000 à son frère Jean-Michel Trogneux, elle a été relaxée en appel le 10 juillet dernier.

Brigitte Macron et son frère se sont pourvus en cassation contre cette décision.

L'écart d'âge de 24 ans entre les époux Macron explique en partie la propagation de cette rumeur qui s'est exportée bien au-delà du pays.

Née dès l'élection d'Emmanuel Macron en 2017, l'infox transphobe est devenue virale aux États-Unis où le couple présidentiel a engagé cet été des poursuites contre la podcasteuse d'extrême droite Candace Owens, auteure d'une série de vidéos intitulée "Becoming Brigitte" ("Devenir Brigitte").

Plusieurs des personnes qui seront jugées à Paris pour cyberharcèlement ont relayé des publications de l'influenceuse MAGA. Sur une Une détournée du magazine Time, où Brigitte Macron apparaît en "homme de l'année", on peut lire le mot "Excellent".

Dans une autre publication, un prévenu relaie la présence de "2.000 personnes" prêtes à aller faire du "porte-à-porte à Amiens pour y voir clair dans l'affaire Brigitte", promettant l'implication de blogueurs américains.

Les prévenus encourent deux ans d'emprisonnement.


Début de l'examen d'un budget de la sécu explosif entre réforme suspendue et économies renforcées

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 21 octobre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 21 octobre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée nationale entame l’examen du budget de la Sécurité sociale 2026, marqué par des économies drastiques et la suspension de la réforme des retraites jusqu’en 2028
  • Le projet, jugé austère et injuste par les oppositions et les associations, prévoit notamment une hausse des franchises médicales, un gel des prestations sociales et une faible progression des dépenses de santé

PARIS: L'Assemblée nationale se saisit lundi du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026, dont l'examen a été repoussé pour intégrer la suspension de la réforme des retraites, et qui s'annonce explosif avec des économies exceptionnellement fortes.

Dès mardi dernier, plusieurs ministres (Santé, Comptes publics, Travail, Solidarités) ont répondu devant les députés, en commission des Affaires sociales, à une série de questions et critiques sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Celui-ci prévoit des économies massives pour réduire le déficit à 17,5 milliards en 2026 (23 milliards en 2025).

"C'est une copie de départ", "le débat est ouvert" et la version finale "sera bien différente", ont-ils répété, cherchant à déminer le terrain tout en affirmant la nécessité de maîtriser les dépenses, et "responsabiliser" tous les acteurs.

Le début de l'examen du projet de loi en commission à l'Assemblée était initialement prévu jeudi. Mais celui-ci a dû être repoussé à 9H00 lundi, après que le gouvernement a déposé une "lettre rectificative" intégrant directement au texte la suspension de la réforme des retraites, promise aux socialistes en échange de leur non-censure.

Le projet suspend jusqu'à janvier 2028 la marche en avant vers les 64 ans, tout comme le relèvement du nombre de trimestres à cotiser pour partir à taux plein.

- Les retraités mis à contribution -

Lundi, les Républicains proposeront de supprimer cette suspension, tandis que les socialistes chercheront à y intégrer les carrières longues.

Si l'Assemblée vote la suspension, le Sénat, contrôlé par la droite et les centristes, rétablira la réforme des retraites, a d'ores et déjà prévenu samedi le président de la chambre haute du Parlement, Gérard Larcher.

Le coût de la suspension est estimé à 100 millions d'euros en 2026 et 1,4 milliard d'euros en 2027.

Pour la financer, les options retenues - une mise à contribution des complémentaires santé et des retraités - font controverse. D'autant que le projet de budget de la sécu mis sur la table par le gouvernement Lecornu 2 est d'une exceptionnelle rigueur financière.

L'exécutif y limite la hausse des dépenses d'Assurance maladie à 1,6%, alors qu'elles progressent naturellement chaque année d'environ 4%, poussées notamment par le vieillissement de la population. Et il table sur sept milliards d'économies en santé, pour beaucoup douloureuses.

Plusieurs mesures ciblent les malades: nouvelle hausse des franchises (reste à charge des patients sur les consultations et médicaments), moindre remboursement chez le dentiste, limitation de la durée d'un premier arrêt maladie...

