Noël au Liban: un défi, malgré les difficultés

Les bombardements de l'artillerie israélienne sur Aita al-Shaab, un village frontalier libanais avec Israël, dans le sud du Liban, le samedi 9 décembre 2023 (Photo, AP).
Les bombardements de l'artillerie israélienne sur Aita al-Shaab, un village frontalier libanais avec Israël, dans le sud du Liban, le samedi 9 décembre 2023 (Photo, AP).
Une frappe aérienne israélienne à la périphérie de Yaroun, un village libanais frontalier avec Israël, au sud du Liban, le dimanche 10 décembre 2023 (Photo, AFP).
Une frappe aérienne israélienne à la périphérie de Yaroun, un village libanais frontalier avec Israël, au sud du Liban, le dimanche 10 décembre 2023 (Photo, AFP).
Des soldats israéliens marchent lors d'un exercice sur le plateau du Golan annexé, le 9 novembre 2023 (Photo, AFP).
Des soldats israéliens marchent lors d'un exercice sur le plateau du Golan annexé, le 9 novembre 2023 (Photo, AFP).
Même sur les marchés de Beyrouth, autrefois très animés, les décorations festives ont été éclipsées par le déclin de la vie commerciale (Photo, Shutterstock).
Même sur les marchés de Beyrouth, autrefois très animés, les décorations festives ont été éclipsées par le déclin de la vie commerciale (Photo, Shutterstock).
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Publié le Lundi 25 décembre 2023

Noël au Liban: un défi, malgré les difficultés

  • Depuis le 7 octobre, Israël échange des tirs avec des groupes armés dans le sud du Liban presque quotidiennement
  • Dans les villes du Nord, notamment Jounieh, Jbeil et Batroun, une façade a été décorée à des fins commerciales, mais l'ambiance reste morose

BEROUTH: Au Liban, l'esprit de Noël est considérablement fragilisé cette année. Les citoyens chrétiens éprouvent un sentiment de malaise pour célébrer cet événement au milieu des turbulences régionales croissantes et des défis économiques nationaux. Pourtant, ils sont toujours déterminés à marquer l'occasion par la prière et les rassemblements familiaux.

Depuis le 7 octobre, Israël échange des tirs avec des groupes armés dans le sud du Liban presque quotidiennement, entraînant la mort et la blessure de journalistes, de combattants et de civils.

Toni Bajani, de l'association commerciale Beirut Badro, confie à Arab News: «Tous les signes de joie semblent artificiels cette année. C'est une manière de prouver que nous existons et d'essayer de dire que malgré toutes les crises, nous sommes toujours en vie. Ce qui se passe à Gaza est inacceptable, tant sur le plan de la raison que de la logique. Et peut-être que l'acte de prier la veille de Noël est la meilleure expression pour nous d’exprimer le besoin que le Sauveur guide l'humanité.»

Le point de vue de M. Bajani, propriétaire d'un pub, reflète l’apathie générale des habitants envers les célébrations. Depuis le déclenchement des conflits sur le front sud du Liban par le Hezbollah le 8 octobre, les craintes d'un débordement et d'une répétition des conflits dévastateurs qui ont lieu dans ce pays n’ont cessé d’augmenter.

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Les difficultés économiques de Beyrouth sont évidentes, en témoignent des décorations de Noël modestes (Photo, Shutterstock).

La situation est particulièrement tendue dans des régions comme Kahala, d'où est originaire M. Bajani, en raison de récents affrontements avec le Hezbollah. «Le pays progressait avant le 7 octobre; maintenant, il a régressé... Malgré les événements en cours, les gens essaieront de mettre de côté leurs émotions pour se sentir vivants et continuer à vivre. Cependant, cela ne signifie pas qu'ils ne sont pas affectés.»

Les difficultés économiques de Beyrouth se manifestent par la réduction du budget des décorations, notamment dans les zones commerciales (hôtels, restaurants et centres commerciaux). L'intention est d'attirer les clients malgré les pertes de l'année et de maintenir un semblant de joie.

Même dans les marchés de Beyrouth, autrefois animés, les décorations de Noël ont été éclipsées en raison du déclin de la vie commerciale. Toutefois, certains événements ont lieu, notamment le Beirut Sings proposé par Solidere Corporate.

L'ambiance est morose dans les régions du sud et celles de la Bekaa. Ce climat s’étend jusqu'aux villes chrétiennes, notamment Rmeich et Alma el-Shaab. Zahlé, dans la vallée de la Bekaa, fait des efforts modestes pour les célébrations de fin d’année.

Rita Saad, qui habite Ferzol, indique: «Je dois être optimiste et célébrer l'Aïd... Pendant l'Aïd, nous oublierons, même pour un instant, ce qui se passe autour de nous.»

Ambiance morose 

Dans les villes du Nord, notamment Jounieh, Jbeil et Batroun, une façade a été décorée à des fins commerciales, mais l'ambiance reste morose.

Le père George Sadaqa, ancien responsable de l'ordre Antonin, affirme pour sa part: «Nous sommes solidaires de la justice... Notre célébration de Noël est une tentative pour honorer Dieu.»

