Trump risque un revers inédit au Congrès pour son veto sur le budget défense

 Le veto de Donald Trump, annoncé le 23 décembre, a provoqué, là aussi, la consternation jusque dans son camp (Photo, AFP).
Le veto de Donald Trump, annoncé le 23 décembre, a provoqué, là aussi, la consternation jusque dans son camp (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 29 décembre 2020

Trump risque un revers inédit au Congrès pour son veto sur le budget défense

  • Un soutien par-delà les lignes partisanes permettrait aux parlementaires d'infliger un camouflet à Trump en contournant pour la première fois son veto
  • Ce budget de plus de 740 milliards de dollars a été adopté début décembre par le Sénat et la Chambre des représentants à des majorités écrasantes

WASHINGTON: La Chambre des représentants a rejeté lundi à une large majorité le veto de Donald Trump au budget de la défense, ouvrant la voie à un vote final au Sénat qui pourrait marquer la première fois que le Congrès contourne un veto du 45e président des Etats-Unis.

Plus des deux tiers des parlementaires présents à la Chambre ont voté en faveur de ce budget "en dépit des objections du président", soit la majorité qualifiée nécessaire pour surmonter son veto: 212 démocrates mais aussi 109 républicains, signant un revers cuisant pour le président sortant.

Aucune date n'a encore été fixée pour le vote au Sénat, où une majorité des deux tiers sera également nécessaire pour surmonter le veto de Donald Trump.

Après avoir accepté, dans une spectaculaire volte-face, de ratifier le plan de relance, Donald Trump se voit ainsi menacé par un vote du Congrès pour outrepasser son veto au budget de la défense, qui marquerait une amère première pour le président sortant.

Ce budget de plus de 740 milliards de dollars a été adopté début décembre par le Sénat et la Chambre des représentants à des majorités écrasantes.

Un solide soutien, par-delà les lignes partisanes, qui pourrait permettre aux parlementaires d'infliger un dur camouflet au 45e président des Etats-Unis, en contournant pour la première fois son veto.

Or pour un homme qui s'est toujours présenté comme le roi de la négociation, la semaine écoulée fut déjà une véritable humiliation.

Après avoir menacé mardi de ne pas signer un texte pourtant négocié avec l'aval de son gouvernement, il a finalement apposé son paraphe au plan d'aide économique de 900 milliards de dollars dimanche soir, depuis son club de Mar-a-Lago, en Floride, à l'abri des caméras.

Essayant tant bien que mal de sauver la face, il a publié un communiqué alambiqué laissant croire que le bras de fer avait payé. Mais personne n'est dupe: le locataire de la Maison Blanche n'a rien obtenu. Il a cédé.

L'épisode est d'autant plus cruel qu'il souligne combien, depuis sa défaite du 3 novembre et surtout son étrange croisade pour la contester en brandissant des théories du complot, Donald Trump est chaque jour plus seul, moins influent, moins respecté.

Il est encore président jusqu'au 20 janvier, mais, dans les cercles du pouvoir, sa parole ne porte plus.

Dans un étrange télescopage, le New York Post, l'un des rares journaux qui a grâce à ses yeux, a publié dimanche dans la soirée un éditorial cinglant l'appelant à mettre fin à cette "triste comédie" et à reconnaître la victoire de Joe Biden.

"Nous comprenons, M. le président, que vous êtes en colère d'avoir perdu. Mais continuer sur cette voie est désastreux", peut-on lire.

"Nous vous donnons ce conseil en tant que journal qui vous a soutenu: si vous voulez rester influent, voire préparer le terrain pour un retour, vous devez transformer votre colère en quelque chose de plus productif."

Lundi matin, le milliardaire républicain s'est une nouvelle fois rendu au Trump International Golf Club, situé à quelques kilomètres de Mar-a-Lago. Sans un mot, ni un tweet.

Veto controversé

A plus de 1.500 kilomètres au nord de sa luxueuse résidence d'hiver, le Congrès a réussi un premier vote pour tenter de surmonter le veto que Donald Trump a opposé au vaste budget de la défense.

C'est la fierté du Congrès: depuis 59 ans, et en dépit des féroces batailles politiques qui s'y déroulent, les élus des deux bords s'accordent sur le budget militaire qui est traditionnellement validé dans la foulée par le président.

Dans ce contexte, le veto de Donald Trump, annoncé le 23 décembre, a provoqué, là aussi, la consternation jusque dans son camp.

En plus d'être selon lui trop favorable à la Chine, le président américain reproche notamment au texte d'ouvrir la possibilité de renommer des bases militaires honorant des généraux confédérés, qui ont combattu en défense de l'esclavage durant la guerre de Sécession (1861-1865).

Négocié pendant des mois, ce texte est pourtant "absolument vital", ont mis en garde des ténors républicains. Il prévoit notamment une hausse de 3% du salaire du personnel de défense.

Le budget adopté par 212 démocrates et 109 républicains à la Chambre, ce sera au tour du Sénat, à majorité républicaine, de se prononcer dans les prochains jours. Il avait adopté le budget de la défense par 84 voix contre 13.