Ce projet est "profondément injuste et inefficace", a jugé France Assos Santé, principale fédération d'associations de patients.

Autres propositions décriées: une taxation supplémentaire des complémentaires santé, des cotisations patronales sur les tickets restaurant et oeuvres du CSE, ou encore une surcotisation sur les dépassements d'honoraires des médecins.

A l'hôpital, c'est "la pire cure d'économies depuis les années 2010", selon les fédérations hospitalières.

- Désaccords profonds -

Le gel des pensions et de l'ensemble des prestations sociales (RSA, allocations familiales, APL...) en 2026, pour dégager 3,6 milliards d'euros d'économies, devrait aussi provoquer de vifs débats.

Comme pour le projet de loi de finances, le Premier ministre Sébastien Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser l'arme constitutionnelle du 49.3 pour faire adopter ce texte de près de 680 milliards d'euros de dépenses, soit plus que le projet de budget de l'Etat. Or, les désaccords entre forces politiques sont profonds, et le temps imparti limité.

Au total, 1.575 amendements ont été déposés sur le texte, selon un décompte de l'Assemblée vendredi soir.

Les débats doivent a priori se terminer en commission vendredi prochain. Le texte doit ensuite arriver dans l'hémicycle le 4 novembre, avec un vote prévu le 12, avant sa transmission au Sénat.

Les discussions autour du budget de l'Etat ont, elles, débuté depuis une semaine à l'Assemblée.

L'équation s'annonce particulièrement difficile pour le gouvernement Lecornu, face aux injonctions contradictoires des groupes politiques.

Le patron des socialistes Olivier Faure a agité dimanche le spectre d'une nouvelle dissolution si le gouvernement ne cède pas dans les prochains jours sur une taxe sur les hauts patrimoines.


Un nouvel élan pour le dialogue culturel entre la France et l’Arabie saoudite

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  • La France et l’Arabie saoudite ont signé un accord prévoyant la création d’un pavillon saoudien permanent au Centre Pompidou, vitrine de l’art contemporain et du dialogue culturel
  • Ce partenariat s’accompagne du développement du Musée d’art contemporain d’AlUla et d’une exposition commune en 2026, prolongeant huit ans de coopération exemplaire entre les deux pays

PARIS: Un nouvel accord culturel vient renforcer les liens entre la France et l’Arabie saoudite. À l’occasion d’une rencontre à Paris entre le Prince Badr ben Abdullah ben Farhan Al Saud, ministre saoudien de la Culture et gouverneur de The Royal Commission for AlUla, et Rachida Dati, ministre française de la Culture, un partenariat a été signé entre la Royal Commission for AlUla et le Centre Pompidou.

La cérémonie s’est déroulée en présence de Jean-Yves Le Drian, président de l’Agence française pour le développement d’AlUla (AFALULA), Abeer M. AlAkel, directrice générale de la Royal Commission for AlUla, et Laurent Le Bon, président du Centre Pompidou.

L’accord prévoit la création d’un pavillon permanent du Royaume d’Arabie saoudite au Centre Pompidou. Ce nouvel espace sera une vitrine de l’art saoudien, arabe et international, et incarnera la volonté commune des deux pays de renforcer le dialogue entre les cultures et de promouvoir l'art contemporain.

Le partenariat vise également à développer le Musée d’art contemporain d’AlUla, en Arabie saoudite, ainsi qu’à présenter de nouvelles œuvres lors de l’exposition “Arduna”, programmée en janvier 2026 dans le cadre du Festival des Arts d’AlUla. Cet événement, fruit d’une collaboration entre Arts AlUla, le Centre Pompidou et AFALULA, illustrera la dynamique culturelle en plein essor autour du site historique d’AlUla.

Ce projet s’inscrit dans la continuité de la coopération franco-saoudienne engagée depuis huit ans autour d’AlUla, oasis millénaire devenue un symbole d’innovation et de partage.

Pour Paris comme pour Riyad, cet accord marque une nouvelle étape dans la diplomatie culturelle, où la collaboration artistique devient un vecteur de rapprochement et de compréhension mutuelle.