Les organisations de la société civile se concentrent sur des événements pour enfants, des chants religieux et des expositions d'artisanat. Zeina Hawat Kanaan, responsable de la Fondation caritative Halim al-Hawat, à Jbeil, confie: «La célébration est une tentative de maintenir des sourires sur les visages des enfants.»

À Tyr, les bombardements en cours près de la frontière ont terni les préparatifs, ce qui a affecté les Libanais déplacés des villages frontaliers. Les activités de Noël de l'archidiocèse catholique romain de Sidon reflètent la douleur que ressent cette région.

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Une vue aérienne montre des gens habillés avec des tenues de Père Noël chevauchant des stand-up paddles dans la mer Méditerranée, dans la ville côtière de Batroun, au nord du Liban, le 21 décembre 2023 (Photo d'Ibrahim Chalhoub,  AFP).

L'évêque catholique romain de Sidon, Elie Bechara Haddad, a déclaré: «Il y a une atmosphère douloureuse dans toute la région… Nous avons décidé de ne pas accepter les félicitations cette année.»

Une personne déplacée, qui préfère rester anonyme, confie: «Nous avons tous le cœur serré. Célébrer les vacances à un moment où des victimes tombent est contraire à l'éthique.»

Les rapports de l'Unicef indiquent des niveaux élevés d'anxiété et de dépression parmi les familles du sud du Liban et les enfants réfugiés palestiniens.

Toni al-Rami, responsable du Syndicat des propriétaires de restaurants, a réfléchi au déclin du tourisme. «Le Liban a besoin de paix et de sécurité pour que les réservations se multiplient dans les restaurants et dans les discothèques.»

Alors cette année, au Liban, Noël a été entaché par les troubles régionaux et les difficultés économiques, il demeure une sorte de détermination tenace à le célébrer malgré tout.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
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  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.


Les efforts pour panser les «profondes divisions» de la Syrie sont ardus mais «pas insurmontables», déclare Guterres

Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
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  • Antonio Guterres salue "la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", "la résilience et le courage" des Syriens
  • La transition offre l'opportunité de "forger une nation où chaque Syrien peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité"

NEW YORK : Les efforts pour guérir les "profondes divisions" de la Syrie seront longs et ardus mais les défis à venir ne sont "pas insurmontables", a déclaré dimanche le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime Assad.

Une offensive surprise menée par une coalition de forces rebelles dirigées par Hayat Tahrir al-Sham et des milices alliées a rapidement balayé les zones tenues par le régime à la fin du mois de novembre 2024. En l'espace de quelques jours, elles se sont emparées de villes clés et ont finalement capturé la capitale Damas.

Le 8 décembre de l'année dernière, alors que les défenses du régime s'effondraient presque du jour au lendemain, le président de l'époque, Bachar Assad, a fui la République arabe syrienne, mettant fin à plus de 50 ans de règne brutal de sa famille.

"Aujourd'hui, un an s'est écoulé depuis la chute du gouvernement Assad et la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", a déclaré M. Guterres, saluant la "résilience et le courage" des Syriens "qui n'ont jamais cessé de nourrir l'espoir en dépit d'épreuves inimaginables".

Il a ajouté que cet anniversaire était à la fois un moment de réflexion sur les sacrifices consentis en vue d'un "changement historique" et un rappel du chemin difficile qui reste à parcourir pour le pays.

"Ce qui nous attend est bien plus qu'une transition politique ; c'est la chance de reconstruire des communautés brisées et de guérir de profondes divisions", a-t-il déclaré, ajoutant que la transition offre l'occasion de "forger une nation où chaque Syrien - indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique - peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité".

M. Guterres a souligné que les Nations Unies continueraient à soutenir les Syriens dans la mise en place de nouvelles institutions politiques et civiques.

"Les défis sont importants, mais pas insurmontables", a-t-il déclaré. "L'année écoulée a montré qu'un changement significatif est possible lorsque les Syriens sont responsabilisés et soutenus dans la conduite de leur propre transition.

Il a ajouté que les communautés à travers le pays construisent de nouvelles structures de gouvernance et que "les femmes syriennes continuent de mener la charge pour leurs droits, la justice et l'égalité".

Bien que les besoins humanitaires restent "immenses", il a souligné les progrès réalisés dans la restauration des services, l'élargissement de l'accès à l'aide et la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Des efforts en matière de justice transitionnelle sont en cours, a-t-il ajouté, ainsi qu'un engagement civique plus large. M. Guterres a exhorté les gouvernements à soutenir fermement une "transition dirigée par les Syriens et prise en charge par les Syriens", précisant que le soutien doit inclure le respect de la souveraineté, la suppression des obstacles à la reconstruction et un financement solide pour le redressement humanitaire et économique.

"En ce jour anniversaire, nous sommes unis dans un même but : construire les fondations de la paix et de la prospérité et renouveler notre engagement en faveur d'une Syrie libre, souveraine, unie et ouverte à tous", a ajouté M. Guterres.