En parallèle, le président élu Joe Biden a réuni lundi, par visioconférence, les prochains responsables de la diplomatie et de la sécurité de son administration.

Lors d'une brève allocution à l'issue de de cette rencontre, il a déploré "l'obstruction" de certains responsables du Pentagone dans la transition en cours.

"Nous n'avons tout simplement pas toute l'information dont nous avons besoin", a-t-il affirmé, dénonçant une attitude "irresponsable".


Guerre au Soudan: Washington sanctionne un réseau colombien

Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
Short Url
  • Les États-Unis sanctionnent un réseau majoritairement colombien accusé de recruter d’anciens militaires — y compris des enfants soldats — pour soutenir les Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan
  • Washington intensifie ses efforts diplomatiques avec l’Égypte, l’Arabie saoudite et d’autres partenaires pour obtenir une trêve

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé mardi des sanctions à l'encontre d'un réseau principalement colombien, qui recrute des combattants en soutien aux forces paramilitaires au Soudan, tout en poursuivant leurs efforts diplomatiques en vue d'une trêve dans ce pays ravagé par la guerre.

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s'est entretenu ce même jour avec ses homologues égyptien Badr Abdelatty et saoudien Fayçal ben Farhane, sur "la nécessité urgente de faire progresser les efforts de paix au Soudan", a indiqué le département d'Etat dans des communiqués.

La guerre au Soudan, qui a éclaté en avril 2023 et oppose les forces paramilitaires à l'armée soudanaise du général Abdel Fattah al-Burhane, a fait des milliers de morts et déplacé des millions de personnes, plongeant le pays dans la "pire crise humanitaire" au monde selon l'ONU.

Washington a récemment durci le ton vis-à-vis des Forces de soutien rapide (FSR), et appelé à l'arrêt des livraisons d'armes et le soutien dont bénéficient les FSR, accusés de génocide au Soudan.

Les efforts diplomatiques en faveur d'une trêve se sont récemment intensifiés, notamment de la part du président Donald Trump qui s'est dit "horrifié" par les violences dans le pays, sans résultat pour le moment.

Concernant le réseau sanctionné, il "recrute d'anciens militaires colombiens et forme des soldats, y compris des enfants, pour combattre au sein du groupe paramilitaire soudanais", selon un communiqué du département du Trésor.

"Les FSR ont montré à maintes reprises qu'elles étaient prêtes à s'en prendre à des civils, y compris des nourrissons et des jeunes enfants", a déclaré John Hurley, sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, cité dans le communiqué.

Les sanctions américaines visent quatre personnes et quatre entités, dont Alvaro Andres Quijano Becerra, un ressortissant italo-colombien et ancien militaire colombien basé dans les Emirats, qui est accusé de "jouer un rôle central dans le recrutement et le déploiement d'anciens militaires colombiens au Soudan".

Ces sanctions consistent essentiellement en une interdiction d'entrée aux Etats-Unis, le gel des éventuels avoirs et interdit de leur apporter un soutien financier ou matériel.

Selon Washington, depuis septembre 2024, des centaines d'anciens militaires colombiens ont combattu au Soudan aux côtés des FSR.

Ils ont participé à de nombreuses batailles, dont la récente prise d'El-Facher, la dernière grande ville du Darfour (ouest) tombée dans les mains des FSR fin octobre.


Nationalisation du rail: Londres dévoile ses trains aux couleurs de l'Union Jack

Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • Le gouvernement travailliste britannique dévoile le nouveau design des trains, aux couleurs de l’Union Jack
  • Après des décennies de privatisation marquées par retards, annulations et scandales, sept opérateurs sont déjà sous contrôle public et Great British Railways deviendra l’entité centrale du système ferroviaire

LONDRES: Le gouvernement travailliste du Royaume-Uni a présenté mardi le nouveau design des trains britanniques, aux couleurs de l'Union Jack, amorçant leur uniformisation dans le cadre de la nationalisation du secteur.

Le logo de la nouvelle entité qui chapeautera les trains britanniques, Great British Railways (GBR), ainsi que les nouvelles couleurs, commenceront à être "déployés au printemps prochain sur les trains" et les sites internet, souligne le ministère des Transports dans un communiqué.

Le projet de loi pour nationaliser le rail, actuellement en débat à la Chambre des Communes, avait été annoncé dès le retour des travaillistes au pouvoir en juillet 2024, après 14 ans de gouvernement conservateur.

"Sept grands opérateurs ferroviaires sont déjà sous contrôle public, couvrant un tiers de l'ensemble des voyages de passagers en Grande-Bretagne", est-il souligné dans le communiqué.

La compagnie ferroviaire South Western Railway, qui opère dans le sud-ouest de l'Angleterre, est devenue en mai dernier la première à repasser dans le giron public. Tous les opérateurs doivent être placés sous contrôle étatique d'ici la fin 2027.

La privatisation du secteur a eu lieu au milieu des années 1990 sous le Premier ministre conservateur John Major, dans la continuité de la politique libérale de Margaret Thatcher dans les années 1980.

