«Shrinkflation»: Le gouvernement veut rendre plus explicite la hausse des prix

Le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire (Photo, AFP).
Le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 03 janvier 2024

«Shrinkflation»: Le gouvernement veut rendre plus explicite la hausse des prix

  • L'arrêté est soumis à Bruxelles pour vérifier la conformité avec une directive européenne de 2015 sur la transparence des règles techniques
  • Ce n'est pas forcément pour tromper le consommateur que les fabricants changent les quantités

PARIS: Le gouvernement a soumis à Bruxelles un projet d'arrêté contraignant à horizon mars les supermarchés à expliciter davantage les cas de "shrinkflation" ou "réduflation", quand les quantités d'un produit sont réduites avec un prix inchangé voire plus élevé.

L'objectif est d'éviter quelques mauvaises surprises aux consommateurs, à défaut de pouvoir faire baisser les prix.

Le ministère de l'Economie travaille à un projet d'arrêté à horizon mars "pour répondre à la demande des consommateurs d'être mieux informés en cas de +shrinkflation+ sur certains produits", indique mardi à l'AFP le cabinet de la ministre déléguée notamment au Commerce Olivia Grégoire.

L'arrêté est soumis à Bruxelles pour vérifier la conformité avec une directive européenne de 2015 sur la transparence des règles techniques.

Derrière l'anglicisme - du verbe anglais "shrink", rétrécir, et dont il existe un équivalent francophone, la réduflation -, il s'agit d'une pratique des fabricants de produits de grande consommation, agro-industriels ou distributeurs, consistant à réduire les quantités des produits vendus plutôt que d'augmenter - trop - significativement les prix.

Moins de viande ou de frites

Cette pratique, qui existe aussi dans la restauration (une entrecôte un peu plus légère, ou un peu moins de frites, pour le même prix), est légale à condition que la mention du poids de la denrée soit modifiée.

Ce n'est pas forcément pour tromper le consommateur que les fabricants changent les quantités: cela peut être pour s'aligner sur la concurrence ou pour éviter de franchir un seuil de prix tel qu'il détournerait l'acheteur du produit.

Le distributeur Carrefour avait par exemple réduit drastiquement les quantités de ses légumes "premiers prix" pour rester sous les 1 euro, rappelait en décembre le média 60 millions de consommateurs, évoquant le passage de trois à deux salades ou la réduction d'un tiers du filet de pommes de terre.

Le même distributeur avait quelques semaines plus tard signalé dans ses rayons certains de ses fournisseurs ayant réduit les grammages de certains produits - une petite trentaine de références sur les milliers que compte un supermarché et dizaines de milliers que compte un hypermarché.

Le gouvernement prévoit d'imposer aux supermarchés de faire figurer, sur les références ayant fait l'objet d'une réduction des portions, la mention "pour ce produit, la quantité vendue est passée de X à Y et son prix au (préciser l'unité de mesure concernée) a augmenté de …% ou …€", selon le projet d'arrêté que l'AFP a consulté lundi.

Cette mention doit être placée "directement sur l'emballage ou sur une étiquette attachée ou placée à proximité de ce produit, de façon visible, lisible", précise encore le texte.

Le cas Kiri

Le projet d'arrêté a été soumis pour avis à la Commission européenne, indique encore le cabinet d'Olivia Grégoire, confirmant une information du média spécialisé LSA. "Si la Commission ne fait aucun commentaire sur le projet notifié, alors la publication au Journal officiel pourra avoir lieu à la fin du mois de mars 2024".

Mi-décembre, le spécialiste du secteur de la distribution Philippe Goetzmann avait publié avec la fondation Jean Jaurès un avis sur cette pratique de réductions des quantités.

Le spécialiste y rappelait que "les prix sont libres, ainsi que les grammages" et que les réductions de quantité sont "généralement accompagnés d'évolutions de recette". Comment alors savoir ce qui relève de "l'innovation" alimentaire - un changement de recette, avec par exemple moins de sucre ou de sel -, et ce qui n'est qu'une hausse de prix masquée?

Le cas s'est posé récemment concernant le célèbre fromage fondu Kiri. En septembre 2022, l'association de défense des consommateurs Foodwatch, qui avait la première alerté les consommateurs sur la "shrinkflation", avait cité le célèbre carré comme produit ayant fondu de 10%, passant de 20 à 18g.

Mais l'agro-industriel derrière la marque, Bel, avait contesté l'accusation en réduflation, arguant que le fromage est désormais vendu "dans une nouvelle recette plus naturelle, sans additifs" et fabriqué en France à base de lait français.

La mesure ne semble en tout cas pas de nature à faire baisser les prix en rayons. Les tarifs ont flambé de plus de 20% en moyenne dans l'alimentaire en deux ans.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.