Montpellier, plus grande métropole française à passer aux transports gratuits

Un tramway, aux couleurs de l'Union européenne, circule dans le centre-ville de Montpellier, dans le sud de la France, à l'occasion de la Journée de l'Europe, le 9 mai 2023 (Photo de Pascal GUYOT / AFP).
Un tramway, aux couleurs de l'Union européenne, circule dans le centre-ville de Montpellier, dans le sud de la France, à l'occasion de la Journée de l'Europe, le 9 mai 2023 (Photo de Pascal GUYOT / AFP).
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Publié le Jeudi 21 décembre 2023

Montpellier, plus grande métropole française à passer aux transports gratuits

  • En Europe, le Luxembourg, 650 000 habitants, a rendu les transports en commun gratuits dans le pays depuis 2020
  • Promesse de campagne du maire socialiste de Montpellier, cette gratuité s'est imposée étape par étape, comme à Dunkerque ou Tallinn

MONTPELLIER: A partir de jeudi soir, les transports en commun seront gratuits pour les 500.000 habitants de la métropole de Montpellier (sud de la France), l'une des plus grandes collectivités européennes engagées dans une telle démarche.

En Europe, le Luxembourg, 650 000 habitants, a rendu les transports en commun gratuits dans le pays depuis 2020, tout comme la capitale estonienne Tallinn (445 000 habitants) en 2013.

En France, une quarantaine de collectivités ont déjà franchi ce pas, parmi lesquelles Dunkerque, Aubagne ou Compiègne, mais toutes sont moins peuplées que la métropole de Montpellier et ses 31 communes.

"La gratuité des transports, c'est une idée de l'engagement européen, du Green New Deal, à savoir le climat et le pouvoir d'achat", a expliqué jeudi à l'AFP le maire de Montpellier Michaël Delafosse.

"On a décidé de monter ici une association pour aider d'autres maires européens à faire ce choix", a-t-il ajouté, se félicitant de voir que le gouvernement espagnol s'apprête à lancer "la gratuité des transports pour l'été".

A Montpellier, avant la gratuité, pour un couple avec deux enfants la facture annuelle totale des abonnements de transport urbain s'élevait à 1 472 euros.

"Vu le prix de l'essence, cette mesure peut aider à réduire l'utilisation de la voiture", commentait mercredi auprès de l'AFP Audrey Benezech, 46 ans, directrice d'une agence de voyage.

Promesse de campagne du maire socialiste de Montpellier, cette gratuité s'est imposée étape par étape, comme à Dunkerque ou Tallinn. En 2020, elle a été déployée les weekends pour tous les habitants de Montpellier Méditerranée Métropole, puis élargie en 2021 à la semaine entière pour les moins de 18 ans et les plus de 65 ans.

Jeudi à 18h30, elle concernera donc tous les habitants munis d'un pass gratuité, disponible sur smartphone ou via une carte. L'usager ne validera plus mais devra justifier, en cas de contrôle, d'un pass valide, renouvelable chaque année avec un justificatif de domicile.

"Nous avons équipé toutes les rames de tramways de cellules compteuses. Elles comptent, grâce à un faisceau lumineux, le nombre de personnes entrantes et sortantes. Cela nous aidera à objectiver notre politique de gratuité", détaille Julie Frêche, vice-présidente déléguée aux transports.

Avant le début de la mise en place de cette gratuité, les abonnés aux transports en commun étaient 86 000, selon des chiffres obtenus par l'AFP. Mi-décembre, à quelques jours du lancement de la gratuité, ils étaient 260 000.

Qualité dégradée? 

Pour les habitants extérieurs à la métropole comme pour les touristes, le ticket (1,60 euros l'unité) restera payant et pourrait même augmenter. Un choix critiqué par l'opposition, qui y voit un frein au report modal.

"On loupe la cible", déplore Alenka Doulain, élue du groupe MUPES (Montpellier, union populaire écologique et sociale).

Le pôle d'emplois de Montpellier Méditerranée Métropole attire beaucoup "d'actifs résidant sur les territoires voisins et génère de nombreux déplacements domicile-travail", selon l'Insee. "Ces personnes ont déjà dû renoncer à habiter dans la métropole à cause de la pression foncière" et ne verront pas d'amélioration du transport, regrette l'élue.

Pour compenser le manque à gagner sur la billetterie, la collectivité s'appuiera sur le versement mobilité, une taxe due par les entreprises de plus de 11 salariés, qui progresse depuis trois ans.

Elle prévoit également des économies de près de deux millions d'euros grâce à la suppression des valideurs et donc de leur entretien.

En 2022, les recettes de la billetterie représentaient 39 millions d'euros, abondées à 90% par les habitants métropolitains.

Face aux craintes d'une baisse de qualité du service, la métropole a répondu par des investissements d'envergure: 70 nouveaux bus électriques et 77 nouvelles rames de tramway ont été achetés pour 224 millions d'euros.

La métropole montpelliéraine espère une hausse de fréquentation de 20%.

En 2019, avant la crise sanitaire, le nombre de voyages dans cette collectivité réputée pour le développement de son tramway atteignait près de 84 millions, selon un rapport de 2023 de la Chambre régionale des comptes.

Celle-ci mettait cependant en garde: avec "la mise en place progressive de la gratuité, l'offre de transport proposée a été dégradée" et a "conduit à réduire la fréquence de passage sur plusieurs lignes".


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".