Malgré la promesse d’un meilleur service, d’investissements accrus et de moindres dépenses pour l'Etat, le projet était alors très impopulaire, dénoncé par les syndicats, l'opposition, certains conservateurs et une large partie de la population.

Le nombre de passagers s'est accru dans un premier temps, tout comme les investissements.

Mais un déraillement causé par des micro-fissures dans les rails, qui a fait quatre morts en 2000, a profondément choqué l'opinion publique.

Les annulations et les retards sont aussi devenus monnaie courante et les passagers se sont plaints des prix.

Le réseau ferré est déjà redevenu public, géré par la société Network Rail.


L'ONU fustige l'«apathie» du monde en lançant son appel humanitaire 2026

L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre. (AFP)
L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre. (AFP)
Short Url
  • Alors que quelque 240 millions de personnes, victimes de guerres, d'épidémies, de séismes ou de l'impact du changement climatique, ont besoin d'aide urgente, l'ONU réclame 33 millions de dollars pour soutenir 135 millions d'entre elles en 2026
  • Mais dans un contexte de coupe drastique de l'aide extérieure américaine décidée par Donald Trump, l'ONU a réduit d'emblée ses propres ambitions, en présentant en même temps un plan resserré demandant 23 milliards de dollars

NATIONS-UNIES: L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre.

"C'est une époque de brutalité, d'impunité et d'indifférence", s'est emporté lors d'une conférence de presse à New York le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, dénonçant la "férocité et l'intensité des tueries", le "mépris total du droit international "et les "niveaux terrifiants de violences sexuelles".

"Une époque où notre sens de la survie a été engourdi par les distractions et corrodé par l'apathie, où nous mettons plus d'énergie et d'argent pour trouver de nouveaux moyens de nous entretuer, tout en démantelant les moyens durement gagnés de nous protéger de nos pires instincts, où les politiciens se vantent de couper les aides", a-t-il accusé, en présentant le plan humanitaire 2026.

Alors que quelque 240 millions de personnes, victimes de guerres, d'épidémies, de séismes ou de l'impact du changement climatique, ont besoin d'aide urgente, l'ONU réclame 33 millions de dollars pour soutenir 135 millions d'entre elles en 2026 à Gaza, au Soudan, en Haïti, en Birmanie, en RDC ou en Ukraine.

Mais dans un contexte de coupe drastique de l'aide extérieure américaine décidée par Donald Trump, l'ONU a réduit d'emblée ses propres ambitions, en présentant en même temps un plan resserré demandant 23 milliards de dollars pour sauver au moins 87 millions des personnes les plus en danger.

Ce plan "hyperpriorisé", qui passe également par des réformes pour améliorer l'efficacité du système humanitaire, est "basé sur des choix insoutenables de vie ou de mort", a commenté Tom Fletcher, espérant qu'avoir pris ces "décisions difficiles qu'ils nous ont encouragés à prendre" convaincra les Américains de revenir.

"Le plus bas en une décennie" 

En 2025, l'appel humanitaire de plus de 45 milliards de dollars n'a été financé qu'à hauteur d'un peu plus de 12 milliards, "le plus bas en une décennie". Permettant d'aider seulement 98 millions de personnes, soit 25 millions de moins que l'année précédente.

Selon les chiffres de l'ONU, les Etats-Unis sont restés en 2025 le premier pays donateur des plans humanitaires dans le monde, mais avec une chute majeure: 2,7 milliards de dollars, contre 11 milliards en 2024.

En haut des crises prioritaires en 2026, Gaza et la Cisjordanie pour lesquels l'ONU réclame 4,1 milliards de dollars pour aider 3 millions de personnes, ainsi que le Soudan (2,9 milliards pour 20 millions de personnes) où le nombre de déplacés par le conflit sanglant entre généraux rivaux ne cesse d'augmenter.

Parmi ces déplacés, cette jeune mère que Tom Fletcher a récemment rencontrée au Darfour, à Tawila, où affluent les survivants des combats dans la grande ville voisine d'El-Facher.

Elle a vu son mari et son enfant tués sous ses yeux, avant de s'enfuir, avec le bébé affamé de ses voisins morts eux-aussi, puis d'être attaquée et violée "sur la route la plus dangereuse du monde" qui la conduira enfin à Tawila, a-t-il raconté.

"Est-ce que quiconque, quel que soit d'où vous venez, ce que vous pensez, pour qui vous votez, pense qu'on ne devrait pas l'aider!".

L'ONU va désormais frapper à la porte des gouvernements de la planète, pendant les 87 prochains jours, un jour pour chaque million de vie à sauver.

Et s'il y a toujours un trou, Tom Fletcher prévoit une campagne plus large vers la société civile, les entreprises et les gens normaux qu'il estime abreuvés par de fausses informations surestimant la part de leurs impôts destinés à l'aide à l'étranger.

"Nous ne demandons qu'à peine un peu plus de 1% de ce que le monde dépense en armes et en programmes de défense. Je ne demande pas aux gens de choisir entre un hôpital à Brooklyn ou un hôpital à Kandahar. Je demande au monde de dépenser moins en défense et plus en humanitaire".